Le ski préféré de Tanner Hall, shinny mais vulnérable?

Avis sélectionné

Profil du testeur : 32 ans | 1,83m | 77kg | Avancé
Taille testée : 185
Conditions du test : peuf tombée le vendredi. Le samedi redoux, avec pluie en fin de journée. Le dimanche beaucoup de slush ( 10° à 1800m l’AM!) mais au moins de la visibilité qui était absente la veille, donc quelques traces faites dans de la neige lourde et humide. Je suis passé par le classique Stash, et j’ai ridé essentiellement des modules en bois et le park de La Chapelle. J’ai fais de la piste et bord de piste sur secteur de Fornet. Mon poids est de 77 kg et taille 1m83. Fixation : shift mnc, montées sur la ligne recommandée, quasi centrée.

Points forts

patin à 116 pour 1,7kg !!! pour moi c’est une petite révolution. Son programme exclusivement fun, avec du pop, des qualités pour le park, associés à un gros rocker en spatule avant, typique d’Armada, pour s’éclater en poudreuse. Il semble suffisamment robuste et fiable pour que Tanner Hall l’utilise au FWT.

Points faibles

le prix, 750 balles quand même. La longévité ? je doute qu’à ce poids là notre ski soit résistant, mais je n’ai pas de preuve de ce que j’avance. L’absence d’affinité pour la « piste », même si pour moi c’est une qualité. J’ajouterai qu’il n’est pas fait pour de la neige verglacée. Et un détail : la sérigraphie est sobre, trop sobre.

Ski testé lors des ski test à Avoriaz le 15/12/19 sur une durée de 2H00 (je sais, c’est peu)

Résumé/Conclusion, pour le lecteur pressé : JJ ARV116 UL = ultralight, même ligne de cote que l’ARV 116 JJ classique (initialement développé par JP Auclair) mais avec 25% de poids en moins. Soit 1,700 kg le ski ! et on est sur un patin à 116mm. Cette année Armada propose donc sa gamme zéro, 0 barré (ø) arme officiel de Tanner Hall sur l’étape de Kicking Horse du FWT. C’est un authentique FreeStyleBackCountry à la base, allégé pour faire encore plus de backcountry et notamment un programme freerando. Je l’ai d’ailleurs testé avec des fixations Shift mnc. Je ne l’envisageais pas pour un programme pleinement freeride, mais Tanner semble penser le contraire. Ce ne serait pas mon premier choix pour de la Bigmountain en tout cas. Je suis fan des JJ ARV116 classiques, mais je ne les ai pas acheté, car un peu lourd pour mon ski de tous les jours. Quand j’ai vu 25% de poids en moins, je n’ai cherché qu’une chose : les tester dès que possible. Le profil du rider pour ces skis est, selon moi : faire essentiellement du FSBC, être un amoureux de la poudre, et s’amuser en park avec un ski léger mais qui a du pop quand on sait appuyer dessus. C’est un ski bi spatulé, non totalement symétrique, midfat. Il s’adresse donc à un bon skieur plutôt qu’un débutant. Peu d’interet pour faire de la piste, par contre c’est le ski ideal pour s’amuser en permanence. Comment ont ils donc fait pour enlever 1/4 du poids? et bien la construction du ski est particulière de part son noyau Caruba qui est très léger. Pour le reste : rockers spatule et tail, avec un rayon entre 16 et 19m selon la taille. Il existe en effet quatre tailles : 165,175, 185 et 192cm ( j’ai testé en 185).

-défauts: le prix, 750 balles quand même. La longévité ? je doute qu’à ce poids là notre ski soit résistant, mais je n’ai pas de preuve de ce que j’avance. L’absence d’affinité pour la « piste », même si pour moi c’est une qualité. J’ajouterai qu’il n’est pas fait pour de la neige verglacée. Et un détail : la sérigraphie est sobre, trop sobre.

