
Un étudiant-chercheur a récemment travaillé sur l’histoire et l’évolution des stations de ski de notre vallée (Barèges – La Mongie, Luz Ardiden, Gavarnie-Gèdre, Cauterets, Hautacam).
Son étude, couvrant la période des années 1950 à aujourd’hui, met en lumière :
les succès passés (l’âge d’or de l’équipement et des accès villages → stations),
les erreurs depuis les années 1990 (fermetures de remontées, projets abandonnés, manque de diversification),
le retard accumulé par rapport aux dynamiques de modernisation observées ailleurs,
et la précarité actuelle du modèle économique : des chiffres d’affaires encore corrects, mais qui masquent une fragilité profonde face au climat et à l’absence de stratégie commune.
L’objectif n’est pas de critiquer pour critiquer, mais d’ouvrir une réflexion :
👉 Comment donner une vision d’avenir à nos stations ?
👉 Comment imaginer une stratégie à l’échelle de la vallée, au-delà de la gestion au coup par coup ?
Prochain rendez-vous
Une présentation publique de cette analyse, suivie d’un débat avec les élus et la population locale, aura lieu à l’automne (date en cours de définition) à Luz-Saint-Sauveur.
Cet échange sera l’occasion de confronter constats, idées et propositions pour imaginer ensemble l’avenir de nos stations et de notre vallée.
présentation rapide
Depuis plus de soixante-dix ans, nos vallées pyrénéennes vivent au rythme du ski. Les années 1950 à 1980 ont été marquées par une véritable ambition : les villages se sont équipés d’ascenseurs directs vers les domaines, les pistes se sont multipliées, et l’idée d’une grande vallée du ski s’imposait naturellement. À Barèges, on pouvait monter directement du bourg grâce au funiculaire de l’Ayré, à la télécabine de la Laquette ou au télésiège du Lienz. À Cauterets, le téléphérique du Lys et la télécabine du Courbet assuraient un double accès stratégique depuis le centre-ville. Luz Ardiden voyait le jour, avec un potentiel fort en enneigement et une image portée par le Tour de France. Même Gavarnie et Hautacam trouvaient leur place dans cette dynamique d’équipement. Ces décennies ont été celles de l’âge d’or, portées par l’audace et l’envie de développement.
Mais dès les années 1990–2000, le virage a été manqué. Alors que d’autres massifs modernisaient massivement leurs remontées, densifiaient la neige de culture et lançaient de grands projets inter-stations, ici nous avons choisi de “rationaliser”. En pratique, cela a souvent signifié fermer des infrastructures vitales sans les remplacer. Barèges a perdu coup sur coup ses trois accès villages (Ayré en 2000, Laquette en 2002, Lienz peu après) : le village s’est retrouvé coupé du domaine, et tous les skieurs obligés de monter en voiture jusqu’au parking de Tournaboup. À Cauterets, l’avalanche de 2015 qui détruit la télécabine du Courbet n’a jamais conduit à une reconstruction, laissant la station avec un seul axe, fragile en cas de panne. À Luz Ardiden, le projet d’ascenseur valléen depuis le village a toujours été repoussé, tandis que Gavarnie annonçait plusieurs fois une télécabine entre le bourg et le domaine, sans jamais passer à l’acte. Quant à Hautacam, les difficultés liées au manque de neige s’accumulaient déjà.
Dans les années 2000–2025, la tendance n’a pas changé. Certes, des investissements ont été faits : télésièges remplacés, enneigeurs ajoutés, projet de nouvelle télécabine à Tournaboup. Mais toujours sans vision globale. Les choix techniques ont souvent appauvri l’offre : on a supprimé deux téléskis pour les remplacer par un seul télésiège, sans rouvrir toutes les pistes desservies auparavant. Des secteurs entiers, comme le Lienz, ont été laissés à l’abandon faute d’équipements en neige de culture ou de liaison efficace.
En parallèle, tous les grands projets structurants ont été abandonnés. Le fameux projet « MonBaRy » ou « MonLary », censé relier La Mongie, Barèges et Saint-Lary pour créer le plus grand domaine des Pyrénées, est resté une chimère, bloqué par des contraintes environnementales et politiques. La liaison Luz–Cauterets, qui aurait pu donner de la cohérence à la vallée, a été enterrée en 2020–21. À Gavarnie, la télécabine quatre saisons est encore à l’état d’étude.
