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Interview Sam Favret

Timide et chamoniard, montagnard jusqu'à la dernière tâche de rousseur, homme-orchestre du freeski, cristallier à ses heures, Sam Favret sait à peu près tout faire, et même parler de ski. 

article Chamonix

Timide et chamoniard, montagnard jusqu'à la dernière tâche de rousseur, homme-orchestre du freeski, cristallier à ses heures, Sam Favret sait à peu près tout faire, et même parler de ski. Nous avions découvert l'étendue de ses talents dans la toute dernière part d'Animus, puis dans le segment d'ouverture de Pour vous servir, enfin par une nomination à l'IF3 2012 comme Meilleur rider européen (avec Henrik Harlaut et Richard Permin quand même). Dans les pillows (où il s'envole littéralement !), sur une face ou une windlip, Sam Favret, 24 ans, montre le même appétit de skier propre, fort et haut, à la fois solide et harmonieux, un zeste de douceur à la Candide, une pincée d'engagement à la Permin. Terminé les JO, il repart avec un nouveau sponsor et l'ambition de "faire" de l'image. Et ça commence avec ce petit best-of ! 

-Sam, peux-tu nous rappeler ta biographie, ta vie, ton oeuvre ?

-Je suis né à Chamonix (enfin à Sallanches), fils de guide/moniteur, j'ai été sur les skis assez vite, je suis rentré au club à 5 ans, j'ai enchainé sur 10 ans de ski alpin et j'ai arrêté juste avant le comité par saturation. Il faut avoir le mental pour rester dans ce genre de structure et s'acharner ! J'aime faire beaucoup de choses, ce qui explique ma polyvalence aujourd'hui. A 16 ans, je me suis mis au freestyle et j'ai arrêté l'école. 

Pour ma première compétition à 17 ans, j'ai fini 2ème derrière Henrik Harlaut, cela m'a poussé à continuer là-dedans. Jusqu'à 19/20 ans, j'ai passé mes hivers à faire du snowpark. J'ai commencé à filmer avec PVS. Mon père, ma famille, ne comprenaient pas que je passe mes hivers dans le park ! J'avais juste envie de le faire, je ne savais pas trop où j'allais. L'argent que je gagnais, je le réinvestissais dans le ski pour m'entrainer. Je faisais aussi du freeride avec mon père, car étant de Chamonix j'ai touché la poudreuse assez tôt, même si ce n'était pas ma priorité. J'ai tourné en inter : 3ème à l'European Open, deux fois 3ème au Frostgun, le King of style, le Budapest Fridge, au SFR j'ai gagné l'étape de Val Tho. Je faisais ça pour mon plaisir, je ne me suis pas fixé d'objectifs, passer du temps dans les snowparks. On n'avait pas les JO à cette époque.

J'ai commencé à évoluer avec les marques, j'ai laissé le freestyle de côté, je saturais de snowpark, j'avais besoin d'aller exploiter la montagne. Je n'ai plus le plaisir de passer trois mois aux US dans les parks, en revanche je le trouve en cherchant des bons coins pour filmer. J'ai du mal avec ces triple et ces double corks, ce n'est pas mon envie de faire la toupie, ça m'agace... et le niveau commence à devenir n'importe quoi ! 


-Tu t'étais fixé les JO de Sochi comme un objectif l'année dernière. Tu es revenu dessus ?

-Oui, quand j'ai terminé 6ème de la Coupe du monde de slopestyle en Finlande, je me suis dit : "je me lance pour les JO", j'étais encore avec Nordica. Je n'avais pas d'obligation avec eux. J'attendais aussi au niveau de la fédé voir ce qu'ils allaient faire, j'ai eu un peu du mal avec cela, l'attitude de la fédé vis à vis du slopestyle. Cet été Rossignol m'a contacté avec un contrat pour faire de l'image et cela m'a fait changer de projet. J'ai bien réfléchi à ça tout l'été, j'ai eu du mal à choisir et finalement j'ai opté pour l'image. C'est là où je prends mon plaisir à skier ! Si je me lance pour les JO, c'est du park à fond et j'oublie le shooting, tu ne peux pas faire moitié-moitié, surtout à un an de l'échéance. En fait, Rossignol m'a aidé à choisir. J'aurais peut-être un petit pincement au coeur quand je verrai le slope aux JO... 

J'ai un cameraman, Alexis de PVS, mon coloc, qui me suivra tout l'hiver. Il a une bonne approche de la montagne comme j'aime, on est productifs ensemble. J'aimerai sortir un gros segment, celui dont je rêve chaque année et que je n'ai jamais pu faire ! 

-Que penses-tu de l'utilité des JO pour le freeski ?

-Les JO sont une bonne chose pour notre sport, pour sa démocratisation. En même temps, il y a beaucoup de marques qui n'y vont pas, qui virent leurs athlètes de compétition pour se concentrer sur l'image. Du coup, paradoxalement, ces JO devraient aussi apporter du positif pour les riders d'images !

