Météo et neige : le bilan de l'hiver 2022/23 dans les Alpes

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Météo et neige : le bilan de l'hiver 2022/23 dans les Alpes

Un hiver ennuyeux ?
article

La saison de ski alpin est désormais officiellement terminée en France. Comme chaque année nous vous proposons un retour sur les conditions météorologiques et d'enneigement de cette saison hivernale au sens "large" (d'octobre à début mai). 

Petite nouveauté : on développe cela en deux articles différents cette année. Le premier, présenté ici, traitera des Alpes du Nord et des Alpes du Sud. Le second article évoquera lui, d'ici quelques jours, les autres massifs (Pyrénées, Massif-Central, Vosges et Jura). Bonne lecture.

Alpes du Nord

Une pré-saison souvent calme et douce (d'octobre à mi-novembre) :

Fin-septembre une furtive, et tout à fait classique, offensive neigeuse se produit sur les alpages du massif. Elle y apporte un peu de neige, parfois dès 1600/1800 mètres. La question que tout le monde se pose est : annonce t'elle un automne frais et neigeux en altitude ? La réponse sera vite apportée durant le mois d'octobre.

Octobre sera exceptionnellement doux sur le massif, souvent le plus doux jamais observé avec des températures situées 3 à 5 degrés au-dessus des moyennes sur l'ensemble du mois selon les secteurs. La situation météorologique est marquée par la persistance d'un courant d'Ouest à Sud-Ouest majoritairement anticyclonique. Par moments, des balayages pluvio-orageux se produisent n'entraînant des chutes de neige qu'à haute-altitude. Fait remarquable : le glacier des Deux-Alpes ne peut, en grande partie en raison d'un printemps/été caniculaire, proposer du ski à la Toussaint.

Début novembre, la situation se débloque enfin. Notre anticyclone (plages de couleurs rouges et champ de pressions voisin des 1020/1025 hectopascals) se décale enfin sur la péninsule-ibérique et vient draîner, sur son flanc Est, un courant de Nord-Ouest plus humide et frais. La neige descend alors vers 1000/1500 mètres autour du 04-05 novembre. Classique pour la période là-aussi.

Mais cet assaut hivernal est une nouvelle fois très temporaire. Une grande douceur est de retour dès la semaine suivante, s'accompagnant d'un temps sec. Ce type de temps fera fondre la neige jusqu'en haute-montagne. 

Un semblant d'hiver puis un redoux pluvieux ravageur (fin-novembre à début janvier) :

La seconde moitié du mois de novembre est plus agitée. La raison est simple : un courant d'Ouest à Nord-Ouest, peu dynamique mais assez durable, est en place sur le pays. Les perturbations, pas forcément très actives mais régulières, s'enchaînent. Si la neige peine à s'inviter en basse-montagne, les flocons alternent avec la pluie en moyenne-montagne tandis qu'en haute-montagne l'enneigement devient partout "correct" pour la période en fin de mois. Insuffisant tout de même pour commencer à sortir les skis sur l'ensemble des domaines skiables même si, à l'aide de la neige de culture, les premières stations de ski commencent à ouvrir. 

Début décembre, la situation météorologique évolue sensiblement. Un vaste système anticyclonique vient se mettre en place sur l'Atlantique Nord, l'Islande et le Groenland. Il permet aux masses d'air froid, originaires d'Europe du Nord, de déferler sur le pays. Ainsi, la première moitié du mois de décembre est souvent bien fraiche sur le pays. A l'échelle de la France, le graphique ci-dessous nous permet de nous rendre compte qu'il s'agit du début de mois de décembre le plus froid depuis 2010.

Ce temps froid est généralement peu perturbé sur les Alpes du Nord. Il permet tout de même de faibles et brèves offensives neigeuses sur les massifs mais également, grâce au froid, jusqu'en plaines puisque la neige s'est alors invitée au centre de Grenoble à ce moment-là. Ce froid permet également aux domaines skiables de poursuivre leur production de neige de culture ...