-qualités : patin à 116 pour 1,7kg !!! pour moi c’est une petite révolution. Son programme exclusivement fun, avec du pop, des qualités pour le park, associés à un gros rocker en spatule avant, typique d’Armada, pour s’éclater en poudreuse. Il semble suffisamment robuste et fiable pour que Tanner Hall l’utilise au FWT.

Historique : Pour comprendre le ski il faut s’intéresser à l’image d’Armada. C’est une marque relativement récente, cofondée en 2002 par JP Auclair, plutot underground et freestyle (cf topsheet des skis et vidéos de Henrick Harlaut ou Phil Casabon pour se faire une idée) pour l'aspect marketting. Ils ont une sacrée équipe d’athlètes, et restent très esthétiques et inspirant. La marque a été rachetée par le groupe "Amer sport", lui même racheté par un conglomérat chinois ("Mascot Bidco Oy") fin décembre 2018 http://www.skipass.com/news/184089-le-groupe-amer-sports-rachete.html ; toutefois les produits gardent leur qualité et authenticité, jusqu'à présent. Pour le détail du test, lire la suite.

Contexte , La gamme 0 barré (ø) se veut « playfull and creative » https://youtu.be/qVnx70GLUZc , ainsi que expérimentale, dans les côtes de skis. Phil Casabon, Toff Henry et Tanner Hall semblent avoir, chacun, développé leur modèle à leur image. Me voilà donc mi décembre à Avoriaz au stand d’Armada, avec une neige humide, des températures printanières, et quelques éclaircies. Un petit mot concernant ce ski test : ouverture officielle du Rock on snow. Enormément de marques présentes comme d’habitude. Snowpark shapé ( il y avait plus de neige en 2019 qu’en 2018 en ce début de décembre). J’ai découvert que Avoriaz allait proposer le même concept pour la fermeture de sa saison fin avril, et je pense faire, à l’avenir, plutôt le we de fermeture que le we d’ouverture car moins de requins en fin de saison, ce qui permet de lâcher les chevaux sur les ski tests et ne pas être sur la retenu par risque de bousiller le matos en hors piste. Chez Armada le stand est cool, c’est une fille super compétente qui m’a réglé les fixations shift (qui nécessitent un peu de temps et du tournevis). J'ai pu garder la paire 2h le dimanche, donc test limité par la durée. Mais surtout je n’ai pas eu de vrai virage de poudre, ni d’occasion de drop dans la poudre, ni l’occasion de faire de la vraie pente. J’ai conscience que le test est limité mais je le complèterai prochainement, car je compte bien les retester en mars grâce aux test in powpow chez Montaz.

Condition du test : peuf tombée le vendredi. Le samedi redoux, avec pluie en fin de journée. Le dimanche beaucoup de slush ( 10° à 1800m l’AM!) mais au moins de la visibilité qui était absente la veille, donc quelques traces faites dans de la neige lourde et humide. Je suis passé par le classique Stash, et j’ai ridé essentiellement des modules en bois et le park de La Chapelle. J’ai fais de la piste et bord de piste sur secteur de Fornet. Mon poids est de 77 kg et taille 1m83. Fixation : shift mnc, montées sur la ligne recommandée, quasi centrée.

Fiche technique :

-shape twintip presque symétrique
-cambre classique avec 2 rockers AR Freestyle Rocker, s’il vous plait. (cf photo 1. les photo 2 et 3 comparent les JJ classique au JJ UL). Peu de cambre sous le pied
-un construction avec noyau Caruba qui est à priori « le plus léger d'entre tous ». L’intérêt est ici pour moi
-Spatule nose à 139mm
-Spatule Tail à 135mm
-Rayon de courbure : qui varie selon la taille 16 pour 1m65, 17 pour 1m75, 18 pour 1m 85 et 19m pour la taille 192cm (selon le site officiel d’Armada https://shop.armadaskis.com/fr-fr/products/arv-116-jj-ul-ra0001.html )
-Taille testée 1m85
-patin : 116mm (plus mince que les Revolt121, ou MagicJ à 126, mais un mm plus large que les DeclivityX de Toff Henry)
-poids : 1,7kg
-Particularités :

