Photo de couverture

Cliquez ici pour ajouter une photo de couverture, ou déposez la photo dans ce cadre. Si les dimensions sont supérieures à 2000x1045 pixels, la photo sera automatiquement redimensionnée.

L'image d'en tête sera affichée derrière le titre de votre article.
Cliquez ici pour remplacer la photo de couverture (2000x1045 pixels), ou déposez la photo dans le cadre pointillé.

Adam Neate

En parallèle à son expo (SpaceJunk), une petite interview de l'artiste skateur londonien.
article Saison 2005-2006

Adam Neate, 28 ans, vit à Londres (même), et a grandi en banlieue, où très tôt il se branche sur le dessin et le graf. Habite aujourd?hui dans un petit appartement (de taille moyenne pour Londres, mais petit quand même, nous dit-il) avec sa femme, la brésiliano-japonaise Waleska Nomura.

Interview à bâtons rompus avec le bonhomme, en pleine installation de son expo à la SpaceJunk Gallery (il faut imaginer le Jérôme Catz qui nous interromps toutes les deux minutes pour demander si le truc qu'il essaie d'accrocher est bien droit) :

Où vis Adam Neate?

Je vis dans un quartier rempli d?usines d?impression de teeshirts qui laissent régulièrement leurs cartons dans la rue pour les poubelles. Du coup tous les soirs, il y a du carton gratuit dans les rues. Du carton gratuit, wow! (rires)


Comment et sur quoi travailles-tu?

Au début je peignais sur de la toile, mais comme je laisse toutes mes oeuvres dans la rue, ça finissait par coûter cher. Alors du coup j?ai commencé à récupèrer ces cartons, à les découper et à peindre dessus.
Je dispose environ 40 morceaux de cartons sur le sol, chez moi, et je commence à peindre avec une couleur, par exemple le blanc, puis je passe à une autre, etc.
Il m?arrive encore de peindre sur de la toile, j?avais recommencé quand on m?avait demandé de faire des expositions dans des galeries, je trouvais ça plus, je sais pas, institutionnel. Mais finalement les gens ne cessaient de me demander où étaient mes oeuvres sur carton.
J?expérimente aussi d?autres supports, comme le papier épais que je trouve dans les cartons de tshirts, j?ai amené quelques trucs comme ça pour la SpaceJunk. J?ai aussi commencé à faire des sculptures sur craie, mais je suis nul, on dirait un gamin de 5 ans...


As-tu une formation artistique?

Je n?ai jamais ressenti le besoin de suivre des cours dans une institution, j?ai toujours senti ces choses, pas eu envie de les conceptualiser. J?ai fait des études de designer et j'en ai fait mon travail d?ailleurs, c'est ce qui me permet de manger, je peins pendant mon temps libre. Je finis de travailler à 18h et je rentre peindre, souvent jusque tard dans la nuit, deux, trois heures du matin. Des fois, quand je me lève tôt, je peins les arrières plans, c?est comme une usine, une usine de carton qui ressemble un peu à celles qui sont dehors.

Tu es connu pour produire énormément et laisser la plupart de tes oeuvres dans les rues de Londres, mais en vends-tu aussi? Comment ça se passe?

Je continue à mettre mes peintures dans la rue, mais si je fais une expo, comme ici, je vais en garder pour l?expo. En temps normal, je fais une centaine de peintures par mois, et je les laisse toutes dans la rue. Mais si je prépare quelque chose, je vais peut être en laisser seulement une quarantaine.
Par contre quand je rentre après une expo, je vais sûrement en faire dans les 150. C?est peut être juste que je suis taré!
Une bonne année je vais réaliser dans les deux mille peintures. Une année creuse, je vais en faire seulement un millier. J'essaie toujours d'en faire le maximum possible. Cette année j?ai laissé un peu plus de mille peintures dans les rues, et je suis content, il me reste encore décembre...
Je crois que certains artistes ont besoin d?inspiration pour peindre ?je ne peins pas ce mois ci, je ne me sens pas?, moi je n?y crois pas. Je peins tout le temps, ça peut être ma pire peinture, mais je veux tout peindre, même la non-inspiration si on veut. Je la laisse dans la rue, cette pire peinture-là, et voilà. Si ça se trouve je vais la voir en photo dans un magazine deux mois plus tard.
Je ne vends pratiquement aucune de mes oeuvres. Si vraiment on insiste, je vend au prix qu?on m?en donne, mais ça ne m?intéresse pas [En l'occurence, les oeuvres exposées à la galerie sont vendues entre 20 et 40 euros, NdlR]. Le principal pour moi, c?est le tableau, la peinture.
Bien sûr si je fais une expo dans une galerie, je vais mettre mon travail en scène, je vais faire des efforts pour montrer quelque chose aux gens. Mais je pense que si tu es un artiste trop ?précieux? par rapport à ce que tu crées, c?est comme une femme qui a un enfant et qui a peur de le laisser partir. Moi, même si j?adore une de mes peintures, même si je considère que c?est peut être la meilleure que j?ai jamais faite, je vais quand même la poser dans la rue.
Chez moi, je n?ai aucun tableau sur les murs, je n?apprécie pas spécialement l?art, j?ai mes peintures sur le sol, et quand elles sont finies, elles vont dans la rue, c'est ma galerie à moi. Les gens ont du mal à comprendre que je peigne pour moi, pas pour les objets que ça représente. Un peu comme les enfants. C?est le sentiment qui me vient quand je peins qui compte, cette liberté...
Après l?important c?est de ne pas avoir honte de ce que je fais. J?essaie de ne pas garder un style, de ne pas être reconnaissable. Je ne veux pas que les gens puissent utiliser ma peinture pour me connaitre. Je ne peins pas pour les gens, je peins pour moi.


