(vite, vite, nous sommes en retard le Dew Tour a déjà commencé) Comme tous les ans à l’automne nous assistons à une vague de migration de la France vers les États-Unis, principalement au Colorado. On distingue plusieurs groupes de Frenchies qui s’entrainent actuellement outre-Atlantique au pays des hamburgers.
Du côté de Keystone, vous pouvez croiser Andy et Sandy Collet, Julien Eustache, Jules Bonnaire, Dylan Braillard. Les adeptes de halfpipe se retrouvent à Copper Mountain comme le Freeski Project avec Kevin Rolland, Xavier Bertoni, Jonathan Bertoni, Ben Valentin, Toto Krief et Joffrey Pollet-Villard. Le groupe de la Clusaz composé de Nicolas Bijasson, Antoine Blanchi, Anais Caradeux et Lolo Favre s’entrainent également à Copper. Enfin le dernier arrivé chez les 'ricains est Jérémy Pancras qui ride à Keystone et Breckenridge.
Mais pourquoi sont-ils tous partis dans le Colorado ? C’est toute la magie des États-Unis et de leurs canons à neige qui tournent à plein régime permettant comme le dit Andy Collet « d’avoir des parks prêts avant tout le monde ». Voici tout ce qu’il faut savoir sur les entrainements des Français dans le Colorado…

Géographie et météo

Le Colorado est un état du centre des États-Unis traversé par les montagnes Rocheuses. La capitale Denver se situe à environ 1h30 (si la route n’est pas fermée à cause de la neige) de Keystone, Breck et Copper. Comme tout est plus grand chez nos voisins Américains, c’est une autoroute 2x4 voies qui vous conduit aux stations de ski.
Les températures sont plutôt fraiches, Joffrey confirme « Il faisait entre 0 et -5 au début, mais par moments il fait -25° ! Les gants gèlent et les doigts de pieds gèlent ». Quand à la neige - la vraie, la naturelle - elle n’est pas forcément aux rendez-vous mais ce n’est pas un problème comme le dit Toto Krief « Chaque année nous avons de la bonne neige à canon et un temps magnifique dans l’ensemble ». Joffrey complète « ils font cracher de la neige des canons sans arrêt, je ne sais pas où ils trouvent l’eau ».

Les parks

Vous l’aurez déjà compris les parks aux US c’est une autre dimension comme le précise Andy : « Le travail des shapers est dingue ! En une semaine ils te sortent des modules de fou. De plus, il reshapent toutes les 2-3 heures dans la journée pour que tout soit toujours parfait à n’importe quel moment » Voici l'exemple de 3 parks : Breckenridge, Keystone et Copper.



Keystone VS Breckenridge
L’ensemble des riders du CBC et de la Néophile squattent en ce moment le park de Keystone car c’est celui qui propose le plus de modules de rails et de tables, une partie du park de Breck étant fermée et préparée en vue du Dew Tour. Cela n'empêche pas à Jérémy Pancras de faire quelques runs de jib bien stylés et nous partager les images.
Mais Keystone reste la mecque de tous les amateurs de bons gros (et gras ?) slopestyles : « Le park où l'on va tout le temps c’est Keystone car malheureusement à Breck ils se concentrent sur la grosse ligne pour qu’elle soit prête pour le Dew Tour. Du coup, il n’y a que 3 petites tables et quelques rails. De plus la rotation est horrible, il faut presque 30 minutes pour faire un run. Alors qu’aujourd’hui à Keystone (10 décembre), il y a plus de 30 rails au total, 3 medium line et les 3 grosses tables sont prêtes, c’est de la balle » commente Sandy Collet et Jules Bonnaire ajoute : « Le park de Breck est plutôt petit à cette période, tous les shapeurs sont mobilisés pour construire le pipe et le slope du Dew tour, c’est pour cela que nous ridons à Keystone. Il n’y a pas de compétition à préparer ».



En tout cas, sur twitter on dirait que Keystone est -The place to be- !



Copper Mountain
Pour les trainings de halfpipe tout le monde se retrouve à Copper Mountain. Encore une fois, les shapeurs américains ne lésinent pas sur les moyens pour que le halfpipe soit parfait en temps et en heure. Il est réalisé entièrement grâce à de la neige artificielle et aux nombreuses heures de machines qui travaillent non-stop jour et nuit (pour que le résultat soit à la hauteur des attentes des riders). Thomas : « Je ride le halfpipe de Copper, il est vraiment bien comme chaque année. On est jamais déçu ici ! ». Joffrey relativise : « Le halfpipe de Copper est gros, ce qui est pas mal mais il y a encore quelques améliorations à faire ».

Et hop une petite vidéo explicative : Comment construire un halfpipe en 2 semaines à la méthode Américaine ?

Le déroulement des entrainements

Du côté du Freeski Project, les entrainements paraissent assez studieux sous l’œil de Greg Guenet (voir l’épisode de follow us). L’objectif principal est la première étape du Dew Tour alors chacun perfectionne son run, bosse dur ses tricks et s’applique sur ses grabs. Toto Krief : « J’essaye de m’améliorer en switch et en unat et je fais de nouveaux doubles ».  Joffrey travaille également à fond sur ses doubles depuis le Grand Prix « Je me suis pas mal entrainé sur les airbags, notamment à Vail, là ça va être le bon moment de le mettre sur la glace pour le Dew Tour. Après ma chute au Grand Prix, je me suis dis que je n’avais plus trop le choix, quitte à se mettre des copings, autant le faire en double (rire) ».
Kevin Rolland bosse sur les doubles pas alley opp flat spin et maitrise déjà parfaitement la rotation tandis que Xavier Bertoni refait des doubles dans les deux sens. Comment Greg Guenet coache-t-il ses poulains ? Joffrey répond : « Il nous pousse à faire des tricks, il nous corrige sur des détails, sur des placements de courbe dont je n’aurais jamais eu l’idée de corriger tout seul. C’est vraiment bien de pouvoir travailler sur tous ces petits détails que lui seul voit ».