1. AR75 Sidewall : est un renfort au niveau des carres (cf photo 4, en vert)
2. EST Freeride Rocker : Rocker vraiment progressif avec cambre particulier, typique d'Armada, il faut tout simplement le skier pour le ressentir avec justesse.
3. S7 Base : est un renfort de la base pour que le ski survive dans la durée
4. 2.0 Impact Edge : renfort traité à la chaleur pour la résistance aux chocs des carres, 1.7 c'est pas mal, 2.0 c’est bien. Le must chez Armada est de l'ordre de 2.5 sur le ski modèle freestyle AR8 de Torin Yater-Wallace
5. Laminate Matrix =matrice stratifiée. En gros stratification directionnelle de la fibre de verre, qui est un modèle de flexion et de rigidité de torsion propre à Armada et qui me plait énormément! (pop++)

Sur trafolle : majorité de mon test. Rocker qui permet de rider engagé. A haute vitesse, je n’ai pas eu de mauvaise surprise, le ski peut couper des courbes dans un relief irrégulier, tout en ayant de la précision. Je n’ai pas ressenti d’instabilité, mais je n’ai pas osé allé à mach3 en hors piste devant l’absence de sous couche en début de saison. A retester prochainement. Le rayon à 18 n’encourage pas à faire de la godille, mais le ski reste super maniable grâce à sa légèreté et un pivot correct. On peut rider dans 20cm de neige relativement fraiche en position alpine, sans être en arrière. L’accessibilité est bonne, même pour un skieur qui ne pratique habituellement pas de hors piste.

Sur Poudre : la spatule avant est rassurante et le patin à 116 est un vrai confort. On ne crame pas ses quadriceps au bout de 3 virages, au contraire on en redemande. Je n’ai pas eu des vrais virages carte postale avec 40 de fraiche pour tester en profondeur le ski, mais de ce que j’ai ressenti dans les pentes du Fornet avec des traces à l’ouverture du télésiege : c’est sain, ça flotte, c’est très bon ! on est dans son programme ! On ressent vite l’envie de tenter des 360 avec une réception en poudre. Je n’ai malheureusement pas eu ces occasions, et je n’ai pas eu non plus de grosse pente raide pour juger de la différence de caractère entre les JJ classiques et les ultralite. Ce qui m’interessait : les réception de drop. Je n’ai pu tester que dans le stash sur de la neige transformée, et j’ai rebondi sans probleme avec une bonne portance sur les récep des rainbow de l'Ozone, mais test à refaire dans de la vrai powpow. Je m’attendais à ce qu’ils soient trop léger , pas assez rigide ou pas assez puissant pour du freeride, mais Tanner Hall m’a donné tort sur ses derniers runs en Colombie Britannique sur le fwt. On peut parler d’un FSBC tonique.

Sur piste : il faudra un avis sur le long court , pour évaluer la résistance de ces skis, certes allégés, mais suffisamment robustes ? A titre de comparaison, j’ai eu une mauvaise experience avec mes CT3.0 (1,850 kg le ski, avec un noyau balsa/fibre de lin) : décollement de topsheet lors d’une premiere saison et impacts récurrents qui donnent une impression de fragilité. Cela dit, j’ai passé un bon moment sur les pistes d’Avoriaz. On engage facilement les grandes courbes, et la spatule avant ne tape pas lors de grosse prise de vitesse, alors que je m’attendais à de l’instabilité compte tenu du rocker et de la légèreté du ski. En fait les fibres de verres de la Laminate Matrix semblent être bien efficace. Je n’irai quand même pas faire de la descente avec Aksel Lund Svindal, mais disons qu’il n’y a pas de défaut rédhibitoire sur piste. En petites courbes, on peut lui reprocher de ne pas être nerveux, et un passage carre à carre lent, mais ça se skie très bien quand on a un niveau expérimenté. La rentrée dans le virage se fait agréablement, bien que le rayon soit de 18m, mais il faut être très dynamique et très en avant si on veut faire du slalom. Ça manque de précision. Ça se fait, mais c’est naturellement pas son programme.

