Nimbus : interview d'Eric Pollard et Pep Fujas

Photo de couverture

Cliquez ici pour ajouter une photo de couverture, ou déposez la photo dans ce cadre. Si les dimensions sont supérieures à 2000x1045 pixels, la photo sera automatiquement redimensionnée.

L'image d'en tête sera affichée derrière le titre de votre article.
Cliquez ici pour remplacer la photo de couverture (2000x1045 pixels), ou déposez la photo dans le cadre pointillé.

Nimbus : interview d'Eric Pollard et Pep Fujas

Eric Pollard et Pep Fujas nous parlent de Nimbus, de leur dernier film, et du ski en général.

article Eric pollard

Nimbus Independant est de retour avec After The Sky Falls, filmé sur deux hivers. C'était l'occasion de s'entretenir avec Eric Pollard et Pep Fujas, deux des quatres skieurs à l'origine de Nimbus (avec Andy Mahre et Chris Benchetler). Nous avons aussi une tenue Dakine designée par Eric à vous faire gagner... 

After The Sky Falls - Nimbus - Teaser


L'avis de la rédaction :
un film, un webisode ou juste une vidéo de Nimbus est une valeur sûre. C'est aussi le cas de After The Sky Falls. C'est sur, quand on met le film en route on sait déjà un peu à quoi s'attendre, et ce n'est pas à du gros skiporn. On connait les mecs, ils font leur propre truc depuis Idea et ils le font bien. After The Sky Falls est un film de vacances, les vacances d'une famille dont on aimerait tous faire partie. Les images sont belles, les plans recherchés, le montage bien pensé et la musique colle parfaitement, le tout créant cette ambiance conviviale typique des Nimbus. Le niveau de ski est peut-être un peu moins engagé qu'il y a quelques années, mais ils sont toujours à des années lumières du commun des mortels. Sans aucune hésitation, on vous le recommande fortement. After The Sky Falls est disponible en Video On Demand sur Vimeo, Amazon et Itunes pour 12,99$.
  

Pep Fujas


- Qu’est-ce que Nimbus Independent exactement ?

- C’est une boite de production que nous avons montée il y a 8 ans maintenant. Elle a été lancée par Eric Pollard, Andy Mahre et moi-même. Chris Benchetler nous a rejoint l’année suivante. Nous voulions prendre du recul et créer notre propre identité à travers nos vidéos. C’était un bon moyen de continuer à faire ce que nous aimons, tout en laissant libre court à notre créativité et sans avoir qui que soit qui nous dise quelle direction prendre. Nous possédons une vision particulière du ski que nous essayons de faire transparaitre dans notre façon de skier, mais aussi dans notre façon de filmer, avec les angles que nous utilisons, les spots, etc. De même que dans notre façon de faire le montage vidéo. Que ce soit lors du montage ou bien en regardant le film ensuite, j'ai l'impression de me retrouver sur place à nouveau.

- Je vois. Est-ce que parfois tu regardes vos vidéos et films pendant l’été, pour faire passer le temps ?
- Oui ça m’arrive ! Il y a environ deux mois, j’ai regardé Contrast, de 2009, et je me suis rendu compte que j’avais complètement oublié ce film ! Et puis au fur et à mesure les souvenirs reviennent, et c’est génial.

Super Mario Pillow 

- Est-ce que tu participes au montage ?
- Eric fait la majorité. J’ai monté quelques petits projets, comme un segment pour Patagonia il y a deux ans. Mais globalement c’est surtout Eric qui s'en occupe car nous vivons à des endroits différents et éloignés. Il aime avoir le contrôle et c'est lui qui a les idées artistiques. 

- Est-ce que tu remarques des changements dans les dernières productions vidéo ?
- Oui, absolument. Chaque aspect de ce milieu est en train de changer, c’est dans la nature des choses : tout évolue, c’est normal. De nombreux riders se lancent dans leurs propres projets comme Kye Petersen et je trouve ça génial. Sean Pettit part aussi de son côté mais avec quelque chose de complètement différent, beaucoup plus axé cinéma, avec un scénario, etc. Et on a également des productions très artistiques en street avec Clayton Villa. Ils se sont tous investis dans leur propre production, c’est vraiment intéressant.

