C’est la montagne qui décide !

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C’est la montagne qui décide !

Retour sur une grande semaine alpine et épique
article Hautesalpes
yrlab
Texte :
Photos :
Aurélien Labry, Nico
Cet article est issu du mag communautaire skipass.com, dans lequel les membres de notre communauté peuvent partager librement leurs plus belles histoires de montagne. Publiez la votre !

Saison blanche ou pas, je souhaitais poser les spatules sur quelques massifs alpins cette année. Besoin d’un pèlerinage annuel. Nous avons bien failli passer la frontière pour rendre visite aux helvètes mais non. Et ce sera encore beaucoup de montées pour quelques descentes ! Début mars, mon ami grenoblois organise avec sa bande de barbus aficionados de La Grave-La Meije, 5 jours au cœur du massif des Ecrins. L’objectif est de se hisser jusqu’au refuge des Ecrins (3170m) et d’aller scorer en étoile quelques itinéraires incontournables comme le dôme des Ecrins, Roche Faurio, Barre Noire.. Monter par tous les moyens mais surtout rider de belles pentes pour résumer le cahier des charges.

Retour à la source


Vendredi 19 mars 

Il est l’heure de quitter la capitale béarnaise sous un temps exécrable pour Grenoble. Il neige fort sur les Pyrénées Ouest, il est attendu entre 30 et 50 cm.. Cette semaine-là, les Alpes du Nord ont été copieusement servies de grosses couches de cristaux. Peu de temps après avoir pris la route, le sud de Toulouse commence à blanchir, les flocons sont bien présents et l’autoroute est en cours de salage ! Avant les 5 jours prévus dans les Ecrins, retour à la station des 7 Laux, histoire de retrouver les potes-riders-locaux-monomaniaques du spot. 

Pour moi, c’est un peu comme pour le saumon : revenir à la source qui a donné naissance à ma passion pour le freeride et retrouvé les pentes où j’ai préparé mes premières randonnées avec ou sans skis. Le coucher de soleil sur Grenoble vu depuis Prapoutel m’émerveille toujours autant.


Samedi 20 mars, 8h00 - Préchauffage

Les potes sont presque à l’heure, un fond bleuté commence à contraster les mélèzes bien chargés. A 1300 mètres, la neige est restée poudreuse. L’affluence n’est pas la même que dans les Pyrénées, nous sommes dans les premiers groupes à se diriger au col de Pouta mais derrière, le nombre de randonneurs est impressionnant, faut pas traîner pour échapper à tous ses wagons. Après un bon 1100 m de dénivelé, il est temps de profiter de quelques courbes bien grasses et fumantes. La mer de nuage monte inexorablement pour se caler vers 2200-2300 mètres. 

Midi, les autochtones doivent retrouver leurs familles et me laissent en plan. Les jambes ne peuvent se contenter de cette échappée matinale alors repeautage pour une remontée dans le bon vallon de Bédina histoire de voir si le manteau est plus blanc. La seconde ascension sera stoppée à la limite de la visibilité et permettra de bien finir le test d’une toute nouvelle paire de ski. 15km pour 1850 D+

Jasse et Pra

Dimanche 21 mars, 8h00 : 

L’astre indispensable brille sans encombre et c’est parfait pour aller glisser avec Fabio et son chien Marley. Remontée au col de Pouta avec des crêtes bien animées par un vent bien frais. Les vallons du Pra et de la Belle Etoile ont été bien damées la veille mais de façon assez concentrée. Il reste de la place et surtout une neige qui n’a pas bougée d’un iota. Quelques virages idylliques et on repeaute pour la crête des Rochers de l’Evêque (2480 m). Stupéfaction de voir la Belle Etoile autant tracée : c’est une piste ! on est bien plus tranquille dans les Pyrénées. Ca se presse derrière nous alors pas le temps de sortir le barbecue. 100 mètres de lignes de crête et drop in pour rejoindre le vallon du Pra. 

La neige cinématographique est au rendez-vous, c’est un bon 50 léger, rapide et donc extatique ! Une remontée de 400 mètres permet de regagner l’Oursière pour basculer dans une neige un peu transformée et faire un beau dernier run jusqu’à Prapoutel. Avec de telles conditions, impossible de se ménager avant la mission dans les Ecrins, ce sera encore 15 km pour 1800 D + !

Les Hautes-Alpes !

Lundi 22 mars, 6h00 :

Nous quittons Grenoble à quatre pour en retrouver 4 autres à l’Argentière la Bessée, Hautes Alpes. Le guide prévu initialement a déclaré forfait pour cause de réveil de gelure. C’est avec Pierre et toute sa bonhommie que nous partirons découvrir des Ecrins. Six skieurs, 2 splitboarders, voilà l’équipe pour une mission de cinq jours en altitude. Le temps de siroter des cafés, faire les navettes et la préparation ultime du chargement, nous quittons les véhicules à 11 h. Une des grosses surprises est un départ à 1250 m d’altitude au lieu des 1800 prévu au lieu-dit du Pré de Mme Carle. Encore trop de neige, la route n’ouvrira pas avant début avril.. C'est le massif des Ecrins qui décide.. 

