Rétrospection 24-25
Rétrospection 24-25

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Rétrospection 24-25

Une saison de ski à la louche
article
Thoams
Texte :
Photos :
Thoams, Félix, Le 300D+ crew
Cet article est issu du mag communautaire skipass.com, dans lequel les membres de notre communauté peuvent partager librement leurs plus belles histoires de montagne. Publiez la votre !

L'été

Lorsque j'ai commencé la rédaction de cet article, c'était l'été, il faisait chaud, très chaud. Je ne sais pourquoi, mais me revint alors en tête le souvenir d'une légende de photo dans un vieux magazine de surf: "l'été c'est le moment d'envoyer la purée". Je ne me rappelle plus de la photo en question, juste la légende. C'est marrant la mémoire, ça se rappelle des légendes.

Cette vieille légende, c'était l'époque des magazines, l'époque ou on rêvait sur du papier glacé. Aujourd'hui, à part que c'est l'été, tout ça a bien changé. Plus de magazine, on rêve en 4K et en format short. L'été c'est l'heure des shorts.

L'été c'est aussi cet "entre-deux-hivers". C'est l'hiver ailleurs, pas loin, quelque part. Dans l'hémisphère sud, certains skient de la poudre; d'autres de la croûte. L'été, l'hiver n'est jamais loin: dans le futur et dans le passé. Lorsque je descends à la cave, un coup d’œils aux spatules endormies rappelle que patience, l'hiver n'a jamais été aussi proche.

En bref l'été, si tu n'aimes que le ski, c'est la merde. Sauf si tu t'es organisé pour passer ta vie à cheval entre deux hémisphères et qu'alors, ta saison en Nouvelle-Zélande bat son plein.
Mais pour la grande majorité de gens qui lisent cette chose, l'été, c'est l'heure de faire autre chose.
Alors qu'on se rassure, cet article ne parlera pas de l'été. Non, il sera simplement l'occasion de livrer en flashback quelques morceaux choisis de la saison dernière, la saison de ski cru 24-25.

Comme l'été, cette introduction touche à sa fin. Il a fait chaud, et pour lutter contre l'inéluctable, j'ai laissé la porte du frigo grande ouverte. Un geste simple qui porte ses fruits, car aujourd’hui c'est l'heure: la neige est arrivée, en quantité, en qualité. Voici donc un petit article en forme de snowfarming: il sert de la vieille neige pour mieux accueillir la nouvelle.

Alors à  vos marques, prêts, raclez les lattes, rangez les cochonnets, épicez le vin chaud: winter is back.

Code de la route

Se lancer dans une rétrospective exige des règles claires. Des règles précises qu'on pourra choisir ou non de ne pas respecter. Le ski c'est la liberté de perdre son temps comme on l'entend.
Au départ je me suis donc fixé comme cadre (im)pitoyable:

  • Sept chapitres (rien à voir avec les nains)
  • Un mois chacun
  • Une sortie chacun
  • Une photo chacun

Oui, c'est short. Mais voilà, dans la vie il faut savoir se tenir à ses valeurs, respecter ses propres choix et surtout... reconnaître que parfois, la règle est bien trop bête pour être respectée. Spoiler donc, ce cadre hyper restrictif est fait pour voler en éclat. 

L'hiver dernier, j'ai skié de Novembre à Mai, laissant filer d'un rien le mois Juin. J'essaierai donc de rendre hommage à la magie de chaque mois de l'année ou j'ai eu la chance de glisser sur la neige.

En Novembre, échauffe toi bien les membres

au pluriel, oui

Novembre donc

Le mois de certaines vendanges (très) tardives en Ardèche. Le mois qui porte avec fierté le prix du "mois le plus déprimant de l'année", malgré le raisin très sucré. Si on habite loin des glaciers, Novembre peut être ingrat.

Les jours sont courts, maussades, humides, frais. Mais parfois, c'est juste gris. Et la montagne demeure désespérément sèche. En Novembre, j'ai un œil pressé sur la météo et un autre plus ou moins affûté sur ma vieille paire de skis cailloux.

Novembre, c'est l'empressement. Le mois ou on se dit "bon, c'est bon là! Il peut venir l'hiver, il suffit maintenant!" Mais trop souvent, Novembre n'est pas franc. Novembre est fourbe. Il se mélange à nos fantasmes, et finalement, flop. Il nous fait croire que; il nous regarde, skieurs affamés et nous laisse au dernier moment dans un brouillard infini.
Novembre, c'est l'antichambre. Je peux paraître méchant, mais son pouvoir est grand. Nos attentes sont à leur paroxysme, on n'a plus le temps. On veut skier, on a les crocs. Celles et ceux qui arrivent encore à faire preuve de patience en Novembre ont tout mon respect. Perso, je guette, tel un chasseur le ventre vide.