- Le format des vidéos a aussi pas mal raccourci...
- Oui c’est sur que les vidéos sont globalement plus courtes, et ça va de pair avec l’évolution de notre société : nous sommes en permanence à fond sur nos téléphones, nos tablettes, nos ordinateurs, à lire des articles, voir passer des publicités, le tout de plus en plus rapidement, ce qui fait que notre temps d’attention devient de plus en plus court. Mais en même temps, quand un film de ski est long, c’est dur d’aller au bout. En grandissant je regardais des vidéos de skate, elles faisaient 20 ou 30 minutes et à la fin, je n’avais qu’une envie c’était de les remettre au début et les regarder à nouveau ! Mais devant un film de 1h et demi, c’est plus difficile, à la fin on est assommé. Je ne sais pas si ça vaut le coup de faire si long : est-ce qu’ils ont vraiment autant d’images à mettre ? Ou bien est-ce que c'est une demande des sponsors qui imposent un certain temps d’image ?

[COORDINATES] - Nimbus


- Tu es un proskieur depuis plus de dix ans, est-ce que tu penses que les réseaux sociaux ont eu une influence sur le freeski et son évolution ?

- Je ne sais pas vraiment. Je pense que ça peut avoir de l'influence sur l’augmentation du niveau, ça permet aux gens de montrer aux autres ce qu’il font. Quand on monte skier, qu’on filme un tricks ou une action et qu’on le poste ensuite en ligne, d’autres vont se dire « Je peux faire ça moi aussi » et peut-être que ça aide à la progression de notre sport. Mais en même temps, il y a aussi une belle part d’illusion dans les réseaux sociaux : on ne montre que ce qu’on veut. Enfin il y a tellement de choses qui sont postées en ligne qu’on ne peut pas tout voir, on croule sous l’information. 

- Pour finir, est-ce que tu as déjà quelques projets pour cet hiver ?
- Oui, c’est bien sur encore en prévision pour une bonne partie de l’hiver mais j’ai déjà un trip au Maroc prévu en mars. Nous allons être pendant plusieurs jours dans des huttes et explorer les montagnes aux alentours. Pour le reste je suis en train de prévoir un trip en Alaska en camping pendant deux ou trois semaines, et un autre en Colombie Britannique en janvier où j’aimerais faire ce qu’on fait de mieux là-bas, skier dans les pillows et sauter des barres. Je suis également papa depuis peu, elle a trois mois et je pense que nous irons en famille grimper quelques jours sur Chamonix. Le reste du temps je serai chez moi en Utah pour divers projets. C’est fou mais l’hiver est vraiment court, ça passe tellement vite… J’espère arriver à tout faire. 

Eric Pollard



- Peux-tu te présenter rapidement ?
- Je m’appelle Eric Pollard, je suis un skieur professionnel depuis l’âge de 15 ans, et j'en ai maintenant 32. 

- Pep nous a expliqué ce qu'est Nimbus Independent, veux-tu rajouter quelque chose ?
- Nous voulions simplement avoir le contrôle de la création complète de A & Z. Nous avions des idées de webisodes et de films qui étaient différents des films de ski traditionnels. Nimbus m’a permis d'avoir une totale liberté de création. 

- After The Sky Falls est-il différent de vos films précédents ?
- Oui, il a une conception différente. J’ai imaginé le film comme une oeuvre d’art. Nous avons changé notre matériel pour des caméras R3D, dans le but de donner à notre travail la dimension qui correspondait au style que je voulais pour ce film. C’est aussi différent car c’est un projet réalisé sur deux ans plutôt qu’un de nos édits classiques tournés sur deux semaines. 

- Pep nous a dit que tu faisais le montage des films, peux-tu nous en dire plus sur la manière dont tu procèdes, comment fais-tu pour avoir ce style unique ?
- Depuis 2006, je passe tous mes étés à faire du montage vidéo, créer les images et graphismes et je travaille longtemps sur la post-production. Je traite chaque projet comme une oeuvre d’art à part entière, de la même manière que je le ferais avec une peinture. C’est un processus, tout comme peindre en est un. J’arrive avec une vision, je distille des idées dans une direction, j’établis les angles de prises de vue, je travaille avec les cameramen, nous filmons, et ensuite commence le vrai travail pour tout assembler. Le mariage de la musique avec les images est quelque chose qui me transcende complètement.

