Iraitz - Le Basque de la Grave

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Iraitz - Le Basque de la Grave

Vivre dans son camion et skier.
article La grave

Il n'y a pas que les proriders qui sont passionnés de ski ! Nous voulons vous présenter des personnes qui vivent la montagne à leur manière, que ce soit un métier ou non. Après Fransec le pisteur-secouriste, nous suivons aujourd'hui Iraitz, un aspirant guide qui skie à la Grave tout l'hiver et vit dans son camping-car.  

J’ai décidé de devenir guide et de préparer les courses parce qu’être en montagne ça me permet de me connaitre moi-même, ensuite simplement pour le plaisir. La montagne, même si elle semble inerte, possède une énergie qu’elle peut nous transmettre. Et elle me donne beaucoup d’énergie. Evidemment quand je commence à raconter mon mode de vie en parlant de ce transfert d'énergie, les gens me prennent pour un fou. Mais une fois là-haut, quand je les emmène, ils comprennent. Quand tu travailles comme guide la première sensation c’est que physiquement, c’est super fatiguant. Ensuite avec l’expérience et l’habitude, on travaille généralement à un niveau de pratique inférieur au sien, ce qui permet d’être plus tranquille. Cependant la fatigue devient morale, à cause du stress que l’on ressent pour notre client. Même si on a son contrôle par la corde, on a pas le contrôle de son mental et on ne sait pas comment il va réagir dans certaines situations.

Mon premier contact à la Grave c’était Bruno Florit qui tient un magasin, c’est un très bon ami. La première fois de passage ici, je lui ai demandé ses coordonnées parce que l’endroit me plaisait bien, avec l’idée de revenir plus tard. J’ai vu avec l’usine où je travaillais si je pouvais prendre un congé d’un an, sans salaire bien sur, et ils ont accepté. Je suis donc revenu vers Bruno pour qu’il m’aide à m’organiser. Il y a une petite anecdote là-dessus, à l’époque je ne parlais pas bien le français et l'anglais, et j’ai compris qu’il fallait se couper les dreadlocks pour venir à la Grave parce qu’apparemment c’est plutôt mal vu… J’ai halluciné un peu mais comme c’était mon rêve, je voulais tout faire pour le réaliser et donc je me suis coupé les dreads… Une fois ici en arrivant à la gare d’arrivée à 3200m je croise au moins cinq ou six personnes avec de grosses dreads, et là je me suis dit « Mais en fait peut-être que Bruno il n’avait pas dit ça… » Au moins ma mère est très contente maintenant !

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Skibum

Un skibum pour moi c’est quelqu’un qui fait tout son possible pour être le plus souvent sur ses skis. Il est prêt à faire n’importe quoi, n’importe quel boulot pour skier. Ce boulot c’est souvent pendant le reste de l’année pour être libre l’hiver. Sa vie, son boulot l’été, tout est dans le but de skier. Et de cette manière tu peux faire 130 jours de ski ou plus dans la saison. J’ai pris la décision d’habiter dans un camion parce que je bouge souvent un peu partout et je n’ai pas assez de temps pour travailler au même endroit et payer un loyer, du coup j’ai la liberté d’aller où je veux, je ne suis pas attaché à un endroit. Je travaille cinq mois l’été en Norvège, puis à l’automne je descends parfois chez moi pour grimper et rester avec ma famille et mes amis, du côté de Saint-Sebastien au Pays Basque espagnol. 

Habiter dans le camion ça me permet d’économiser de l’argent, je ne paie pas de loyer car ça ne me servirait à rien. Donc je reste comme ça. Pour moi l’important c’est de pouvoir faire ce que je veux. Pour le matos je suis un peu aidé par deux marques dont K2. C’est très cher le matériel, et quand tu passes 220 jours par an dans les montagnes tu casses beaucoup de matos, et tu en as besoin… Pour moi maintenant c’est ma vie, c’est mon outil de travail, mon outil de vie. A côté je n'ai pas de vélo, pas de moto, juste du matos de montagne et j’ai Turtur. Turtur c’est mon camion, je l’appelle comme ça car il fait tur-tur-tur-tur-tur-tur. Un petit moteur qui demande beaucoup de patience pour aller à un endroit... Je dis toujours que j’ai une petite maison mais avec une grosse terrasse dans les endroits que j’aime. Mon appart fait pas beaucoup de mètres carrés mais dehors le terrain est infini ! 

Iraitz - Le Basque

Le Basque

Le Pays Basque j’y ai toute ma famille et mes amis, mais surtout j’en ai la culture et la langue. Je suis basque, j’y suis attaché simplement j’en suis fier. C’est dans le coeur. D’ailleurs tout le monde m’appelle comme ça. Ca a pris un peu du temps ! Au début c’est « Eh l’espagnol !» et moi je répondais « Non c’est le basque ! ». Sur le papier on est espagnol mais dans le coeur on est basque… Nous les Basques nous sommes plutôt fermés. Dans le sud c’est complètement différent, en cinq minutes on devient meilleurs amis. Après, tu peux te fier ou non… Et les basques c’est plus fermé, mais quand c’est ouvert c’est vraiment un ami, c’est une meilleure amitié. Et là-bas en Norvège, c’est pareil. Tu mets un mois et demi pour dire bonjour à une personne. Doucement tu les travailles… Et après ça marche. 