L’ambiance est un peu plus détendue dans le groupe de Laurent Favre (rebaptisé les tortues Ninja) qui combine entrainements et bonne humeur, comme on peut le voir dans la petite vidéo ci-dessous. Nicolas Bijasson nous en dit un peu plus  « Notre point fort, c’est que l’on s’amuse, il y a vraiment une bonne ambiance. Lolo il est juge donc il est sait les choses sur lesquelles on doit progresser. Il a eu Fabien Cattanéo comme coach avant, il sait comment nous entrainer. » et l’intéressé répond : « J’aime vraiment entrainer Nicolas, Antoine et Anais, ils ont la même vision du sport que moi, c’est du bonheur, on s’amuse toute la journée. Ce n’est pas vraiment un boulot pour moi, je leur donne juste des conseils ».

Qui est en forme ?

Tous les gros noms du freeski s’entrainent en ce moment même dans le Colorado en vue de la première étape du Dew Tour à Breckenrige, nous avons donc demandé à nos indic’ sur place leurs pronostics des riders à suivre cet hiver et qui risquent de squatter les podiums...

Jérémy Pancras : « Du côté des français c’est Julien Eustache qui fait des switch left 7, switch right 9. Il a faim et risque de faire plaisir cet saison. Mon top 3  toutes discipline confondue c’est 1) Torin Yatter Wallace 2) Joffrey Pollet Villard 3) Kai Mahler. Celui qui gagnera le Dew Tour fera un switch unat double, un switch double, l unat double et un autre double et il s’apelle Kai Mahler, on prend les paris ? »

Joffrey Pollet Villard : « Torin est sur-motivé et se mets des gaz énormes comme d’habitude. Wing Tai Barrymore s’envole pas mal et a déjà de bons runs. Dumont et Jossi sont chauds mais ne montrent pas ce qu’ils font. C’est difficile de dire qui sort du lot avant le Dew Tour, mais le monde a les crocs ! »

Toto Krief : « Tous les français sont en forme comme d’habitude (rire). Côté Inter, celui qui inquiète le plus c’est Torin. Il a toujours autant de de style et de hauteur avec des nouveaux doubles. »

Nicolas Bijasson : « Les machines ici sont Torin et David Wise ! Je dirais aussi Nils Lauper car c’est un battant. Il est le plus vieux et il s’entraine beaucoup sur ses doubles back to back. Il peut vraiment faire un truc.»

Sandy Collet : « Les français à suivre cette saison c’est Panpan, Jules, Julien et Tom Granier. Et le meilleur rider du moment c’est Kai Mahler »

LA saison de Julien Eustache et Jérémy Pancras ?

Les anecdotes

Les entrainements d’automne des Français c’est aussi un bon lot d’anecdotes sympathiques qu’ils raconteront plus tard à leurs enfants les veilles de Noël ! Les galèrent commencent souvent dès lors du voyage… Bagages perdus ou correspondances ratées font partie de la routine. Le groupe des frères Collet a raté son avion à Washington et se sont retrouvés à la porte de leur appartement après 30 heures de voyage.
Jérémy Pancras n’a pas été épargné « Ma copine s’est fait voler son sac quand nous sommes descendus de l’avion. Dedans ? Iphone, Ipod, caméra, appareil-photo, passeport, 400 dollars…Quand t’as pas dormi depuis 30 heures tu n’as vraiment envie de passer une nuit blanche à appeler les assurances, l’ambassade et les banques en France ».
C’est aussi des moments plus festifs lorsque la météo n’est pas clémente. Pendant que Nicolas, Antoine et Lolo font des Beer Pong (sport national aux US) chez Peter Olenick à Dilon, le CBC et la Néophile ont eu le droit à une petite visite du Shérif le matin au réveil après une petite soirée chez eux. Il y aussi une rumeur qui court sur le fait qu’ils se seraient fait tatouer des moustaches…

Julien, Dylan, Sandy, Jules et Andy.

Pour conclure, nous avons demandé à Jérémy « Panpan » Pancras, quelle était la différence entre rider en France et aux Etats-Unis, voici sa réponses pour le moins claire : « Il y a toujours de la neige, une bonne mentalité pas comme celle ultra-compèt’ en France. Il n’y a pas de pinpins dans les parks (Tu sais pas faire de 3-6 tu ne sautes pas les noires comme tous ces c******ds en France =>Les gens s'entrainent dans la suite logique des choses, ils apprennent les bases avant de se lancer sur les grosses tables et c'est ce qui fait le niveau aux US). Il y a Taco Bell, Moutain Dew, les bières sont moins chères, les gens ne parlent pas ma langue et le niveau dans les parks est très élevé. On ne voit pas la différence entre les pros et les amateurs ici ».

Remerciements : Andy Collet tient à remercier toutes les personnes qui l'ont aidé à réaliser la vidéo. Le kiné de la fédé Geraldo Gavagni pour lui avoir sauvé son trip mais également Joffrey et Kevin qui ont fait les aller-retours pour venir le chercher pour les interviews.