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Première en ski BASE

Vidéo et itw en exclu : Matthias Giraud saute une falaise de 100 m à Megève.

article Megève

“Skiing the line that doesn’t go”, voilà comment Shane Mc Conkey résumait le ski B.A.S.E. jump : rider une ligne sans issue… Cela ouvre de belles perspectives mais à quel prix. Cette année a été particulièrement cruelle dans le milieu : Shane Mc Conkey, Eli Thompson, Ueli Gegenschatz…
Inconsciemment, le spectre du mauvais scénario trotte dans ma tête. Mais au fond j’ai hâte, c’est pas tous les jours que l’on part shooter un ski B.A.S.E. jump, surtout en France et avec un Français. Au programme : une première descente à ski et un premier ski B.A.S.E. jump sur l’épaule de l’Aiguille Croche située entre Megève et St Nicolas de Véroce.


Ski B.A.S.E. jump - Matthias Giraud - Megève

Matthias Giraud, un frenchie plus connu aux Etats-Unis qu'en France, est un drôle d’animal… Issue d’un croisement entre la Normandie, la Haute Savoie et l’Utah, il en résulte un freeskieur polyvalent doué de talents aériens incontestables et d’une joie de vivre à toute épreuve. Matthias Giraud débarque juste des Etats-Unis, son pays d’adoption depuis quelques années. Nous avons organisés ce ski B.A.S.E. à distance. Six mois qu’on en parle et c’est aujourd’hui le jour J. Matthias est super motivé de faire son premier ski BASE sur le domaine où il avait taillé ses premières courbes.

Durant les deux derniers Nissan Outdoor Games, j’ai pu m’imprégner de ce milieu si particulier où malgré le professionnalisme des athlètes, une ambiance très particulière règne sur le spot, un mélange de tension et d’excitation indescriptible avec ces athlètes qui ne sont pas des fous furieux mais des professionnels.

Aux aurores, toutes les conditions semblent réunies, grand bleu, vent nul… Let’s go !Après avoir perdu un temps précieux à cause d’une remontée en panne, on attaque la phase d’approche en ski de rando. Le ciel se couvre peu à peu, le temps presse. Malheureusement, nous avions mal évalué la durée de la traversée. Dernier cadeau : le vent a rempli les combes et dénudé les crêtes, la descente vers le « shooting spot » est critique, le sac vidéo est de plus en plus lourd, l’erreur est déconseillée.
Arrivée sur le spot, la météo a vraiment évoluée, c’est jour blanc, après tout ces efforts on est un peu dégoûté, mais Matthias est toujours à 200% ! On l’aperçoit là haut, seul sur la mince crête de l’Aiguille Croche. Etant donné la météo des derniers jours et l’accès difficile à la falaise, Matthias n’a pas pu venir repérer le bout de la falaise. Ce n’est pas un plongeoir mais un dôme qui se jette progressivement dans le vide, il va donc falloir qu’il arrive pression pour pouvoir suffisamment s’éloigner de la paroi. Il me demande quelques précisions sur la meilleure ligne à emprunter, la falaise est massive, la sortie parsemée de rocher, la tension monte et c’est à ce moment qu’on se dit qu’il en a ! Matthias fini d’inspecter son matériel et c’est parti…


-Tout est parti d’une résidence secondaire à St Gervais ?

-Oui, à un an et demi je chausse mes premières lattes. Je passe par toutes les étapes, à 14 ans, j’intègre le ski club de St Nicolas de Véroce et la classe sportive au collège de Warens à Passy (74). Après ça, j’ai complètement arrêté le piquet pour faire que du freeride et du freestyle. A 20 ans, j’ai l’opportunité de partir faire mes études dans le Colorado. Je débarque à Durango dans le sud-ouest du Colorado. En arrivant là-bas, Sven Brunso (une des légendes locales et pro rider chez Fischer, Oakley etc.) est devenu un de mes meilleurs amis et m’a pris sous son aile. Trois mois après, j’étais sponsorisé de la tête aux pieds, Super Frenchie était né !

