The Speedflying Pro 2010

S'il ne fallait citer qu'un seul speed flyer, tous s'accordent à dire que ce serait Antoine Montant. Le haut-savoyard, dont le frère fut l'un des inventeurs de la discipline, domine de la tête, des épaules et de la voile le petit monde du Speed Fly depuis plus de trois ans. Pourtant, mercredi, le The Speedflying Pro Les Arcs 2010 (véritable vitrine mondiale du sport) avait des airs de fin de règne. Le niveau technique ayant pris un gros thermique pour s'élever, une bonne dizaine de speed flyers sont venus chatouiller les spatules volantes d'Antoine...

Le podium de cette quatrième édition (avec seulement une épreuve freeride en deux manches, exit le slalom) est complété par François Bon, l'un des pionniers du Speed Flying qui jouait à domicile avec sérénité ainsi que par le bouillant Yoan Castagnoli, troisième, qui a marqué par son inventivité, sa fougue et son engagement. Deux runs très solides, très skiés associés à un feu follet (Yoan) qui balance des étincelles. Un podium qui en dit long sur le potentiel de cette discipline qui, chaque année, nous surprend.

La nouveauté de l'édition de cette du The Speedflying Pro Les Arcs, qui permet de mesurer l'évolution du sport en rassemblant les meilleurs mondiaux, est que l'avance d'Antoine (à gauche) est désormais bien maigre. Les trois premiers (Antoine, François et Yoan) terminent dans une voile de poche, à quelques points les uns des autres. Et derrière, ça pousse : Vincent Reffet était éclatant, Florian Wicki terminait sur le podium s'il ne tombait pas au deuxième run… Les lignes sont techniques, avec des tonneaux (dont un double dans les deux sens pour Vincent Reffet), beaucoup plus skiées et complexes.

Alors qu'en 2008 la plupart se contentaient de descendre dans le couloir principal de la face des Arandelières, sur l'Aiguille Rouge, en touchant la neige de temps en temps, cette année une petite dizaine de riders ont suivi les traces d'Antoine Montant en restant collés à la neige, en allant chercher des petits couloirs, en jouant les changements de rythme… "Le niveau augmente et se resserre sur les première places. Entre les quatre premiers il y a 20 points d'écart, alors que les quatre juges notent sur 1000, soit 2%, c'est rien !", commente Romain Raisson, directeur d'épreuve.

Les speedflyers sont libres de choisir leur itinéraire, en skiant la neige et en volant, dans cette longue face, entre couloirs et champs de poudre. Leur descente est notée par un jury sur trois critères : la technique (la difficulté des figures), le style (fluidité, harmonie en ski et vol) et ligne (choix). "Il faut que ça soit plaqué pour que la note "technique" augmente, explique Romain. François Bon (à droite en photo, ndlr) est lent dans du raide, collé à la neige avec la voile au dessus de la tête, c'est très difficile. Ce que fait bien Antoine également. Un tonneau assez haut comme j'ai pu voir ne m'impressionne pas. Une belle ligne chiadée c'est dur, une ligne droite avec un tonneau, non".

L'année dernière Mickaël Régnier (absent cette année) avait envoyé le premier tonneau. Cette année, ce fut une farandole… mais pas toujours payante. Les juges ne se sont pas laissés impressionner. Il faut dire que depuis ses débuts le speed fly oscille entre ses deux influences, le parapente et le ski. Le curseur navigue entre les deux. Tout est dans l'équilibre, l'harmonie, "une douce cuisine" dixit Romain Raisson, entre parties glissées (skis dans la neige), et parties volées, par dessus une barre ou pour rejoindre un pan de neige vierge.
On en a eu deux exemples : d'abord avec le clan qu'on pourrait qualifier des anciens : Antoine, François, Xavier Dufresne, puis avec le clan des morveux freestylers, comme Yoan Castagnoli et Vince Reffet, "ils sont agités, ils sautent de partout !, dit d'eux Antoine Montant, moi, je privilégie le ski, être solide sur mes appuis, trouver des passages techniques, avec du changement de rythme : rester calme dans les parties délicates et lâcher les chevaux quand il y a de la place".

En tout cas le vainqueur a bien noté qu'il fallait mettre les bouchées doubles pour l'année prochaine. Ca pousse derrière, il n'est plus tout seul là-haut...

François Bon et Antoine Montant partiront donc réaliser une "première" en Speed Flying  sur une face mythique des Alpes. La destination est encore tenue secrète... UPDATE : le vol s'est déroulé sur les Grandes Jorasses.

Les résultats complets :

1    Montant Antoine  -  France
2    Bon Francois  -  France
3    Castagnoli Yoan  -  France
4    Ammann Gael -   Suisse
5    Dufresne Xavier  -  France
6    Wicki Dominik -   Suisse
7    Reffet Vincent  -  France
8    Baumy Arnaud  -  France
9    Planton Cyril  -  France
10    Baud Jérôme  -  France
11    Coupat Frank -   France
12    Wicki Florian  -  Suisse
13    Dubois Lionel  -  Suisse
14    Fugen Fred  -  France
15    Rodriguez Felix -   Spain
16    Friedrich Roman  -  Germany
17    Penz Simon -   Austria