Mon chemin de Compostelle (2) - 5 5 commentaires

Les difficultés rencontrées lors du chemin


Les difficultés d'ordres physiques

Les 5 premiers jours ont été très douloureux pour mes épaules.

7 jours avant d'arriver, une tendinite à la jambe m'a fait souffrir quelques heures.

Une tendinite au bras m'a, elle, fait mal de nombreuses heures et journées.

Les quelques ampoules que j'ai eu ont également été un peu douloureuses.

Je précise cependant que tout ce qui est décrit est vraiment accessoire, ridicule. D'autres pèlerins ont vraiment, eux, souffert le martyr sur leur trajet.
Certains avaient des tendinites à répétition aux deux jambes au point de boiter toute la journée durant. Certains ne pouvaient même pas marcher sans anti-inflammatoires. D'autres, avaient TOUTE la plante de pied recouverte d'ampoules. Cà, çà fait vraiment mal.
D'une manière générale, je n'ai vraiment pas à me plaindre de mon état de santé. Tout s'est déroulé pour le mieux.


Les difficultés d'ordre morale

Il me semble impossible d'effectuer un tel périple sans connaître des hauts et des bas.
J'ai connu deux bas, mais deux très bas.

L'un, la veille de mon passage Espagne. J'étais rempli d'une peur irraisonnée. C'était la première fois après 33 jours de marche que je m'imaginais arrêter le chemin et rentrer chez moi.

L'autre, 5 jours avant d'arriver à Saint Jacques de Compostelle. Durant 2 nuits il m'a été presque impossible de dormir. Des journées de 30 et 20 km m'ont paru interminables et difficiles, alors que j'étais en pleine forme physique. Une petite grimpette de rien du tout a failli me faire craquer. Je m'arrêtais toutes les demi-heures toujours à la limite de pleurer.
Etait-ce une dépression de fin de pèlerinage ou autre chose je ne le sais pas encore.


Les moments de bonheur

La traversée des paysages de l'Aubrac, où je me retrouvais à crier ma joie tellement c'était beau. A priori, un non pèlerin m'aurait considéré comme fou.

Les soirées dans les gîtes, où, entre pèlerins nous jouions, discutions, partagions et étions très souvent mort de rire.

Le concert d'orgue dans l'abbatial de Conques. Moi qui écoute plutôt de la musique de d'jeuns, j'ai eu des frissons partout en entendant ce concert.

Les retrouvailles en Espagne avec une pèlerine que j'avais perdu de vue quelque jours auparavant.

L'arrivée au village d'O Cebreiro, le jour où j'étais si mal. Un village tout en pierre sur un col à 1500 m d'altitude, où résonne de la musique celte partout dans les rues.

Mais cette marche, mis à part les 3 jours difficiles, a été en fait une immense source de bonheur. Chaque journée fût, à sa manière, magnifique.


Les moments de béatitude

Titre bizarre mais je ne sais pas comment les décrire autrement.

Un après-midi, je faisais la sieste dans un parc public espagnol (en termes non pèlerin, j'étais un clochard dormant sur un banc), le soleil de novembre chauffait doucement. A ce moment là, j'ai senti que je n'avais jamais été aussi bien, heureux, serein, calme de toute ma vie. Un moment de plénitude incroyable.

Cette sensation m'a de nouveau envahie, lors de mon arrivée à Compostelle. Assis en face de la cathédrale, au soleil, j'étais bien. En paix avec moi-même, rempli d'une confiance absolue en l'avenir et en la vie.

Ce sont des moments que je souhaite à tout le monde de connaître un jour.


Les rencontres

Ce qui va le plus me manquer, ce sont les rencontres que l'on fait en chemin.

Chaque journée amenait son lot de rencontres, toutes plus intéressantes les unes que les autres.
Le fait de marcher, de dormir dans des dortoirs glaciaux, bref d'être tous dans le même bain permet de se rapprocher et de vraiment connaître l'autre. Les classes sociales, les nationalités, les religions n'existent plus. On est tous des pèlerins. Des André, Monique, Jérôme, Marie, Philippe ou Colette.

