Il est des jours où l'on s'ennuie un peu, et où l'on ne sait pas trop quoi faire.

Le week-end dernier il faisait beau. J'ai donc décidé de m'occuper en partant sur les pistes de la marmotte en montagne.

Avant toute chose, il faut rappeler que la marmotte (marmota marmota, espèce que l'on trouve dans les Alpes Françaises) est un animal assez peu courageux. De ce fait, on voit plus souvent son arrière-train que sa tête, à moins de s'armer de patience ou d'être dans un ''spot'' à marmotte, comme dans l'Oisans, où la marmotte vient dire bonjour aux hommes qui viennent sur son territoire...

Bref, reprenons. Je me rends donc samedi muni de mon appareil, d'un téléobjectif et d'un peu de patience dans un endroit dans lequel je suis sur de trouver l'animal. Après un quart d'heure de marche, j'arrive sur le terrain que je convoitait. A peine arrivé, je distingue une masse sombre qui file dans l'herbe verte. Je me glisse discrètement pour me réfugier derrière une butte et préparer mon artillerie. J'arrive sans encombre à mon but (la butte). La marmotte m'a vu mais ne bronche pas. Je suis tout près, 6 mètre tout au plus. Génial!
Rapidement, je sors mon appareil, l'équipe, me prépare, et vise à travers l'herbe, couché sur le flanc de la butte tel un sniper. La marmotte apparait dans mon viseur: génial. Bon angle, bon éclairage, je me réjouis des clichés que je vais faire. Mais là, horreur... Je n'arrive pas a shooter. Que des balles à blanc! Plus de batterie. Le drame. La marmotte, que je décide d'appeler Camille (ne me demandez pas pourquoi), est une petite peste. Elle prends toutes les positions possible, crâne devant moi, comme les gamins de la starak... Je m'approche, elle ne bouge pas... Et moi? je suis raide, les muscles tendus de nervosité... Je ne m'énerve pas encore. Elle continue de crâner. Ca y est le cable pête. Je cours vers elle, mais elle fonce dans son trou aussitôt. Je regarde. Camille est 1 mètre en dessous, me fixe avec un vilain sourrire et ses dents jaunes. La peste! Je repars, je l'aurai demain. Et ses congénères me fuient sur le chemin, des arrières-trains de marmotte à 360°, et moi désarmé...

Le lendemain.
Les batteries sont chargées, l'appareil est monté, la carte mémoire est prête, l'objectif vissé. Je suis prêt.
Je retourne au même endroit que la veille. Camille n'est évidemment plus là. Il fallait qu'elle m'humilie jusqu'au bout celle-là. Ses congénères ne sont plus là non plus... j'attends, je cherche... Vingt minutes sans un sifflet ou un arrière-train à l'horizon. Je désespère. Soudain, face à moi, une nouvelle. Georgette. Evidemment, elle se tient au milieu d'un champ à contre-jour. Elle aussi crâne, essaie de se faire désirer. Mais ca sert à rien de la shooter, ca rendra rien. Je m'avance vers elle, elle rentre immédiatement dans son trou, dès que j'ai franchi son périmètre de sécurité qui doit être d'au moins une cinquantaine de mètre. Je traverse son champ, et me pose en affut à l'opposé, caché derrière un rocher. 5 minutes... 10 minutes... 15 minutes... Cette marmotte fait la taupe. J'en ai marre. Je décide d'abandonner et d'aller ailleurs, essayer de penser à autre chose.
J'y vais. J'avance, marche quelque pas, et soudain je perçois quelque chose derrière moi qui bouge. Enfin! une marmotte sort. Je m'allonge, clic, clac. Léontine est dans la boite. Elle se laisse contempler et prend la pose quelques instant. Ouf! 1 partout.
C'est à ce moment là qu'en arrière plan j'en vois une qui sort de sa planque. Georgette! Enfin, je m'applique, m'approche lentement et shoote. Ca y est. Georgette est dans la boite elle aussi. Sa peur et sa discretion n'auront pas eu raison de moi!
Je retourne alors vers le territoire de Camille. Elle n'est toujours pas là. Par contre, quelques dizaines de mètres plus loin j'en vois une nouvelle: Adélaïde. Elle se pose au milieu d'un tapis de verdure juché sur un resaut de terrain. Elle y reste 5 secondes et disparait à tout jamais. J'ai eu le temps de l'avoir. 3-1
Pris de confiance par ce succès, je continue mon chemin, et tombe sur Lucette. Je ne sais pas pour quelle raison, je doute même qu'elle s'en rende compte, elle regarde le Mont Blanc. Immobile. Je shoote. Elle me voit, prend peur (pas de commentaires) et détale. A nouveau, un petit peu plus loin, elle prend la même position et regarde vers le Mont Blanc. Encore. Je shoote. Elle prend à nouveau peur et détale pour disparaître dans les obscurités de la terre.

Je rentre chez moi avec des marmottes plein la tete et des clichés dans ma carte. Pas de grande qualité certe, trop compliqué de s'appliquer quand on est pas patient.

Juste un truc: si vous avez lu jusqu'ici, je devine que vous habitez un petit hameau peuplé d'une poignée d'ames, en rase campagne. Il pleut dehors, vous n'avez pas le satelitte et vous avez visionné tout vos DVDs. L'émetteur TV de votre région ne fonctionne plus depuis trois jours. La radio ne fonctionne plus non plus, vous devez aller dans votre voiture pour ecouter quelque chose.
Sinon, si vous êtes pas dans ce cas, alors je ne comprends vraiment pas.

:)