Erasmus à Dresde : rail urbain, bières et bratwurst

J'avais rêvé de Finlande, de Suède, mais finalement la seule destination qui s'offrait à moi pour étudier un semestre à l'étranger était Dresde. Ça tombe bien je devais rafraîchir un peu mon allemand. Dresde se trouve dans le massif de Erzgebirge, dont le plus haut sommet frôle les 1300 mètres. Pas très excitant à première vue, mais c'était sans compter l'enneigement assez bon tout au long de l'hiver, la quantité incroyable de spots vierges à rider et une scène ski / snowboard locale assez active.

Le massif d'Erzgebirge, ou Monts métallifères en français,  se trouve en Saxe, tout le long de la frontière tchéco-allemande. Malgré qu'on puisse plus appeler ça des collines que des montagnes, on y trouve quelques petites stations, qui se limitent souvent à 1 ou 2 remontées, et quelques parks où le jib est à l'honneur, avec des modules maison de bonne facture. On retiendra la petite station de Hermsdorf pour les locaux de Dresde qui propose un seul téléski mais un park s'étendant sur 700 m shapé bénévolement par Elmar Liebscher. Ce park présente une vingtaine de modules, une seule ligne offrant jusqu'à 13 modules, une motivation qui pourrait inspirer certains parks français (on ne citera pas de noms, mais du côté de Grenoble, on m'a dit que..). Le park développé cet hiver à Oybin par les gars de Shredniks est aussi bien shapé avec plusieurs modules orientés "shred" et à 5 euros la journée on ne s'en prive pas. Plus au sud on trouve les parks de Oberwiesenthal (bien que la rotation avec le télésiège soit un peu longue), et Klinovec et Neklid côté tchèque. Plus loin en République tchèque, sur la frontière polonaise, Špindlerv Mlýn et sa nébuleuse de stations offrent différents parks, et les Burton Spindl Spring Session fin mars - début avril offrent un park XXL. C'est un peu le Kumi-yama tchèque, avec shooting en hélicoptère (mais seulement pour les pro-snowboarders) et soirées Jägermeister, le sponsor de l'évènement. Cette année le temps n'était pas au rendez-vous mais rien que les soirées valent le détour.

Marek Wlazec aux Burton Spindl Spring Session, l'événement majeur de fin de saison en République Tchèque. photo : Petra Jureckova

Mais l'intérêt majeur de cette région ne réside pas dans ses parks (pour cela on reste chez nous), mais dans la quantité de spots urbains qu'elle offre. Tes souvenirs de lycée te diront que l'Allemagne a été plus ou moins séparée après la guerre, et que la partie Est fricotait un peu avec l'URSS. A la réunification, comme l'ouest était un peu plus cool, beaucoup d'allemands de l'Est y ont émigré, et l'économie et les infrastructures qui se sont développées dans cette région d'Erzgebirge ont été un peu abandonnées. Du coup on y trouve des usines désaffectées aux airs soviétiques, des hôtels abandonnés où tu n'oseras pas t'aventurer sans tes copains, et quantité d'autres rails. Bref tu prends ta pelle, ta lime, ton taille-haie (très important !) ton bunshee ("mais je pense que tu peux employer deux chômeurs tchèques, pour 2 euros de l'heure ils tirent ton bunshee toute la journée" tiré des propos de Lukas Noak, fervent défenseur de l'esclavage), ta caméra, tes amis, ton générateur et c'est une promesse de 3 ou 4 spots par jour que je te fais là. Les spots: Chemnitz lorsqu'il y assez de neige, sinon Altenberg et toutes les petites villes perdues dans le massif de Erzgebirge.

Arman Twazki à la recherche du bon angle dans un hôtel abandonné à Bärenfelds. photo : Johannes Kürschner

Côté tchèque, Jablonec Nad nisou se trouve à 600 mètres d'altitude donc l'enneigement est garanti, avec énormément de spots dans toute la ville. Liberec et Teplice, ou encore Prague doivent présenter quelques bons spots aussi lorsqu'il y a assez de neige. Après le mieux est de chercher par vous même, ou de demander aux riders locaux (s'ils sont gentils ils vous révéleront peut-être leurs spots).

Richard Skala en vadrouille à Prague. photo : Daniel Hlousec
                                                                                                        
Routard futé - pour s'y rendre: le mieux quand on fait de l'urbain, c'est bien d'avoir une voiture, donc tu n'échapperas pas aux 1000 km et 10h de route qui séparent Genève de Dresde. Sinon si tu as déjà des amis tchèques ou allemands sur place, tu peux arriver par l'aéroport de Berlin ou Prague au départ de Lyon et Genève, ou à Dresde depuis Bâle. La vie sur place ne coûte pas grand chose, côté allemand comme tchèque, donc il te restera sûrement assez d'argent pour une petite visite de Prague ou Berlin, les deux villes étant à deux heures de Dresde.

Les railjams chez Marek en République tchèque ont un caractère chaleureux que l'on ne retrouve pas dans nos Alpes. photo : Daniel Vrzal

Petit lexique d'allemand
Hallo: bonjour
No : oui dans la région de Saxe. Forcément ça entraîne quelques malentendus au début..
Ein Bier, bitte: une bière s'il vous plaît
Das ist geil ! : c'est super !
Du bist geil ! : tu es très jolie.

Petit lexique de tchèque
Dobrý den: bonjour
Já jsem francouzsky: je suis francais
kurva: putain. Se dit généralement après un tricks loupé ou une chute, tu auras l'air un peu plus local et plus sympathique comme ça.
Str? prst skrz krk: enfonce ton doigt dans la gorge.

Le site des crews locaux
kingkaktus.blogspot.fr : le blog d'Arman Twazki, Franz Müller et Jens Möggel.
www.shredniks.de : le crew des snowboarders locaux, accompagnés de Philipp Herfort et Lukas Noak.
www.snowbuzz.net : le site de Willy Hendel et Lukas Schleupner.
www.freeride.cz : le skipass.com tchèque, en quelque sorte.