Interview : Markus Eder, bosseur talentueux

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Interview : Markus Eder, bosseur talentueux

Tête-à-tête avec le champion du monde de freeride
article Dalbello
Sarah.Pinton
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Markus Eder a déjà 10 ans de carrière dans le ski à son actif alors qu’il n’a même pas 30 ans ! Cet Italien originaire du Sud Tyrol (région où l’on parle plus allemand qu’italien) demeure un habitué de nos colonnes. Il nous a fallu fouiller un peu les archives de Skipass pour retracer son éclectique épopée sur deux lattes. 

Markus Eder, une histoire de wildcards... et de talent ! 

Nous rencontrons Markus à ses débuts en 2008, il s’agit à l’époque d'un illustre inconnu qui n’a pas peur de s’aventurer sur les (gros) big air italiens. S’en suit la tournée SFR Tour où il décroche sous nos yeux une wildcard pour ses premiers X Games en slopestyle à Tignes. Nous sommes en 2011 et notre photo-journaliste Pierre Morel ne rate pas une trace de cette expérience. Quelques mois plus tôt, le jeune skieur terminait second du Red Bull Linecatcher à Vars. En 2014, il participe à la première épreuve olympique de slopestyle à Sotchi avant de se tourner vers le freeride, toujours en compétition. Après plusieurs wildcards pour des étapes, il intègre le circuit complet du Freeride World Tour en 2018. La suite de l'histoire vous la connaissez, il décroche le titre de champion du monde de freeride en mars dernier. Il avoue à demi-mot avec soulagement "Si je n'avais pas gagné cette année, je pense que j'aurais rempilé pour un tour". Markus serait-il exigeant envers lui même ? Aujourd'hui, le talentueux skieur s'apprête à écrire une nouvelle page avec un projet vidéo. Nous l'avons rencontré à Annecy lors du High Five Festival pour rattraper un peu le temps perdu. Très vite on ne parle plus des étapes du FWT, mais de celles de la fabrication d'un produit... L'Italien nous avait caché son côté ingénieur-créatif !

D'ailleurs, les Dalbello Lupo (120 et 130) sont à recevoir et tester en ce moment dans les Tests Privés, ne trainez pas !

L'expérience Freeride World Tour

- Skipass : La première question est évidente... Pourquoi quittes-tu le Freeride World Tour l’an prochain ?

Markus Eder : J’ai toujours pris part aux compétitions, j’aime ça mais j’ai envie de retourner filmer, de me concentrer là dessus. C’est ce qui m’a donné envie de mettre au freeski, j’ai toujours shooté avec mes potes quand j’étais plus jeune. On oublie la pression des contests, on profite des bons moments, c’est différent !

- Skipass : Etait-ce une décision difficile à prendre après avoir remporté le titre de champion du monde? 

Markus Eder : Non, pas du tout ! Le FWT est un circuit très cool mais qui demande beaucoup d’implication. Tu n’as que cinq runs, quatre d’entre eux comptent, donc en gros tu n’as le droit qu’à une seule erreur et cela représente beaucoup de pression. Lorsque tu filmes, tu n’as peut-être pas la même reconnaissance de la part de la communauté et du grand public mais pour moi c’est d'autant plus gratifiant. J’ai envie d’avoir plus de liberté et de profiter des meilleures conditions pour skier. Néanmoins sur le FWT, c’est un sacré challenge d’être un bon skieur quand les conditions sont difficiles. 

Lorsque tu filmes, tu n’as peut-être pas la même reconnaissance de la part de la communauté et du grand public mais pour moi c’est d'autant plus gratifiant

Markus Eder

- Skipass : Nos lecteurs se demandent souvent comment tu trouves des lignes si créatives sur le FWT ?

Markus Eder : Je ne me suis pas trop focalisé sur les scores et sur ce qu’il fallait faire pour obtenir des points. Les juges regardent les sauts de barre, par exemple cette barre rapporte 10 points, avec une réception propre tu gagnes 5 points supplémentaires et encore 5 autres si tu mets un trick. Je n’ai jamais voulu adapter ma ligne aux potentiels points qu’elle pourrait rapporter, je voulais skier de la manière la plus créative ! Il me tenait à coeur de proposer quelque chose d’unique, de skier différemment. je suis arrivé sur le Tour en sachant pertinent que je voulais m’éloigner des standards comme un 360 et un back flip, je souhaitais faire des 720, des nose butter. C’était une prise de risques supplémentaires car comme je l’ai dit, il n’y a pas de place pour l’erreur avec 4 runs qui comptent.

