La Hoya, Argentine

Carte postale Argentine, avec des vrais morceaux de bons plans dedans, par Sylvain&Romain, en voyage dans l'hémisphère sud poudreux jusqu'en novembre...

Premier jour : neige fraiche, ciel bleu, ?, sifflet ?!

Une semaine de tempête et enfin du ciel bleu. Poudreuse et sommets vierges à n?en plus finir. Nos deux compagnons cheminent vers une jolie corniche sculptée par le vent. « Shiiiiiiiii ». Court et strident. Volte face et rencontre avec une nouvelle espèce patagonne : le « Garde Hors piste ». Une combinaison rouge vif, des gants jaunes et? un sifflet ! La pratique du hors piste à la Hoya peut laisser quelques freerideurs déçus et frustrés. Et nous ? Enervés ? .... Restons diplomate, trois jours de forfaits gratuits sous couvert de journalisme peuvent bien laisser place à quelques sacrifices. Pistes et entre-pistes proposent une belle et régulière blancheur où nous pouvons apposer notre signature. La station vit un premier jour de beau après une semaine de mauvais temps et reste donc vierge de toutes traces !

Deuxième jour : mode furtif.

Ok, on ne peut pas. Oui mais, « pas vu, pas pris ». Sortie du télésiège l?air de rien, raquettes et bâtons dans le dos. Salut à l?homme en rouge. Choix innocent de la piste. Et, sitôt hors de vue, sprint dans 60 cm de fraîche pour rejoindre la crête et se mettre hors de portée. Malgré de vaillants efforts, le spécimen en rouge appartient à une tribu qui communique par ondes radio. Et donc. « Shiiiiiiii ». Carton jaune.

Faisons preuve de mauvaise foi

Choix d?un itinéraire hors piste autorisé puis « légère » bifurcation pour rejoindre une méchante combe. Bonheur absolu. Petite coulée. Caillou. Chute. Soudaine apparition d?un garde sorti de nul part. « Shiiiiiiii ». Carton rouge ? Trois gros virages pour profiter des quelques mètres qui nous séparent. Conversation houleuse : « Y avait un panneau d?interdictio ? Ah bon ? ». Enervement puis explication. Après avoir montré notre équipement et notre non-inexpérience, accalmie puis compréhension et sympathie. Fin du dialogue par une poignée de main et une invitation pour l?ouverture le lendemain d?un itinéraire hors piste.

Troisième jour : un guide pour compagnon de glisse.

Arrivée au sommet de la station. Un homme en rouge vient à notre rencontre et nous donne un point de rendez-vous. Retrouvailles sur l?arête avec le premier garde rencontré la veille. Discussion et départ. Approche par une arête balayée d?un vent patagon incisif. Nous débouchons sur une belle corniche en quart de cercle cachant une superbe face. La surprise fait place aux sourires.
Et c?est en VIP que nous renouvellerons par trois fois cette plaisante descente.

Bilan et réflexion,

A l?intermédiaire de la répression étasunienne et de la liberté européenne en matière de hors piste, la Hoya impose un système quasi sans faille en termes de sécurité. L?exposition de beaucoup de pistes aux avalanches justifie pleinement ce mode de fonctionnement. Sans compter le comportement inconscient de certains ! Filet ou panneau d?interdiction étant de moins en moins respectés, les barrières humaines sont les plus efficaces. Reste le problème de la responsabilisation. Attendre une autorisation pour emprunter un itinéraire ne limite-t-il pas votre appréhension et votre réflexion ? Quelle place reste-t-il pour le repérage et l?évaluation dans le choix d?une descente ? Oui, la montagne est un milieu hostile et dangereux. Et puis. Chacun n?a-t-il pas le droit de prendre les risques qu?il souhaite s?il n?engage que sa personne ?

Texte : Sylvain Barneron & Romain Vassor
Photos : Sylvain Barneron