Pendant ce temps, nos voisins espagnols et andorrans ont concrétisé leurs ambitions. Baqueira est devenu un géant de plus de 160 km de pistes en reliant ses différents secteurs. L’Andorre a fusionné ses stations pour créer Grandvalira, domaine de 200 km. Même Formigal-Panticosa ou Cerler ont su grandir et se diversifier. Chez nous, tout est resté sur le papier.
Autre retard majeur : la diversification quatre saisons. Aujourd’hui, aucune de nos grandes stations ne propose de luge d’été, de tyrolienne panoramique, de passerelle spectaculaire… autant d’équipements qui, ailleurs, font le plein et assurent des revenus réguliers en dehors de l’hiver. Seul Hautacam a développé une offre quatre saisons — mais parce qu’il a purement et simplement fermé son ski alpin en 2025.
Le constat est donc clair : nos stations vivent sur des acquis, mais sans vision d’avenir. Les chiffres d’affaires actuels sont flatteurs, portés par quelques bonnes périodes d’enneigement et par les vacances scolaires, mais ils masquent une réalité inquiétante. Depuis 3 ou 4 hivers, la neige se fait plus rare, les ouvertures sont partielles, les saisons plus courtes. Chaque station gère son petit business, sans coordination, sans ambition commune. Les projets sont défensifs et timides, jamais structurants.
Nous allons droit dans le mur. Non pas faute de clients ou d’envie de skier, mais faute de vision collective et d’investissements stratégiques. Nous avons perdu nos accès villages, abandonné nos liaisons inter-stations, raté la diversification estivale. Nos stations tiennent debout aujourd’hui, mais sur des bases précaires. Quelques mauvaises saisons suffiraient à tout fragiliser.
La question n’est donc pas “faut-il investir ?” mais “quelle stratégie voulons-nous pour nos vallées ?”. Sans projet commun, sans ambition forte, l’histoire des 30 dernières années risque de se répéter : fermetures, abandons, et un lent déclin.
Son étude, couvrant la période des années 1950 à aujourd’hui, met en lumière :
les succès passés (l’âge d’or de l’équipement et des accès villages → stations),
les erreurs depuis les années 1990 (fermetures de remontées, projets abandonnés, manque de diversification),
le retard accumulé par rapport aux dynamiques de modernisation observées ailleurs,
et la précarité actuelle du modèle économique : des chiffres d’affaires encore corrects, mais qui masquent une fragilité profonde face au climat et à l’absence de stratégie commune.
L’objectif n’est pas de critiquer pour critiquer, mais d’ouvrir une réflexion :
👉 Comment donner une vision d’avenir à nos stations ?
👉 Comment imaginer une stratégie à l’échelle de la vallée, au-delà de la gestion au coup par coup ?
Prochain rendez-vous
Une présentation publique de cette analyse, suivie d’un débat avec les élus et la population locale, aura lieu à l’automne (date en cours de définition) à Luz-Saint-Sauveur.
Cet échange sera l’occasion de confronter constats, idées et propositions pour imaginer ensemble l’avenir de nos stations et de notre vallée.
présentation rapide
Depuis plus de soixante-dix ans, nos vallées pyrénéennes vivent au rythme du ski. Les années 1950 à 1980 ont été marquées par une véritable ambition : les villages se sont équipés d’ascenseurs directs vers les domaines, les pistes se sont multipliées, et l’idée d’une grande vallée du ski s’imposait naturellement. À Barèges, on pouvait monter directement du bourg grâce au funiculaire de l’Ayré, à la télécabine de la Laquette ou au télésiège du Lienz. À Cauterets, le téléphérique du Lys et la télécabine du Courbet assuraient un double accès stratégique depuis le centre-ville. Luz Ardiden voyait le jour, avec un potentiel fort en enneigement et une image portée par le Tour de France. Même Gavarnie et Hautacam trouvaient leur place dans cette dynamique d’équipement. Ces décennies ont été celles de l’âge d’or, portées par l’audace et l’envie de développement.
