La forme de l’eau

Photo de couverture

Cliquez ici pour ajouter une photo de couverture, ou déposez la photo dans ce cadre. Si les dimensions sont supérieures à 2000x1045 pixels, la photo sera automatiquement redimensionnée.

L'image d'en tête sera affichée derrière le titre de votre article.
Cliquez ici pour remplacer la photo de couverture (2000x1045 pixels), ou déposez la photo dans le cadre pointillé.

La forme de l’eau

Cauterets : Balade photographique dans la vallée glaciaire de Gaube
article Pyrénées
yrlab
Texte :
Photos :
Aurélien Labry
Cet article est issu du mag communautaire skipass.com, dans lequel les membres de notre communauté peuvent partager librement leurs plus belles histoires de montagne. Publiez la votre !

La neige automnale ayant vite disparu après le 27 octobre, j’avais envie d'une série photographique dédiée au monde glaciaire. Je connais bien le massif du Vignemale mais je n’avais pas encore approché le glacier des Oulettes, à l’aplomb d’une face Nord mythique de 900 mètres et du plus haut sommet des Pyrénées françaises, la Pique Longue (3298 m). C’est un glacier qui est facilement accessible par la vallée de Gaube en partant du classique Pont d’Espagne, un site touristique pyrénéen sur fréquenté. Il faut compter 2 à 3h pour arriver jusqu’aux gros cubes bleus, à une altitude d'environ 2400 mètres, soit plus ou moins 1000 mètres de dénivelé positif.

Miroir du matin

9h, jour de semaine, le gigantesque parking du Pont d’Espagne (1500 m) est fantomatique et l’air ambiant ne dépasse pas les deux degrés. Quittant les cascades des cartes postales, le beau sentier (GR 10) empierré, poncé par les flux estivaux, s’enfonce dans une belle forêt de résineux et de blocs granitiques pour arriver au lac de Gaube au bout de 3O minutes.

Altitude 1725 m: pas un son, pas un murmure, le lac est immobile dans l’ombre matinale, les effets miroirs ne sont pas désagréables pour échauffer l'index.

Nature inspirante

Reprise de l’ascension et puis, 1O minutes après je rencontre des sources qui se sont pétrifiées avec délicatesse et transparence en sculptant de belles rondeurs. Ensuite, c’est de simples touffes herbeuses complétement givrées qui arrêtent mon regard et invite à l’immortalisation macroscopique. 

Je passe la cascade d’Esplumouse et débouche alors sur un plateau assez large, les Petites Oulettes. A chaque pas, le gigantisme de la face Nord du Vignemale se dévoile un peu plus et son axe central, le couloir de Gaube (600 m, 60-65°) captive l’attention. Le soleil brille juste au-dessus alors j’accélère encore le pas et découvre le refuge des Oulettes deux heures après le départ. Cette imposante bâtisse est un gros refuge montagnard historique. C’était, et c’est toujours, le point de départ des plus belles courses sur le massif du Vignemale. On resterait des heures au refuge pour contempler cette face mais le glacier donne envie. Il ne verra pas le soleil de la journée comme six mois dans l’année. Après une petite ascension d’un demi-heure jalonnant les moraines séculaires, je foule le bord du glacier vers 2300 m et chausse mes vieux crampons pour gagner quelques ouvertures bien béantes. 

Abstractitude nivo-glaciaire

Presque en t-shirt devant le refuge ensoleillé, il faut bien les trois couches pour approcher et toucher le glacier des Oulettes : Il est à la fois le plus bas en altitude (2280m pour son front), le plus crevassé, avec des cavités pouvant dépasser 30m de profondeur et parfois autant de largeur, le plus rapide de la chaîne enfin, puisque sa vitesse maximum est estimée entre 50 et 70m/an.

Aux abords et à l’intérieur des anfractuosités, les cristaux quasi parfaits, la palette de bleu, les traces minérales de la cinétique glaciaire, les blocs aux formes improbables, les rivières à demi-congelées, les perforations constituent une source inépuisable et fascinante pour une série photographique sur la thématique de l’eau, à l’état solide.

Au bout de deux heures d’errement bien frais, la pause casse-croûte au bord du refuge et avec de forts U.V. est plus que bienvenue. Le retour se fait par le même chemin avec le soleil dans le dos et une certaine satisfaction d’avoir rencontré un nouveau glacier qui mérite plus d’un détour. 

yrlab
Texte yrlab
"Ascensionner, sentir, écrire"
Henri Béraldi

3 Commentaires

 

Connectez-vous pour laisser un commentaire

.