T?arrives-t?il parfois de tomber sur certaines de tes oeuvres chez les gens, d?en entendre parler longtemps après?

Oui, parfois je retrouve certaines de mes peintures. Un type m?a dit l?autre fois ?j?ai un tableau de toi, très bleu, tu dois sûrement te souvenir.? Et il me décrit la peinture, il m?a même envoyé une photo par mail. Elle était de moi, c?est sûr, il y avait ma signature et tout, mais je ne me souvenais pas de l?avoir peinte, et pour moi c?est ça le meilleur, quand ça arrive, c?est un sentiment inexplicable. Comme de devenir fou, un peu, ne pas se rappeler ce qu?on a fait. Je crois que c?est bon pour la créativité.
J?ai laissé à plus de 4000 peintures dans les rues de Londres en 5-6 ans, mais c?est juste un nombre. Je n?ai pas de preuves de ça, à part quelques CD de photos, mais je veux dire, je pourrais très bien ne jamais avoir rien peint.
C?est comme ça que j?arrive à rester toujours frais, à avoir envie de faire quelque chose de toujours différent, sans le poids d?oeuvres passées.
Picasso est mon artiste préféré, il a peint environ 25000 oeuvres dans sa vie, c?est ce que je voudrais faire aussi, et toutes les éparpiller!


Tu as aussi beaucoup travaillé pour des marques de skate (Unabomber Skateboards, Clown Skateboards, Alpha Numeric, ...), était-ce une démarche différente?

Quand j?étais jeune, j?étais juste ?anti tout?, je peignais pour rien (graffitis etc.), et j?aurais pu continuer à faire ça toute ma vie, ou je pouvais aussi continuer mais regarder vers d?autres horizons. C?est comme ça que j?ai fait quelques graphismes pour des planches de skate. J?avais cette formation de designer, et la différence entre le design et l?art, c?est que le design tu as quelqu?un qui te commandes quelque chose et qui vient te dire ?non, ça je le voudrais là, plutôt, avec le logo ici.? Donc ces histoires de skate m?ont intéressé de ce point de vue là. Si tu peux faire quelque chose de créatif et gagner ta vie en même temps, tu dois le faire, de temps en temps. C?est mieux que de travailler à l?usine, comme beaucoup de mes potes. L?important c?est de garder un bon équilibre, ne pas laisser le boulot prendre le dessus sur ta passion.
Et puis j?ai besoin de ces moment créatifs, mais j?ai aussi besoin de ces moments où je travaille dans un bureau, devant un ordinateur. J?ai besoin de ce coté sombre dans ma vie pour exprimer mon côté clair. Je dirais qu?on a tous besoin de ça, c?est ce qui permet de vraiment apprécier les choses.

Je crois que rien de ce que j?ai dit n?a de sens, désolé...

Si si, Adam, merci beaucoup!

Propos Recueillis pas Mathieu Ros
Photos Mathieu Ros & Jérôme Catz

Plus de photos/infos sur le site de SpaceJunk

3 Commentaires

baboulsky Des graphismes vraiment sympas, pour une galerie qui ne demande qu'à être connue! Un grand merci au SpaceJunk à Gre qui propose toujours des expos originales.
 

Connectez-vous pour laisser un commentaire

 

Connectez-vous pour laisser un commentaire

.