Les longs week-ends, l'arrivée tant attendue du beau temps, des fourmis dans les jambes : toutes les conditions étaient réunies pour débuter la saison estivale à flanc de rocher.

Saint-Etienne n'est pas une ville réputée pour sa beauté, mais elle a un atout majeur : sa proximité avec le Parc naturel régional du Pilat, mon terrain de jeu et de découverte depuis cinq mois. Plus précisément, le village de Planfoy se trouve à 10 minutes de route ! Autant dire qu'on ne se fait pas prier, en ce lundi de Pentecôte, pour aller tâter du caillou dans la via ferrata du Gouffre d'enfer.

On commence par un arrêt au Café de la Belote de Planfoy pour louer le matériel indispensable : casque, baudrier, longe. Il y en a pour 12 euros la demi-journée, le matériel est en fait fourni par Expé. Ce qui veut dire que la patronne du Café ne se fait pas un centime dessus et qu'elle appréciera que vous preniez une consommation à votre retour ! Et vu la chaleur, on l'a fait bien volontiers.


Je vous propose une petite présentation du matériel, qui n'est pas tout à fait le même qu'en escalade. Nous avons utilisé des longes avec absorbeur de choc dites "en Y",dont le principe de ce type de longe est d'absorber le choc (si si !) en le répartissant sur une plus grande longueur de sangle en cas de chute violente. La sangle est d'abord reliée au baudrier par une tête d'alouette ou un maillon rapide. Vient ensuite une réserve de sangle, bien pliée dans un petit sac zippé et prête à se dérouler si le choc est important. Le tout est relié à deux sangles, chacune équipée d'un mousqueton spécial "K". Rien à voir avec les céréales, je vous arrête tout de suite ! C'est un type de mousqueton qui répond aux exigences spécifiques à la via ferrata. Il est plus résistant, les chutes en via ferrata étant plus violentes ; il comporte un œil dans lequel passe la longe, ce qui le rend imperdable ; il s'ouvre facilement, d'une seule main, mais seulement quand on le souhaite : en effet, pour l'ouvrir, il faut appuyer en même temps sur le doigt (avec vos doigts) et sur le dos (avec la paume de la main). Et contrairement à l'ouverture facile des briques de lait, celle-ci n'a rien d'un gadget ! Elle s'avère au contraire indispensable quand il s'agit de passer les deux mousquetons d'un câble à l'autre tous les 5 à 10 mètres, voire tous les 2 mètres en progression verticale. Imaginez le calvaire avec un mousqueton à vis !

Donc, muni du matériel adéquat, on débute la marche d'approche, qui constitue une mise en jambe nécessaire avant d'attaquer les choses sérieuses. Et pour joindre l'utile à l'agréable, le sentier qui mène au départ de la via ferrata pour adultes (il y en a une autre pour les enfants) traverse une forêt de pins qui embaument ! Il fait grand beau, le soleil commence à bien se sentir, même à l'ombre. Le paysage n'est pas mal non plus : contrairement à ce que son nom laisse croire, le Gouffre d'enfer est une jolie vallée boisée au fond de laquelle s'étend un petit lac – rien de terrifiant... tant qu'on est sur le sentier et pas sur le parcours de la via ferrata, suspendus au-dessus de 50 mètres de vide.


Après une bonne demi-heure de marche, on arrive enfin au câble ! On enfile les baudriers, on se vérifie mutuellement et on s'assure que tout le monde est au fait des règles de sécurité : prévenir des chutes de pierre, toujours rester relié à la ligne de vie par au moins une longe, garder une certaine distance entre les différentes personnes. Sans oublier le tartinage de crème solaire, car la falaise est orientée au sud-est et il est 11 heures du matin. Parés ? C'est parti ! Petite surprise au bout de quelques mètres : le câble s'arrête et on revient sur le sentier pour un petit kilomètre, puis c'est le vrai départ !

Le parcours mesure 600 m de long et est entrecoupé de deux passerelles, d'un pont de singe et d'un passage sur une planche étroite qui a un peu l'air de tenir en équilibre... Glups ! On progresse assez facilement, le rocher étant bien équipé en marchepieds et en poignées aux endroits stratégiques. On peut aussi décider de les ignorer, ce qui donne pas mal de piment à l'activité, mais il faut alors prévoir presque deux heures au lieu d'une heure et demi. Finalement, à l'arrivée, on a à peine eu le temps d'admirer le paysage dans notre dos : il fallait bien se concentrer sur le placement d'un pied, le glissement des mousquetons sur le câble... Aucune chute à déplorer, mais nos genoux et nos coudes ont un peu souffert de la rugosité du gneiss et on recense quelques coups de soleil. Allez, on pique-nique à l'ombre avant de remonter à Planfoy... c'est là, sur le sentier du retour, un peu raide, qu'on se rend compte qu'on vient de faire du sport ! Mais tout le monde est content et s'est bien amusé et c'est l'essentiel !