Les 3 premières semaines de ce Novembre cru 2024 furent égales à elles mêmes. Du brouillard sur le plateau suisse, du gris, de l'humidité, mais pas neige, pas de lumière. Juste le tunnel. Le Jeudi 21 Novembre, on aperçoit enfin le bout (du tunnel). L'hiver arrive, d'un coup sans rien dire. Précoce? Non. Pile à l'heure. La neige tombe en abondance jusqu'en plaine, les transports publics sont parfois à l'arrêt, une grosse galère au quotidien, et donc en perspective : un pur bonheur.

C'est ainsi que le Samedi 23 Novembre, feu, le bal est ouvert.

Cette première sortie place la barre très haut. La joie de recoller les peaux est habituellement accompagnée de multiples touchettes et de neige de piètre qualité. C'est surtout l'occasion de se dire qu'on est content d'avoir rechausser les pompes de ski de rando. Rien de tout ça l'an dernier. Une quantité de neige suffisante pour isoler le sol, une qualité de neige qui vient vous titillier le "youhou" des cordes vocales.
C'est complètement seuls dans de belles pentes du Simmental que nous pûmes profiter d'une ambiance irréelle: les lacs d'altitudes ne sont pas encore gelés. Ils sont d'un noir profond. Le contraste est splendide. La météo offre une journée en noir et blanc. Un noir et blanc unique, un noir et blanc magique distillant une ambiance mystique pour ce premier jour de ski.

Une journée où le voyage s'invite en partant à peine de chez soi car le duo du jour est 100% improvisé. Si souvent le ski s'apparente au grand anonymat des files d'attentes des remontées mécaniques, ce jour là, nous sommes deux skieurs solo avec les mêmes objectifs à se rencontrer aux pieds des pentes. Deux vagabonds qui finalement se trouvent des points communs. Comme quoi parfois, il suffit juste d'ouvrir les yeux. La saison est lancée de la plus belle des manières.

En Décembre, tente de faire aussi bien qu'en Novembre

Tom

Décembre

Si Novembre a son impatience, Décembre rime avec patience. Et s'il y a une chose que nous - pauvres skieurs mortels - savons pertinemment, c'est le caractère éphémère des choses. De toutes les choses, et surtout de la chose neige.

La bonne pente d'aujourd'hui n'est pas forcément celle de demain. La bonne neige d'hier est une croûte infâme ce matin. Il y a pléthore d'exemples qui nous forcent à la réflexion, à la patience, et à l'adaptation. Car il y a souvent un endroit où oui, ce sera pas mal, moins pire, voire carrément bien.

Décembre, c'est aussi un mois où les perturbations sont actives. Les alertes météo qui prévoient 50cm de fraîche, puis 30, puis l'alerte qui disparaît et finalement on se retrouve avec une limite pluie neige aussi élevée que notre frustration.

Décembre c'est donc le mois où seule la paire de ski cailloux est défartée. Début Décembre, j'ai eu l'occaz de bien profiter du ski gravier dans des ambiances de météo bien pourrie et de neige n'ayant rien à envier à la météo. Le cru rayure Décembre 2024 fut très bon pour les semelles de mes vieux corbeaux noirs.

Mais Décembre cache aussi Noël, son lot de cadeaux et son vin chaud (allez y avec modération).


Les quelques photos ci-dessus (j'ai pas réussi à n'en prendre qu'une) sont encore le fruit d'une belle journée de ski de rando. Encore une fois gâtés par l'ambiance magnifique des nuages virevoltant, la neige fut bonne et nous permit à nouveau de profiter de faces sans traces en conditions plus que correctes.

L'ambiance est belle, l'hiver s'installe. Les lacs sont gelés, on peut dorénavant les traverser à pied, à ski.

Décembre, ce fut donc ça. Un mélange de ski pourri et de belle neige. Le mois s'achève sur des chutes de neiges massives sur (presque) tous les massifs, il est temps de défarter le reste de la cave.

Janvier

Résumer le mois de Janvier sur une sortie, une photo, c'était foutu d'avance. Le mois de Janvier, c'est le mois des excès. Qu'il soit dry, ou dry hopped, Janvier, on veut qu'il soit poudreux.  Journées courtes, soleil bas, le mois de la neige froide, le mois qu'on rêve un peu comme l'Alaska. Enfin normalement.

Cette année, Janvier a rimé avec du ski dans le jardin et quelques découvertes de haute volée. 3 escapades me restent en mémoire, chacune étant relativement singulière, allons y pour Janvier en 3 actes pas manqués.

N'en déplaise à la bien-pensance, partir randonner en solo est un plaisir intense. Ce jour là, le Diemtigtal est plein de bonne neige, et c'est à la dernière minute que je file pour skier une belle pente que je connais bien, et que j’affectionne particulièrement.

