Test Roxa R3 130 T.I 2018

7 tests Roxa R3 130 T.I.

Donnez-nous votre avis !
Note moyenne : 7,6/10
Lapin38

Promesse(s) non tenue(s) - une alpine light débrayable sous-équipée, pas une freerando

Avis sélectionné
Profil du testeur : 28 ans | 1,75m | 75kg | Avancé | Grenoble
Conditions du test : toutes : rando, station, voyage ; hiver et printemps
Cet avis matos est issu du programme de Tests Privés de Skipass permettant à nos lecteurs de recevoir du matériel pour un test longue durée. Inscrivez-vous !
Test Privé : chaussures de ski Roxa

Points forts

flex sérieux à un tarif abordable
ultra-facile à chausser

Points faibles

chausson bas de gamme
semelle inadaptée à la rando
aucun débattement vers l'avant

[les photos suivent bientôt]

Tout d'abord, merci à Skipass et Roxa pour ces tests privés. Vraiment content de pouvoir tester des pompes prometteuses. Je cherchais justement des candidates au remplacement des mes fabuleuses Quadrant et le marketing autour des R3 130 laissait penser qu'elles étaient parfaitement dans le créneau - rando rigides qui permettent de skier fort et de monter sans galérer, le tout normé rando & alpin.
Malheureusement la déception est grande - comme ce n'est vraiment pas agréable de devoir laisser une telle note (et que donner des notes médianes ça ne sert à rien), j'essaierai de rester le plus factuel possible.

A la maison :

Paire livrée sans fioritures ni milliards de réglages si ce n'est celui du flex qui peut basculer de 110 à 130 en un coup de clef. Du prêt à skier qui rendra fou les Dalbellistes (pas mon cas) mais sans surprise pour les autres. Cela dit, la dureté du Grip Walk fait peur rien qu'en déballant et on s'étonne de ne pas trouver de (vraie) semelle rando en supplément à interchanger.

Il est dur de décrire un chaussant vu la diversité de pieds, mais pour du 99mm c'est plutôt large et haut. Idem sur le mollet : beaucoup de place disponible, gringalet s'abstenir.

Utilisées principalement avec des Tecton 12 coté rando (une seule fois des Plum Guide), et des STH16 coté alpin (une seule fois des PX12). Une grosse vingtaine de sorties en tout - heureusement que j'étais forcé de skier une dizaine de jours en voyage avec, car le plaisir n'était pas au rendez-vous.

A la montée :

Un énorme point positif : comme l'immense majorité des chaussures type Raichle, elles sont incroyablement faciles à chausser. Mais la chaussure est flinguée sur tout le reste :

- débattement indigent : oui, le débattement arrière est très bon à la maison, au chaud et toutes les boucles défaites... dehors et chaussures fermées, ça revient plutôt dans le bas du panier de ce qui se fait. Mais le vrai handicap, c'est le débattement avant inexistant. A plat, le rendement est vraiment moyen. A la montée, c'est très désagréable : comme on ne peut pas plier vers l'avant, on se retrouve à devoir mettre les cales dès que la pente forcit un peu ! Et chaque grosse marche est un calvaire. A la descente, c'est carrément casse-gueule, on fait des pointes avant pour plier la jambe. J'étais en train de me demander comment éloigner la languette du collier sans pour autant qu'elle traîne devant, quand j'apprends qu'il est carrément possible de la virer... solution imparfaite (risque de casse à chaque manip, tenue et imperméabilité encore plus mauvaises, languettes à caler dans le sac) mais pragmatique, bien joué !

- chausson affreux : aucune tenue, mou malgré sa finesse, semelle plate utra-fine, pas de lacets (!), alors qu'en ski et particulièrement en rando le rôle du chausson est primordial (ampoules, précision, chaleur...). Honnêtement ça fait longtemps que je n'ai pas vu un tel écart de gamme. A changer dès réception des godasses.

- semelle Grip Walk : je ne connaissais pas la norme Grip Walk et clairement ça ne donne pas envie d'en savoir plus. Je ne sais pas si c'est spécifique à ce modèle, mais la semelle est d'une dureté hallucinante et n'offre aucun grip - aucun. Mes Lange d'alpin font mieux le job. Pas l'idéal pour les approches et les retours. Il n'est pas prévu de pouvoir mettre une semelle rando car on m'a répondu que ce n'est pas son créneau.

- bouclerie globalement correcte : le serrage rapide par levier sur le strap est bien pratique, pas la peine de revenir sur son réglage à chaque transition montée/descente. Une très bonne idée de départ qui malheureusement participe au mauvais débattement de la chaussure. Le reste des boucles RAS, si ce n'est le levier de passage montée/descente dont la petite ficelle pour le soulever est clairement sous-dimensionnée pour de gros gants (et pour la traction qu'on y met).