... et ce ne sera pas de trop. Si la situation en terme d'enneigement est clairement déficitaire au début des vacances scolaires, elle n'est pas dramatique comme cela a pu être (de plus en plus souvent ...) le cas ces dernières années comme en 2015 ou 2016 par exemple

Une offensive douce exceptionnelle par sa durée et son intensité va se mettre en place à partir du 18-20 décembre et se poursuivra jusqu'au début du mois de janvier. Elle s'accompagne dans un premier temps d'un temps sec, qui favorisera la fonte de la neige surtout dans les versants Sud tandis qu'elle évolue peu en versants Nord ne voyant pas du tout le soleil à cette période de l'année. 

Mais, c'est autour du 23-24 décembre que les choses vont se compliquer. Une rivière atmosphérique chargée en humidité et en douceur vient déferler dans un flux d'Ouest particulièrement dynamique sur le Nord des Alpes. C'est alors la traditionnelle "mousson alpine" que l'on retrouve de plus en plus depuis quelques années. Les précipitations sont copieuses durant 36h. Elles s'accompagnent d'une limite pluie-neige très élevée, qui tend à remonter jusqu'à 2500/2800 mètres en fonction des secteurs. Cette fois le manteau neigeux est lessivé partout en moyenne-montagne, quelque soit l'exposition en raison de l'humidité. Des crues sont même observées en vallées, et l'épisode pluvieux entraîne quelques complications dans les domaines skiables en Haute-Savoie (accumulation d'eaux, coulées de boues, glissements de terrain ...). 

Bref, les vacances scolaires s'annoncent compliquées dans les stations les plus basses ou mal exposées. La différence d'enneigement entre la mi-décembre, ici au Chinaillon (avec la vue sur le domaine du Grand-Bornand), et la fin-décembre est parlante. A gauche, on remarque que la situation s'était également dégradée entre ces deux dates l'an dernier ... mais il y avait beaucoup plus de marge.

Après un Noël exceptionnellement doux, le jour de l'an a lui aussi connu des températures particulièrement élevées et ce type de temps s'est poursuivi au tout début du mois de janvier. 

Le retour de la neige puis le désert (mi-janvier à début-mars) :

Chacun, notamment l'amateur de poudreuse, se dit alors que cet hiver est particulièrement mal engagé mais que les espoirs étaient permis pour le mois de janvier (on a déjà connu des débuts d'hivers très compliqués puis bien enneigés ensuite, pas plus tard qu'en 2015/2016 par exemple). 
La situation météorologique commence à évoluer autour du 09 janvier avec des perturbations neigeuses qui font leur retour, par le Nord-Ouest, sur l'ensemble des massifs. Les conditions d'enneigement s'améliorent alors légèrement en basse et moyenne-montagne
Après un court intermède anticyclonique : le contexte météorologique devient beaucoup plus favorable aux chutes de neige entre le 17 et le 22 janvier. Une dépression dynamique sur le Nord de la France pilote de nombreuses perturbations dans un courant d'Ouest à Sud-Ouest associé à un air plutôt frais. Les chutes de neige sont alors parfois abondantes mais on observe une forte différence en fonction des massifs

Les cumuls sur quatre jours, présentés sur la carte de gauche ci-dessous, montrent bien que la Haute-Savoie et le Nord de la Savoie sont particulièrement concernés par ces cumuls de neige significatifs alors que ces cumuls sont bien plus modestes sur le Sud de l'Isère et surtout la Haute-Maurienne (seulement 18 cm à Bonneval sur Arc contre 106 cm à la même altitude sur le domaine des Carroz d'Araches). 

Ainsi, au 21 janvier : l'enneigement devient très correct en haute-montagne sur le Nord de la région comme la carte de droite ci-dessous en témoigne. Il reste en revanche bien déficitaire sur le Sud de la région où les perturbations sont arrivées bien affaiblies. A la faveur d'un courant de Nord-Est plutôt anticyclonique : un temps froid mais sec prendra ensuite le relais pour la fin du mois de janvier permettant aux conditions de ski de rester très bonnes durant plusieurs semaines sur de nombreux massifs et stations.

Mais, à ce moment là, nous étions clairement loin d'imaginer qu'un temps si stable allait se maintenir aussi durablement sur le pays. Une interminable séquence de sécheresse débute en effet le 21 janvier et va perdurer ... jusqu'à début-mars. Elle est clairement exceptionnelle par sa durée, qui plus est au cœur de l'hiver. Les Alpes du Nord n'échappent pas à la règle. La carte ci-dessous représentant les cumuls totaux de précipitations du 21 janvier au 3 mars en témoigne avec même un paroxysme de sécheresse sur l'Est de l'Isère et le centre de la Savoie. On observe simplement : 
- un petit retour d'Est autour du 25 janvier en Haute-Maurienne, et jusqu'à Tignes.
- de rares averses de neige autour du 5 février, pour l'anecdote.