Bilan: de la belle neige dans la partie supérieure et une superbe descente de la pente principale. La neige étant vraiment bonne en haut, la glisse fut parfaite et la pente large invite à se lâcher. Il reste énormément de place pour tenter de faire une belle trace. C'est donc lancé pleine balle qu'intelligemment j’atterris dans le champ de mine... un requin bien caché me vaut une des plus grosses gamelle depuis des années. Aucun bobo, mais une bonne piqûre de rappel. L'excès de confiance, meilleur ami de la sélection naturelle.

Si le ski fut bon en haut, sous 1800m, cela n'a rien d'extraordinaire. Peu de neige, croûte, dure, carton etc... même en Janvier c'est maintenant souvent compliqué sous 1500m. Il faut s'y habituer, s'adapter et parfois, prendre un peu de hauteur.

Un lendemain de chute de neige parfaitement ensoleillé, qu'il est plaisant de se retrouver dans le frigo du Lötschental à l'aube. Une vallée que je connais trop peu et qui offre un bel enneigement malgré une exposition sud.

Grande surprise de se retrouver encore seuls au monde sur un itinéraire savamment pensé la veille. La pente est entièrement vierge et nous passons toute la journée à faire la trace dans une neige qui s'alourdit sous les rayons. C'est beau, très beau, et c'est fin cuit que j'arrive en haut. La descente se fait finalement dans une neige changeante, pas si facile à négocier.

Bien content d'arriver au village de Ferden ou par bonheur le troquet du coin est ouvert juste à côté de l'arrêt de bus. C'est l'heure de l'apéro et l'aubergiste nous offre un plateau de spécialités valaisannes qui vient ponctuer le ski d'une saveur particulièrement généreuse. Un accueil vraiment agréable.

Le Lötschental est une vallée magnifique, elle a quelque chose de magique. Cette journée me convint que l'hiver qui vient, je viendrai traîner les spatules dans le coin.

Ce fut avec une peine particulièrement grande que la catastrophe de fin Mai m'a touché. J'y suis retourné cet été, et même blessée, cette vallée reste splendide. J'ai trouvé un endroit par contre délaissé par les touristes malgré des conditions de randonnée optimales. Si égoïstement je ne peux que m'en satisfaire, je pense aux gens du coin. J'irai donc, et je l'espère souvent. 

Au moment d'écrire ces lignes, le lendemain se mélange au passé car la nouvelle saison y a été lancée, et ça commence plutôt bien!

300D+Max

Dernier acte de cette trilogie de Janvier, la 300D. Derrière cet acronyme aussi étrange que mystérieux se cache un microcosme tout aussi farfelu. Un nom de code étrange qui pourrait inspirer le futur gros porteur d'airbus mais qui a pour objectif une chose finalement très simple : permettre à la communauté skipass de se retrouver le temps du dernier week-end de Janvier pour skier ensemble.

Lorsqu'on me propose de participer à cet évènement - ouvert à toutes et tous, car il suffit juste d'être assez con pour dire oui :-) - je trouve l'idée assez tentante. La première question à ne pas poser sera de demander où a lieu ce rassemblement... Certains poètes répondraient en cœur qu'il a lieu dans un cul, le votre en l’occurrence. Pour ce cru 2025 c'est cependant Chamonix qui fait office de trou, me voilà rassuré.

Il serait trop réducteur de penser que l'esprit de cette sous-communauté se limite à cette muflerie de surface. Sous ces barbes mal taillées et sur ces shifts mal fixées, il y a des cœurs qui battent, des êtres aussi drôles que bienveillants. Drôles oui, car si le ski nous réunit, la rigolade nous unit.

Fin Janvier, c'est donc le rendez-vous des lumières, la mise en commun des cerveaux, le moins par moins qui fait plus. Chamonix, plus que jamais Ze place to be.

Ne connaissant ni les uns ni le Cham, ce fut une expérience découverte. Il est vrai que cela peut paraître impressionnant.

Tenter la résumer cette 300D+max 4e du nom en quelques mots, même dans un article skipass, serait peine perdue. C'est donc foutu pour foutu que je vais tenter de livrer un témoignage totalement subjectif et forcément condensé. Voici donc comment tout ça s'est réellement passé, à travers quelques thèmes clefs:

Ski de rando

300 d+ max, oui, pour beaucoup la rando c'est de la m... Il faut rester dans les clous. J'avoue donc débarquer fièrement avec mes skis montés en ATK :-) Des fixs à insert au milieu des pivots. Idée de génie.

J'avais secrètement prévu une petite rando le vendredi, discrètement, sur le chemin. Faut dire que le col de la Forclaz était bien plâtré. Quelques dissidents ayant la même idée c'est donc accompagné d'un Marso belge et d'un poulaient que commence ce week-end découverte. Bien rencardé par John Booz, docteur es chamonisme, c’est finalement non loin des houches qu’atterrit notre menu poulaient frite. Je ferai le ketchup.

