Le Ski à Assistance Electrique ?

L’idée n’est pas nouvelle, émergeant sans doute dans l’esprit des amoureux de la neige avant même l’apparition des premiers télésièges. Sur le ton de la plaisanterie, de la fabulation voire de la véritable croyance, le principe d’une assistance au déplacement alimente progressivement les débats et fait rêver les plus réfractaires à la pratique du ski sous toutes ces variantes.

À l’heure où les exosquelettes soulagent les articulations et les muscles, la course à l’innovation peut-elle également répondre à un rêve d’assistance ? Dans les sports et loisirs, le développement accéléré de nouveaux produits suit la même logique : toujours plus d’assistance, de confort, de sécurité.

En deux décennies, de nombreux moyens de locomotion ont connu l’électrification en vue d'apporter une assistance efficace, dont le vélo connaît le grand essor.

Avant l'an 2000, les efforts musculaires étaient le principal carburant pour se déplacer et ce, quel que soit le diamètre des roues. Le vélo électrique, inventé au 19ème siècle, est resté anecdotique jusqu’à la fin du 20ème. Puis, en 2003, la batterie au lithium fît son apparition et une page de l’innovation se tourna. Inversement à leurs performances, les batteries sont devenues de plus en plus petites.

Pour ne prendre que l'exemple du vélo et notamment du V.T.T., deux populations sont apparues. D'un côté, les adeptes de la fibre qui brûle et que l’on sent tressaillir lors d’efforts intenses. De l'autre, les opportunistes, au sens positif du terme, bénéficiant d'une assistance efficiente pour absorber sereinement le dénivelé positif et jouir d’un terrain de jeu resté longtemps inaccessible.

Beaucoup ont émis de fortes réticences aux prémices de l’assistance électrique, avant d’admettre sa potentialité ludique et sportive au regard des pratiquants enjoués.

Désormais, on ne compte plus les fabricants d'engins électriques destinés aux marchés publics et privés. Le vélo, la trottinette, le skate, les rollers, le gyropode, le mountain board, le surf, le paddle, le jet-ski, la chaise longue… La liste s’allonge continuellement ! Je n’évoquerai pas la durabilité de ces nouveaux produits, dont certains connaissent l’obsolescence au bout d’un semestre….

Le nombre d'E.D.P.M. (Engin de Déplacement Personnel Motorisé) n'a fait que croître ces dernières années. Au point de m’interroger ces derniers hivers sur l’adaptabilité de l’assistance électrique à d’autres sports, au ski bien sûr ! Pourquoi ne pas profiter de cet élan technologique pour envisager un nouveau mode de déplacement en montagne, à l’image de l’évolution du V.T.T. ? Pourquoi ne pas rêver d’un Engin de Glisse Personnel Motorisé (E.GP.M.) ? Hérésie ou rêve pieux ?!

Trouver un système amovible qui permet une traction des skis sur la neige est peut-être en cours de recherche et d’essai chez les équipementiers du milieu. Qu’importe, féru de randonnée comme je suis, avoir une assistance pourrait s’avérer bien appréciable. L'économie physique pourrait être substantielle.. À coup sûr, elle permettrait la démocratisation d’un sport parfois exigeant physiquement, sans doute décourageant pour certains. 

La motorisation, électrique ou pas, soulagerait de facto les longues approches assez plates, les traverses et, d’évidence, les forts degrés de pente. Les bénéfices ? Réels ! Gain de dénivelé positif, allongement des distances parcourues et surtout, prolongation des temps de descente pour le plus grand plaisir des néo-praticants, skieur ou splitboarder 3.0.

Quel que soit le principe de traction, l’un des points essentiels d’un éventuel cahier des charges serait le fonctionnement sans faille et polyvalent sur tous types de neige. Ce dernier point résume peut-être une bonne partie de la problématique…

Les chenillettes seraient certainement les plus adaptées mais comment les rendre fiables et légères, fonctionnelles et pratiques ? Comment répondre à une prise en main rapide ?

