Test Salomon El Dictator 2012

Ski acquis à la base pour faire le Derby des Pyrénées parce qu'il faut du sérieux pour les conditions pyrénéennes de printemps, au fil du temps c'est devenu un des skis alpins qui sort le plus grâce à sa capacité à passer partout sans demander à réfléchir.

Présentation du produit:
Bon déjà, niveau déco, c'est joli, on ne va pas se mentir, ça a de la gueule. C'est un ski large, qui semble plutôt fait pour la poudre. Flex assez sérieux, même s'il semble plus mou sous le pied qu'aux extrémités, rocker pas trop prononcé, rayon de courbe assez élevé (50m il me semble) et taille unique, en 195, ça annonce la couleur, c'est pas fait pour faire du piquet! Pour la taille, perso ça ne me dérange pas spécialement, étant assez grand et appréciant les skis mesurant 10 à 15 cm de plus que moi pour leur stabilité, mais une petite personne risque de ne pas trop aimer.

Premier test un jour de neige ni dure ni mauvaise, plutôt à rester sur les pistes et en bord, il m'a fallu un peu de temps pour comprendre que le ski ne tourne pas court sur les carres, sauf à vouloir vous propulser en sortie. Après quelques descentes, j'accepte de les lacher et là en fait, tout se passe bien, ça défonce les bosses sur les pistes et malgré tout ça tourne sans broncher. 

Seconde sortie, un peu optimiste, un jour de neige béton mais qui aurait du décailler. Et là miracle, le ski ne se comporte finalement pas si mal, ça filtre assez bien les imperfections, et dans les tas ça défonce quasiment tout le temps. Quasiment parce que parfois c'est vraiment trop dur et on goûte aux joies de la satellisation... (cf photo.)

Finalement il aura fallu attendre quelques autres sorties notamment dans de la neige de printemps et dans la poudreuse pour comprendre que ce ski c'est vraiment fait pour bourriner sans se poser de questions. En poudreuse pyrénéenne, ça déjauge pas trop mal même si ça ne vaut pas des skis comme les QST118 pour rester dans la gamme de largeur, mais dès que c'est tracé, dans la trafole zéro inquiétude, on peut tracer sa ligne comme on veut, c'est pas les tas de neige laissés par les autres skieurs qui vont arrêter les Dictator!
En derby c'est pareil, ça ne demande qu'à prendre tout droit, à tout défoncer tel un bulldozer et on passe partout (le problème finalement c'est le bonhomme qui doit être prêt à tirer dré dans le pentu!). En neige de printemps avec un bon fartage jaune, une fois lancé, c'est là encore un bulldozer qui permet de tracer de belles courbes dans tous les terrains sans se poser de question, y compris quand on repasse à l'ombre dans la neige qui regèle en surface. Quand aux requins, globalement il résiste assez bien, et la vitesse évite de se faire arrêter sur place, même si ça m'a valu quelques frayeurs sur certains hors pistes. Sur les sauts, ça ne se comporte pas trop mal, le talon est assez présent mais rattrape assez bien les placements approximatifs sans nous catapulter de suite. Bon par contre je ne pense pas qu'il vaille quelque chose en freestyle, c'est pas vraiment son domaine.

Bon c'est bien beau tout ça, mais ce ski a quand même quelques défauts, à commencer par le fait qu'il donne parfois une confiance un peu trop excessive. Il présente ses limites dans la grosse croutée où il fini par passer dessous et là ça devient vite la misère (vu que bien souvent on s'est engagé comme un idiot dans la pente...). En forêt bien entendu il est très efficace pour vous envoyer dans les sapins, moins pour slalomer entre. A noter, face aux petites branches les skis gagnent, et le skieur prend deux ou trois baffes de la part des branches au dessus. Et en couloir, pas le choix, soit on tire droit, soit on visite les parois. 
Il nécessite un peu de vigilance quand il y a du monde, sa capacité à tourner digne d'un supertanker n'étant pas trop adaptée pour éviter les gosses et les touristes qui descendent en difficulté jusqu'au télésiège. (Après c'est pas impossible qu'il découpe aussi les gosses, mais je n'ai pas essayé, leurs parents n'auraient sans doute pas apprécié...)
Enfin ce n'est pas un ski de piste, la transition carre à carre est lente et se fait bien sentir et le bras de levier lié à sa largeur fini par vite tirer sur les genoux si on en abuse. Sur piste gelée, on ne va pas se mentir, c'est une misère à skier, après ce n'est pas non plus un ski fait pour.