Les conditions sont parfaites: midi passé, une herbe verte, et d'après un guide qui termine un tour en raquette avec ses clients : un chemin en glace menant droit vers une croûte infâme. Je commence à comprendre le concept de 300d+max.

Après une intense réflexion collective de 4 secondes et demi, nous décidons de redescendre à Chamonix. "Croûte infâme" si les mots nous font ranger les peaux, ils nous poussent à sortit le réchaud. C'est ainsi que sur une sorte de grand rond point enneigé, armés d’une casserole, de fromage et d'une bouteille de blanc s’improvise la plus belle fondue ski-loose de l'hiver. Pas sûr d’avoir fait 3m de D+ ce jour là, la confrérie peut être fière. MaxIm et Rhum1, (skipasseurs dont j’ignore toujours les prénoms)  se joignent à la fête de cette rando fondue. C'est parti, les réjouissances commencent.

Quiver

Enfermez une grosse trentaine de tarés du ski dans un asile chamoniard promet bien des doutes mais pose une certitude : le rack de ski sera trop petit. En venant à la fête avec deux paires, je fais office de sacré petit joueur.

Ya des skis partout, c’est un vrai club échangiste. 

"Jte file celui ci, essaie celui là"

"t’as de quoi percer pour y mettre des shift ?"

"comment t'as fait pour souder la tlonnière de tes diamir?"

"Quelqu'un aurait une vis pour des quiver killer?"

Autant de petites phrases anonymes qui fleurent bon l'expertise et la bonne humeur.

Aluflex

Le magicien des fabricants de ski de la vallée d’à côté ayant accepté de nous laisser un parc de ski à disposition pour cette petite sauterie, il serait bien impoli de ne pas au moins dire merci.

Alors merci Aluflex d’avoir permis à notre équipe de bras cassés de pouvoir tester des modèles magiques tels que les GO, GT, éphémère et j’en passe.

Si vous ne connaissez pas, allez voir les retours skipass, c’est plutôt de la bonne came.

Je sais de source sûre qu’au moins un des 300Dtistes aura passé commande à l’issue de ce week-end, avec ça s’il ne fait pas #1 la prochaine fois ;-)

D’un point de vue personnel, je vends un peu du rêve. Pompes de rando aux pieds obligent, je n’ai finalement pas testé ces lattes. J’ai gardé mes Earlybird tout le weekend. Des skis locaux eux aussi (de Berne mais soit), artisanaux eux aussi, et malheureusement des skis du passé. Les beaux skis earlybird ne seront plus, la liquidation de l'entreprise étant passé par là l'an passé. Difficile de s’en sortir pour les petites marques de ski.

Ce paragraphe est donc une mini pierre (même pas un cailloux) pour plaider la cause des shapers artisanaux, dans tous les sports de glisse. Je pense au ski, mais également au surf: nombre de shapers français pourtant très talentueux sont forcés de plier boutique faute de commandes et d'augmentation des coûts. Face à un grand public qui se tourne vers des planches industrielles, pourtant très chères, il y a un travail à faire pour revaloriser le savoir faire local, capable de fournir un matériel de qualité et sur mesure.

Alors encore merci et longue vie Aluflex !

Molle

Entre vendredi et samedi, il y eu la nuit. Si ce qui se passe entre l'heure de l'apéro et du petit déjeuner reste à Chamonix, un petit évènement résonne hors de la vallée.
La molle, c'est un truc pour les fans de pétanque mais qui préfèrent jouer en charentaise. C'est donc un truc de sudiste et il faut avouer que ça a l'air amusant.
Entre le saucisson et les olives, se forme une étonnante équipe: un boulet hurlant du polonais, un belge culminant à 6 pieds et un pseudo skieur de randonnée. Les sudistes, regard féroce et sûrs de leur force ne feront qu'une bouchée de cette équipe de boiteux. Si c'était du foot, ce serait Louhans Cuiseaux / Bayern cette histoire, avec Oliver Khan tel un lion enragé dévorant des tibias.

Le score? Qui s'en souvient... La légende raconte simplement que ce soir là, Louhans Cuiseaux avait mangé du Lion. Je crois qu'au fond ce que j'ai préféré dans la molle, au delà de se resservir des verres, c'est cette running joke qui se poursuit, éternelle: "Louhans Cuiseaux, à jamais les premiers"

Les grands Montets (et les petits aussi)

Samedi matin, tout ce petit monde est frais comme un gardon. Si certains ont dormi à peine le temps d'un match de foot, au petit déj, c'est l'ouverture des remontées que nous visons; enfin presque. Les skis ayant mystérieusement disparus durant la nuit, c'est après une petite quête digestive que nous nous mettons en route pour les grands.