Sinon, c'est clairement le désert. Plusieurs conséquences à ce type de temps : certes tout le monde a pu profiter d'un beau soleil, parfois au cœur même des vacances scolaires. Les conditions d'enneigement se dégradent en revanche sensiblement, dans un premier temps (dès le début du mois de février) en terme de qualité entre absence de nouvelle couche de poudreuse et passage répété de skieurs. Puis elles se dégradent en terme de quantités. Les limites d'enneigement remontent à des altitudes remarquables pour la période fin-février en versants Sud (1600 à 2000 mètres) puis, plus on avance plus le soleil est haut dans le ciel. Ainsi, même en pentes Nord les épaisseurs de neige deviennent très modestes pour la période entre la mi-février le début mars en particulier en basse-montagne. D'autant que c'est normalement à ce moment là de l'année que le maximum d'enneigement est observé sur la tranche 1000/1400 mètres. Cette année, les records de faible enneigement à cette altitude sont souvent approchés et parfois battus. Certaines stations de basse-altitude, notamment le long des Préalpes, doivent alors fermer une partie de leur domaine skiable tandis que les vacances scolaires ne sont même pas terminées ...

Un printemps humide, souvent neigeux en altitude (mi-mars à début mai) :

Clairement, arrivé début mars l'hiver aura alors été "frustrant" pour les skieurs avides de neige fraîche. Mais, le ski ce n'est pas seulement de fin-novembre à début mars ... et les possibilités offertes par l'arrière saison sont souvent nombreuses. Cela aura été le cas cette année en altitude.

Notre barrière anticyclonique, qui nous a protégé des perturbations pendant 6 semaines, nous laisse donc enfin tranquille à partir du 07-08 mars. Elle laisse place à un courant d'Ouest rapide et dynamique. Il s'accompagne d'une masse d'air relativement douce mais très humide. Durant plusieurs jours les précipitations se produisent inlassablement. Elles sont neigeuses en moyenne et haute-montagne, parfois pluvieuses en basse-montagne (sous 1200/1400 mètres) où la saison est de toute façon déjà "pliée" de manière précoce. Les stations d'altitude font alors le plein de neige sur leur domaine skiable, comme les photos ci-dessous en témoigne (à gauche aux Arcs, à droite à Val d'Isère). Cet type de temps majoritairement perturbé se poursuivra ensuite jusqu'à la fin du mois de mars ... mais également durant le mois d'avril (avec une courte pause autour du week-end de Paques). A ce jour de rédaction d'articles (mi-mai) on reste encore concerné par un temps majoritairement perturbé et relativement frais ou plutôt, enfin, doux sans excès depuis plusieurs semaines. Une situation qui tranche clairement avec l'année dernière où au 10 mai il n'était pratiquement plus possible de pratiquer le ski de randonnée tant la fonte était avancée. Cette année il reste encore de (très) nombreuses opportunités et il en restera encore ces prochaines semaines. A ce jour (15 mai) l'enneigement est ainsi tout à fait classique pour la période sur la tranche 2000/2500 mètres et plutôt excédentaire plus haut sur l'ensemble du massif.

Au final une saison très hétérogène, mais difficile pour de nombreuses stations : 

Mais quel bilan général pouvons nous tirer de cette saison ? Elle a été clairement peu enneigée, même si l'arrière saison (mars-avril) permet de pondérer un peu ce constat ... cela concerne seulement la moyenne et haute-montagne car la basse-montagne a surtout vu la pluie tombée sur ces deux mois. 
On a donc eu affaire à un hiver doux et peu enneigé. Un classique de nos nouveaux hivers ... et une certitude de nos prochains hivers même si, on le répète, cela n'empêchera pas d'avoir de temps en temps des hivers bien enneigés.

