La grande histoire du ski d'été en France : l'avènement du ski d'été

Photo de couverture

Cliquez ici pour ajouter une photo de couverture, ou déposez la photo dans ce cadre. Si les dimensions sont supérieures à 2000x1045 pixels, la photo sera automatiquement redimensionnée.

L'image d'en tête sera affichée derrière le titre de votre article.
Cliquez ici pour remplacer la photo de couverture (2000x1045 pixels), ou déposez la photo dans le cadre pointillé.

La grande histoire du ski d'été en France : l'avènement du ski d'été

Chapitre I de notre saga du ski d'été. Les débuts dans la vallée de Chamonix
article La saga du ski d'été
ventoux84
Texte :
Photos :
cf. légendes
Vidéo :
INA

L'avènement du ski d'été est signé par les premiers concours de ski en altitude organisés sur le glacier de Corvatsch en Suisse. Les routes les plus hautes et la naissance des stations de ski vont renforcer cette pratique dans l'ignorance du changement climatique à venir. Le ski d'été est dans un premier temps embryonnaire mais va peu à peu s'accrocher aux sommets blancs de la vallée de Chamonix, lieu précurseur de l'alpinisme et des descentes estivales.

Aux origines du ski d'été

C'est la Suisse et plus précisément la station de Saint-Moritz dans les Grisons qui a inventé le ski d'été en 1908. La tribune de Genève évoque, en effet, en août 1916 la tenue du huitième concours de ski d'été organisée par le Ski Club Alpina sur le glacier du Corvatch à 3 000 mètres d'altitude. Le ski n’est pas (encore) un loisir reconnu mais s’impose comme une discipline de compétition que la presse historique relaie dans ses pages sportives. Le 14 juillet 1930, c'est du côté de la Jungfraujoch que 200 coureurs s'affrontent dans des conditions hivernales. Les épreuves se déploient à haute altitude. Les chemins de fer fédéraux, principale compagnie ferroviaire suisse, vantent d’ailleurs dans un dépliant, en 1937, l’improbable complémentarité entre le ski d’été et la vie de plage : « en juin et juillet, il y a encore de grandes compétitions de ski au Jungfraujoch. En outre, les skieurs peuvent s’adonner à la baignade au pied même des géants de rocs et de glaces ».

Le ski d’été figure également une grande tradition chez nos voisins Italiens. Construite en 1825, la strada statale 38 dello Stelvio permet d’atteindre le col éponyme. Le glacier du Livrio, situé sur son flanc sud, s'ouvre à la pratique du ski au début des années 30 sous l’impulsion du club alpin de Bergame qui y construit un refuge. Dans le Val d’Aoste, la station de Cervinia se relie par téléphérique en 1939 au glacier Théodule par le Plateau Rosa au nez et à la barbe des zermattois puisque pendant les premières décennies, le glacier n'est accessible par le câble que du côté italien. Cervinia s’octroie même la primeur de la pratique dans ses dépliants touristiques, « Les téléfériques du Cervino ont réalisé le rêve des skieurs "le ski toute l'année" ».

Années 50, le début du ski d’été en France

Certains s'adonnent avant guerre au ski sur les pentes du col l'Iseran aux premiers jours de l'été dont l'accès est facilitée par l'ouverture de la route en 1937. La même année, le journal L'écho des sports décrit avec poésie cette nouvelle discipline émergente : « La saison se prolonge, les Pâques mêmes tardives, deviennent des vacances enneigées ! Ne connaissance plus de limites, ce sport se pratique en mai, en juin ... ! Quand "Madame la neige", en jolie coquette, disparait au fond des vallées, on la poursuit dans ses montagnes, et maintenant aux environs de trois milles mètres d'altitude, il est bien des endroits où l'on pratique le ski tout l'été ». En France, il faudra, cependant, attendre l’après-guerre et les années 50 pour voir apparaitre durablement du ski toutes saisons dans la vallée de Chamonix. Raymond Balseinte, professeur spécialiste des stations climatiques d'altitude, en parle dans un essai de 1957 consacré aux populations de montagne : « la conquête de la montagne s'étend non seulement dans l'espace (par les téléfériques) mais dans le temps également, en prolongeant la saison des sports d'hiver jusqu'en plein été — ainsi, à Chamonix, avec le fonctionnement du téléférique de l'Aiguille du Midi, la Vallée Blanche est devenue, pour les très bons skieurs, un immense champ de ski pratiquement toute l'année ».

