Julie Bénard au SFR freeskiing tour : épisode 1

Le ski rime bien souvent avec blessure. Mais le moment qui précède l'impact (cette douce sensation d'impuissance quand on voit le nole sous nos skis, mais que l'on est encore bien haut! -ou l'inverse, quand le nole se rapproche dangereusement de vous!- Vous voyez parfaitement, non?) et la douleur qui s'en suit, sont-ils réellement les moments les plus durs d'une blessure ?

On a souvent tendance à oublier tout ce qui succède.. outre les rendez-vous chez les médecins, chirurgiens et autres kinésithérapeutes, il y a tout un travail sur soi-même dont on ne parle pas.

Julie Bénard en a fait la dure expérience. Le 22 Août 2009, lors des finales des Winter Games en Nouvelle Zélande, elle se fait une octuple fracture du pied (autant dire que son pied est en miette!). On lui annonce alors qu'elle ne pourra plus jamais skier. Après bon nombre de galères Julie revient de loin, et est finalement remontée sur les skis et a retrouvé toute sa forme!

Retour sur le SFR freeskiing tour de la Clusaz de Julie Bénard, décrit par ses soins.

"Le lundi précédent le SFR de la Clusaz, l'amie qui me soutient depuis le début, Caroline Clerc, m'a envoyé un message disant : "tu n as pas le choix mercredi je t'emmène à la Clusaz et tu fais le SFR tour!" J'avoue que je ne me sentais pas prête, la peur de la blessure prédominait. Mon retour sur les skis s'est fait durant le mois de Décembre sur le park des Arcs, un retour en douceur avant tout. Elle m'a finalement convaincu, me disant qu'on rigolerait bien, que si je ne le sentais pas je pourrais reculer, ne pas sauter, et qu'il n'y aurait pas de pression.

Départ la veille donc pour Annecy. Ma nuit fût plutôt agitée avec un mélange de stress et d'excitation comme à chaque veille de compétition. Arrivée sur le contest au petit matin, bizarrement je me sentais presque bien, je savais un peu au fond de moi que j'avais énormément travaillé durant toute ma convalescence, ne serait-ce que pour remarcher normalement, sans boiter. J'étais là, frskis à la main, des mois après ce nole qui avait tout fait basculer. C'était déjà une récompense, chaque saut est un bonus pour moi désormais.

1er run de training : trop court, donc premier nole depuis la NZ et tout a tenu ! Une première grosse surprise qui redonne une sacrée dimension à l'histoire amplifiant le sourire sur mon visage, sourire que je n'allais plus quitter de la journée sans le savoir.

La table était vraiment bien et après les trainings et les quelques runs de qualifs - dont une sacrée chute qui m'a au final plus fait rire qu'autre chose - je me sentais vraiment bien, je me suis vidée de toute la pression accumulée depuis plus d'un an. Un an de doute, de frayeurs, de solitude et de pleurs à ne plus savoir ce que l'avenir allait prévoir pour moi. Plus d'un an d'exercices, toujours plus durs les uns que les autres, plus d'un an de tension, tout ce temps passé a serrer les dents. Tout ça s' effaçait, je sentais mon corps se vider tout doucement.

La nuit tombée, la finale commençait et tout ce dont je me rappelle c'est ce "putain" de sourire aux lèvres et cette fabuleuse sensation de bien être : j'attendais en haut sereinement et impatiemment mon tour. Les deux runs se sont bien passés avec en bonus pour le deuxième mon premier 720 sur une table aussi grosse. Bonheur !

Moi qui croyait être venue juste pour regarder les autres, m' imaginant faire demi tour et rentrer chez moi tête basse...

Ce n'est pas grand chose pourtant : juste un 720 et un 540. En plus de la part d'une fille, il n'y a pas de quoi impressionner la foule face à tous ces garçons rentrant des tricks toujours plus énormes les uns que les autres. Cependant pour moi et tous ceux qui m'ont soutenu c'est un retour à la vie ! Pas seulement une victoire mais un énorme soulagement.

Je suis ressortie grandie de cette blessure et l'entrainement a repris de plus belle avec une féroce envie d'aller loin, très loin, le plus loin possible."

Merci à mes kinés Aurélie AMELINE et Jérome LEPAGE, mon préparateur Enak GAVAGGIO, ma soeur de coeur Caroline Clerc et tous mes amis sans qui je n'aurai pas été la ce fameux mercredi...