Cette année, à nouveau, les stations moins bien exposées (Vercors, Bauges, Chartreuse notamment) ou les plus basses en altitude ont éprouvé des difficultés à maintenir tout ou partie de leur domaine skiable durablement ouvert et il a fallu souvent l'aide de la production de neige de culture ainsi qu'un travail remarquable des services de pistes (damage, pisteurs ...). Mais d'autres stations ont connu des difficultés à maintenir l'ensemble de leur domaine skiable ouvert et, fait remarquable, au "coeur" de la période la plus importante c'est à dire durant les vacances scolaires (que ce soit à Noël ou en février)

En basse-montagne (900/1400 mètres) la saison aura été particulièrement courte entre lessivage de fin-décembre et sécheresse interminable en février. Clairement, le constat n'est pas le même pour les stations d'altitude ou dans les massifs les mieux exposés. Stations d'altitude qui ont d'ailleurs profité d'un très bon enneigement de fin de saison

Plus globalement, les deux graphiques ci-dessous permettent de synthétiser ces éléments. Ils présentent les  quantités de neige présentes au-dessus de 1000 mètres soit sur l'ensemble des Alpes du Nord soit à l'échelle d'un département (ici l'Isère). On remarque très bien ce que nous avons décrit tout au long de cet article :
- un tout début de saison (novembre à mi-décembre) globalement correct.
- un enneigement qui devient déficitaire, c'était surtout le cas en basse-montagne, autour de Noël/jour de l'an puis une amélioration des conditions au fil du mois de janvier.
- une stabilisation puis une dégradation nette des conditions d'enneigement tout au long du mois de février pour approcher des records historiques de faible enneigement tout début mars ... voire battre ces records en Isère par exemple.
- la mise en place d'une séquence humide très durable à partir du 08-10 mars et jusqu'à fin avril où l'enneigement devient, globalement (grâce aux importantes quantités de neige présentes en altitude), supérieur aux moyennes.

Ce stock de neige imposant en haute-montagne nous permet d'ailleurs d'être un peu plus "serein" sur l'été à venir (état des glaciers, éboulement, sécheresse) ... on ne devrait pas connaître une saison estivale aussi catastrophique que l'an dernier de ce point de vue là.

Alpes du Sud

Une pré-saison relativement classique (octobre-début décembre) : 

Le massif ne fait pas exception, le mois d'octobre est sec, très ensoleillé et particulièrement doux. Sur l'ensemble du mois les températures dépassent de 2 à 4 degrés, en fonction des secteurs, celles qui devraient normalement être observées.

Les remontées méditerranéennes (épisode de Sud à Sud-Ouest) habituellement observées à cette période de l'année, et garantissant un début d'enneigement à haute-altitude, sont quasi-inexsistantes en raison de la prédominance des conditions anticycloniques.

Début novembre, les perturbations arrivent enfin rapidement. La neige s'invite sur la majeure partie du massif entre le 1er et le 10 permettant à la sous-couche de l'hiver de se constituer en altitude. Une période anticyclonique s'intercale ensuite. Elle est de courte durée, mais les perturbations qui circulent en seconde partie de mois sont moins actives. Elles apportent tout de même un peu de neige, notamment autour des Ecrins (flux d'Ouest à Nord-Ouest). 

Début décembre, et nous l'avons vu en première partie de cet article : le froid s'invite, au meilleur moment. Des "lacs d'air froid" vont se constituer sur la plupart des massifs et vallées abritées du Nord-Est du massif. Autour du 07-09 des perturbations actives font leur retour par le Sud-Ouest (courant d'Ouest à Sud-Ouest bas en latitude). Elles viennent enneiger de manière fréquente le massif, voire copieuse par endroits. Le Briançonnais, au sens large, tire alors son épingle du jeu avec la survenue d'épisodes neigeux abondants. Les photos ci-dessous témoignent de cela, que ce soit sur la ville de Briançon (à gauche) ou en Vallouise (à droite) où le froid résiste plus facilement quant la pluie remonte parfois jusqu'à 1800/2000 mètres sur les Préalpes dans un même temps.