Mise à part de l’énergétique, nous n’avons pas besoin de monter de quoi se nourrir, ni même de duvet ! Gros luxe. Selon les zigotos, nos sacs varient entre 15 et 25 kg, on se demandent bien pourquoi certains sont aussi chargés… Heureusement pour nous, le portage ne dure que peu et nous chaussons les planches bien avant le magnifique village d’Ailefroide. Le décor sud-alpin est déjà superbe mais nous craignons deviner une vallée assez plate et sans fin pour rejoindre le glacier Blanc.

Après avoir remonté un canyon rock and snow et traversé quelques flaques d’aiguilles de pins, les dix premiers kilomètres ne nous ont guère élevé : 300 mètres ! Nous déjeunons tardivement dans ce fameux Pré de Mme Carle. Seuls les panneaux de signalisation émergent du manteau neigeux. Quelques boissons d’épicuriens sortent aussi des sacs, je commence à découvrir les différentes personnalités..

Tournée de génépi finie, la tempête de ciel bleu est parfaite, pas de vent, nous n’avons plus qu’à poursuivre mais surtout à attaquer des pentes sérieuses pour atteindre le glacier Blanc. On n'est pas rendu.. Nous sommes tous des passionnés expérimentés mais certains sont plus lents à la montée. Nous faisons donc régulièrement des pauses et j’avoue avoir pris sur moi. La patience.. L’après-midi passe très vite et le temps de se trouver au pied du glacier, il est déjà 19 heures passées.

Le refuge des Ecrins brille au loin et en hauteur : l’objectif est en vue, enfin ! Le choix de ne pas s’encorder est fait et partons bien espacés avec nos frontales. La lune n’est que moitié mais sa puissance est incroyable. On peut éteindre nos loupiotes et apprécier la barre des Ecrins sous un ciel incroyable. De belles étoiles filantes nous accompagnent. Arrivés au pied de la dernière face, nous sortons les crampons pour gravir la dernière pente à 40° et trouver le précieux abris. L’ambiance est fabuleuse et la récompense à la hauteur après 20 km et 1900 D + !

Bien accueillis par l’assistant du refuge, nous apprenons que nous aurons un repas de dépannage mais qu’il n’a pas été prévu de vivres pour notre groupe et les 4 jours programmés dans ce refuge ! L’ambiance est fraîche : un petit poêle à bois pour un refuge de 120 places.. Nos sourires ne sont en rien affectés et même pire nos rires et fou-rires nous causerons un peu des ennuis avec l’autorité du refuge ! Minuit passé, il est temps de reposer les yeux.

Péripéties

Mardi 23 mars

A peine levés, la lumière de salle de restauration panoramique nous cassent les iris en deux. Le dôme des Ecrins est impressionnant de part ses formes et dimensions mais n’est pas sexy pour la glisse. 48 h auparavant, une tempête de vent a bien poncé les cimes environnantes ! A part notre groupe, seuls 3 alpinistes partent pour une course à la journée. Nous ne sommes pas venus pour monter et descendre en crampons des itinéraires de glisse. Nous n’avons pas de vivre alors nous prenons la décision du retour à la case départ mais en passant par le col de Monétier (3339m) et le dôme éponyme.

Après une belle petite descente à proximité de beaux glaçons, nous repeautons pour une vallée menant au col. La chaleur est incroyable pour l’altitude. Deux pauses sont nécessaires pour nettoyer et farter les peaux. ça botte grave ! Soudainement, une belle coulée gerbe en cascade sur un massif non loin de nos zig-zag. A 3000 mètres, il est déjà 13 heures et ce signe de risque d’avalanche de lourde nous conduit au renoncement. Reste plus qu’à regagner les traces de la veille et redescendre la longue vallée. Nous sommes consolés avec quelques bons virages dans un cadre grandiose mais la durée de glisse nous laisse sur la faim.

Après de bonnes explications avec l’organisateur, nous sommes logés dans la vallée. Un gîte bien accueillant, une propriétaire au top tout comme sa cuisine. Une tournée de digestifs finit bien la journée.. 23 km, 600 D+

Direction le Queyras !

Mercredi 24 mars, 8h00

Le soleil est toujours là, nous traversons le village et station d’Abriès et démarrons skis aux pieds à 1600 mètres. L’objectif du jour est le pic de Ségure (2990 m). Les face Sud sont effarantes : plus une once d’or blanc ! Le chemin forestier ombragé et progressif est parfait pour relancer les machines. Le soleil transperce les mélèzes et les pins cembro (ou pins des Alpes), on les trouve jusqu’à 2400 mètres d’altitude. Et c’est un superbe décor caractéristique du Queyras ! Certaines vallées sont encore vierges de traces. L’ascension se fait facilement et se finit par une dernière crête d’une centaine de mètres pour le cairn sommital. La vue sur le mont Viso (3841m) est impressionnante. Le panorama bien gagné récompense. Le temps est si clair que le Mont-Blanc en arrière-plan galvanise nos regards. 

