Passe par un bootfitter ou un bon vendeur pour choisir tes chaussures de ski et ne te base pas uniquement sur un test, car même si la chaussure paraît super, elle peut ne pas aller pour ton pied.

Voilà, le message étant passé, parlons de mon pied (élégant n’est-ce pas ?). 

J’ai une pointure de 24,5, j’ai un pied plat, plutôt large sur l’avant, un cou-de-pied un peu plus petit que la moyenne, une cheville assez fine et un mollet normal, et j’ai besoin de pas mal de rigidité en flexion, donc un peu chiant à chausser, en tout cas je passe forcément par la case « modification ».

Surtout que j’aime être bien maintenu dans mes chaussures (j’ai plutôt l’habitude d’être dans des chaussures typées course), et je suis le genre de pote qui desserre ses crochets à chaque remontée et les remet à chaque descente. Si vous n’avez pas ce genre d’ami, c’est que c’est vous ! 

Donc de base je pars sur du low volume, et j’élargie la coque à l’avant du pied. Mais…

La plus grosse particularité de cette chaussure, et aussi ce qui fait son prix, c’est la collaboration entre Fischer (qui fait la coque) et Zipfit (qui fait le chausson), je vais donc articuler ce test en deux grosses parties.

Pour l’historique, je cherchais à la base juste un chausson Zipfit pour ses capacités de bootfitting, mais j’ai eu un très bon prix chez Fischer, et je me suis dit que je bénéficierais en plus de coques pour les jours relaxe, et je voulais tester le système BOA, et finalement c’est devenu ma paire principale !

 Voici pourquoi :

Chausson Zipfit

Voilà ce que je cherchais à la base ! Un chausson fabriqué par Zipfit, c’est à la base leur chausson Gara avec quelques petites modifications.

Il a la particularité de posséder des poches en partie remplies d’un mélange de liège et d'agglomérant. Ce mélange devient plus fluide avec la chaleur et va migrer dans les zones vides entre la coque et le pied pour qu’il soit bien fitté. Une fois que le mélange est refroidi, il durcit un peu, et donne du soutien mais aussi du rebond, et plus d’élasticité comparé à de la mousse haute densité qu’on retrouve dans les chaussons classiques.  Mais ce qui est génial (pour les gens comme moi) c’est qu’on peut rajouter ou enlever ce mélange, et il n’est jamais vraiment figé, et donc utiliser ce chausson sur d’autres coques, ou modifier un peu à l’infini.

On peut commander du liège auprès de Fischer ou Zipfit directement. Le procédé est bien expliqué par des tutos sur le site de Zipfit(je recommande la technique du micro-ondes) il vaut mieux être anglophone, mais votre bootfitter préféré le fera bien sûr pour vous.

Il y a au total 5 poches, une située dans la languette, une à droite et une à gauche du pied, avec des « canaux autour de la malléole » (qui sont d’ailleurs durs à remplir). Et deux autres petites poches qui à la base ne sont pas du tout remplies, au niveau du cou-de-pied, et pour ceux qui ont un petit cou-de-pied c’est vraiment top !

J’ai fait le procédé de bootfitting moi-même et c’est vraiment génial, j’ai réussi à vraiment bien maintenir mon pied (plus que n’importe quel autre chausson), et surtout je peux réintervenir plus tard dessus si je souhaite des changements.

Le chausson est fabriqué en Italie, en partie en cuir, sauf la boîte à orteil qui est en néoprène, c’est très agréable car ça laisse beaucoup de « liberté » et d’espace aux orteils (surtout si on a l’avant du pied large). Au début c’est un peu étrange mais en fait je pense que je suis mieux comme ça, un peu plus équilibré.

De plus c’est fourré en laine de mérinos pour ne pas perdre un orteil !

La languette ressemble à une languette de chausson typé course, proéminente et offre un bon maintien (tout en restant confortable) et surtout un bon transfert de puissance.

Le chausson peut être lacé ou pas, personnellement j’aime le laçage, le maintien est très bon. Par contre il faut mettre le chausson hors de la coque le rentrer avec le pied dedans, comme les chaussures de course. Pour certains ça peut être embêtant, moi je trouve ça limite plus rapide, par contre j’enlève la chaussure sans enlever le chausson de la coque.  Petit point négatif, à force d’enlever le chausson de la coque, la semelle extérieure du chausson peut s’abîmer en frottant sur les rivets du collier de la coque. Ces rivets sont recouverts d’un gaffer pour faire glisser mais ces derniers ont tendance à partir à force. C’est facile à remplacer mais faut y penser.

Pour finir avec le laçage, le système de laçage rapide est de Fischer. C’est effectivement très efficace, mais pour moi le laçage n’est pas assez haut, et le système se met entre la languette et le dernier crochet du collier, donc ça fait un point dur quand on fait une flexion. Donc il faut un peu desserrer le laçage pour tout placer correctement, c’est dommage… Ou alors c’est moi qui n’ai pas trouvé le truc, et si vous l’avez, je suis preneur en commentaire !

Quoiqu’il en soit, si ça vous embête vous pouvez enlever les lacets et utiliser le chausson de manière classique. Par contre je trouve le chaussage un peu plus embêtant avec le système BOA de cette manière.

Le chausson au niveau du collier est recouvert par un matériau pour le rendre plus rigide, et il y a des velcro pour rajouter des réducteurs de volume sur les côtés (je n’ai pas vu trace de ces accessoires sur le site de Fischer ou le catalogue pro…), et un velcro sur le mollet pour mettre un spoiler (livré avec) des plus classiques.