D'un point de vue très personnel, cette première descente laissera une trace. Plutôt habitué aux solitudes des pentes abandonnées en temps normal, descendre en troupeau demande un léger temps d'adaptation. C'est ainsi que paf, en ayant mal anticipé, j'accroche "à peine" la spatule du voisin. Encore désolé Fabien. Énorme taule pour ma part. Plusieurs roulades plus tard, les premiers mots que j'entends sont "ah ben ça déchausse ces trucs là". Aegir est là (sans son four à pizza) pour s’enquérir de mon état et me rapporter les skis, dubitatifs devant cette talonnière qui a daigné tourner. Merci encore.

La journée ne pouvait pas mieux commencer... Bon, rien de cassé, mais une étrange sensation au genou droit. Allez, on va serrer les dents.

Une fois le rythme trouvé, la journée fut bien chouette. La 300 D regroupe tous les styles de glisses, et je dois l'avouer, de sacrés talents. Je ne pourrai pas nommer tout le monde, et j'en suis désolé. Mais à la louche: 

Regarder Pikatch switcher entre les skis et le snowboard, c'est pur plaisir. Enfant de la glisse le géant.

La veille à l'apéro, je faisais la connaissance de titomy, qui me disait humblement qu'il avait "un p'tit niveau à ski". Le mec est en fait une sorte de mutant. Le voir sur les lattes ce matin là fut impressionnant. Il balance des backs sur des sauts qui n'en sont pas, et dans les tas de bosses, il tire tout droit. Un rocher? laissez tomber, il aime trop ça.

Dans la catégorie jeté de viande, Calixte tire aussi son épingle du jeu, lui aussi les rochers, il les préfère bien secs.

Le glouglou gang n'est pas en reste et l'ami Puylanguette va plus vite dans un champ de bosse que moi sur une piste billard. 

Bref, la glisse se passe de la meilleure des manières avec cette belle équipe. Sur et hors piste, la neige est bonne, et c'est pur fun.

Lorsqu'en fin de journée John Booz me propose de mettre les peaux, même si ça tire dans le genou, l'occasion est trop belle. C'est ainsi qu'en compagnie de Twann et Manu nous partons pour le col des Rachasses. Les remontées vont fermer, l'itinéraire est enfin délaissé (toute la journée ce fut une fourmilière). Manu fait du moon walk avec ses peaux étroites, mais l'ami Booz, grand seigneur lui porte les skis pendant qu'il termine en crampons. J'avais parlé de la générosité du groupe?

Nous arrivons au col dans une lumière de fin de journée magnifique, l'ambiance entre chiens et loups est parfaite au moment de basculer sur le glacier des rognons. Plus que 2000m de D- et ce sera de nouveau l'heure de l'apéro. Guidés par Twann et Booz, nous profitons de ce décors magique au pays des glaçons. Je comprends pourquoi ils passent tant de temps là-bas. La descente en neige correcte, est appréciée à sa juste valeur. Nous rejoignons les pistes qui n'ont rien a envier à holiday on ice et nous laissons glisser jusqu'au parking. Merci encore les copains.

Brévent Flégère

Le samedi soir fut relativement calme. Sur le carrelage, des traces de boules de molle brûlées, stigmate des émeutes de la veille. A la sono une chanson de la 300D qui transpire d'autotune, et dehors : la neige qui commence à tomber. 

En terme de conditions, on n'a vraiment pas eu de bol. Il a fait beau tout le temps, toutes les journées, mais dans la nuit de samedi à dimanche, il est tombée de la fraîche. C'est dur, mais parfois il faut accepter les choses telles qu'elles sont.

Dimanche matin, une partie de l'équipe se dirige vers Vallorcine et une autre vers la Flégère. Je boite un peu, c'est pas glorieux mais la chute de la nuit motive mon appétit. Presque en retard avec rider 2 Terre, nous arrivons tout de même à temps pour l'ouverture du télésiège de l'index.

Aussi peu habitué aux ski en troupeau qu'au concept de guerre pour la première ligne en télésiège, je comprends vite qu'il faut être rapide, pas de temps à perdre. La première descente est top, la deuxième c'est déjà traffolé, à la troisième je m'arrête boire un café avec Rhum1. Le pauvre ne skie pas, genou récalcitrant. On cause genou, et au dessus un mec en split trace une belle pente. J'ai les peaux dans le sac, allez, après la pause je profite du boulot de ce lonesome traceur pour aller chercher une belle ligne encore toute neuve. 300m de D+, promis, pas plus. La meilleure descente de la journée en terme de neige.

Retour avec les copains, et là, c'est festival. J'ai jamais autant vu de backflips en si peu de temps. Ça envoie dans tous les sens, magique.

