FWT Kirkwood : Chickering-Ayers gagne

L'Américain Lars Chickering-Ayers a remporté la quatrième étape du Freeride World Tour disputée à Kirkwood mercredi. Il devance Julien Lopez (qui prend la troisième place du classement général, derrière Drew Tabke et Jérémie Heitz) et Charlie Lyons. Chez les femmes, Jackie Paaso gagne en ski et la Française Margot Roziès en snowboard. L'Américain Ryland Bell l'emporte en snowboard.

La neige est dure, occasionnellement recouverte d'une fine couche légère, conditions que les commentateurs du live décrivent pudiquement par "neige variable". C'est aussi sur ce genre de neige béton que l'on voit les qualités des riders à l'oeuvre. Sur quoi va se jouer cette étape ? La neige ne devrait pas autoriser les facéties freestyle des précédentes étapes (Revelstoke, Courmayeur et Chamonix), il faudra être irréprochable techniquement. 

Stefan Hausl lance l'épreuve avec une belle barre posée sec sur le dur, suivi de Colin Hinchliffe qui envoie un 360° et score 71 points. Nicolas Salencon, plein d'énergie, se met un beau air, rebondit sur le dos, retombe sur ses pieds et pimente son run d'un petit 360° qui le place en première position temporaire. 

Le podium ski hommes (photo : Vincent Krywdyk)

Premier Français, Adrien Coirier est bien posé sur ses pieds. Il signe deux belles barres et les premières réceptions propres de la compétition. Il engrange 68,67 points et atteint la deuxième place temporaire. 

Sam Smoothy hurle son haka personnel sur la ligne de départ et se lance pour une ligne rapide ponctuée d'une chute sur sa deuxième barre, signant la fin prématurée de son run. Le Canadien Laurent Gauthier ne perd pas de temps pour rejoindre sa première grosse barre, puis une seconde après deux courbes et enfin une troisième après une poche de sapins. C'est impeccable et les juges le récompensent avec 70 points. 

Oakley White-Allen, comme à son habitude, slalome entre les difficultés du terrain, s'envole sur la fin et termine son run avec 69 points. La première place est toujours occupée par Colin Hinchliffe.

Wille Lindberg survole deux barres originales mais succombe à la dureté de la neige sur la seconde en payant d'une chute à rebonds son audace de choix de ligne. Il rejoint la ligne d'arrivée à cloche-pied, un ski en moins.

Leo Slemett pose un run sans faute avec quatre sauts et un 360°. Ce n'est pourtant pas suffisant, puisqu'il s'installe à la 5ème place provisoire. 

Lars Chickering-Ayers, avec une ligne originale et solide, composée d'un bel air to couloir, prend la tête du classement avec 75,33 points. Il a le droit de s'assoir dans le glacial "hot seat" fabriqué avec des briques de neige.

Josh Daiek est fulgurant tandis que Julien Lopez survole une énorme barre, pose un petit backflip du plus bel effet et termine par une ligne originale (et belle) sur un amas de blocs, le tout posé avec le sourire, ce qui lui vaut 73 points et la seconde place provisoire. 

Julien Lopez (photo : Vincent Krywdyk)

Reine Barkered, fidèle à son style, n'a donné qu'une seule consigne à ses spatules : aller vite, le plus vite possible ! Ce qui ne le rapproche pas de la première place, puisqu'il s'installe à la 8ème place provisoire toujours tenu par le trio : Chickering-Ayers, Lopez et Hinchcliffe. 

Matthias Haunholder se faufile, Willie Schneider impacte sévèrement et met la compétition sur pause. C'est ensuite à Mathieu Bijasson de skier, le Français étant bien décidé à faire oublier ses précédents runs, en témoigne son premier saut comme un fouet qui claque. Il a envie d'en découdre et prend à bras le corps cette face, franchissant même la ligne d'arrivée en switch. Voilà enfin le Mathieu Bijasson que l'on attendait lors des trois premières étapes de son premier FWT ! 11ème place, d'accord, mais son ski est de retour !

Samuel Anthamatten, absent du début de la saison pour cause de blessure, se jette dans la face, avale une première barre, mais rate un transfert en - semble-t-il - percutant la cime d'un conifère. 

Aurélien Ducroz… Comment décrire ce run étonnant ! Le chamoniard est littéralement transporté, son premier saut n'est pas un saut mais un décollage de fusée, un envol stratosphérique ! La hargne le transporte vers le bas de la face à une vitesse de Concorde, il explose les radars. 70,33 points et 4ème place provisoire. C'est tout ? Mon chauvinisme se réveille. Non, en réalité ce n'est pas du chauvinisme mais un instinct de skieur, spectateur du live, qui frémit de plaisir devant un style aussi énergique, devant une telle maitrise technique. Son backslap lui a-t-il coûté le podium ? Difficile à croire, d'autant que Lars Chickering-Ayers a lui aussi backslappé… Bref, ne commentons pas les notes des juges et gardons à l'esprit que ce sont rarement les succès de box-office qui remportent les statuettes aux Oscars.

(Photo : Vincent Krywdyk)

La compétition se poursuit. Basti Hannemann explose à pleine vitesse, perdant le contrôle de l'un de ses skis, Benjamin Ogilvie signe un run classique, Charlie Lyons est aérien, puissant et pose les chaussures sur la troisième place provisoire du podium. Dani Fornell-Prat passe et Sean Collin monte à la 4ème place avec un énorme 360°. 

Kevin Guri va-t-il remuer le classement ? Il sait qu'il doit envoyer gros et aller vite. La première barre est une formalité, la seconde est agrémentée d'un 360° idéal, la troisième déjà oubliée. Un beau run maitrisé qui lui vaut 71,67 et une 4ème place. 

Kevin O'Meara est le seul à envoyer un 360° (mal réceptionné) et un backflip dans le même run. Drew Tabke, leader actuel du Tour au moment de prendre le départ, joue gros. Il va fouiller dans la montagne pour un 360° surprenant et un second encore plus inattendu. Cette créativité paiera-t-elle ? 66 points pour la 12ème place provisoire.

Ca va très très vite pour Jérémie Heitz et cela rapporte 71,80 points pour la 4ème place. Personne ne parvient à détrôner Lars qui semble s'ennuyer sur son trône de neige, les fesses probablement congelées depuis le temps qu'il s'y est installé. Son frère, Silas, s'élance alors et malgré ses sauts très contrôlés, ne parvient pas à bousculer le classement. Encore trois skieurs au départ qui ne toucheront plus au classement : Nick Greener, Fabio Studer (agile et fantasque, il fouille le moindre motif de terrain pour s'exprimer) et Johnny Collinson qui se bat jusqu'au bout.