Four Day Season


- Tu n’es pas seulement un skieur et un créateur de films de ski, tu es aussi un artiste. Quand as-tu commencé à peindre ? Est-ce que c’est un hobby ou ça devient professionnel ?

- C’est un peu des deux, hobby et profession. Je vends mes peintures, mais je n’ai pas la chance de peindre très souvent. J’ai commencé à peindre quand j’avais 15 ans environ. J’adore la couleur et la lumière,  tout ce qu’il est possible « d’attraper » visuellement dans le monde. Je ne peux pas m’empêcher de voir la vie à travers cette sorte de lentille. Parfois je peins quelque chose qui m’a inspiré, d’autre fois je le filme, d’autre fois je le photographie, ce n’est que de l’art à chaque fois.

- Pour toi toutes ces activités sont liées alors ? Le ski, la peinture, la vidéo, la photographie…
- Ce sont des moyens d’expression différents, mais ils sont parallèles. On revient sur le processus dont je parlais par rapport au montage, les moyens sont différents mais le processus est similaire à chaque fois. Skier est pour moi le meilleur de moyen de m’exprimer. La peinture et les films le permettent aussi, donc combiner le tout ensemble est juste fantastique.


Quelques peintures d'Eric en vente sur son site, dont certaines ont inspiré des topsheets de skis Line


- Est-ce que tu as toujours peint ou dessiné les décos de tes skis ?

- Oui. J’aime beaucoup imaginer et créer les différents design des skis. Ce que j’aime le plus peindre, ce sont les topsheets. J’adore le ski, j’adore les skis, et imaginer des designs pour eux est un grand plaisir. J’ai commencé à faire ça vers 15 ans, en même temps que la peinture. Le premier dessin que j’ai réalisé était un airbrush à l'époque du lycée. A ma connaissance, c’était le premier dessin qui s’étalait sur deux skis. Quand j’étais petit, les décos des skis étaient les mêmes sur chaque ski, le gauche et le droit. Ca me rendait fou, alors j’ai peint mon propre topsheet. L’équipe de Line a vu le dessin que j’avais fait quand ils sont venus chez moi en Oregon, et ils ont proposé de faire un vrai graphisme pour des skis. Depuis, je dessine tous mes topsheets.

Quelques topsheets de promodels d'Eric qu'il a dessinés, Sir Francis Bacon, Pollard Opus et plus récemment le Mordecai


- Qu’est-ce que tu penses de la production de vidéo de ski actuelle ?

- Je suis assez éloigné de tout ça, ce n’est pas un monde que je côtoie beaucoup. Certes j’adore les films de ski, et j’en regarde énormément. Mais le milieu et tout ce qui va avec, je m’en suis un peu retiré, et pas seulement le ski : le monde de l’art, du surf, du snowboard également. Ce sont des univers dans lesquels je vis, et avec lesquels je me sens à l’aise, mais quand j’en suis trop entouré, trop souvent, j’en deviens malade. 

- Comment est-ce que tu arrives à gérer ta vie de famille et ta vie de skieur professionnel ? Est-ce que c’est difficile ?
- C’est incroyablement difficile. Je fais de mon mieux pour partager mes expériences avec ma famille. Je les emmène partout là où je peux le faire. Nous avons voyagé énormément ensemble. Je n’aime pas du tout être loin de ma famille et ça ne me semble pas juste, mais parfois il le faut. C’est l’équilibre le plus difficile que j’ai eu à faire dans ma vie : je fais de mon mieux pour être sur que je peux à la fois skier et en même temps être avec famille et être là pour eux. Être père est une immense responsabilité, et je veux faire mon maximum pour l’assumer.

Compass: RUSSIA


- Est-ce que ton accident* en Russie a changé ta façon de skier ces deux derniers hivers ?

- Oui, depuis cet accident il est beaucoup plus difficile pour moi de skier. Mon pied est partiellement paralysé et mes orteils le sont complètement. J’ai du me faire une chaussure de ski spéciale pour pouvoir utiliser la partie haute de ma jambe, celle qui a été blessée. 