Mais dès les années 1990–2000, le virage a été manqué. Alors que d’autres massifs modernisaient massivement leurs remontées, densifiaient la neige de culture et lançaient de grands projets inter-stations, ici nous avons choisi de “rationaliser”. En pratique, cela a souvent signifié fermer des infrastructures vitales sans les remplacer. Barèges a perdu coup sur coup ses trois accès villages (Ayré en 2000, Laquette en 2002, Lienz peu après) : le village s’est retrouvé coupé du domaine, et tous les skieurs obligés de monter en voiture jusqu’au parking de Tournaboup. À Cauterets, l’avalanche de 2015 qui détruit la télécabine du Courbet n’a jamais conduit à une reconstruction, laissant la station avec un seul axe, fragile en cas de panne. À Luz Ardiden, le projet d’ascenseur valléen depuis le village a toujours été repoussé, tandis que Gavarnie annonçait plusieurs fois une télécabine entre le bourg et le domaine, sans jamais passer à l’acte. Quant à Hautacam, les difficultés liées au manque de neige s’accumulaient déjà.
Dans les années 2000–2025, la tendance n’a pas changé. Certes, des investissements ont été faits : télésièges remplacés, enneigeurs ajoutés, projet de nouvelle télécabine à Tournaboup. Mais toujours sans vision globale. Les choix techniques ont souvent appauvri l’offre : on a supprimé deux téléskis pour les remplacer par un seul télésiège, sans rouvrir toutes les pistes desservies auparavant. Des secteurs entiers, comme le Lienz, ont été laissés à l’abandon faute d’équipements en neige de culture ou de liaison efficace.
En parallèle, tous les grands projets structurants ont été abandonnés. Le fameux projet « MonBaRy » ou « MonLary », censé relier La Mongie, Barèges et Saint-Lary pour créer le plus grand domaine des Pyrénées, est resté une chimère, bloqué par des contraintes environnementales et politiques. La liaison Luz–Cauterets, qui aurait pu donner de la cohérence à la vallée, a été enterrée en 2020–21. À Gavarnie, la télécabine quatre saisons est encore à l’état d’étude.
Pendant ce temps, nos voisins espagnols et andorrans ont concrétisé leurs ambitions. Baqueira est devenu un géant de plus de 160 km de pistes en reliant ses différents secteurs. L’Andorre a fusionné ses stations pour créer Grandvalira, domaine de 200 km. Même Formigal-Panticosa ou Cerler ont su grandir et se diversifier. Chez nous, tout est resté sur le papier.
Autre retard majeur : la diversification quatre saisons. Aujourd’hui, aucune de nos grandes stations ne propose de luge d’été, de tyrolienne panoramique, de passerelle spectaculaire… autant d’équipements qui, ailleurs, font le plein et assurent des revenus réguliers en dehors de l’hiver. Seul Hautacam a développé une offre quatre saisons — mais parce qu’il a purement et simplement fermé son ski alpin en 2025.
Le constat est donc clair : nos stations vivent sur des acquis, mais sans vision d’avenir. Les chiffres d’affaires actuels sont flatteurs, portés par quelques bonnes périodes d’enneigement et par les vacances scolaires, mais ils masquent une réalité inquiétante. Depuis 3 ou 4 hivers, la neige se fait plus rare, les ouvertures sont partielles, les saisons plus courtes. Chaque station gère son petit business, sans coordination, sans ambition commune. Les projets sont défensifs et timides, jamais structurants.
Nous allons droit dans le mur. Non pas faute de clients ou d’envie de skier, mais faute de vision collective et d’investissements stratégiques. Nous avons perdu nos accès villages, abandonné nos liaisons inter-stations, raté la diversification estivale. Nos stations tiennent debout aujourd’hui, mais sur des bases précaires. Quelques mauvaises saisons suffiraient à tout fragiliser.
La question n’est donc pas “faut-il investir ?” mais “quelle stratégie voulons-nous pour nos vallées ?”. Sans projet commun, sans ambition forte, l’histoire des 30 dernières années risque de se répéter : fermetures, abandons, et un lent déclin.
Message modifié 2 fois. Dernière modification par mika65, 22/08/2025
inscrit le 23/8/05
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