Un massif qui tire son épingle du jeu (début-décembre à début-février) : 

Ces épisodes marquent alors le début d'une séquence de plusieurs semaines où le massif va tirer son épingle du jeu. En effet jusqu'au 20 décembre les épisodes neigeux s'enchaînent et alternent avec phases plus sèches mais froides (fortes gelées notamment dans les fonds de vallées). Le redoux arrive, comme partout ailleurs, pour Noël. Oui mais voilà : il s'accompagnera ici d'un temps sec. Nous sommes fin-décembre. Le soleil est beaucoup trop bas dans le ciel pour avoir une influence sur la fonte de la neige hormis sur les pentes plein Sud plus franchement ensoleillées. Le manteau neigeux ne "bouge pas" et les hauteurs de neige restent correctes à bonne pour la période.

Fait encore plus remarquable : lors de l'épisode pluvieux particulièrement actif, voire diluvien, sur les Alpes du Nord autour du 23-24 décembre le massif est en position d'abri. Le vent de Nord-Ouest assèche en effet largement la masse d'air à l'arrière de la barrière naturelle des Ecrins. Il ne pleut alors que très peu sur le massif. 

La fonte du manteau neigeux est ainsi très timide, pendant que les voisins du Nord voient la couche de neige s'amincir d'heures en heures en basse et moyenne-montagne. 

On se retrouve ainsi au 26 décembre (illustration ci-dessous) avec un différentiel d'enneigement marqué entre les Alpes du Sud, très bien enneigées, et les Alpes du Nord où le déficit d'enneigement à cette altitude (1500 mètres) est particulièrement parlant pour la période. Ceux qui ont choisi les Alpes du Sud à Noël ont donc fait le bon choix ... Ce différentiel va se maintenir jusqu'à début janvier environ, avant que les perturbations de Nord-Ouest ne fassent leur retour sur les Alpes du Nord (voir partie de l'article, plus haut, consacré au bilan sur ce massif).

Un retour progressif à la réalité (mi-février à avril ) : 

Le mois de janvier verra deux types de temps se relayer. Dans un premier temps un courant d'Ouest à Nord-Ouest est de mise jusqu'au 20 janvier. Il sera responsable de chutes de neige assez fréquentes à proximité immédiate de l'Isère et de la Savoie (sans grandes quantités) tandis que la masse d'air s'assèche de plus en plus au fur et à mesure que l'on se rapproche de l'Italie et de la Méditerrannée en particulier dans les Alpes-Maritimes. Bonne nouvelle, la fraîcheur est là et le manteau neigeux fond peu là où il ne neige pas.

Le flux pivote ensuite au Nord, avec un froid qui s'accentue, puis à l'Est-Nord-Est. Dans ce contexte, la dépression présente entre Corse et Italie va piloter un retour d'Est sur le Queyras ... secteur habitué à ce type de phénomène (il s'y produit en moyenne une à trois fois par an). Une importante couche de neige tombe alors sur l'Est du Queyras notamment dans le Haut-Guil (jusqu'à 40-60 cm en altitude) tandis que le temps reste sec ailleurs sur une très large partie des Alpes du Sud.

A partir de là (fin-janvier) et comme partout ailleurs : c'est le désert. Les Alpes du Sud ne font pas exception à la règle et le mois de février est remarquablement sec. De timides giboulées se produisent tout de même, en particulier sur le Sud du massif, mais tout cela reste bien anecdotique. Les conditions d'enneigement se dégradent très progressivement. Dans un premier temps en terme de qualité (pas de neige fraîche, passage répété des skieurs). En terme de quantités il y avait souvent de la marge sur le Nord du massif (Hautes-Alpes notamment) mais l'enneigement devient progressivement déficitaire. Il devient même problématique fin-février/début-mars sur le Sud du massif (Mercantour notamment) avec un manque de neige criant une nouvelle fois ... même si un peu moins marqué que l'année dernière. 

Le graphique ci-dessous représentant les quantités de neige observées, à l'échelle globale du massif, représente parfaitement cela : l'enneigement au-dessus des moyennes autour du 20 décembre devient progressivement déficitaire en janvier puis très déficitaire autour de la fin-dévrier/début mars proche des records bas pour la période (depuis 1959) datant parfois ... de l'an dernier. 

Le mois de mars voit rapidement un changement des conditions. Les hautes-pressions se rétractent vers le Sud. Un rapide courant d'Ouest à Nord-Ouest, perturbé, prend le relais de manière durable. 