La jambe d'Eric, atteinte d'un syndrome des loges, a été opérée une dizaine de fois

La convalescence a été très longue. Beaucoup d’émotions : ré-apprendre à marcher, ré-apprendre à skier, et immédiatement me blesser à nouveau. J’ai cassé à nouveau ma jambe à peine quelques semaines après avoir récupéré de ma blessure ! C’était horrible. C'était pendant la première semaine du deuxième trip de l'hiver 2013-2014, j’ai fracturé ma jambe au milieu des montagnes de Colombie Britannique, à une cinquantaine de kilomètres de toute civilisation. J’étais dévasté, ça m’a vraiment fait retourner à la case départ. Je venais juste de commencer un ambitieux projet de film sur deux ans et j’ai ainsi manqué toute la première année de tournage… J’ai été blessé pendant 8 mois, donc l’hiver passé, 2014-2015, c’était la première saison où il m'était possible de skier pour de bon. C’était un challenge pour moi de skier comme je skiais avant, car j’avais évidemment très peur de me blesser encore. Et je souffre beaucoup quand je ride. J’ai encore de vives douleurs dans le pied à cause de la paralysie, je dois apprendre à vivre et faire avec. C’est une expérience folle, qui a changé ma vie. 


*Eric s’est cassé le tibia en Russie en février 2013. Son assurance n’étant pas suffisante pour le couvrir complètement en Russie il a du attendre 48h sans aide médicale, le temps de réunir les papiers nécessaire à son transport et hospitalisation. Une fois hospitalisé en Allemagne, les médecins ont mis du temps à réaliser qu’il avait  développé un syndrome des loges, une sorte d’asphyxie d’une partie d’un muscle. Il a été opéré une dizaine de fois au total.

Jeu concours Dakine


Pour fêter la sortie de son film, Eric Pollard vous propose de gagner un de ses ensembles veste et pantalon ! Le jeu prendra fin mercredi 21 octobre à minuit, et nous ferons un tirage au sort parmi les bonnes réponses. Les données que vous remplissez ne seront utilisées que pour contacter le gagnant à la fin du concours. Bonne chance !

L'ensemble Dakine à gagner, veste Wyeast et pantalon Troutdale, designés par Eric Pollard

Ce jeu est terminé depuis mercredi 21 octobre 2015 23:59. Rendez-vous sur l'accueil des news pour le prochain.

11 Commentaires

Storm_Freerider Très bonne interview. Lorsque l’on apprécie un tant soit peu les films de Freeski et le parcours de Nimbus, on s’aperçoit tout de suite de la splendide touch artistique typique de Pollard qui entoure la qualité de leurs montages et la parfaite harmonie de la musique avec l’époque visée. Je me demande cependant si CBC continue de faire des projets avec eux.
 

Connectez-vous pour laisser un commentaire

Mathouf74 attention Loïc, il y a pas mal de coquilles ! Et la transition "blessure grave / jeu concours" est un peu brutale ^^
Pour le reste c'est un très bonne interview. Deux légendes du ski, c'est toujours cool d'avoir de bons entretiens avec des gars comme ça... Au final c'est juste incroyable que Pollard continue à envoyer après ce qu'il a connu il y a 2 ans !
 

Connectez-vous pour laisser un commentaire

capsoner C'est un crime de ne pas mettre le topsheet du SFB 2012 ! The best ever !
KillaWhale Ca a été très, très dur de ne sélectionner que six topsheets... J'aurais du en mettre 9, voire 12 !
capsoner En dehors de ça l'article est très intéressant, je suis complètement fan d'Eric Pollard, autant de l'artiste que du skieur. Thumbs up!
 

Connectez-vous pour laisser un commentaire

mere_michele_prod Des légendes vivantes ces mecs !
Je suis particulièrement fan de l'artiste que représente Mr Pollard !
Merci pour l'itw Loic !
 

Connectez-vous pour laisser un commentaire

ThanosEA Les deux sont justes exceptionnelles mais Eric Pollard est vraiment un artiste, ses topsheets sont magnifiques
 

Connectez-vous pour laisser un commentaire

capsoner L'interview était faite comment du coup ? Skype ? Phone ? ou tu l'as rencontré ?
KillaWhale Celle de Pep autour d'un café au High Five, celle d'Eric par mail il était en vacances à Mexico à ce moment là :-)
 

Connectez-vous pour laisser un commentaire

giettset moi j'aimerais savoir que fais Andy Mahre? Est-il encore dans le groupe?ski-t-il encore?
 

Connectez-vous pour laisser un commentaire

 

Connectez-vous pour laisser un commentaire

.