Et pourtant derrière ces prénoms se cachent des gens que dans la vie civile il m'aurait été impossible de rencontrer:

des cathos bcbg, un ancien criminel, un ancien ambassadeur de France, un psychiatre, un couple d'agriculteurs bio, une avocate, une journaliste, des étudiants, un ancien punk/zonard, un cadre supérieur de multinationale, un ingénieur devenu luthier, un menuisier, un marin pêcheur, des anciens commandos d'élite de l'armée belge, des consultants, des artistes peintres, un musicien, un ancien homme d'affaire alcoolique désormais guéri, un pèlerin à plein temps depuis 6 ans etc, etc?
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Mon chemin de Compostelle (1)

Découverte de l'existence du chemin

J'ai fait connaissance avec le pèlerinage de Saint Jacques de Compostelle il y a 10 ans environ, grâce à un reportage de Zone Interdite sur M6. Cela m'avait paru intéressant.

9 ans plus tard, lors d'un stage à l'Office du Tourisme français à Vienne (Autriche), je suis tombé sur des brochures de la région Midi-Pyrénées, présentant le Chemin de St Jacques.

Quelque mois plus tard, il est temps pour moi de choisir un sujet de mémoire de maîtrise. Cela sera ''Pourquoi va-t-on à Saint Jacques de Compostelle de nos jours''.
Après avoir vu briller les yeux d'anciens pèlerins lors d'entretiens, je me suis dit que çà avait l'air d'être une expérience très forte. La rédaction du mémoire avançant, les lectures faisant leurs ?uvres je me suis dit pourquoi ne pas y aller à mon tour.

Résultat le 26 septembre 2004 je me suis mis en route pour Saint Jacques de Compostelle, avec l'espoir d'arriver à destination début décembre.


Pourquoi suis-je parti ?

Pour faire un break avant de me (re)lancer dans la vie active.
Pour réfléchir sur ma relation avec mon amie.
Pour être entièrement libre.
Pour réfléchir, tout simplement.


Les questions auxquelles j'espérais trouver une réponse en partant

Dans quel secteur ais-je envie de travailler ?
Est ce que ma relation sentimentale va se poursuivre ?


Les réponses que j'ai obtenues

Pas vraiment celles espérées en fait.

Néanmoins, je me suis aperçu que même en travaillant pour un grand groupe ou pour le ''grand capital'', il est possible de mener une vie équilibrée, saine et honnête. Ce n'est pas forcément vendre son âme au diable que de travailler pour ces entreprises, ce que je pensais auparavant.
Ma relation amoureuse s'est terminée à la fin de ce chemin. Nos chemins ont bifurqué?


Que m'ont apporté ces 60 jours de marches

Une paix, une joie, une sérénité que je n'avais jamais éprouvée auparavant.

Une confiance entière en l'avenir et en la vie.

Une envie de parler aux gens, de les connaître, de les écouter.

La notion de partage a pris un nouveau sens pour moi.

La notion de manque aussi. Je n'avais pas grand chose pour vivre durant ces 2 mois, et pourtant je n'ai manqué de rien et n'ai jamais été aussi heureux.

Je suis redevenu chrétien pratiquant. Il se passe tant de choses extraordinaires qu'on ne peut pas ne pas y voir l'?uvre de quelqu'un ou quelque chose. Pour moi c'est Dieu, pour certains c'est l'esprit de Gaïa et pour d'autres des ondes positives.

Ma cheville s'est remise en place.

De beaux mollets et de belles cuisses.

Ce pèlerinage m'a aussi pris 12 kilos.

La forme. Avec ces nouveaux muscles et mes kilos en moins je me sens en pleine forme.

Une envie de pratiquer la randonnée. Mais pas le dimanche après-midi, sur des périodes d'au moins 7 jours.

Une envie de parcourir la montagne en hiver mais plus seulement sur les domaines skiables. Les raquettes ou le ski de randonnée me font de plus en plus envie.
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Une journée type

Une journée type



7h00 Lever

Rangement du sac, descente de 1,5 litre d'eau, étirements.


8h00 Départ

Première heure, marche tranquille pour s'échauffer et prier.


9h00 Atteinte du rythme de croisière

11h30-12h00 Petit goûter
Galettes de riz.


13h30-14h00 Repas

Toujours la même chose durant 60 jours
Mélange de riz basmati et de riz complet assaisonné à l'huile d'olive et au sel, miam-miam?