-Tu t’es fait un nom de l'autre côté de l'Atlantique ensuite...

-J’ai commencé à faire le US Extreme Freeskiing Championships, les Colorado Freeride Series et l’US Freeskiing Open tout en skiant pour plusieurs photographes de freeride et chaines de télévision. En 2005, Sven m’a présenté Shane McConkey. Je pensais commencer le BASE jump et Shane m’a donné 2,3 conseils ainsi que Erik Roner et Jesse Hall. C’était assez bizarre de passer du statut de touriste à moniteur puis de rencontrer la crème du freeride et finalement faire partie de la tribu… Les Américains ont vraiment une super attitude au niveau du ski et dans la vie en général. Ils sont ouverts d’esprit et donnent une chance aux gens qui sont motivés et passionnés. Ce n’est pas un pays élitiste comme souvent en France.


-Comment en es-tu arrivé à te jeter en B.A.S.E. ?
-A Durango, la première montagne que j’ai vu était le versant sud d’Engineer Mountain situé entre Durango et Silverton. Personne n’avait jamais skié la face sud à cause d’une barre rocheuse de 110 mètres au pied de la montagne. Je me suis donc fixé le but d’effectuer cette première descente et d’utiliser un parachute pour la terminer.  Après avoir parlé avec Shane de mes projets, j’ai commencé la chute libre. En octobre 2007, après deux ans de pratique Jesse Hall m’a emmené au Perrine Bridge dans l’Idaho et m’a transmis son savoir!
On a envoyé neuf B.A.S.E. jumps le premier jour sur un pont de 140 mètres et après ça on a sauté une falaise de 100 mètres dans l’Utah. Ma carrière de BASE jumper avait commencée ! On a envoyé neuf B.A.S.E. jumps le premier jour sur un pont de 140 mètres et après ça on a sauté une falaise de 100 mètres dans l’Utah. Ma carrière de BASE jumper avait commencée.Je suis passé par toutes les étapes : antennes radio de 200 mètres, building en centre ville de Seattle, séjour au urgences... J’ai maintenant presque 170 sauts en BASE jump et j’en veux encore plus!
J’ai fais mon premier ski BASE sur Mt Hood dans l’Oregon en février 2008, c’était mon 21ème saut en BASE et aussi une première descente. Un mois après, j’ai finalement pu faire la première descente et ski BASE de Engineer Mountain. J’ai ouvert à 15 mètres du sol mais c’est passé. La vidéo est passé sur CNN et a été élue meilleure vidéo de l’année sur CNN Headline News. Les apparitions sur les plateaux de télévision se sont ensuite succédées.

-En tant que freeskieur, qu'est-ce qui t'as poussé vers le B.A.S.E. puis le ski B.A.S.E. ?
-J’ai toujours eu le désir de voler et je voulais commencer le BASE jump depuis que j’avais 9 ans après avoir vu le film Pushing The Limits. En tant que freeskieur, je pense que le ski BASE jump est une progression naturelle du freeride et big mountain en général. C’est l’occasion de skier des couloirs et des faces qu’on ne pourrait pas skier autrement. Je considère ça un peu comme un retour aux sources du ski, l’esprit d’aventure du freeride et du ski alpinisme. Après tout, le meilleur feeling en ski c’est de voler sur la neige, et bien maintenant avec un parachute de BASE on peut voler sur la neige et vraiment voler à travers les airs.
Ces deux dernières saisons, j’ai fais plusieurs premières descentes aux US qui étaient presque des projets de ski alpinisme avec une approche de 3-4 heures en peau de phoque, crampons, piolets... J’ai vraiment envie de m’orienter vers plus de ski alpinisme/BASE jump l’hiver et escalade/rando/wingsuit BASE jump l’été.