En park : Passage dans mon park préféré : le Stash avec le smile jusqu’aux oreilles !! ski léger + fixation shift légère = régal. La maniabilité est remarquable sur du plat pour faire des ollie 180, des late switch180 ou late 360 sur des petites cassures de piste. On ne se sent vraiment pas limité en rotation alors qu’on a un patin à 116. Tanner utilise les JJ ultralite dans son dernier film d’ailleurs «in the mean time» (https://www.youtube.com/watch?v=hjX3rhC7838), et balance quand même des dub cork 1080 dans le backcountry. En comparaison avec le JJ classique, je dirai qu’il est moins tonique en terme de pop au niveau des Nollie. Mais c’est le seul bémol que je mentionne. Clairement on peut faire une matinée dans de la poudre et passer tout l’aprem dans le park avec ces lattes. J’ai trouvé qu’il pardonnait lors de réception switch nose heavy, et qu’il renvoit un bon pop en ollie. En terme de butterabilité, on n’est pas aussi mou que des Blend de Line, plutot proche d’un CT3.0, mais pas aussi poppy q’un CT2.0. Le ski est sain à mon gout. Tanner l’a utilisé lors des Kimbosessions, et donne l’impression d’avoir un ski de park à 90 au patin quand il le ride sur rail. De mon coté pas un gros niveau sur rail, mais sur les modules en bois, aucun poc notable, les carres ont l’air solides, le topsheet n’est pas bidon. Le Park de La Chapelle était shapé avec 3 kickers M, et avec des amplitudes moyennes, j’ai constaté une réception agréable, ferme, qui se déforme et pardonne si on n'est pas centré. Il y a un très bon équilibre en airtime, dû au fait que la shift était bien montée en centrée et le ski twintip. Pour rider en switch pas de souci, c’est du bispatulé et le rocker arrière est fun pour des tails press.

En freerando : Je pensais son programme orienté freerando, et fsbc , ce qui est exactement ce que je recherche actuellement. Cependant les skis me paraissent tellement légers que j’envisagerai un programme rando sans probleme sur un ou plusieurs jours. Le combo avec la shift me semble parfait pour randonner avec du matériel relativement lourd d’un point de vue skipasseur, mais finalement polyvalent pour envoyer du tricks dans les montagnes loin des monchus.

Style : alors là déception, je vais pas vous mentir, après les magnifiques ARV116 JJ classiques de 2019 et 2020, ils ont fait sobre sur la gamme zero haha. Trop sobre pour moi, mais on s’en fiche du moment qu le ski est excellent.

Prix : 750 euros, il va gagner des dollars les amis.

Pour la note, je met un 9/10. Mes critères ne sont pas les mêmes que ceux fixés par le test skipass. Effectivement l'accessibilité pour un ski à 116 au patin, c'est difficile de juger quand on n'est plus débutant...Globalement ils sont comparables aux JJ classiques, le ski me parait juste parfait avec les 25% de poids en moins. L’objectif est rempli pour moi : un ski à 116 au patin avec un programme FSBC qui s’approprie un programme de freerando voir plus avec des shifts. Pas de compromis en terme de qualité, et même un avantage en terme de pratique freestyle vu l’allégement significatif. Je mettrais volontiers un 11/10 tellement je suis fan, mais au fond de moi je reste pessimiste sur la durabilité des matériaux avec ce noyau caruba. Je met donc 11-1 = 10. Sera-t-il un ski-consommation d’une saison, ou va-t-il vraiment être robuste pour durer ? Le long terme nous le dira, j’ai envie d’y coire. Je met ensuite 10-1 =9 car la limite du ski est son programme alpin, qui n’est pas exceptionnel. Pour mettre 10 il faut vraiment que le ski me fasse ressentir quelquechose d’exceptionnel. Néanmoins, si je dois acheter le ski de mes rêves cette saison c’est bien vers les JJ116 UL que je me tournerais. Ils correspondent aux skieurs qui veulent du fun et du freestyle en permanence, du confort en grosse poudreuse et un besoin de faire de la freerando.