14h30-18h00 Arrivée

Courses
Etirements
Douche
Préparation du repas
Repas
Séance d'écriture dans le journal


21h00-21h30 Coucher


En France, les soirées duraient plus tard, en raison de la bonne ambiance accompagnant les repas et , surtout, d'une fatigue bien moindre.
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Les tendinites, çà se prévient et/ou çà se soignent

La tendinite est le mal du pèlerin. Elle commence souvent au niveau du coup de pied pour ensuite remonter le long du tibia et plus haut si on ne fait rien. Certains ont attrapé des tendinites au niveau des tendons d'Achille (ouille, ouille, ouille?). Pour éviter d'avoir une tendinite Boire beaucoup, beaucoup d'eau. 2 à 3 litres par jour s'il fait pas trop chaud. (+)

Les ampoules, çà se prévient et/ou çà se soignent

Quelques petits trucs que j'ai testé lors de mon pèlerinage. Avant d'avoir des ampoules Prévention 1 Commencer à se masser les pieds, tous les jours, avec de la crème assouplissante, NOK d'Akiléïne par exemple, 3 semaines avant le début de la randonnée. Prévention 2 Tous les matins, avant de partir, se masser les pi (+)

Mes étapes

France


Jour 1
15 km Le Puy ? Montbonnet.
Jour 2
14 km Montbonnet ? Monistrol d'Allier
Jour 3
23 km Monistrol d'Allier ? Le Falzet
Jour 4
19 km Le Falzet ? Saint Alban en Limagnole
Jour 5
15 km Saint Alban en Limagnole ? Aumont-Aubrac
Jour 6
26 km Aumont-Aubrac - Nasbinals
Jour 7
16 km Nasbinals ? Saint Chély d'Aubrac
Jour 8
24 km Saint Chély d'Aubrac ? Espalion
Jour 9
12 km Espalion ? Estaing
Jour 10
14 km Estaing ? Golinhac
Jour 11
21 km Golinhac- Conques
Jour 12
Repos Conques
Jour 13
26 km Conques - Livinhac-le-Haut
Jour 14
25 km Livinhac-le-Haut ? Figeac
Jour 15
32 km Figeac ? Cajarc
Jour 16
17 km Cajarc ? Limogne-en-Quercy
Jour 17
26 km Limogne-en-Quercy ? Le Pech
Jour 18
15 km Le Pech ? Cahors
Jour 19
22 km Cahors ? Lascabanes
Jour 20
23 km Lascabanes ? Lauzerte (j'ai raté l'arrêt de Montcuq)
Jour 21
26 km Lauzerte ? Moissac
Jour 22
30 km Moissac ? Saint-Antoine
Jour 23
25 km Saint-Antoine ? Lectoure
Jour 24
27 km Lectoure ? Condom
Jour 25
34 km Condom ? Eauze
Jour 26
49 km Eauze ? (Nogaro) ? Aire-sur-l'Adour
Jour 27
33 km Aire-sur-l'Adour ? Arzacq-Arraziguet
Jour 28
31 km Arzacq-Arraziguet ? Arthez-de-Béarn
Jour 29
32 km Arthez-de-Béarn ? Navarrenx
Jour 30
19 km Navarrenx ? Aroue
Jour 31
25 km Aroue ? Ostabat
Jour 32
23 km Ostabat ? Saint-Jean-Pied-de-Port
Jour 33
Repos Saint-Jean-Pied-de-Port

Espagne


Jour 34
27 km -1300 m de deniv. positif. Saint-Jean-Pied-de-Port ? Roncevaux
Jour 35
26 km Roncevaux ? Larrasoaña
Jour 36
38 km Larrasoaña ? Punte-la-Reina
Jour 37
23 km Punte-la-Reina ? Estella
Jour 38
21 km Estella ? Los Arcos
Jour 39
29 km Los Arcos ? Logroño
Jour 40
28 km Logroño ? Najera
Jour 41
21km Najera ? Santo-Domingo-de-la-Calzeda
Jour 42
37km Santo-Domingo-de-la-Calzeda ?
Jour 43
41 km Villafranca-Montes-de-Oca ? Burgos
Jour 44
31 km Burgos ? Hontañas
Jour 45
35 km Hontañas ? Fromista
Jour 46
20 km Fromista ? Carrion-los-Condes
Jour 47
41 km Carrion-los-Condes ? Sahagun
Jour 48
34 km Sahagun ? Mansillas-las-Mulas
Jour 49
20 km Mansillas-las-Mulas ? Leon
Jour 50
31 km Leon ? Hospital-de-Orbigo
Jour 51
37 km Hospital-de-Orbigo ? Rabanal-del-Camino
Jour 52
34 km Rabanal-del-Camino ? Ponferrada
Jour 53
Repos Ponferrada
Jour 54
32 km Ponferrada ? Trabadelo
Jour 55
20 km Trabadelo ? O Cebreiro
Jour 56
36 km O Cebreiro ? Calvor
Jour 57
27 km Calvor ? Porto-Marin
Jour 58
30 km Porto-Marin ? Casanova
Jour 59
41 km Casanova ? Arco-Pino
Jour 60
20 km Arco-Pino
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Liste et commentaires du matériel d'un pèlerin - 3 3 commentaires

Voici la liste du matériel que j'avais sur moi et dans mon sac à dos. Le tout pesait 14 kilos. C'était trop, mais selon moi, impossible de faire moins. D'autres pèlerins, allaient à St Jacques avec seulement 10 kilos et me regardaient avec de grands yeux.