 -Comment te prépares-tu pour le ski B.A.S.E.: préparation physique, mentale, repérage, matériel...
-Le ski B.A.S.E. jump est indéniablement l’un des sports les plus dangereux au monde, il ne faut donc rien laisser au hasard. Au niveau de la préparation physique, je fais de la musculation, du cardio et des exercices pliométriques trois fois par semaines, beaucoup de rando, marche à pied pour accéder aux spots de BASE. Il faut pouvoir skier n’importe quelles conditions de neige sans dépenser trop d’énergie. Il faut rester relax. Si on stresse, on devient tendu et c’est facile de se planter… en ski BASE on ne peut pas se planter. Il n’y a pas droit à l’erreur. Il faut pouvoir rester relax. Si on stresse, on devient tendu, si on devient tendu, c’est facile de se planter… et en ski BASE on ne peut pas tomber ou se planter. Il n’y a pas le droit à l’erreur.
Côté repérage, je suis un grand fan de Google Earth, cela m’aide à calculer la hauteur des falaises, l’approche etc. J’utilise aussi un laser si je peux approcher la falaise d’en bas pour mesurer la taille exacte et bien sûr vérifier que c’est vertical ou qu’il n’y a pas de rebord à taper…
Au niveau du matos, je suis bien sûr très méticuleux quand je plie mon parachute. Concernant mes skis, j’utilise des skis assez fat pour rider la trafolle mais pas trop large pour éviter trop de résistance avec l’air quand je saute. C’est très facile de perdre l’équilibre, tomber de façon instable et se mettre les skis dans les suspentes, ce qui aurait une tournure dramatique. C’est la mort assurée… J’utilise des M999 Alu de chez Elan en 190cm.Finalement, il faut faire très attention à la météo, au vent, aux dangers d'avalanche…etc. Le matos marche toujours si on s'en occupe bien. C'est les éléments qui peuvent te mettre une grosse fessée !
 
-Les minutes précédents le saut, tu penses à quoi ?
-Avant de partir, je suis absolument terrifié. C’est le moment de se dire “Ok, tu as tout calculé, ça va passer. Concentre toi sur ce qu’il faut faire, soit prêt pour le pire, espère le meilleur”. Je me dis à chaque fois que ça peut-être le dernier saut de ma vie et que je dois être prêt à toutes éventualités. Une fois que j’ai mis mes skis, serré mes chaussures, attaché le harnais du parachute et replié une dernière fois mon extracteur, c’est le moment de faire le vide. Faire le vide est un terme assez vague. En général, j’essaye de me mettre dans un état de “zen”. Il faut penser à un moment heureux. Une fois que j’arrive à cet état de relaxation totale, je prends une grosse bouffée d’air et c’est le moment d’envoyer la sauce. Une fois que tu fais tes premiers virages, c’est juste un autre jour normal sur les skis et dans les montagnes à part qu’il y a une barre de plus de 100 mètres en bas.

-Quelle est la prochaine étape?
Le wingsuit. J’ai déjà une quarantaine de saut depuis des avions, parapentes ou montgolfières. National Geographic TV a filmé deux épisodes sur ma préparation au wingsuit BASE. Donc, ce printemps il sera temps de sauter des falaises. Je vais aller skier pour ESPN, Powder et le Ski Journal en Islande et Norvège en mai prochain avec Sven Brunso et Grant Gunderson donc je vais prendre le wingsuit et le parachute. Après ça, je vais passer par Lauterbrunnen en Suisse et Brento en Italie pour sauter quelques falaises.  Ce sera une expérience incroyable !

-As-tu d'autres projets de ski B.A.S.E en France, en Europe, dans le monde??
Au niveau ski BASE, j’ai plusieurs projets en cours :
-J’ai filmé deux jours avec Nimbus Independent l’année dernière et on va remettre ça à Mt Hood (photo à gauche, ©Richard Hallman) et commencer à faire du switch ski BASE ainsi qu’une première descente sur la face nord de Mt Hood depuis le sommet.
-Je vais retenter le premier ski BASE jump sur le Mt Rainer (plus haute montagne aux US après le Denali). On a essayé l’année dernière mais la météo était pourrie.
-Je suis entrain de repérer une ou deux descentes à très haute altitude dans l’Himalaya mais je ne préfère pas encore trop en parler.
-Je vais aussi aller faire quelques premières descentes près de Silverton au Colorado. Je voudrais aussi organiser la première compétition de Freeride ski BASE jump mais il n’y a encore rien de concret. On en parlait avec Shane McConkey…


