(Vidéo) Face nord de l'Aiguille du Midi

La fermeture des domaines skiables sonne le début d'une autre saison, bien propice ces dernières années : celle du ski de pente raide. Réalisée mi-mai, cette bande-annonce raconte une journée pas comme les autres : quatre itinéraires exposés enchaînés et filmés de l'intérieur. Son réalisateur, Seb Montaz, nous relate l'aventure…

"J’avais rangé les lattes depuis mi-mai, semelles nourries, crochets bouclés, basta ! C'est là que Vivian m’a appelé pour filmer le lendemain un enchainement de lignes qu’il matait depuis longtemps. Quatre voies à skis différentes dans la face nord de l’Aiguille du Midi dans la journée: Mallory, Eugster, Col du Plan, Couloir Ouest. Sa réputation le précédait : on m’avait parlé d’un “rider de goulotte”. Pas déçu ! Le gamin va dans cette face comme d’autres aux Grands Montets. Depuis un premier run au Mallory à 19 ans, il n’a cessé de trimbaler ces spatules dans ces lignes hiver après hiver.

Ce mois de mai neigeux est une bénédiction pour les skieurs de pente raide. Les températures douces du printemps ont fait grimper l’isotherme : la neige colle enfin au granite. Ces itinéraires de “l’Aiguille” sont rarement skiables au coeur de l’hiver. Trop froid, trop venteux, la face ne charge pas.

8h57 ce 18 mai, nous chaussons sur l’arête. Je pensais suivre le pote uniquement dans ce qui devait être le gros morceau du jour : la voie Mallory. Nous commençons par cette ligne. Les conditions sont majeures, “ça fend” comme dirait Vivian. Neige froide et accrocheuse. Les quelques passages de la veille ont dégagé les requins de surface, ces pointes de granites invisibles planquées sous la fraiche qui peuvent vous accrocher les carres. La chute est peu recommandable dans ces passages flirtant avec les 55°.
Le Mallory est un run varié et esthétique : sommet large et fluide, verrou rocheux aérien en dry skiing, belles lumières rasantes. Le passage de “l’écharpe“ dessine des goulottes linéaires très graphiques. Nous posons un premier rappel descendu ski aux pieds en fakie, comme la plupart des 12 rappels ce jours là. La headcam m’amènera des images originales de ces goulottes à skis que j’ai plutôt l’habitude de grimper.

Aujourd’hui, nous sommes tous de grands réalisateurs ! Du moins les avancées technologiques récentes peuvent nous y aider : caméras de casque HD aux prix divisés par 3, capteurs plein format surpuissants sur les DSLR, profondeur de champs minimales, grain maxi. La compacité des ces boitiers couplés aux objectifs stabilisés me permettent de shooter dans des lignes auparavant inaccessibles à une équipe de tournage classique.

C’est toute l’originalité de cette journée. La performance ici ne réside pas dans l’enchainement de quatre runs mais dans la possibilité de faire partager au plus grand nombre des images qualitatives dans des lignes peu ou pas shootées de l’intérieur. Vivian aurait largement pu skier six runs ce jour là, il en à les cuisses et la tronche. Le couloir de la Passerelle et le glacier Rond auraient pu tomber...

Mais nous skions pour le fun. Et le fun ce jour là c’était de ramener des images jamais vues. Les lignes s’enchainent : l’austérité du couloir Eugster, la pow pow jusqu’aux genoux au col du Plan et ses rappels gazeux. La glace bleue dans les passages trop raides du couloir ouest. C’est tout dans la boite, en photo et vidéo ! C’est dans cet esprit que nous avons pris le temps de filmer, pour en partager l’expérience.

Les nouveaux médias de partage nous ouvrent des horizons nouveaux : prises de vues la journée, montage le soir, uploadé dans la foulée. Nous sommes devenus des ski-bloggers !"

Les quatre films retraçant cette journée seront à découvrir à partir de fin juin.