Vu que c'est parti en live sur autre chose que le sujet de départ (mais bon : déjà foireux au départ, tout a d'ailleurs peut-être déjà été dit, et finalement, Skipass est pas si mort, en 2 secondes on revient aux fondamentaux : s'étriper sur des sujets extérieurs au topic principal ! ) , je mets mon grain de sel (de "pro", yessss !! ) à propos de l'école, apprendre par cœur, orthographe, etc...
- D'abord, et avant toute réflexion plus poussée, une remarque très, très importante pour comprendre de quoi on parle quand on évoque les soucis scolaires/culturels des gamins français : le S au pluriel !
Mes élèves sont représentatifs de 75 % des gamins en primaire à l'heure actuelle. Même les bons en orthographe (ceux dont on voit, quand on le teste dans des dictées ciblées, qu'ils assimilent vite, qu'ils "photographient" les mots vus en lecture. Cette capacité naturelle étant, selon moi et après 27 ans d'observation, le meilleur atout pour être bon en orthographe, largement devant tout le reste) oublient régulièrement le S au pluriel. Dans des dictées importantes, notées. Alors que je répète cette règle "ultra de base" tous les jours. Ca fait peur.
Le souci n'est donc pas de savoir s'il est intéressant ou non d'apprendre ou d'appliquer la règle de l'accord des adjectifs de couleur, mais juste de remarquer que face à l'évidence routinière, le môme français de 10 ans est capable de beuguer, d'oublier. Ou alors, on estime que mettre un S au pluriel est déjà trop élitiste et "culturaliste", mais alors là…. Mon angoisse est donc plutôt de me dire "Devenus pilotes de centrale nucléaire, auront-ils les mêmes périodes d'oublis déments ?" que de me soucier de la tronche de leur lettre de motivation.
- Cette base étant posée, parlons par cœur. Un, c'est nécessaire pour entrainer le cerveau. Deux, un minimum de par cœur c'est un minimum de culture et/ou de capacités mathématiques. Comment se faire une vague idée de la structure de la France (Nord-Ouest plat, sud-est montagneux, et les Alpes pas comparables aux Vosges en terme d'altitude donc paysages, vie des hommes, tourisme, etc, etc... ) si on ne sait pas que le plus haut sommet des Alpes c'est environ 4800 et le plus haut des Vosges 1400 ? De même, connaître les tables de multiplications (au moins les principales) te donne un accès plus simple à la division, aux fractions, aux calculs proportionnels simples sans tableau ni produit en croix, etc... Enfin, t'as quand même l'air d'un con si tu demandes à ton arrière-grand-père qui te parle de la guerre si c'était au Moyen-Age (je ne pousse pas le bouchon, que du observé ce que je dis). On te demande pas de savoir que Clovis baptisé c'était en 496 et la prise de Constantinople 1453, mais si tu sais que le Moyen Age, en gros c'est 500 à 1500, c'est pas la mer à boire à apprendre, me semble-t-il.
- L'orthographe : nous somme un pays à la fois fascinant et débile. Débile car, comparons à l'Italie : d'une mosaïque de dialectes foisonnants (et souvent écrits avec des orthographes particulièrement complexes et différentes d'un bout à l'autre de la péninsule, pour des mots très proches fondamentalement), les unificateurs de 1860 ont tiré une langue unique, simplifiée, à l'orthographe suivant le plus possible la phonétique (le son [O], c'est o, pas au, aux, eau, aud, etc, etc, etc... ) . Donc, nous, à côté, on est cons car on n'a pas réformé l'orthographe.
D'un autre côté, les multiples synonymes permettent une infinité de variations, nuances, saveurs (car, en plus, le Français a créé l'argot, des argots professionnels spécifiques, des régionalismes, etc.… ) qu'ignorent le bébête finnois (très simple, et, comme par hasard, les Finlandais ont les meilleurs résultats dans les tests scolaires internationaux en compréhension du langage) ou l'utilitaire anglais californien (réduit à quoi ? 1000 mots, pour bosser et faire du business, ça suffit) . Je propose un thème fédérateur sur skipass : proposez tous vos synonymes de "ivre". Des plus alambiqués seizième ("Pris de boisson, ma chèèèère" ) aux plus jouissifs à répéter avec gourmandise ("On était bourréééés comme des coings, qu'est-ce qu'on s'est marré !! ) . Vous verrez que la diversité du français (et donc sa complexité orthographique) , c'est en fait tout un art de vivre. Par ailleurs, notre langue a inondé longtemps le monde (avec la montée en puissance démographique de l'Afrique Noire, certains pensent que ça peut devenir la 3 ou 4ème langue mondiale dans quelques années et supplanter l'espagnol), normal qu'on en soit fier et qu'on hésite à transformer la phrase suivante : Les lionnes féroces se rendent au point d'eau.
en ça : Lé lione férose se rande o poin d'o.
Et sans être forcément un vieux con de l'Académie. (Relisez dans 24 h, seulement la ligne ci-dessus, essayez de décrypter, multipliez ça par 15 lignes et 20 rédactions - y'en a quand même 5 qui écrivent potablement ! - , et vous ne direz plus jamais que les enseignants sont des gros branleurs ! )
inscrit le 02/05/19
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