Le Queyras offre une infinie variété de sommets et couloirs très séduisants mais ce n’est pas l’enneigement actuel des Alpes du Nord. Nous aurons tout de même quelques belles courbes à se mettre sous les spatules et un retour forestier digne d’un boarder-cross de sauvages. Jusqu’à en faire des sorties de route sur les aiguilles de pins pour ma part ! Le guide pouvait skier comme avec ses potes, ça déroule vite et dans un esprit grands enfants !

Pour les deux derniers jours, retour en altitude et dans un refuge à 1800 m et sur une station de ski dénommée Ceillac en Queyras. On repeaute pour une centaine de mètres et découvrir notre nouveau lieu d’hébergement. Un beau refuge tout en mélèze (jusqu’aux cheneaux), une décoration bien cosy et typique et un bon dortoir 9 places pour le repos des guerriers. 16 km, 1800 D +

Jeudi 25 mars, 8H15

Skis aux pieds au sortir du chalet, on remonte les pistes du domaine skiable en direction des pics de la Font Sancte (3385m) qui domine allègrement le secteur. Nous avons repéré de belles pentes peu tracées. Il faudra faire le tour du massif et accéder à un couloir par une face Sud. Ben et Fred reste dans un secteur tranquille afin de ménager les cuissots tandis que le reste de la troupe poursuit pour un premier objectif : le couloir à Momo ! La face Sud à remonter est déjà bien transformée, les marches sont profondes mais faut pas traîner non plus dans la dernière partie à 50°. 

L’arrête est superbe : 1 mètre de largeur avec de pentes sérieuses de chaque côté. La descente du couloir et de la suite nous encourage à aller en découvrir une autre goulotte géante : le couloir de Ruitres. Le temps d’y parvenir et de faire le gros premier tiers, on s’arrêtera là au vu de la qualité de la neige et de présence de plaques. 13 km, 1500 D+

Vendredi 26 mars, 9 h00

La grosse raclette locale et familiale de la veille a bien rechargé l’équipe pour profiter pleinement de cette dernière journée. Nous sommes partis jardiner dans le secteur de la Tête de Girardin (2875m). Le sentier forestier débouche sur un large plateau couronné par un cirque très évasé. Sous les falaises, quelques belles pentes à déflorer nous ont bien motivé à remonter jusqu’à 2700 m. Et on a trouvé 2-3 carrés poudreux ! La découverte de ce secteur a fini de nous convaincre du potentiel monstrueux du Queyras avec des conditions bien hivernales. Après une remontée et retour sur le secteur Saint Anne, la dernière mousse au génépi fût bien appréciable pour retrouver nos véhicules et prendre le chemin du retour. 15 km, 1400 D+.

Je n’ai pas fait la Fischer Transalp cette année mais ces 7 jours consécutifs en randonnée constituent mon dernier record d’enchaînement au cœur d’une saison si exceptionnelle pour ma part. Alpins ou pyrénéens, tout mon entourage a déjà réalisé entre 30 et 80000 D + et la saison n’est pas finie ! Pas de remontées mécaniques : un mal pour un bien. Je n’aurai jamais autant découvert de secteurs, sommets, pics et c’est tant mieux ! 

P.S.: Merci à Ben, Bertrand, Boris, Fred, Jérémy, Nico, Pierrot et notre super guidos Pierre pour cette excellente semaine pleine de découvertes, d'aventures et de rires ! 

yrlab
Texte yrlab
"Ascensionner, sentir, écrire"
Henri Béraldi

13 Commentaires

HerveC Beau reportage ! Ca donne envie d'être capable de se faire une semaine de rando avec 2000D+ par jour :)
yrlab Merci! Déjà une moyenne de 1500 par jour pendant 7 jours, on n'est pas mal :)
 

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NobruDude J'adore le titre... c'est tellement vrai !! :P En tout cas, malgré les aléas, vous avez envoyé du D+, impressionnant, tu dois avoir les cuisses en titane :D :D
yrlab Quelques jours de récup. et maintenant suis prêt pour les 3000 du pays :)
 

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jamrek Quel périple...mis en lumière par une belle plume; Heureusement tu as su rester mystérieux sur la composante lifestyle du trip ^^
yrlab Merci !Faut pas tout dire, surtout les secrets de la récupération quotidienne :)
 

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bimbol c'est quoi cette blague au refuge sans bouffe ?? les boules
yrlab Oui heureusement que les conditions étaient sèches là-haut, on aurait peut être moins rigolé ;)
 

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Thomas0909 Bonjour, merci pour ce superbe reportage ! Est-ce possible d'avoir la photo entière d’illustration de l'article ? Celle de la barre ?
yrlab Merci ! La photo du header est dans l'article en plein format ;)
Thomas0909 Oh merci au temps pour moi, je suis passé dessus en plus...Bonne journée !
 

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CHARLOT Beau parcours
Au plaisir de te croiser en Aspe Ossau ou Bigorre
yrlab Avec plaisir, contacte moi sur messenger ou whatsapp
 

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