Il est encore tôt pour moi, mais de tous les avis que j’ai vu sur internet, le dernier intérêt est sa très bonne longévité (certains américains parlent de 300 jours de ski). Et c’est vrai que pour l’instant je n’ai aucune sensation de tassement, et si jamais il y en a je peux remplir de nouveau de liège. Le cuir à l’air de bien tenir, bref je pense que ça sera surtout de l’usure esthétique…

Les Coques

Les coques sont en PU de chez Fischer, il est plus ou moins rigide avec les variations de températures (comme tous les PU) mais assez peu de différence quand il fait froid ou très froid.

Le collier est en mélange de PU et de carbone, et je trouve que ça rajoute pas mal de rebond et de vivacité. J’ai été assez surpris et c’est quelque chose que j’ai beaucoup aimé. Surtout en petit virage, ça donne une chaussure assez vivante. Elle va moins absorber que les chaussures race que j’ai testées mais je trouve qu’elle « rend » beaucoup d’énergie par rapport à des chaussures pistes classiques.

Le sabot dans sa version MV est équipé d’un Boa (une première pour moi), la boîte à orteil est assez grande, et couplé au chausson zipfit on a beaucoup de liberté de mouvement à ce niveau-là. Le volume médium (100mm en 26,5) m’a permis de ne pas avoir besoin de déformer la coque (ce que je fais normalement avec mes chaussures en low volume), la hauteur du cou-de-pied est plutôt haute, mais grâce au système Boa et au chausson zipfit (correctement rempli) même un petit cou-de-pied comme le mien peut être bien fit dedans, pas autant que dans des head raptor par exemple, mais assez maintenu pour que je ne le sente pas comme une perte de contrôle. 

Le serrage qu’apporte le Boa est uniforme avec une sensation d’enveloppement, pour moi c’est top !  Avec les boucles j’ai facilement tendance à couper la circulation sanguine de mon pied, et j’ai moins cet effet avec le Boa, car le micro réglage est hyper simple et rapide, suivant si les pieds gonflent ou pas. Un petit clic en plus ou en moins et hop ! Si tu veux skier plus confortablement en mode pépère, ou avec des enfants ou des élèves, tu peux avoir un bon serrage tout en étant très confortable, et si d’un coup tu as envie de te mettre en mode descente sportive, tu passes quelques crans en 2 secondes, et là tu as un super maintien.  Ce n’est pas une technologie primordiale pour tout le monde et tous les pieds, mais pour moi qui touche tout le temps au réglage micrométrique de mes crochets parce que je veux toujours le meilleur maintien possible, et bien c’est génial ! 

Cependant, j’aurais aimé, comme chez d’autres marques, qu’il y ait des indications sur la coque, pour rapidement se donner un point de repère quand on ressert ses chaussures après les avoir ouvertes. J’avais peur de mettre du temps à les resserrer convenablement (je les ouvre généralement pendant les remontées), mais en fait, c’est assez instinctif, au ressenti ça se fait bien. Le serrage est plutôt rapide en faisant les 2 chaussures en même temps. De plus, maintenant j’ai tendance à juste desserrer de quelques clics pendant les remontées, donc j’ai juste resserré de 2 clics et hop je suis prêt !

La pince talon est bonne, pas aussi profonde que chez head par exemple. Sachant qu’on peut bien sûr augmenter le maintien par le personnalisation du chausson.

Enfin, le strap est large et à boucle métallique, il est en espèce de plastique/caoutchouc et fonctionne bien. Il est réglable derrière la chaussure si on sert plus ou moins le collier pour avoir la boucle qui tombe toujours bien.  Par contre, je préfère largement les booster strap qui donnent plus de progressivité et de rebonds, allié au collier avec le carbone c’est, je trouve, un mariage idéal !

La semelle intérieure(de la coque) est rigide et peut se meuler pour gagner du volume si besoin.

Concernant la position et l’angle, on se retrouve à mi-chemin entre une chaussure de course et de freeride. Pour moi, ça me convient bien, c’est assez naturel. J’ai tendance à préférer les angles plus agressifs, mais c’est vrai que pour cruiser et faire de la balade c’est pas ça. Je trouve qu’il y a ici un bon compromis, et je ne me sens pas trop droit non plus. Je peux attaquer quand j’ai envie. 

La chaussure est livrée avec des semelles gripwalk(remplaçables), entre les deux pads il y a quand même du caoutchouc, donc plus d’excuses pour aller chercher ~~les bières~~ les boissons au comptoir.

Les deux ensemble

Finalement, sur neige pour moi le ressenti est très bon, c’est vraiment une chaussure de tous les jours pour tout faire, et le faire bien !

Hormis des cas très spécifiques comme faire une course dans un tracé de slalom, cette chaussure correspond.

Le fit peut être précis et correspondre à beaucoup de pieds grâce au chausson (si il est bien fait pour votre pied) et au boa et on n’a pas à choisir entre performance et confort.

 Le plastique absorbe bien tout en ayant un bon transfert d’énergie que ça soit latéral ou frontal.

 Le flex est indiqué comme 140, Fischer rajoute 10 à cause du chausson; bon c’est plus une manière de segmenter les chaussures. En tout cas on est loin d’être devant une chaussure molle, et il est vrai que le transfert de puissance est bien aidé par la languette du chausson donc oui un bon 130!  Sachant que le flex est plutôt linéaire.

Le collier renvoie bien l’énergie et permet de vite s’engager dans le prochain virage, ça donne vraiment une impression de chaussure punchy et agile. D’autant plus que j’ai une impression de légèreté sous le pied, je les ai pesées à 4,1kg la paire en 24,5, ce qui n’est pas spécialement léger, mais c’est peut-être dû à la répartition.

Bref c’est une très bonne chaussure qui je pense peut convenir à pas mal de pieds de part ses capacités de bootfitting, et qui en plus offre un très bon niveau de performance. 

Voilà comment c’est devenu ma chaussure principale !