- on va tenter de ne pas regarder le poids, pour une chaussure compatible alpine et qui fait partie des "accessibles financièrement". Notons juste qu'elles pèsent aussi lourd que mes Quadrant, sorties il y a huit ans et dont les performances à la descentes sont comparables. Mais certes, la tige monte plus haut et le flex est sympa.

- quand on brasse dans les neiges humides (ça vaut aussi bien à la descente, en station par exemple), l'intérieur de la godasse prend légèrement l'eau. Mais je n'arrive pas à savoir à quel endroit de la languette la neige se glisse.

A la descente :

Il faut bien dire ce qui est, sur un gros ski de rando (le genre qui peut marcher en station) la coque fait le boulot, le flex est consistant, bien progressif et on peut mettre de gros appuis. Sur piste, il n'y a qu'en toute fin de course qu'on peut sentir une sorte de mollesse lors de chocs ou de mouvements de terrain, mais d'une part, un peu d'amorti ne fait pas de mal, et de deux elles sont pas non plus faites pour taper des portes. Le strap élastique est très appréciable dans ce programme en tout cas.
La tige/le collier monte vraiment haut, chose rare en rando. Quant à la boucle sur la cheville, elle fait plaisir quand on vient des quatre crochets classiques. Ce n'est pas que ça tient mieux en soi, mais ça permet de moins serrer le reste pour une tenue comparable.

Par contre le chausson s'écrase sous la pression et on se retrouve à se mettre systématiquement sur le flex de 130 pour tenter de compenser, même si la rigidité ne rattrape jamais un manque de tenue et de précision. Un vrai chausson permettrait de skier en 110 dans les neiges meubles et de se faire vraiment plaisir en flexion.

Enfin, si elles font presque illusion sur des randos, sur des skis alpins c'est encore autre chose :

- l'indigence du chausson ressort x 1000. Et en plus de points déjà cités : la tige du chausson est très plate, aucune pince talon !

- l'inclinaison ultra-verticale de la tige fait qu'on adore ou qu'on déteste : n'ayant que des skis à l'ancienne (et la technique de vieux con qui va avec), c'est l'enfer. Là aussi, les goûts et les couleurs... mais l'angle est si faible que je trouve ça vraiment exclusif.
En rando où les skis sont habituellement montés bien en arrière (pour la facilité dans les conversions, pour laisser la spatule travailler les neiges dégueus sans effort, etc), c'est vraiment étonnant de se retrouver avec une chaussure aussi droite - heureusement que les skis de rando sont souvent suffisamment souples pour qu'on en fasse ce qu'on veut.
En alpin où les skis sont plus caractériels, bonjour l'angoisse... mais surement que sur des skis newschool centrés, entre le flex très sérieux et la tige très haute, il y doit y avoir moyen de faire de belles choses.

En conclusion :

Comment est-il possible qu'une chaussure huit ans plus récente et 20% plus chère que des Quadrant rincées soit aussi peu faites pour la marche ?

Oui, en changeant de chausson et à condition d'aimer les chaussures très droites, la coque est de bonne facture et les performances à la descente sont là. Mais cela doit rester un compromis et si c'est pour vivre l'enfer à la montée ou dès qu'on doit enlever les skis, on ne peut plus parler de chaussures "freerando". Lors des tests, il y avait un flou artistique sur le programme de la chaussure, avec un marketing agressif qui faisait la part belle à la montée. Il ne faut surtout pas que des gens lâchent 550€ en imaginant pouvoir faire de la rando : c'est plutôt un outil pour de petites approches sur terrain facile. Mais à ce prix là et dans ce segment, on aimerait y trouver un vrai chausson, plus lourd mais cohérent avec le programme clairement orienté descente.

Pour qui ?

les freerideurs au style newschool sur des skis faciles qui ne font que de toutes petites balades ? et qui ont 200€ sous la main pour une paire de chaussons.

Commentaires

3 Commentaires

Erwan Ghesquiere J'ai l'impression de lire mon test de la Dalbello lol, content de voir que je suis pas seul au monde :p Bon par contre les chaussons de merde sur des chaussure de ce niveau de gamme c'est franchement honteux. Si tu cherche encore une chaussure de Freerando correcte regarde du coté Atomic, la Hawk est plutot bien, perso je tourne avec un chausson salomon race mais à la montée ça pénalise pas mal l'amplitude.
Lapin38 Salut Erwan,
yep, je regarderai du coté de chez Tecnica ou Atomic pour les prochaines. En attendant j'ai mis un chausson neuf dans mes BD et ça fait le job...
Devilbiker.com Salut, sur les skis de rando on monte les fix au centre de gravité, pour que le ski reste à plat, pas en arrière. Quant au chausson, ils sont systématiquement ultra simple sur les chaussures légères, l'un ne va pas sans l'autre...
Tu as essayé quoi comme modèle dans cette catégorie ?
Laissez votre commentaire Connectez-vous pour laisser un commentaire