BDTV Episode 1 : One Seven Eight

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BDTV Episode 1 : One Seven Eight

Premier épisode de BDTV, One Seven Eight : "Trouver un équilibre"

article Black diamond

BDTV est le nouveau projet vidéo de Black Diamond, une websérie de trois épisodes diffusés cet automne. Après un trailer alléchant, le premier épisode vient de sortir et nous emmène dans les zones désertiques du centre-ouest de la Suède, et plus précisément dans le massif du Sylarna, pour suivre Henrik Westling.

BDTV S1 - Episode 1 : One Seven Eight, Trouver un équilibre


Comme les Aiguilles de Chamonix ou les Needles en Californie, le Sylarna tire son nom des gendarmes effilés qui parsèment l’itinéraire. Le terme suédois “syl,” signifie “alêne” en français (un poinçon servant à percer le cuir), une métaphore qui évoque de manière abrupte et réaliste la culture locale et l’ardeur au travail des Suédois.

Dressant ses arêtes rocheuses et neigeuses à la frontière de la Suède et de la Norvège, la traversée du Sylarna est l’une des courses les plus emblématiques de Suède. Randonnée très prisée l’été, ce massif révèle, à la saison hivernale, un caractère plus austère. Soumis aux influences de la mer de Norvège, celui-ci est balayé par la brume et les vents violents et son relief se couvre de champignons de glace.

Mais ce jour-là, la météo sourit à Henrik Westling tandis qu’il gravit l’épaule du Templet, la première difficulté de la traversée. Stabilisé sur ses pointes avant, l’ancien skieur professionnel grimpe avec une confiance affirmée. À 42 ans, il a la corpulence mince et dense d’un pratiquant de trail running et ses 30 années d’expérience dans ces montagnes y sont pour beaucoup dans son allure régulière. Deux jours plus tôt, Mattias Skantz et lui sont devenus les premiers à avoir skié l’intégralité des sommets des comtés du Jämtland et du Härjedalen. Cent soixante-dix-huit au total, et un petit nombre réalisé par beau temps.

Du haut des arêtes du Sylarna, le paysage n’est que vastes étendues désertiques et inexploitées, un panorama qui confère encore plus de solennité à la première d’Henrik et Mattias. Ce coin de Suède centrale a des airs d’Alaska si l’on considère son échelle : ce qui semble être une petite marche exige souvent plusieurs heures de randonnée pédestre soutenue. Sans arbre pour nous fournir un repère visuel ou de routes pour garantir un accès, il est difficile d’imaginer l’ascension à vue des nombreux sommets, et de bien d’autres par-delà l’horizon.

La partie centrale de la Suède est immense, méconnue et, selon les statistiques, désertique. Les comtés du Jämtland et du Härjedalen s’étendent sur plus de 45000 km carrés, c'est-à-dire environ la superficie du Vermont et du New Hampshire réunis, et leurs sommets sont d’une altitude similaire. Pourtant, à l’exception de la capitale du comté Östersund et de la station de ski Åre, la civilisation n’est présente que timidement le long des quelques axes routiers principaux.

“Le ski ici, c’est un peu comme le foot en Europe” dit Henrik en évoquant la culture du ski à Östersund, la ville où il a grandi. “Lorsque j’étais enfant, on parlait de faire un virage comme quelque chose de ludique, de la vitesse, des sensations. Passé un temps, je me suis mis à aimer cette façon de pouvoir quasiment peindre la montagne en y laissant ses traces, de choisir de belles lignes et de voir comment elles s’intègrent à la montagne.” Sa décision était prise : le ski serait sa vie.

Après son service militaire, alors âgé de 19 ans, Henrik entreprend de se consacrer au ski à plein temps et enchaîne les saisons d’hiver d’Åre à Whistler Blackcomb en passant par Alta, dans l’Utah. “Je n’avais pas idée de la liberté que j’avais à l’époque”, constate-t-il, “jusqu’à ce que j’ai cet accident”. “On avait skié en hors-piste toute la journée”, se souvient-il, “mais la météo n’était pas très bonne. Alors on a fait un quarter pipe sur le domaine skiable d’Alta et on a essayé de faire un saut qui dépassait mes capacités.” Henrik atterrit sur un tronc d’arbre cassé, dissimulé sous la neige. Se réceptionnant sur le flanc, il se transperce la poitrine. Bilan : plusieurs côtes fracturées et un poumon perforé.

“Je me suis retrouvé dans un hélicoptère, dans un état critique. Une grande quantité d’air s’échappait de mes poumons et se répandait partout dans mon corps. J’ai crû que c’était la fin de ma carrière de skieur.”

Après son accident, Henrik rentre à Östersund. En quête d’un projet pour assurer son avenir, il achète un des magasins outdoor locaux, Naturkompaniet (Nature Company). “Je me suis dit que si je travaillais dur pendant quelques années, je pourrais reprendre le ski à ma façon.”