-Tu n'abandonnes pas complètement la compétition puisque tu as une invitation sur le Linecatcher et une wild card sur le Freeride World Tour. 

-C'est vrai. Pour le FWT, j'ai eu l'occasion de participer à l'étape de Chamonix il y a deux ans (l'année après Candide), je suis parti avec le dossard 1. J'ai foiré tout le début de mon run, j'ai raté le caillou repéré où je voulais poser un 360, je me suis perdu ensuite et j'ai retrouvé ma fin de run. J'ai fini 13ème. Ce n'est pas vraiment ce que je recherche, j'ai eu du mal, peut-être l'ambiance trop compet ? Le repérage difficile pour un seul run ? Concourir même sans peuf... 

Je suis très influencé par les snowboarders Nicolas Müller et Jake Blauvelt, ils ont un ride fluide et une vision du terrain incroyable... j'ai peut-être le regret de ne pas avoir fait du snowboard ! Ils ont toujours eu de l'avance sur le ski, sur l'évolution de la glisse, des snowparks, le ski s'est toujours inspiré du snowboard. Je ride avec des snowboarders sur Cham, ce sport a une certaine classe...

-Tu es l'un des rares exemples de multitalents dans le freeski. Pourquoi es-tu une exception ?

-C'est encore un sport jeune, il y a encore le clan du snowpark qui ne pense qu'à ça et notre génération "Candide" dont je me suis beaucoup inspiré. Maintenant il faut tellement se perfectionner pour réussir. C'est pour ça que je n'ai pas percé dans le freestyle, car je suis toujours allé voir à droite à gauche. A l'époque, je n'avais pas de snowpark à Cham, j'ai appris le backcountry en taillant des kicks, j'ai envoyé mes premiers tricks en poudreuse. Le freeski ? C'est du ski sur tous les types de terrain. Je ne me suis jamais dit : je veux être polyvalent, c'est venu comme ça. Le street, j'en ai bouffé, parce que je fais du skate depuis longtemps, je suis attiré par le côté urbain. Je prenais énormément de plaisir sur les rails, à l'époque. Aujourd'hui je limite le street pour ne pas me fusiller un hiver, un ou deux spots pas plus !

-A 24 ans, tu commences déjà à avoir une certaine expérience. Qu'est-ce que tu retires de ces années de glisse ?

-En vieillissant, on se complète, on se lasse, on va chercher un truc encore plus fort en sensations : la montagne. Plus je skie et plus je me dis que c'est une superbe école de vie, tu as peur sans arrêt et cela te fait comprendre des choses, te fait travailler sur toi-même, des moments forts que tu partages avec une équipe. Il y a aussi quelque chose que je ne n'ai jamais eu dans le freestyle : les éléments naturels autour de toi : risque d'avalanche, crevasses, cailloux. Je vais en faire de plus en plus, la pente raide m'attire gentiment, pour aller découvrir des couloirs... juste être au sommet d'une montagne. J'ai plein de plus beaux runs, des runs que j'aime bien refaire chaque année sur Cham, pour retrouver cette sensation de bonheur : le Grand Envers, le couloir des Cosmiques... Quand tu arrives en première trace, c'est fabuleux ! 

Cham c'est ma bulle, il n'y a pas d'autre endroit comme ça, j'ai mes potes, ma famille. Je passe ma vie en montagne l'hiver. Je bouge pas mal quand même, mais quand je rentre à la maison, j'ai envie d'en profiter ! J'ai envie d'être là-haut, il y a tellement de terrain à exploiter et pas assez d'une vie ! Grandir là te fabriques un skieur. Le club pendant dix ans, je ne néglige pas, ça m'a amené une technique, un ski solide. Parce que tu vois que maintenant des skieurs en snowpark qui font des doubles alors qu'ils ne savent pas skier, ils ont un peu oublié qu'il faut savoir tourner. Savoir prendre une bosse droit ne fait pas de toi un bon skieur !

-Comment vois-tu ta place dans l'univers du ski ? 

-Je fais pas les choses pour les gens, j'essaie de rester le plus nature, le plus simple possible, le but est d'essayer de gagner ma vie avec le ski et de rider le plus longtemps. Je n'essaie pas de me situer dans le milieu, de trouver ma place, je me suis déjà fait ma place. Le freestyle est un monde superficiel, il y a des riders avec qui ça passe pas, alors je fais la part des choses. Dans le freestyle, beaucoup sont là pour se faire remarquer, je n'accroche pas avec ce genre de personnes. Dans le freeride, on revient à l'essentiel, parce que tu te mets en danger de façon différente. Je ne skie pas pour la gloire. Je fais mon petit chemin gentiment. Le freeride est plus cool comme ambiance, cette notion de partage, avec tes amis, ceux que tu emmènes en montagne. 

-Tu suis le chemin d'un Richard Permin ? Evoluer du freestyle vers un segment dans une prod américaine ?