Nous continuons à skier un peu et en début d'après midi, la réalité nous rattrape. Le soleil décline et demain, c'est lundi. Il est temps de rentrer dans les chaumières.

Impossible de nommer tout le monde présent donc, mais un immense merci à tous et toutes pour ce week-end rempli de bonnes ondes, de rigolades, de générosité et de bienveillance. Si à tout ça on ajoute un soupçon de ski vraiment pas pire, alors on obtient une belle définition de ce que certains appelle "la connardise".

Février

Au sortir de ce mois de Janvier, je suis bien content de ce début de saison mais il faut regarder les choses en face: je boite.

C'est donc avec un peu d'appréhension que je me rends chez le druide. Son diagnostic ne tarde pas trop, il m’annonce tranquillement une petite entorse du ligament interne. Ma première question ne tarde pas également :

- Panoramixme, c'est pas une top nouvelle ça. Combien de temps pour la guérison ?

- Une entorse comme celle-là, c’est au moins 4 semaines.

- Mais Panoramixme, j’ai mes vacances dans deux semaines !

- Et oui, je comprends que ça te fasse malococcyxme.

- Euh non, c'est le genouxme.

- ...

Et c’est ainsi que les plans de Février firent pschiit.

C'est pas facile à accepter de ne plus pouvoir skier. De se dire avec entrain que tiens:

  • "enfin une belle occasion de trier les photos!"
  • "rempoter une plante verte, c'est la vie!" 
  • "et si je recollais le vase de Soissons"
  • "Mais c'est qui Soissons?"

Non, pas skier, ça fait chier. Mais pour de vrai, ben c'est rien. Et un mois, c'est tellement pas la fin du monde. Après des weekends à finir des puzzles de 20000 pièces et avoir fait deux fois le légo "aiguille du midi", le minuteur sonne la fin de la pause raclette.

Fin février, remise des lattes pour du ski famille tout tranquille. Pas encore guéri, mais content de retrouver la neige et glisser avec les enfants, à un rythme qui permet de prendre son temps, c'est finalement trop bien.

Alors voilà, Février, une sortie et une photo pour une note un peu sérieuse afin de conclure ce mois en beauté: une grosse pensée à toutes celles et ceux qui viennent soigner les bobos.

Mars

J'ai souvent l'impression que le mois de Mars promet un condensé de tout ce que peut représenter l'hiver. Il faut parfois jongler entre l'envie d'aller chercher une poudre bien conservée en versant ombragé, ou bien jouer sur le timing pour aller apprécier la moquette ensoleillée.
Et ce n'est pas toujours facile de faire un choix. La saison poudre touche à sa fin, le printemps est encore long... Mars demande de connaître un peu son territoire et d'avoir un œil avisé sur les conditions pour espérer faire les choix les plus pertinents en terme de ski.

Le printemps s'installe, et ce mois de Mars cru 2025 aura offert du ski agréable, parfois très bon sur et hors pistes. En début de mois, en allant chercher de la belle moquette, j'ai parfois aussi trouvé de la poudre, et en tentant de trouver de la poudre, j'ai également trouvé de la crôute. 

Parfois, on a beau se creuser la tête, la logique a ses limites. Mais globalement, Mars fut vraiment cool.

Pas de grosse journée poudre, mais une neige toujours avenante. Et pour représenter ce début de printemps, le souvenir de cette jolie sortie me parait pertinent. Un sommet en conditions bien correctes et un dialogue très personnel. Parfois c'est ça de partir randonner en solo: un mélange de concentration et d'esprit vagabond. Ce jour là, finalement un bon spectre de différents types de neige rencontrée lors de cette randonnée. Toute la magie de ce pont entre l'hiver et le printemps. Certes, il y aussi les peaux qui bottent, mais c'est une autre histoire.

A la fin du mois de mars, les premiers coups de soleil viennent faire rosir les pommettes et au large, une question pointe à l'horizon: Avril, sera t'il parfumé façon janvier ou fin du mois de Juillet?

En Avril, travaille tes vélo skills et en Mai rajoute un peu de braquet

Avril, oui Mai...

Si en Avril la vigne a bourgeonné, elle n'en demeure pas moins vulnérable face aux gelées. Car elles sont froides les nuits d'Avril, mais ses journées parfois très douces. Le soleil est maintenant haut, il nous éclaire de plus en plus longtemps. La lumière durcit, les randonnées commencent toujours plus tôt.

En Avril Mai, si les prévisions météo sont fiables, les conditions de ski peuvent être assez prévisibles. Il est alors juste question de bien calculer l'horaire de montée pour essayer de trouver la meilleure qualité de neige à la descente. Mais parfois il suffit d'un nuage tenace et ça ne décaille pas; d'un petit imprévu et ça décaille trop; d'une nuit finalement peu claire, et c'est mouillé de bas en haut... Et je ne parle pas de l'erreur de calcul. Bref, c'est prévisible, mais c’est pas une science exacte non plus.

