Me voilà au bord de la RN202 près du pont de la Manda. J'attends Philouski et Tomdieu pour une rando a Auron avant l'ouverture de la station. En parfait béotien, j'ai lu cà et là des récits de randonnée et je me suis équipé pour souffrir le moins possible car si j'ai une seule certitude c'est que je vais dérouiller. Pas sportif, mauvaise condition et totale absence d'expérience me rappellent un peu la facon avec laquelle j'ai abordé le snow l'année dernière...

Il est un peu plus de 10 heures et je suis sur la piste au bas de la gare du téléphérique, le sac et la planche sur le dos, les raquettes au pieds et les batons dans les mains. Je suis content d'être là et en regardant les cîmes j'ai un peu d'appréhension car je ne sais pas comment je vais encaisser cette marche. Des gens nous observent silencieusement. Si ils me connaissaient (super blaireau), ils rigoleraient bien. C'est parti, maintenant que je suis au pied du mur il va ma falloir assumer ce à quoi je me suis engagé...

Philouski et Tomdieu sont mes guides et je les suis déjà avec un peu de retard. Alors que nous sommes encore sur la piste je ressens déjà une légère douleur dans les jambes. Après à peine 150 mètres de parcourus je fais déjà une pause en observant mes deux compagnons qui montent apparement sans effort en pleine conversation. J'ai mis la veste et ils me l'ont déconseillé. Un brin têtu je la garde quand même. Ca va être chaud...

Déjà éprouvé, je les rejoins au début du chemin qui nous conduira sur la traversée 2000. J'évolue dans la poudreuse en suivant leur traces, le palpitant en pleine déroute. Pour ne pas être découragé tout de suite, je gravis en regardant les traces qui se présentent à mes pieds. A chaque fois que je relève le nez c'est pour vérifier si je ne suis pas trop à la traine. Ils montent toujours avec autant d'aisance alors que je rame. Ils seront obligés de m'attendre au niveau de la retenue d'eau... Bien sûr je ne m'attendais pas à grimper comme un cabri mais je constate que j'ai sous-estimé l'effort à fournir et le poids de la planche.

Mon objectif c'est d'y arriver même une heure après eux. A mi-parcours, je finis par enlever ma veste et cette pause un peu plus longue que les autres me permet d'admirer la montagne et aussi d'apprécier le silence perturbé par quelques craquements dans les brindilles des mélèzes. Le temps est très beau et malgré ma condition physique médiocre je suis content d'être là.

Je repars un peu fourbu pour la deuxième moitié du parcours vers le Colombier, le dos endolori. Côté jambes, ca va un peu mieux. Je n'imaginais pas que ce soit si physique, je déguste ! C'est le prix à payer pour le plaisir d'être parmis les quelques passionnés présents ce jour là. Il est hors de question d'abandonner maintenant. A force de séquences d'effort alternées par des pauses de plus en plus longues j'ai fini par arriver sur le Colombier bien après eux.

Première récompense: le panorama et toute cette neige vierge de traces s'offrant à moi.

Pour aller au Blainon, je me suis dit qu'il serait amusant de faire la petite descente vers le col. J'ai alors appris que passer des raquettes à la board est une opération peu pratique. Enfin chaussé j'ai fait une petite descente ridicule sans oublier de creuser une baignoire du plus mauvais effet.

Deuxième récompense: la petite glisse là ou personne n'avait posé sa board.

Il était déjà temps de remettre les raquettes pour rejoindre mes deux montagnards arrivés au but et installés. Finalement, j'y suis arrivé et j'ai enfin pu m'assoir moi aussi, manger et récupérer un peu de forces. En regardant nos traces je me suis dit que j'avais eu le mauvais goût de trop labourer cette poudre, un sentiment de regret un peu comme si on considérait avoir défiguré le lieu. La prochaine fois je ferai attention.

Enseignement: ne pas labourer inutilement la peuf.

Alors que je n'avais pas encore fini mon repas, Philouski se dirigait déjà vers l'ubac du Blainon en reconnaissance alors que Tomdieu s'amusait à faire des petits jumps depuis le rocher d'à côté. Je suis alors reparti en raquettes pour descendre le spot proposé par Philouski. Quel plaisir mais aussi quel regret d'être déjà si fatigué: deuxième gauffre de la journée. Epuisé, le poids du sac et la poudreuse ne m'aident pas vraiment pour me relever...

Troisième récompense: une petite descente sympa dans la peuf au milieu des arbres.

Après ce court instant de plaisir il faut remettre les raquettes pour remonter vers la piste du Colombier. Cette fois je déguste vraiment, au point de me dire qu'il faut que je me force encore pour ne pas rester scotché là. C'est douloureux mais je finis par rejoindre Tomdieu qui m'attendait patiemment depuis longtemps, stoïque. Quel boulet je fais...

Finalement c'est la descente de la rouge du Colombier partiellement dammée. Après quelques essais, je décide de rester dans la poudre qui est bien meilleure que la neige durcie et comme une expérience se doit d'etre réitérée c'est le moment de me prendre encore une belle gaufre dans le deuxième mur.

Quatrième récompense, ma trace sur le Colombier.

Arrivé au bas des pistes, endolori, je termine à pieds pour rejoindre mes compagnons qui, une fois encore, m'ont devancé de loin.

Je me sens bien. J'ai le sentiment d'avoir passé un cap dans mon mental. C'est un mélange de satifaction et de frustration. Satisfait de l'avoir fait mais j'aurais voulu être meilleur. Il n'y a plus qu'à recommencer pour s'améliorer. Le principal est déjà fait: je me suis prouvé que je pouvais le faire.


Philou, Tom: merci.