C’est pas évident de se faire accepter, c’est dur. Tu te sens seul parfois… L’unique contact que j'ai avec les gens c'est dans les montagnes. Après je vis dans le camion, dans les parkings, dans les petites villes et je n'ai pas beaucoup de contact. Pour une ou deux soirées oui, dans les parkings. Mais après ils partent, et ce ne sont pas des amis. Mes amis ils habitent loin. J’ai choisi une vie assez solitaire. Ma famille me manque beaucoup. Vraiment, c’est difficile. Mais pour le moment, dans la balance, les montagnes sont les plus fortes. Et ça marche comme ça. Parfois, c’est dur… Mais pour l’instant pour moi, ça marche de rester comme ça. Quand je descend dans les vallées, je suis le plus heureux ! Je peux transmettre ce bonheur. Et parfois je suis en bas au fond de la vallée ou en plaine, et c’est un autre ami qui me le transmet.


Le troc pour vivre

Pour l’hygiène j’ai beaucoup d’amis ici et ils me prêtent la douche. On fait du troc, je rends un service : si un ami est moins bon que moi en montagne, je lui demande où est-ce qu’il voudrait faire un sommet ou une voie, et je l’emmène. Dans l’école espagnole j’ai le droit de travailler, mais ici non en tant qu’aspirant. Donc je fais de la montagne avec mes amis, je les emmène et en échange ils me laissent prendre la douche ou faire une machine à laver. Je fais de la montagne avec tout types de personnes. De temps en temps c'est moi qui apprend car il y a beaucoup de skieurs et montagnards très forts ici. Et d’autres fois j’emmène les gens avec moi pour essayer de faire ce qu’on m’a appris. Parfois je cherche des gens très forts, parfois des gens moins forts. Pour équilibrer un peu. On ne fait pas que des trucs extrêmes. Faire des sorties sans le stress, tranquille, c’est bien aussi. Une descente sympa avec les amis, sans faire une grosse aventure.

Et comme ça, je fais du troc, ça marche beaucoup ici. Je ne suis pas très bon avec les papiers, les paperasses, tout ce qui est compliqué. Je suis simple. Je suis bon avec mes mains pour travailler, et donc j’échange des services, contre de la nourriture, du matos de montagne, etc. C’est comme ça que tu peux vivre sans argent ou peu d’argent. Comme aujourd’hui je sors sans aucune monnaie dans la poche ! Parfois tu bois un coup dans un bar et tu te dis merde, j’ai pas d'argent ! Alors tu reviens un autre jour et tu lui nettoies la terrasse par exemple, ou tu viens la déneiger, etc. Moi je te donne ça, toi tu me donnes ça, et voilà. Je trouve ce rapport très intéressant. Parce que ça c’est la simplicité de la vie. Et c’est pas mal la vie comme ça. Simple.

Iraitz - Le Basque

Vivre pour la montagne 

Grâce à la montagne je peux me chercher moi-même, c'est-à-dire apprendre à me connaitre. Parfois tu as des situations compliquées, fortes, avec beaucoup d’adrénaline. C’est bien d’apprendre comment rester concentré dans ces situations. Ca me sert dans ma vie ensuite, c’est un bon entrainement. Grâce à ça on se connait mieux, on connait mieux ses limites, et on a un autre rapport avec ce qui nous entoure. C’est ce qui me rend heureux. Ca permet aussi d’expliquer mon mode de vie. Parce que quand je raconte mon mode de vie, les gens pensent que je suis fou. Mais après quand je montre ça, quand je les emmène là-haut, ils comprennent mieux ensuite ce que je raconte : ils ne pensent plus que je suis fou. Mais à la fin de la journée ils redescendent à la ville et ça y est c’est fini, c’est oublié. 

Je ne sais jamais ce que je vais faire plus tard. J’ai mon chemin, mais dans ce chemin je ne vais pas tout droit, je vais essayer des trucs à droite et à gauche. Je vais essayer ce travail. Wow j’aime pas. Je vais aller essayer autre chose, je suis ouvert pour essayer tout. Pour moi pour l’instant ma direction, mon objectif c’est de devenir guide. Peut-être qu’un jour je trouverai un truc plus intéressant que guide, et je changerai. Je suis beaucoup ce que mon corps a envie de faire. J’ai appris ça avant, quand j’étais plus jeune. En tout cas, je sais ce que je ne veux pas : retourner à l’usine. Je vais faire tout mon possible pour ne pas y retourner. Un jour si rien ne marche et que je dois y retourner, bah je le ferai. Mais j’aurais essayé. Je resterai calme parce que j’aurais essayé. Et pour l’instant en tout cas ça marche. J’ai eu de bonnes galères parfois, de très bonnes. Mais même comme ça j’aime cette vie. Parfois c’est compliqué, dans le froid du camion, tu te poses des questions. Je pense que beaucoup de gens ont peur de ce genre de vie parce que tu n’as pas de lendemain, tu ne sais pas ce qu’il va se passer. Beaucoup de gens me demandent « Qu’est ce que tu vas faire demain ? » et je réponds que je ne sais pas. On verra !

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16 Commentaires

laurent13 Bien filmé & authentique, pas de sponsors à gogos ou de gopro machin juste un passionné quoi sympa ce reportage, ca donne envie de rider avec lui & de se boire une bonne bière après
 

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ak Iraitz, il est toujours de bonne humeur et toujours Heureux de skier... quelles que soient les conditions...
On a aussi Lars qui est comme ça ;-)
D'ailleurs Lars mériterait son article ici :-)
 

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dubwiser C'est vraiment chouette ces petits articles! Le ski ordinaire, simple, mais passionné!
 

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