Cet été fut pour moi l'occasion de revenir à mes racines et plus précisément en Bulgarie ainsi que de la faire connaître à deux amis amateurs des voyages vers des destinations méconnues. Ce voyage se déroulait pour moi 15 ans après l'avoir quittée lors de la venue de mes parents en France. Je n'avais pas eu l'occasion d'y retourner plus tôt pour diverses raisons mais l'essentiel était que j'y retournais pour revoir des proches que je ne voyais que trop rarement mais aussi pour (re)découvrir ses multiples charmes naturels: les jolies plages la côte de la Mer Noire, les plaines où le blé et les fruits finissent de mûrir et les hauts sommets des massifs montagneux du coin.

N'ayant pas énormément de temps, nous avons choisi celui de Rila culminant à 2925m avec le Mont Mussala, sommet bulgare le plus haut pour y effectuer une petite randonnée sur 4 jours, l'aller/retour depuis Sofia y compris. Le parcours prévu commence à Goverdarzi, un village au pied du massif de Rila et se finit au monastère de Rila, fondé au Xieme siècle par Ivan Rilski et classé au patrimoine mondial de l'UNESCO. Chacune des étapes prévues fait, vu notre niveau de forme, 5 à 6 heures de marche avec chaque jour environ 1000 mètres de dénivelée. Le premier jour, elle est exclusivement positive et le dernier, exclusivement négative.

Voici un petit journal de bord tenu pour chacune des journées de rando ainsi que quelques jolies photos de montagne en fin d'article pour illustrer cette aventure.

Mardi: Départ le matin avec le bus de 9h depuis Sofia vers Samokov, 11h15 changement à Samokov pour atteindre en bus le point de départ de notre randonnée, Govedarzi, un petit village situé à 1100m d'altitude. Enfin arrivés à Govedarzi, nous attaquons la première étape de notre rando nous menant au refuge de Maliovitza très matinalement à midi! Pourvu que l'on ne se perde pas trop dans les montagnes car nous n'aurons pas beaucoup de marge avant la tombée de la nuit. La première heure de marche se fait dans les champs surplombant Govedarzi en prenant doucement de l'altitude avant de rentrer dans la forêt sur une chemin carrossier à flanc de montagne. Nous sommes seuls et nous profitons du contraste entre le calme de la nature et la cohue de la ville quittée plus tôt dans la matinée!

Le parcours n'étant pas très bien marqué car peu emprunté sur sa première partie,les randonneurs préférant prendre le bus jusqu'après Goverdarzi, nous ne naviguons qu'à la carte au 1/33000 et à l'observation de notre environnement. Bien entendu, dans un environnement inconnu pour moi, ca n'a pas loupé, nous réussissons à prendre un chemin qui redescend progressivement au lieu de continuer à monter comme indiqué sur la carte. J'hésite un peu avant de m'engager mais mes compagnons me convainquent de continuer. Résultat, nous nous sommes engagés dans 45 minutes 8qui auraient pu être pu bien plus!) de navigation au feeling dans les sous-bois sapineux et en pente assez forte avant de rejoindre de manière quasi inespérée le bon sentier que l'on ne quittera plus, heureusement pour nous, avant notre arrivée au soir. Lecon à en tirer ne pas s'engager sur un chemin si on a a le moindre doute sur le bon chemin à prendre et ne pas hésiter à faire demi-tour au lieu de partir en freeride dans des sous-bois ou guette le dahut!

On continue après cette escapade hors des sentiers battus à prendre gentiment de l'altitude toujours dans la forêt jusqu'à rejoindre le bout de la route de Govedarzi d'où part plus classiquement le parcours que nous avons entamé. Nous croisons plus de monde à la descente et un vieux téléski sur ce qui doit être une mini station en hiver. On arrive enfin à 18 heures au refuge Maliovitza (à 2290m), accueillis par le panneau ''Tuka e taka'' (Ici c'est ainsi!) et le minibus russe 4x4 d'autre âge ravitaillant le refuge (voir sa photo plus bas).

Le régime communiste en Bulgarie a été beaucoup critiqué avec raison et fut une des raisons pour lesquelles mes parents quittèrent la Bulgarie dès qu'ils le purent, mais une des seules mesures positives prises par ses dirigeants, c'est d'avoir équipé les montagnes bulgares de nombreux refuges gardés toute l'année et permettant de parcourir ses montagnes avec l'assurance d'avoir où dormir si on ne dispose pas de tente. Nous prenons notre repas dans un de ces refuges chaud servi par la gardienne et nous nous couchons en espérant que les nuages enveloppant le refuge et se déversant intensément autour ne nous mouilleront pas de trop le lendemain. A noter sur les deux photos de cette nuit en refuge la classe de dormir sur des draps panthère et léopard! La classe bulgare! :)