- Skipass : Et pourtant tu as réussi… 

Markus Eder : Je cherchais à chaque fois une ligne qui me plaisait énormément. J’ai passé vraiment un temps fou sur les repérages pour trouver des options qui n’avaient pas exploité les années précédentes. Proposer quelque chose de nouveau et d’unique est une immense source de motivation pour moi. 

Copier une ligne ne me met pas dans le même état d’esprit, je suis moins convaincu et motivé

Markus Eder

Du freestyle au freeride

Skipass : Pour quelles raisons as-tu switché du freestyle au freeride ?

Markus Eder : Quand j’étais jeune, je n’avais qu’un envie : faire du freestyle. Je ne pensais qu’au park, au slopestyle et aux contests. Puis un jour j’ai reçu une invitation pour le Red Bull Linecatcher. Dans un premier temps, je n’ai pas voulu y participer car je n’avais aucune expérience en la matière, je ne pensais même pas avoir le niveau ! Mon manager m’a dit « tu t’en fiches, va y, essaye et tu verras bien comment ça se passe » et j’ai terminé second ! Cette expérience m’a vraiment ouvert les yeux et donné envie de continuer sur cette voie !

Skipass : Comme tu le disais, tu n'avais pas une grosse expérience freeride… Comment as-tu appris ?

Markus Eder : J’ai beaucoup appris en tournant avec MSP et tout le crew : Scott Gaffney, Mark Abma, Hoji (ndlr : Eric Hjorleifson). J’ai emmagasiné beaucoup d’expérience sur comment me déplacer en toute sécurité hors des domaines skiables. Ensuite, l’expédition en Géorgie "Ushba" avec Léo Slemett et Sam Anthamatten m’a permis de franchir un cap supplémentaire. J’ai découvert là-bas la haute montagne, le ski de pente raide et tout l’aspect sécuritaire et secours qui va avec.
Concernant mon parcours sur le FWT, J’ai participé à ma première étape en 2013 grâce à une wildcard et à partir de ce jour j’ai pris l’habitude d’aller skier en poudreuse dès le park n'était pas top ! Sauf que je ridais seulement quand la neige était hyper bonne mais dès qu’elle devenait tracée, croutée ou dure, je perdais mes moyens. A cette époque, je n’étais pas un bon skieur lorsque les conditions étaient mauvaises. Pour m’en sortir sur le tour, je savais qu’il fallait que je devienne meilleur. Avant ma première participation au FWT dans son intégralité en 2018, je suis beaucoup allé « shredder » en station peu importe les conditions de neige même si je n’aimais pas trop ça. Je me souviens gamin, dès que la neige était tracée, j’abandonnais mes fat pour retourner sur le park. Cependant, plus je progressais, plus je m’amusais. Maintenant, j’adore tracer en station, à fond, sur de la neige pourrie. A ce moment là, tu sais que tu contrôles et c’est un sentiment assez cool.  

Lors de mes premières participations aux étapes du FWT, je n’étais pas un bon skieur lorsque les conditions étaient mauvaises

Markus Eder

Dalbello, une histoire de famille

- Skipass : tu skies avec quelles chaussures ?

Markus Eder : j’ai beaucoup skié les Il Moro et maintenant que je fais un peu de tout : backcountry, big mountain mais aussi du park, j’utilise les Lupo Factory. Elles sont légères pour le ski de randonnée et vont très bien même pour le park car elles restent très performantes. 

Skipass : Tu es dans le team Dalbello depuis un bon moment non ? Car vous êtes italiens tous les deux (rires) ?

Markus Eder : (il compte pendant un long moment) Oui ça doit faire 13 ans maintenant. Franz Perini (ndlr : son actuel manager) m’a beaucoup aidé quand j’étais jeune et que je ne comprenais pas grand chose à l’industrie du ski. A cette époque, il était team manager chez Dalbello, c’est comme ça que j'ai intégré la marque. Très vite, j’ai rencontré la grande famille Dalbello, leur siège est seulement à 2h de route de chez moi, à Asolo. J’ai visité l’usine, découvert tout le processus de fabrication, ils m’ont tout expliqué. La relation est devenue plus étroite quand je suis revenu d’un trip en Alaska. Je voulais modifier une pièce sur les Lupo, j’avais une idée en tête. Je l’ai façonnée chez moi à la maison, je leur ai envoyée, ils ont aimé et cru en ce projet et l’ont breveté. Je suis d’ailleurs l’auteur du brevet !



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Le développement produit 

- Skipass :  Es-tu impliqué dans le développement des produits depuis ?