Pourtant, même avant l’ouverture des portes du magasin, ce projet s’est mis à envahir la vie d’Henrik. Décidé à faire du magasin une réussite, il passe de plus en plus de temps dans l’étroite arrière boutique. Rivé aux catalogues de produits et aux bons de commandes, il perd le contact avec le milieu naturel. 

“J’avais l’impression d’étouffer entre les murs,” se souvient-il. Au bout d’un an, il fait un burn-out, souffre de crises d’angoisse, est dans l’incapacité de dormir une nuit complète. “Il fallait que les choses changent,” confie-t-il, “c’était impossible de continuer comme ça.”

La solution, décide-t-il, passe par un changement radical de sa façon de s’investir dans un projet. “J’ai décidé que nous ne devions plus travailler à temps plein dans ce magasin. Il est plus important de vivre plus modestement et de pouvoir reskier.” Ils sont donc passés à mi-temps sur le rythme suivant : une semaine de travail au magasin, une semaine de sorties en montagne. Aussi bizarre que cela puisse paraître, cela a fonctionné : la santé d’Henrik s’est améliorée et les affaires du magasin également. “Nous avons rencontré tous nos clients en montagne,” constate-t-il, “et nous avons compris ce qu’ils attendaient, et ce dont ils parlaient lors d’une randonnée à ski ou dans une voie. Nous avons changé les produits présents dans la boutique. Après cela, les ventes ont décollé.”

Disposant désormais de plus de temps pour réfléchir, l’idée d’un nouveau projet commence à germer dans l’esprit d’Henrik. Saison après saison, il prend conscience qu’il fait et refait les mêmes sommets tous les ans. “Au lieu de répéter les mêmes ascensions, j’ai décidé d’essayer de faire chaque fois un nouveau sommet.”

L’idée de faire à ski tous les sommets du Jämtland et du Härjedalen n’était pas celle d’Henrik à l’origine. Ayant grandi dans la communauté de grimpeurs d’Östersund, Henrik a été encadré par un ancien grimpeur, Carl Wiström, qui avait un projet personnel : en 2007, Wiström fut le premier à réaliser l’ascension estivale de chacun de ces sommets. “Après cela, il m’a dit qu’il fallait que quelqu’un accomplisse la même chose en hiver.”


Comme il avait fallu 30 ans à Wiström pour réaliser l’ensemble des ascensions, Henrik imaginait qu’il mettrait autant de temps. Mais en 2009, il commença à creuser le sujet. “J’ai acheté des cartes topo de tout le Comté,” se souvient-il, “et j’ai localisé avec une épingle chacun des 178 sommets.” Une épingle rouge pour les sommets les plus connus qu’il avait déjà gravis (environ 25). Une épingle verte pour le reste.

Chaque sommet a représenté un défi différent. Certains, comme le Sylarna, étaient plus techniques. Des ascensions plutôt faciles se sont compliquées en raison des mauvaises conditions météo : Henrik se trouvait quasiment bloqué dans Väjrakliehpie (1036 m) lorsque les piles de sa montre et de son téléphone l’ont lâché, le laissant dans un jour blanc sans GPS. Pour d’autres sommets, seule l’approche s’est avérée difficile. Le sommet le plus septentrional du Jämtland, Sandfjället (1230 m), nécessite une approche longue de 40 kilomètres à l’aller comme au retour.

“On s’y habitue au bout d’un moment,” confie Henrik à propos des approches longues. “Il suffit de faire son sac et de se mettre en route. En mettant un pied devant l’autre, on finit par y arriver, tôt ou tard. Seize heures, ça peut paraître long, mais il y a bien des gens qui travaillent 16 heures par jour, et c’est probablement plus fatiguant que de marcher. J’aime me sentir seul, le silence et le temps propice à la réflexion.”

Si Henrik a réalisé la majorité des ascensions en solitaire, il a souhaité pour le sommet final que l’accompagnent toutes les personnes qui ont œuvré à la réussite de ce projet. Ayant choisi Blåuhammeren, une randonnée assez facile avec un refuge bien équipé à proximité, il a convié famille, amis, collègues et partenaires de ski à venir faire la fête. Henrik et sa compagne Matilda se sont relayés pour tirer un traîneau dans lequel était emmitouflé leur fils Mio. Et une fois au sommet, Henrik et Mattias Skantz ont fait sauter le bouchon de champagne pour fêter l’événement.

“L’idée de ce projet, c’était de découvrir des choses nouvelles,” affirme Henrik le lendemain. “Mais on peut aussi se trouver soi-même. Je suis différent de celui que j'étais il y a 6 ans.”

5 Commentaires

Uluwatu Pas mal, pas mal. Plus de photos n'aurait pas été de refus... Les 3 premières sont folles !
 

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Bast24 Très belle vidéo. Et belles montagnes :-)
C'est marrant, au final, il y a à peine quelques secondes de ski dans la vidéo..
 

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