-Ce sont des choses qu'on ne choisi pas forcément, ça se fera peut être avec Rossignol. Ce ne sera pas cette année, mais peut être avec Sherpa production ou Level 1 plus tard. En revanche, j'ai tourné avec les Nuits de la Glisse, c'était une grande expérience : j'ai shooté en hélico pour la première fois. Sur quinze jours, on a pas eu de chance, c'était un peu tard mi-avril et ça réchauffait, on s'est souvent fait choper par le baquin, (le brouillard, note du traducteur). J'ai toujours marché pour accéder aux faces, alors tu vois c'est un rêve de monter dans un hélico et de me faire poser au sommet, tu peux te lâcher, si tu tombes l'hélico vient te chercher et tu remontes ! En rando, tu dois assurer ton run. 

-L'Alaska ?

-Ca fait un moment que j'en rêve, ce sera la suite, j'espère. C'est beaucoup d'argent pour peu de ride... mais ce sont sans doute les journées qui changent une vie de skieur ! Il y a aussi bien à faire autour de chez nous, Autriche, Suisse. L'hiver prochain je filme avec Thierry Donnard et avec PVS, on part au Japon en février, on va se concentrer sur l'Europe ensuite.

-Comment as-tu réagis à ta nomination à l'IF3 ?

-Je ne m'y attendais pas du tout ! Ca fait du bien dans le sens où je me donne du mal depuis 3 ou 4 ans pour sortir le meilleur de moi-même. C'est une reconnaissance du travail réalisé avec toute l'équipe et ça donne envie d'aller encore plus loin, de faire encore mieux. 

-Tu es également cristallier dans le massif du Mont-Blanc ? 

-Oui, j'ai découvert ça il y a 4 ans, je passe une bonne partie de l'été à chercher des pierres, un ou deux mois à crapahuter des heures en montagne. J'ai fait une grosse trouvaille l'année dernière avec Greg Costa, mort dans l'avalanche au Manaslu, une pierre achetée par le musée de Chamonix, un gros cristal de quartz avec trois fantômes rares à l'intérieur, ce sont les différentes étapes de formation. Pour moi, c'est le plaisir enfantin d'aller chercher le trésor, mais c'est souvent dans des endroits qui craignent, tu es vite exposé aux dangers. C'est magique quand tu trouves des poches de quartz, c'est la caverne d'Alibaba !

-Comment vois-tu l'évolution du freeride ?

-D'un côté, il restera ce freeride pur avec les bons anciens qui ont cet esprit à l'ancienne de se jeter sur les cliffs le plus loin possible. Et puis il y a les nouveaux freestylers, Richard Permin, Markus Eder, avec une autre vision du relief. Je suis plus dans l'esprit de rider vite, sauter de la grosse cliff, mais je préfère chercher la petite windlip de coté que personne ne prend, avec plus de tricks et bien mieux exécutés, un peu mieux que les lincoln bougnette et les backflip plat-dos ! 

-J'ai vu tes premières photos postées sur Instagram !

-Je me suis crée un compte, une fanpage facebook aussi, il faut que je me professionnalise. Mais bon, prendre une photo en haut d'une face et la poster, j'ai jamais fait. La visibilité, j'apprends cela ! Je n'ai jamais aimé être mis en avant, les interviews, les vidéos... Même pour les dédicaces, je n'ai pas l'impression de mériter, je ne suis pas une star !


portfolio

Interview Sam Favret

Photo Jérémy Bernard

Interview Sam Favret

Photo Jérémy Bernard

Interview Sam Favret

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Interview Sam Favret

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Interview Sam Favret

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Interview Sam Favret

Photo Jérémy Bernard

Interview Sam Favret

Photo Jérémy Bernard

Sam Favret

Photo Guillaume Desmurs

12 Commentaires

Photàky Jacquier "C'est encore un sport jeune, il y a encore le clan du snowpark qui ne pense qu'à ça et notre génération "Candide" dont je me suis beaucoup inspiré." c'est ca que je veux entendre.

* Solides les réceptions en switch
 

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Mustafa Alias Jagermosquito Ceylan des skieurs en snowpark qui font des doubles alors qu'ils ne savent pas skier, ils ont un peu oublié qu'il faut savoir tourner. Savoir prendre une bosse droit ne fait pas de toi un bon skieur !

merci sam
 

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Loïc Zaccaro putain de part!!! putain de machine!!!
ca faisait un moment que je n'arrivait pas au bout d'une part sans me dire "c'est déjà fini?"
ca fait du bien aux yeux.
merci
 

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Ewilan005 Cette manière de s'envoyer dans les pillows, ça me rappelle un peu Candide :)
Bref c'est déjà une grosse part que tu as là ! Bravo :)
Et bon esprit ;)
 

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Fred381 Outchhhh, le best-of est vraiment superbe!
Le pti Sam va aller haut c'est sûr :)
 

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