La démocratisation pourrait surtout s’opérer sur les surfaces préparées des domaines skiables. Cela engendrerait la révision de toute la sécurité des pistes avec une supposée voie réservée aux randonneurs motorisés croisant les descendeurs par gravité !? Ou des espaces réservés aux E.D.P.M. ?

Des Moonbikes, concept de motoneiges individuelles, légères et électriques commencent à expérimenter le marché dans quelques stations alpines et pyrénéennes. Des espaces sont même dédiés à cette pratique.

Je n’ai pas écrit de cahier des charges pour un système électrique mais comme beaucoup d’engins existants en 2022, on devrait retrouver certaines caractéristiques indispensables : autonomie, encombrement, temps de recharge, puissance, poids de la batterie et du système. Le minimum de bruit aussi.

Nous pourrions également imaginer un principe de micro-chenillettes positionnées le long de chaque carre externe des skis. Un boitier avec batterie fixée sur chaque chaussure et le système de traction attaché sur les boucles et En Avant Guingamp ! Autre alternative, une bande de micro-chenillettes sur toute la semelle des skis, des « peaux de traction » !?

Une autre possibilité est peut-être d’avoir le système sur l’arrière de chaque ski. Des propulseurs ? Trouver la difficile équation poids/stabilité/flexibilité pour chaque ski est une évidente condition. Enfin, quid de l’encombrement dans le sac à dos, avec des matériaux assez légers et robustes, du titane pour la micro-chenillette ?

Au lieu de fixer des trucks, roulettes et un moteur de skate électrique sur des skis, un système de traction à mettre en place sous les semelles serait-il le graal ? La marque Melt Ski l’a fait pour le bitume. Planchent-ils déjà sur une version neige ?

Le ski à roulettes...

Autre idée, un système de propulsion peut-il être envisagé ? Des petites roquettes sur l’arrière des skis, des micros propulseurs à hélice sur le sac à dos.. La réflexion sur le sujet peut être longue et déboucher sur de grands délire...

En 2016, Pia Rivelsrud, a testé un drôle d'appareil, le Jet Thruster. Sorte de manche équipé de 4 hélices qui dépotent. C'est sur un terrain de golf enneigé que la championne s'est élancée avec ce propulseur électrique imaginé par DreamScience. Sur sa dernière tentative, les 86 km/h ont été atteint ! Le précédent record était de 80,6 km/h, réalisé par le snowboarder Jamie Barrow depuis 2014 et avec le même propulseur. Bientôt un Test Privé Skipass du Jet Thruster 2023 !?

En 2019, un inventeur présente sa dernière création : une planche de snowboard à assistance électrique ! « Grâce à un petit moteur électrique posé sur la planche, et une télécommande glissée dans la poche, vous n'avez plus besoin de déchausser pour accéder aux remontées ! Le moteur (300 watts) est capable de propulser un adulte à une vitesse de 18 km/h sur un faux-plat (maximum 20 degrés de pente). » Le système n’a pas dû convaincre !?

L'article sur le snow électrique.

Janvier 2021, trois lorrains se tapent le délire du ski-paramoteur. Effectivement, avec un paramoteur en guise de sac à dos, la vitesse de 80 km/h est atteinte sur les pistes des Vosges. Ni homologué, ni catalogué comme prototype, ce délire en ces temps covidés implique un bon sens de l’équilibre car il faut gérer en permanence un paquetage de plus de 30 kg !

C’est souvent une innovation qui a changé la vie de certains pratiquants alors pourquoi ne pas rêvasser sur le futur et notamment sur celui du ski et du splitboard. Qui aurait parié qu’autant de vélocycles électriques seraient vendus au 21ème siècle. Pareil, le Ski à Assistance Electrique (S.A.E.) ou thermique sera répandu dans un avenir proche. Utopie ou pas, cette idée a souvent traversé l’esprit de tout passionné de glisse et continue de nourrir la persévérance et l’ingéniosité des plus illuminés, au point d’aboutir prochainement à une offre concrète ? Puis, si rien n’arrive, nous continuerons à nous déplacer dans les montagnes au rythme de notre cœur et dans le silence le plus parfait.