A cette période, l'enneigement remonte chaque jour plus haut mais fin Avril dans les alpes bernoises, on pouvait encore chausser les skis à moins de 1800m. En Avril et en Mai, cette année, je n'ai fait que du véloski. C'était un parti pris, un souhait perso qui permit de trouver beaucoup de calme en montagne sur des sommets délaissés à cette période de l'année. Parfois, la qualité de la neige fut incroyable, le calcul parfait, comme ici ou .

Alors attention, car j'ai triché. J'ai bel et bien testé un vélo à assistance électrique. Voilà, c'est dit. Une grande première personnelle le dopage mécanique. Mais en toute honnêteté, de nombreuses portions des routes d'alpages empruntées sont trop raides pour pédaler sur un vélo normal, voire même parfois avec un vélo d'assisté.

La première fois sur cette chose nucléaire fut tellement grisante que je me suis même payé le luxe de faire 500m de d+ "pour aller checker un spot" à l'instar des surfeurs landais. Dans le Sud ouest, la démocratisation du fatbike électrique a en effet complètement redéfinit la notion d'accessibilité aux bancs de sables jadis isolé.

Mais bref, le sable n'est pas le sujet.

La dernière, une valeur sûre

La sortie de cette saison véloski printanière qui me reste le plus en mémoire, c'est tout simplement la dernière. 

Non que nous ayons trouvé la meilleure neige, loin de là, mais la totalité de cette journée résonne comme un beau moment de montagne, une bambée sympa dans un esprit libre comme il faut, bref: une fin de saison digne de ce nom. 

Cette journée aurait pu mériter un article à part entière, "le véloski pour et par les nuls volume 3", mais tant pis. Voici un condensé de cette bambée, un peu développé couché.

C'était le 30 Mai dernier. Pour démarrer à 900m à ce moment de l'année il faut être un peu idiot, très motivé, et surtout, avoir mis le réveil très tôt.  Se lever avant 3h du mat, promet une belle et longue journée.

Ce jour là, Félix - mon fidèle binôme - a emprunté le vélo nucléaire de sa femme. Il a aussi repéré la carte et nous n'avons pas besoin de nous le dire: chacun sait que la première partie à vélo sera de la rigolade par rapport aux pentes de la phase terminale. Au menu, rien d'insurmontable: 1000m à e-vélo, et pareil à ski. Mais sans  e-skimo, ça va sans dire.

Pour économiser notre énergie nucléaire pas si infinie que ça, nous transpirons d'entrée sur des pourcentages honnêtes. L'idée est de garder un max de batterie pour les dernières rampes. 
Après s'être trompé seulement une fois de route, la pente se redresse si sérieusement que je me demande comment nous allons réussir à monter. Quelques mètres suffisent à annoncer  un résultat sans surprise: il faut pousser. 

Alors, pousser un e-bike avec skis, chaussures, etc est une expérience enrichissante...

Nous poussâmes à deux. Montée du premier vélo, redescente à pied, remontée du deuxième... C'est bon pour la course au déniv ça, moins pour le respect de l'horaire. Si l'effort est intense, la motivation, la rigolade et l'ambiance du matin naissant aident à faire passer la pilule.

Nous arrivons enfin sur un haut plateau qui signe la fin de notre ascension cycliste. Nous avons mis finalement plus de temps et laissé plus de watts que prévus dans cette montée, qu'importe.

Pédaler sur du plat est réjouissant, et l'ambiance de cet immense cirque à ce moment de la journée nous apporte toute l'énergie nécessaire à changer de chaussures.

Au milieu d'innombrables petits ruisseaux nous laissons les montures atomiques pour chausser les bêtes à peau. Face à nous, une face encore bien enneigée. Elle est imposante, plein Nord et avec une immense barre rocheuse barrant la route en son milieu. Seule une petite ouverture évidente fait office de passage. Après une courte pause bien méritée, nous nous mettons en route.

La montée commence bien. Après le pédalage, il est presque agréable de pratiquer la marche à ski. Nous trouvons tout de suite la neige, encore dure mais en cours de décaillage. Cette douceur superficielle nous permet d'avancer efficacement sans avoir besoin de monter les couteaux, ce qui est évidemment confortable. 

La pente se redresse sous l'étroiture du jour que nous choisissons de passer à ski. Il faudra faire deux ou trois conversions rapprochées mais nous pensons que ça passe. Félix s'arrête sagement sur un replat pour mettre ses couteaux. Galvanisé par tous ces efforts matinaux et ayant une confiance presque infinie dans l'accroche des carres magiques des Ubac, je décide de me challenger un peu en tentant de continuer sans. L'évidence ne se fit pas attendre, après quelques move de moonwalk et avant de me retrouver en fâcheuse posture, je dois capituler et sortir les coutals. Félix a terminé de mettre les siens, il est reparti et passe devant. 