Mercredi: Nous attaquons notre deuxième journée devant nous mener au refuge ''Sedemte ezera'' (les 7 lacs) sous un ciel bien plus clément que celui de la nuit dernière: tous les nuages de la veille étant partis pour d'autres parages. Nous partons ''matinalement'' à 9h30 et grimpons en fond de vallée en suivant la rivière alimentant en eau le refuge qui se fait de plus en plus petit au fur et à mesure des lacets raides du sentier. Nous sommes dépassés par un groupe de 20 Espagnols guidés par 3 accompagnateurs bulgares sortis pour la journée en préparation d'un périple plus long. Entendre l'espagnol là où on s'y attend le moins est quand même bien surprenant. En s'approchant de la cote 2650 mètres qui marque la fin de la grosse ascension du jour avant un long parcours de crête, le vent se lève et apporte avec lui des nuages pour le moins rafraichissants à cette altitude. Nous nous couvrons pour ne pas prendre froid et nous continuons notre parcours. Le parcours le long de la crête est magnifique, d'un côté, la vallée profonde du monastère de Rila que nous apercevons lorsque les nuages nous en offrent la possibilités et de l'autre, des pelouses descendant en pente plus ou moins douce et servant d'écrin à des lacs de montagne à l'eau d'un bleu outremer presque surnaturel.

Après un petit-nique rapide pour ne pas trop nous refroidir, nous finissons de croiser les randonneurs effectuant notre parcours à l'envers et nous nous retrouvons de nouveau seuls dans cet univers de haute montagne avec le vent et ses amis les nuages. Nous atteignons vers 16h30, le col ''Razdela'' à
2500m où se rejoignent trois crêtes en étoile et où commence notre descente vers le refuge du jour. La descente s'effectue dans un endroit unique ou sept lacs sont étagés en terrasse chacun ayant une forme particulière lui ayant donné son nom: Cela va du lac ''Bliznaka'' (Jumeaux), au lac ''Okoto'' (l'Oeil) en passant par le lac ''Babreka'' (le Foie). Après avoir atteint, le premier des 7 lacs, ''Salzata'' (la Larme) avec un petit névé sur son bord, nous avons l'idée farfelue et téméraire d'aller nous baigner dedans à 2400m d'altitude. L'eau n'était pas bien chaude à cette altitude mais après 2 jours de transpiration, on se sent pour le moins purifié! Au cours de la descente, nous avons croisé un troupeau de chevaux paissant paisiblement telles nos vaches alpines. C'est la première fois que je voyais des chevaux aussi haut en altitude! Nous atteignons enfin l'objectif de la journée, le refuge des 7 lacs et nous y passons la nuit. A la différence des refuges alpins, le réfectoire est équipé d'une télé, ce que je n'ai jamais vu dans les refuges alpins!

Jeudi: Au réveil, le temps est couvert, les crêtes sont bien bouchées et il pleut fort! Je suis devant un gros dilemme, faire le parcours du jour consitué de 300 mètres de montée sur le sentier descendu la veille puis 1300 mètres de descente que tous nous décrivent comme bien raide sur un terrain détrempé ou alors redescendre directement du refuge dans la vallée à l'opposée de notre point d'arrivée prévu, le monastère de Rila que je ne veux pourtant pas rater! Avec le souvenir de notre aventure du premier jour, nous décidons de couper la poire en deux. nous allons redescendre directement et chercher dans la vallée le moyen d'effectuer les 80 km de route nous séparant du monastère.

Nous descendons de nouveau seuls sous la pluie battante dans les sous-bois de Rila jusqu'à atteindre un parking où, par chance, nous arrivons lorsqu'un des deux bus montant dans la vallée est sur le point de repartir en sens inverse. la chance était d'autant plus grande pour nous du fait que le bus normalement ne dessert ce parking que si on le prévient à l'avance par téléphone pour le faire monter jusqu'à au bout de la route. en bas, à Dupnitza, nous arrivons à prendre une correspondance pour le monastère de Rila et arrivons au monastère à 16h00, heure où l'on serait arrivé si on s'était engagé sur la descente du trajet normalement prévu. Nous y sommes arrivé sains et saufs ce qui était l'essentiel et j'aurai bien d'autres occasions de refaire cette descente en de meilleures conditions!

Le monastère encore habité par les moines orthodoxes a été fondé au Xième siècle par Ivan Rilski qui au bout de 22 ans de vie d'ermite a décidé de fonder ce monastère qui est un des plus anciens du pays. Au cours des 600 ans d'occupation ottomane de la Bulgarie, les monastères furent le lieu ou l'âme et la culture du peuple bulgare furent sauvegardés des vicissitudes de l'Histoire pour aboutir au début du XIXème siècle à la période de la Renaissance bulgare dont l'apogée est l'année 1878, année de la libération de la Bulgarie du joug ottoman. L'aspect actuel du monastère date de cette époque et est visité avec raison par de nombreux touristes!

Nous rentrons enfin à Sofia avec le dernier bus de la journée avec finalement un jour d'avance sur le calendrier prévu ce qui nous permet de faire une lessive avant d'attaquer la deuxième partie de notre voyage nous menant à l'autre bout du pays sur le bord de mer mais ceci est une autre histoire! ;)

Si vous voulez plus détails sur cette rando contactez-moi par messages privé, je me ferai un plaisir de vous renseigner! Voici le lien vers vers le parcours de la rando. En pointillé l'étape du troisième jour telle qu'elle aurait dû être.

http://ailtchev.free.fr/rando_aout_2006.jpg

Place aux photos qui valent souvent plus que 1000 mots!