Si les années soixante-dix et quatre-vingt furent marquées par l?apparition du snowboard, elles coïncidèrent également avec le développement d?une nouvelle discipline qui a conquis aujourd?hui bien plus d?adeptes que le surf lui-même.
Cette nouvelle forme de glisse a très vite été dénommée par les experts « Ski-Bar ».

Cette discipline a immédiatement séduit un large public, même parmi les plus réfractaires à la glisse. Elle se caractérise par sa relative simplicité et son accessibilité. Contrairement aux autres sports de neige, elle nécessite nul apprentissage et nul entraînement, quoique certains puristes la pratiquent aussi à la ville, leur conférant une expérience non négligeable.
Pour ses adeptes, le Ski-Bar consiste donc à se poser à la terrasse d?un bistrot des neiges, de préférence bien orientée, et de préférence par une belle journée d?hiver.

L?amateur de Ski-Bar est généralement très bien équipé. Crèmes solaires, lunettes de soleil et débardeur font partie du matériel de base. Il n?oublie pas non plus l?indispensable trio POP portable-oreillette-palm permettant à distance de dégoûter ceux qui sont restés dans de simples troquets urbains.
Si le Ski-Bar attire une clientèle très hétérogène, certains groupes d?individus sont néanmoins sur-représentés.
- Le débutant se sent moins effrayé par la descente d?un vin chaud que par celle d?une noire.
- La ménagère de moins de 50 ans qui, plutôt que de regarder TF1 pendant les vacances de février, préfère se prélasser sur un transat TPS avant de retourner chercher ses enfants à l?ESF.
- On y côtoie aussi la catégorie des skieurs mondains. Arrivant en général à l?heure du déjeuner, les matinées sont courtes du fait des folies de l?après-ski (-Bar). Disposant toujours du matériel « Experts » ou « Or » des magasins de location ainsi que des dernières tenues griffées, les skieurs mondains aiment se féliciter sur les conditions météo, les fêtes de la veille et leurs (rares) descentes. Ils constituent incontestablement le fer de lance du Ski-Bar.

Les professionnels du tourisme montagnard ont su rapidement apprécier l?ampleur du phénomène. Comme les snow parks, les débits de boissons ont alors fleuri sur les pistes. Certaines stations se sont mêmes spécialisées dans une clientèle Ski-Bar. A titre d?exemple et parmi bien d?autres, on retiendra Megève. C?est en-effet sur les terrasses du Mont d?Arbois et de Rochebrune que se font et se défont les tendances et les modes de la collection hiver-printemps. Les adeptes du Ski-Bar ayant rapidement envahis l?ensemble du domaine, l?usage de l?oreillette sur les pistes y a été rendue obligatoire dès 1999 !

La pratique du Ski-Bar comporte par-ailleurs certains dangers à ne pas prendre à la légère. L?absorption prolongée de spécialités locales (vin chaud, vins de Savoie, Génépi, Swiss Miss, bières, whisky, vodka, ?) peut effectivement entraîner de graves dysfonctionnements de l?oreille interne conduisant irrémédiablement à la chute lors du retour en station. D?autre part, comme le Ski-Bar ne peut, par définition, se faire qu?en montagne, il convient de toujours bien vérifier au préalable les conditions météo, afin de ne jamais être victime d?une insolation.

Enfin, depuis quelque temps, on observe aussi une nouvelle tendance dans le Ski-Bar, le Free-Ski-Bar. Le Ski-Bar étant aussi une attitude, il peut aussi très bien se pratiquer en version baquecounetrie. Bien plus typique, bien moins bruyant et totalement écologique, l?amateur de Free-Ski-Bar ramenant toujours ses détritus avec lui, cette déclinaison du Ski-Bar ravit tous les passionnés de la véritable glisse.