Je cite la marque s'il y a eu un soucis ou, au contraire, si le produit m'a vraiment emballé. Je n 'étais pas sponsorisé.

Vêtements


Veste en Gore-Tex Paclite Eider (550 gr). Léger mais vraiment fragile, attention à ne pas abîmer le ''revêtement'' intérieur de la veste.
Poncho. Superflu, car double-emploi avec ma veste.
Bandeau polaire.
Buff.
1 paire de gants Windstopper.
2 polaires (Polartec 200). Mais une seule aurait suffit si j'étais parti avec une micro-polaire. Dans les gîtes non chauffés d'Espagne, il faisait si froid que j'ai du m'en racheter une deuxième (pas de micro-polaire dans le magasin).
1 sous-vêtement technique manche courte. Lifa de Helly Hansen, excellent.
1 sous-vêtement technique manche longue.
1 slip technique Lacoste (5,50 ? au Paradis des Soldes à Lyon, existe aussi en Boxershort, mais c'est plus lourd).
1 pantalon de rando convertible Quechua. Très solide et pratique.
1 boxer short (mon seul vêtement en coton)
1 short.
1 cuissard (superflu).
1 collant.
1 surpantalon en ''Micropore'' Francital. Imperméabilité ok, mais il s'est déchiré au dessus des 2 chevilles, là où les jambes frottent entre elles. Francital c'est FINI pour moi.
1 chemise de rando Jack Wolfskin, très légère et séchage rapide.
2 paires de chaussettes de randonnée techniques.
1 paire de chaussures de rando Gore-Tex. L'eau rentrait après 4h30 de pluie ou 2h00 de marche dans la rosée, mais les chaussures n 'étaient pas neuves en partant.
1 paire de sandale Birkenstock. Idéale pour se reposer les pieds le soir.

Matériel


Sac à dos 60/70 litres Go Sport. A ma grande surprise ce sac, que j 'ai emprunté, car plus léger que mon sac personnel pourtant techniquement meilleur, a très bien rempli son rôle. Rien à redire.

1 sursac contre la pluie. Cà ne sert à rien, car l'eau passe quand même. Il faut dans tous les cas mettre un grand sac poubelle dans son sac à dos et mettre ces affaires dedans.

1 sac de couchage Lafuma Warm and Light 800 (en plume). 800 grammes, température de confort 6°c, NICKEL.

Bâtons de randonnée Leki. Très bons, légers, rigides et souples à la fois. Bémol sur l'utilisation des bâtons. J'ai marché les 22 premiers jours avec les bâtons. Résultat, j'ai attrapé une tendinite. Je pense qu'il faut réserver l'utilisation des bâtons à la montagne uniquement, du moins lors d'un usage intensif.

1 réchaud à gaz, mais pas nécessaire pour tous le monde (j'ai des allergies alimentaires et je dois toujours cuisiner). 1 popote, 1 fourchette, 1 cuillère et 1 épluche légume (si, si !), 1 torchon.

Lunettes de soleil, couteau suisse (avec ciseaux, pour tailler ses pansements ou les Compeed), 4 épingles à nourrices (pour faire sécher les vêtements sur le sac à dos quand on marche), 10 pinces à linge + ficelle, 1 bouteille d'eau de 1,25 litre sur laquelle j'avais collé 4 tours de scotch répare tout Ducktape, 2 aiguilles et du fil (il y a toujours des choses à recoudre !), 1 brosse à dent, dentifrice, 1 savon de Marseille (qui servait de savon, shampoing, mousse à raser et lessive; certains se lavent même les dents avec), 1 crème anti-inflammatoire, 1 crème hydratante, des granules d'homéopatie, 1 appareil photo, 1 livret avec les textes du jour de la Bible (plus léger que la Bible), 2 guides de voyages (1 aurait suffit).
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