Ceci est le récit d'un voyage photographique fin janvier 2025 dont j'expose la "philosophie" dans le sommaire que je vous invite à consulter sur cette page. Pour résumer : j'ai sillonné seul les routes, montagnes, ruines et côtes d'Hokkaido. Et comme il était impossible de résumer cet ensemble forcément hétéroclite en un article, j'en ai produit 17. Un pour chaque journée, reprenant mes photos préférées et notes quotidiennes... A lire comme une "version commentée" de mon livre photographique disponible ici.
Monbetsu est une ville portuaire du Nord d'Hokkaido qui compte autour de 20 000 habitants. Comme l'immense majorité des villes de l'ile, elle a perdu 1/3 de sa population depuis 1995. L'attraction touristique locale, ce sont les glaces dérivantes qui arrivent de la Russie en milieu d'hiver en envahissent la baie. Mais en cette fin janvier, c'est encore un peut tôt, elles ne sont pas arrivées, et les touristes non plus.
La mer ici, c'est la mer d'Okhotsk, un rappel de la proximité avec la Russie et l'occasion de se souvenir qu'Hokkaido a été à deux doigts d'être partagé entre Etats-Unis et Russie à la fin de la seconde guerre mondiale.
Depuis ma chambre d'hotel, la vue sur la station de ski de la ville, et un pachinko (en étant de marche).
Il a neigé cette nuit, ce n'est pas foufou non plus, mais suffisant pour transformer les ambiances. D'ailleurs je suis surpris de constater que la station est fermée ce dimanche , on dirait que la saison ici n'a tout simplement pas encore commencé, malgré un enneigement suffisant.
En sortant de la ville, je tombe sur cette pépite... les Pachinko, ce sont des casinos très populaires au Japon où les machines à sous sont remplacées par des sortes de flipper verticaux, qui permettent de gagner des billes de métal. Pas des pièces parce que les jeux d'argent sont prohibés ici. Les billes gagnées (par kilos) peuvent être échangées sur place contre des lots, qui, et c'est la petite hypocrisie du système, peuvent à leur tour être échangés contre de l'argent quelques rues plus loin. Ce qui a explique que le business a longtemps été contrôlé par les Yakuza.
Dans tout le Japon, et c'est encore plus flagrant dans les campagnes, vous trouverez plus facilement un Pachinko qu'un supermarché ou un restaurant ouvert. Mais malgré leur poids économique encore énorme (3eme chiffre d'affaire de l'industrie des loisirs au Japon), ils subissent eux aussi les effets conjugués de la crise économique, de l'exode rural et la concurrence des nouveaux loisirs. Résultat : de plus en plus sont abandonnés, pour mon plus grand plaisir, d'autant qu'il s'agit souvent - pour les plus anciens - de bâtiments très photogéniques.
Cette fois c'est une certitude, la série est enclenchée. Bus abandonnées, pachinkos, mochis de rivière, stations de ski vintage : ce ne sont plus des fils rouges, c'est une pelotte.
Quelques kilomètres plus loin, en rase campagne, un escalier qui menait à un quai d'une gare depuis longtemps disparue, d'une ligne de train qui n'existe plus non plus... Pourquoi avoir conservé cet escalier qui relie une route de campagne à un champ vide, avec nulle part où aller? L'ensemble est un peu surréaliste, et totalement rouillé donc ca me va.
Dans la "banlieue" d'Omu (5000 habitants), installé dans une maisonnette individuelle qui ne paye pas de mine, un des meilleurs sushis qu'il m'ait été donné de déguster en une quinzaine de voyages au Japon (et je suis exigeant).
2000 yens, soit 11 euros pour 10 excellentes pièces de sushi premium qui n'auraient pas à rougir face à un restaurant 10x plus cher à Ginza, le quartier des sushis haut de gamme de Tokyo. Pas loin de la perfection. Un chef, 5 places assises, c'est une bonne chose que je sois seul et passé un midi ce dimanche hors saison. Et là où les étoiles finissent de s'aligner, c'est qu'il n'est ouvert que 3 jours par semaine. Merci au destin qui l'a mis sur ma route ce jour là (je n'avais pas du tout repéré).
J'ai néanmoins hésité à partager parce que la photo de sushis "tellement bons tellement pas chers" fait désormais partie des poncifs des réseaux dès qu'on parle de Japon. Il faut savoir garder un peu de recul, mais ceci étant, impossible de parler Japon sans parler de la nourriture : ils étaient trop bons et trop pas chers, voilà c'est dit.
Si vous vous égarez entre Monbetsu et Wakkanai, vous avez assez d'indices pour savoir où aller.
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