-Après les multiples accidents survenus cette année quelles sont les répercussions dans le milieu?
-Ces deux dernières saisons, entre le ski et le BASE jump j’ai perdu six amis sans compter ceux qui sont passé aux urgences ces derniers mois. Ces disciplines vivent des moments très difficile. Mais cela fait malheureusement parti du jeu. Shane était un très bon ami, un mentor et ça disparition fut très difficile à accepter. Mais, nous sommes quelques ski BASE jumpers au monde et c’est notre devoir de promouvoir le sport de façon humble et professionnelle.
Je skie et saute beaucoup avec Jesse Hall, Miles Daisher et quelques gars de la Red Bull Air force aux US. Il est impératif de changer l’image du sport. Nous devons faire comprendre aux gens que c’est un sport qui demande beaucoup de rigueur et que ce n’est pas un suicide à retardement. Au contraire, le BASE jump est une célébration et un hommage a la vie !
Shane, Eli et Ueli étaient des pionniers du sports et poussaient les limites du possible mais il ne faut pas se focaliser sur l’aspect négatif du sport. Chaque année nous allons perdre des gens en BASE, comme en ski, en escalade, en parapente ou encore en cascade de glace mais il y a aussi des milliers de sauts parfaitement exécutés régulièrement. C’est ce côté du sport que je veux montrer au monde, comme la première descente et ski BASE sur l’épaule de l’Aiguille Croche cette semaine. C’est une approche scientifique et fun, pas un jeu de roulette russe…

34 Commentaires

Yannick Enorme...

Je l'avais perdu de vu celui là (on a sauté nos premiers rochers sur saint nicolas)...

Je comprends mieux pourquoi il ne skiait plus par chez nous!

Déjà dingue à l'époque, des back sur des kicks glacés, un trauma cranier en surrotation, et il remonte en faire un autre avant que les secouristes viennent le récupérer ! ;)

A+ par ici matt.
 

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coltrexe "Nous devons faire comprendre aux gens que c’est un sport qui demande beaucoup de rigueur et que ce n’est pas un suicide à retardement"

Les deux ne sont pas incompatibles
 

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wis Mathias, ben flo et moi on a décidé qu'il était temps de balancer de gros dossiers sur toi, parceque jouer sa star comme ca c'est plus possible...

Colin
 

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cyrille573 super... chapeau l'artiste, enfin, les artistes, parce que meme la monté en peau de phoque fait rever... :)
 

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un Alors çA c'est bien trop con pour figurer sur un site de ski comme SKIPASS.

Bravo et surtout remaquez u passage que ce pauvre gars en mal dd'exploit et de mediatisation fait rien de mieux que de se rapprocher de sa mort certaine..

Bravo et surtout changes rien
 

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titietgrosbidet Mouais... quand je vois dans l'intro le nombre de mecs qui se sont tués la dedans cette année (rapporté au nombre de pratiquants qui ne doit pas plafonner enfin toute précision est la bienvenue)... on doit arriver à un ratio flippant... 30 ans c'est quand meme court pour une vie
 

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sixcube Faudrait démocratiser le concept là... Ca permettrait de sauver le marché des bâtons de rando! (ou alors le rangement desdits bâtons est coupé au montage ;)
 

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brutus.sur.spatules "Il faut rester relax. Si on stresse, on devient tendu et c’est facile de se planter… en ski BASE on ne peut pas se planter. Il n’y a pas droit à l’erreur."

Parce qu'en Base Jump "traditionnel" on peut se planter ???
 

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malibuman J'ai beaucoup de respect pour ce skieur, mais je trouve qu'il prend beaucoup trop de risques pour tourner ce qui semble être une publicité pour ses sponsors....
 

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