EXCLU - SAS : les nouveaux freestyle Rossignol

Un beau matin de décembre, David Bouvier de Rossignol est arrivé au lab Skipass avec une mallette à code secret et une petite chaînette autour du poignet. Dedans, en avant-première, les images de la nouvelle gamme Freestyle désormais appelée SAS, pour Seven artistic sins (sept pêchés artistiques) et une proposition : être partenaire du lancement français qui a lieu à Tignes le lundi 7 janvier, heure à laquelle nous mettons simultanément en ligne cet article.

Le nouvel univers visuel freestyle de Rossignol est allé chercher son inspiration du côté du skateboard. Les sept modèles de la gamme deviennent un péché capital illustré par un artiste de l'univers du skate. Rossignol s'est contenté d'ajouter un logo (quand même). Les pinceaux et les crayons sont tenus par des grands noms de la planche à roulettes: Andy Howell, Steve Caballero, Will Barras, Caia Koopman, Andrew Pommier, Mr Jago et Squindo.

7 skis, 7 péchés, 7 artistes : l'équation est fructueuse.

Le ski S7 (la gourmandise) est le vaisseau amiral de la flotte, un cambre inversé (aux extrémités) avec une ligne de cote creusée située sous le pied (qui accuse 18 m de rayon !), pour donner une certaine accroche sur piste. "Sur cette petite longueur, autour du patin, tu as un vrai ski, ce qui lui enlève le caractère exclusif grosse poudre de la plupart des cambres inversés du marché", précise David, freestyler de la première heure en charge du développement et du marketing de la gamme twin tips. 115 mm au patin, bispatulé, c'est le gros couteau à butter. Le ski S6 (la paresse) est l'équivalent du Steeze de cet hiver, un gros fat twin tip pour le backcountry. 110 mm au patin pour envoyer du trick de paresseux. Le S5 (l'avarice) reprend les lignes de cotes du Brigade, pour être le plus polyvalent des backcountry avec 98 mm au patin. Le S4 (la colère) est le modèle qui propose les inserts. C'est le plus freestyle de cette gamme freestyle, un pur park, l'équivalent du Gtho avec 84 mm au patin. Le S3 (la luxure), est un ski de poudre accessible aux juniors qui a assez de d'énergie à revendre pour devenir un ski de jib pour adulte. Ajoutez à cela un positionnement prix agressif (lisez : pas cher), une grande souplesse dans l'évolution (à comparer avec le Public Enemy de K2) et 90 mm au patin, trois qualités qui le destine au plus grand nombre. Le ski S2 (l'envie) reprend les caractéristiques du S3 avec un comportement plus alpin (80 mm), de même que le S1 (l'orgueil), avec 76 mm au patin.

Chaque artiste a apposé sur ces skis son univers urbain, déjanté, coloré, onirique proposant une interprétation des péchés capitaux riche de détails qui ne sont pas tous visibles au premier coup d'oeil. Le poids des images, le choc des cultures. SAS reprend le travail entamé par le programme Respect qui allait chercher des talents dans l'art urbain pour les ramener sur la neige (souvenez-vous de JR et de son scotch bicolore).

"Seven Artistic Sins est bien plus qu?une gamme de skis. C?est un programme complet et de longue durée, qui englobe des skis transformés en ?uvres skiables, des expositions (notamment à la galerie grenobloise Space Junk), un site internet, des catalogues d?expositions", explique David "Bouviax", "c'est d'ailleurs ce qu'aiment les artistes. Notre collaboration se déroule sur le long terme". Ainsi pendant sept saisons, les sept artistes interviendront sur les sept modèles de la gamme SAS.

C'est bien beau la peinture mais dans les skis, y a quoi de nouveau ? On ne change pas une équipe qui gagne : les constructions restent sensiblement les mêmes (avec toujours le WRS pour réduire le poids), à l'exception de la composition du noyau qui a un peu évoluée. La grande nouveauté est cependant le Freesystem, des inserts pour pouvoir changer facilement le positionnement de ses fixations et donc choisir son stance, freestyle ou regular. L'idée, appliquée par certains fabricants (comme K2) sur leurs modèles télémark et par les fabricants de snowboard depuis des millénaires, est l'un des serpents de mer du monde freestyle. Disponible sur un seul modèle pour le moment (le S4), le principe sera étendu dans le futur.

"Je vois le projet SAS comme une opportunité pour s'enrichir l'esprit", conclue David "Bouviax" Bouvier. "C'est comme quand tu écoutes jeune un artiste de hip hop, tu ne saisis pas tout. En vieillissant, tu découvres qu'il a samplé un morceau de Motown et tu vas fouiller chez Motown. J'aimerais que le concept SAS donne envie aux jeunes d'aller pousser la porte des galeries d'art. Ces skis ne sont que des samples qui doivent donner envie d'aller plus loin."

Texte : Guillaume Desmurs
Photos : Blake Jorgenson et Dom Daher