23ème Derby de la Meije

La météo exécrable de la veille a laissé place le jour de la course aux mêmes conditions que les 22 derbys précédents avec en plus du soleil, une chaleur digne d’un mois de juin qui permet à la neige de transformer rapidement et aux coureurs d’en lâcher davantage afin d’assurer le spectacle.

Le départ haut en couleurs et en nationalités donne le ton de la journée, la bonne humeur est de mise pour les 1100 coureurs parmi lesquels on trouve des bananes, des carottes, des vaches et même un énorme poisson… Premier avril oblige ! Il y avait aussi les originaux, en luge, parets, air boards, et VTT, j’en ai même croisé un avec un surf à chaque pied… parmi eux on notera aussi le run remarquable de Guillaume et Bruno deux jurassiens qui en 32 minutes finissent 1000ème sur la même paire de ski.

Ca va vite, très vite pour les meilleurs, tellement vite que les bosses qui trainent sur le parcours ne semblent plus exister pour ceux qui se font remarquer par l’absence de leurs virages, obligeant le spectateur à retenir son souffle et les talkies à s’affoler. Ils fondent sur leur objectif comme des météorites et mettent moins de 6 minutes pour rallier une arrivée placée un poil plus haut que d’habitude.

Pour les autres, ça tape, ça balance, ça brasse, il y a ceux qui gémissent, ceux qui s’arrêtent pour récupérer, les plus masochistes laissent échapper des râles dans un dernier élan de détermination, mais tous, quel que soit le chrono, admettrons avoir souffert jusqu’à regretter l’absence de baraques à cuisses.

Une fois les grimaces de souffrance oubliée et l’adrénaline retombée ce sont des visages béats que l’on retrouve dans la raquette d’arrivée, chacun raconte sa descente, tente d’évaluer sa position, dévoile sa nouvelle ligne d’enfer, ou commente ses déboires…  puis il ne reste plus qu’à faire une petite randonnée dans la forêt de mélèzes pour enfin se retrouver autour d’immenses tablées pour le repas. 

Les histoires de cette 23ème édition :

Au royaume des cuisseaux, les bras sont rois.

L’an dernier Alex, skieur assis, a cassé son fauteuil et n’a pas pu terminer la course, cette année il explose son ski sur une pierre, il est contraint une fois de plus d’abandonner… C’était sans compter sur l’esprit Derby, « un organisateur m’a filé un ski et j’ai pu finir la course » il termine dernier et monte donc sur le podium, la gorge nouée et les yeux brillants.

Le podium.

Parlons-en du podium, un bordel innommable, comme d’habitude ? Non non, pire encore ! Des bananes humaines qui se jettent dans le public, une séquence émotion avec une demande en mariage d’un lapin Duret qui fête ses 40 ans, sa 2Oème participation sa 11ème victoire en mono, la dynastie Meynet toujours scellée à l’estrade, sans oublier la répartie de Jacques Chaudan, grand vainqueur de ce Derby en 05:43.690.

Les héros (fatigués) du jour.

Ben et Pierre, « bloqués la veille à la brèche de la Meije par le mauvais temps et après une nuit improvisée au refuge du Promontoire nous sommes redescendus tôt ce matin par les Enfetchores pour rallier la Grave, récupérer nos dossards et prendre le départ de la course » 

Au-delà de la motivation.

Mercredi soir Michel, qui vit à Barcelone, reçoit un coup de fil d’un pote de paris, « on a une place pour le Derby ! ». Jeudi 6 heures du matin il décolle pour Lyon, loupe son bus et prend un train pour Grenoble mais loupe encore son bus. Pendant qu’on lui prépare une voiture de location, il trouve un médecin pour obtenir un certificat médical et se procure l’indispensable pack DVA pour finalement arriver le soir même à la Grave où il n’a jamais mis les pieds. Il sera le lendemain au départ de la course avec ses Salomon 2S d’il y a 20 ans !  

Les résultats complets :