Markus Eder : Quand je vais à Asolo, ils me montrent les nouveaux produits, sur quoi ils travaillent et me demandent mon avis. Le plus gros projet sur lequel nous allons collaborer ensemble va commencer maintenant… Dalbello a toujours impliqué les athlètes pour développer ses chaussures, ils ont commencé avec Glen Plake pour la Krypton puis Stian Hagen sur la dernière Lupo Air

- Skipass : Quelles sont les différentes étapes ?

Markus Eder : Nous avons vraiment carte blanche ! Nous allons nous faire un premier meeting en Novembre à Stubai pour tester différentes chaussures de ski, discuter de ce que l’on veut faire, ce que l’on peut améliorer, ce qui doit rester à l’identique… Les ingénieurs seront sur place aussi pour tester et skier à nos côtés, c’est important qu’ils comprennent la façon dont nous skions.

La marque Dalbello a été créée en 1974 par Alessandro Dal Bello. Le siège est situé juste à côté des montagnes à Asolo. A ce jour, toutes les chaussures sont fabriquées dans cette usine italienne.

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- Skipass : Enfin… Tout le monde ne skie pas comme vous !

Markus Eder : Bien sûr, il faut que l’on trouve un compromis entre l’utilisation que nous faisons des produits et celle de la majorité des skieurs. Quand je sors mes chaussures de ski de la boite, je ne fais que des changements minimes mais il y a des athlètes qui modifient beaucoup de pièces à chaque fois et tout au long de l’année, ils ont besoin de les adapter parfaitement à leur pied. Pour ma part, j’enlève juste le Power-Strap pour être plus rapide sur les fermetures et ouvertures lorsque je fais de la rando. C’est pourquoi les chaussures doivent être bien pour les pros mais pas trop spécifique pour un athlète en particulier, elles doivent répondre aux attentes d’un large panel de skieurs.

- Skipass : Quel est l’influence du marketing dans ce genre de projet ?

Markus Eder : Personnellement moi je m’en fiche, vraiment ! J’apprécie réellement travailler sur le développement des produits, j’ai déjà eu la chance de développer deux skis avec Völkl le Revolt 121 et un autre dont vous entendrez parler début janvier 2020. Ça reste secret pour l’instant. En tant que pros, nous skions toute l’année quelque que soient les conditions, sur tous les types de terrains, de qualité de neige… Je pense que nous accumulons beaucoup d’expérience qui nous permet de savoir comment un ski ou une chaussure peuvent être améliorés. Le team d'athlètes développe ensemble les produits, je ne doute pas que c’est bénéfique pour la marque d’un point de vue marketing. Je dirais qu’il s’agit d’une situation gagnant-gagnant mais s’il n’y a pas mon nom sur les skis ou les chaussures, ce n’est pas un problème pour moi, je n’y accorde pas d’importance. Je continuerai à le faire car c’est une superbe opportunité de concevoir les produits de tes rêves à partir de croquis.  

Il faut que l’on trouve un compromis entre l’utilisation que nous faisons des produits en tant que pro et celle de la majorité des skieurs

Markus Eder

Quelques étapes de fabrication des chaussures dans l'usine d'Asolo. 

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L'avenir

- Skipass : Comment tu te vois dans 10 ans ?

Markus Eder : Aucune idée… Je sais juste que l’ingénierie, le développement produit me plaisent beaucoup. Trouver des solutions aux problèmes… C’est un challenge fou ! (Il réfléchit) Par exemple, si tu as un problème complexe, il faut trouver la solution la plus logique et facile et non pas la plus compliquée. Le cheminement le plus logique et le plus simple est généralement le meilleur, cela s’applique aux produits. il faut avoir de l’imagination, être créatif… Il ne suffit pas seulement d’être intelligent, si tu as de l’imagination tu peux trouver les solutions aux problèmes plus facilement.

- Skipass : si tu retournes shooter cet hiver c'est qu'il y a un projet de film dans les cartons, tu peux nous en dire plus ?

Oui (silence)… Mais je ne veux pas trop en dire pour l’instant (rires)
Cet article est une production Skipass.com réalisée avec le soutien de Dalbello.
Article sponsorisé, rédigé en partenariat avec Dalbello
Sarah.Pinton
Texte Sarah Pinton
Bon... On fait quoi ce week-end ?

3 Commentaires

mere_michele_prod Il a énormément évolué !!
Je me souviens quand il est arrivé sur le Tour je trouvais qu'il n'était pas au niveau et trop typé fs et au fil du temps et du travail comme il l'explique a fini l'an dernier par réussir à réaliser des run originaux, techniques et engagés et à faire l’unanimité !
Bravo à lui !
 

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bihjichou C est un génie ce mec :) jsuis fan de ses shoes, de ses skis, de son style et de ses projets...en y réfléchissant je vais ptêtre le demander en mariage..
 

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