Chamonix, du grand ski à l’Aiguille du Midi

On skie à l’Aiguille du Midi depuis l’avènement du mythique téléphérique en 1955. Il y a la descente sur la grandiose Mer de Glace mais un guide Italien a fait installer également un téléski à sellettes de 750 mètres de longueur évoluant entre 3 530 et 3 680 mètres à l’aplomb du sommet près du col du Midi. L’expérience tourne court malheureusement du fait de la dangerosité de l’accès et du manque de sécurisation de l’unique piste. Le téléski trouve cependant une seconde jeunesse sur le glacier du Géant près de la pointe Helbronner. C'est d'ailleurs ainsi qu'est née en France une autre station de ski d'été, mais exploitée depuis l'Italie et la station de Courmayeur... Profitant de cette ambiguïté géographique, Chamonix continue de communiquer sur le ski d'été à l'Aiguille jusque dans les années 70 alors que celui-ci avait bel et bien disparu du paysage des cosmiques !

Ajoutez des photos (2020px)

Le névé de l'Index à La Flégère, terre de champions

Presque en face et à la même période, c’est sur le névé de l'Index au pied du massif des Aiguilles Rouges que se développe une école de ski estivale. Le domaine de la Flégère s'appelle alors Super Chamonix. Son accès dépend du téléphérique inaugurée en 1956 au sommet duquel on emprunte la télécabine biplace de l'Index qui aboutit à l'altitude de 2 470 mètres. De là, un quart d'heure de marche conduit à la base du névé. L'École Nationale de Ski et d'Alpinisme, les champions et les espoirs du club des sports de Chamonix, des membres du ski club de Genève utilisent régulièrement ce terrain d'exercice qui sert aussi à certains stages d'entrainement des équipes de France. « Grâce à l'entraînement intensif mené sur le névé de l'Index au-dessus de Chamonix, nos skieurs pouvaient disputer la victoire à chances égales en slalom aux meilleurs spécialistes du monde » souligne Philippe Gaussot, dans son histoire de ski en 1966. La pente est desservie par un téléski à va-et-vient, pouvant tracter jusqu’à trois skieurs, fourni par l'équipementier Pingon. À la grande époque, il était possible de skier toute l’année sur une pente de 1 000 mètres de long et 250 mètres de dénivelé. Le ski d’été sur névé s'arrête définitivement en 1979 en ayant toutefois survécu au torride été 76.

Ajoutez des photos (2020px)

Tous les épisodes

Poursuivez votre lecture avec les autres articles de notre saga du ski d'été :

Intro : Pour qui sonne le glas(cier) ? : anthologie du ski d'été en France

Chapitre I : l'avènement du ski d’été et premiers domaines sur les hauteurs de Chamonix

Chapitre II : les années 70, la course aux 3000 et aux neiges éternelles, les ski 365 jours par an

Chapitre III : le ski d'été dans la Vallée de l'Oisans : le refuge Adèle Planchard, l'Alpe d'Huez, les 2 Alpes et la Grave

Chapitre IV : sur la ligne frontière, domaines skiables entre la France et l’Italie

Chapitre V : utopies, fugacités et perspectives : Val Thorens et autres lieux singuliers

ventoux84
Texte Maxime Petre
Cette montagne que l'on découvre...Au loin de toutes parts est presque toujours devant nos yeux

6 Commentaires

Cedski le névé de l'Index c'est le bout blanc dans un combe (ex-glacaire) sur géoportail orienté plein est sous les aiguilles de la Glière et de la Floria ?
ventoux84 Oui, sous le "s" des Aiguilles de la Glière. On devine le petit lac sur la photo du téléski d'ailleurs.
 

Connectez-vous pour laisser un commentaire

le roy Excellent (et intéressant) boulot Maxime !
Je reviendrai très vite lire la suite... parce que bon, là je suis quand même en télétravail :D
 

Connectez-vous pour laisser un commentaire

Syr Rss Génial cette saga estivale, c'est top ces reportages qui font découvrir à tous une autre facette de nos montagnes Pouce en l'air
 

Connectez-vous pour laisser un commentaire

 

Connectez-vous pour laisser un commentaire

.