Alors que je me concentre dans mes manipulations sur une neige dure encore à l'ombre, survient un drôle de cris. Mon binôme préféré vient de voir les pins de ses vieilles dynafit lui faire une blague: A l'entame de la première conversion du dernier crux de l'année, un de ses skis se fait la malle. Je mets quelques secondes à réaliser le désespoir de mon ami. En tournant la tête, son ski part tout droit, fièrement lancé en mode KL. Le genre de moment où tu te dis que le leash c'est quand-même hyper chouette. Mais bref, j'en mets jamais et le ski de Félix fait son KL. Il a les boules, il est en colère, mais il n'a pas chuté et tout va bien. J'avoue trouver la scène plutôt marrante.

Je me dis que je vais enlever les peaux et skier en bas pour espérer trouver le ski puis le remonter à son propriétaire. C'est sans compter sur l'envie soudaine et bien trop spontanée dudit propriétaire de filer retrouver son ski. Le bougre laisse son sac et son autre ski puis descend en luge sur le cul.

J'ai beau lui crier d'attendre tranquillement que je vais y aller, il est déjà loin. "Mais comment tu vas faire pour remonter avec un seul ski?" Il ne m'entend plus. Pendant que Félix cherche son ski, je prépare la descente. Ne sachant pas si nous le retrouverons, je décide de prendre tout le matériel avec moi. C'est ainsi que j'entame la descente sur une croûte infâme avec deux sacs et un ski sur le dos. Malheureusement pas de photo pour immortaliser ce délicieux moment.

Le ski s'est arrêté bas, pas tout à fait au point de départ cependant. Félix est content de le retrouver, mais je lis la déception sur son visage en me voyant arriver avec son sac. Le bougre espérait remonter le dos léger.
Il repart devant pendant que je remets les peaux. 

Notre seconde montée est en neige toujours plus confortable, les couteaux sont bien en place et l'étroiture est passée sans difficultés. La fatigue se fait de plus en plus présente, et même si nous sommes conscients que l'horaire est en train d'exploser, une pause Chocolat nous tend les bras. 

Faut dire qu'à force de vouloir monter les pentes plutôt deux fois qu'une, la perspective de manger du chocolat un peu plus haut nous avait aidé à tenir. Imaginez donc le désarroi au moment de se rendre compte que les plaques ne sont pas dans les sacs... Au loin en contrebas, il me semble apercevoir les vélos qui ricanent.

Nous arrivons enfin au pied de la pente sommitale, le soleil est haut, il est presque 11h, ce qui est beaucoup trop tard. La deadline était à 10h, on est dans le rouge. Nous traçons prudemment dans la pente qui se redresse doucement sur la fin.

Sous le sommet, une coulée anodine part des rochers. Elle dévale la pente lentement et prend une ampleur significative. Les coulées de neige mouillée, des tracteurs qui font pas rigoler. Nous sommes tout proche du sommet, mais le temps d'y monter nous mettrait dans une position intenable pour la descente. Nous stoppons donc sur une épaule protégée afin d'entamer la dernière descente de la saison. Cette journée est finalement parfaite en finissant sur un beau but. 

C'est lourd, très lourd, mais c'est tellement beau que nous profitons d'une glisse lente et tranquille. Les pentes plus bas nous offrent une moquette à poil long finalement agréable à skier, les derniers virages sont donc à la fois emprunts d'une certaine émotion, sans gâcher notre plaisir d'une neige finalement pas si pire.

Fin de descente à ski, nous retrouvons enfin les vélos et les deux plaques de chocolats dans les sacoches. Rien ne presse plus désormais, aussi restons nous à apprécier un repos bien mérité avant de quitter ce haut plateau.

La descente à vélo nous fait perdre de l’altitude rapidement, et à mesure que nous descendons, la chaleur se fait de plus en plus sentir. Les randonneurs sont de plus en nombreux, de plus en plus en short. De plus en plus surpris de voir des gens dévaler la route une paire de ski accrochée au cadre.

La saison de ski touche à sa fin, un mélange de spleen et de plénitude m'envahit en regardant les peaux sécher. La spleenitude de la dernière. Car la dernière, c'est un peu comme la première, mais avec le deuil en plus. Il faut dire au revoir à une saison, sans savoir ce que la prochaine dira.

Thoams
Texte, Photos Thoams
Tout a une fin, la saucisse en a deux

6 Commentaires

fabien.38 Excellent, belles photos et quel talent dans la narration ! :) Navré pour ton genou, bien content d'avoir fait ta connaissance à Cham malgré ce premier contact plutôt viril ! See you à la V5 👋
 

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