Rapellez-vous notre article sur le type de temps et les conséquences sur les massifs français. Ce type de temps enneige fréquemment les secteurs proches de l'Isère et de la Savoie (Champsaur, Dévoluy, Pelvoux, Cerces ...). Il enneige de manière plus temporaire les secteurs plus au Sud (Ubaye, Embrunnais ...) et n'enneige pratiquement pas le Mercantour qui se retrouve en position d'abri. On assiste donc durant le mois de mars, mais également en avril, à un accroissement sensible des épaisseurs de neige en altitude sur les secteurs cités tandis que les conditions d'enneigement ne s'améliorent pas sur le Sud du massif avec un retour au vert jusqu'à haute-altitude particulièrement précoce dans les Alpes-Maritimes. Ainsi, le paroxysme d'enneigement est observé fin-avril dans les Ecrins au-dessus de 2400/2600 mètres environ avec des épaisseurs de neige plutôt bonnes pour la période. A ce jour (mi-mai) des possibilités de ski subsistent encore à haute-altitude sur ce massif tandis que la pratique d'activité hivernale est bien plus marginale et compliquée ailleurs.

Au final une saison correcte, par rapport à l'an dernier, mais hétérogène : 

Si l'on raisonne de manière globale (tant sur l'ensemble de la période que sur l'ensemble du massif) n'ayons pas peur des mots : les conditions d'enneigement ont une nouvelle fois été très mauvaises cette saison, sans atteindre les records bas d'enneigement observés l'an dernier.

Oui mais l'idée ici est d'essayer de voir un peu plus loin et force est il faut reconnaître que ce constat global cache de nombreuses disparités. Dans un premier temps en terme de temporalité. On l'a dit : le massif a clairement tiré son épingle du jeu entre la mi-décembre et le début du mois de janvier grâce à un enneigement correct à "bon" (Briançonnais, Vallouise ...) puisque le redoux pluvieux de Noël n'a ici été que très furtif. Par la suite, les conditions d'enneigement se sont dégradées lentement mais constamment jusqu'au mois de mars. Au fil du mois de mars, c'est bel et bien les secteurs d'altitude proche des Ecrins qui ont tiré leur épingle du jeu.

Et l'on vient là ainsi parler de cette deuxième disparité : en terme de localisation. Les deux graphiques ci-dessous illustrent bien cela. Le département des Hautes-Alpes a connu un bon enneigement entre décembre et début janvier puis il s'est dégradé (devenant largement déficitaire au tout début du mois de mars) avant de devenir à nouveau très correct en altitude fin-mars et début avril grâce au retour d'un temps perturbé d'Ouest.

A contrario, si l'enneigement a été bon mi-décembre dans l'extrême Sud du massif (ici dans les Alpes-Maritimes sur le deuxième graphique ci-dessous) il s'est ensuite constamment dégradé pour finalement atteindre des records bas pour la période fin-mars. Clairement il y a pas mal d'endroits où, là-aussi, la saison de ski sur pistes a été sauvée par la production de neige de culture et le travail des équipes des domaines skiables notamment dans le Mercantour ... pour la deuxième année consécutive.

Cela en est terminé pour nous concernant ce bilan sur l'ensemble de l'arc alpin français. La suite ? Un bilan complet sur les autres massifs français (Pyrénées, Vosges, Massif-Central ...) ces prochains jours.

Thomas.Blanchard
Texte Thomas Blanchard
Rédacteur bulletins et infos météo/neige sur Skipass depuis quelques années déjà !

11 Commentaires

Supaji Bonjour et merci pour le recap ainsi que tous ceux réalisés au cours de la saison.
Serait il possible de réaliser une prévision sur les tendances hivernales de l’hiver prochain comme cela est réalisé en Amérique du Nord (Farmer almanach) ? Ça ne serait pas hyper précis mais juste les grosses tendances probables ?
Cedski L'exercice de la prévision saisonnière est particulièrement périlleux à nos latitudes. Et je ne suis pas sur que le lectorat moyen ait assez de recul pour comprendre tout ça. Même en mettant des énormes warnings partout.
Yeahdemen En Amérique de l'ouest ils ont El Nino/La nina qui permet déjà d'avoir une idée des trajectoires générale des perturbations à long terme, bien qu'il y ai des hétérogénéité locales. Chose impossible en Europe.
 

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tidoudou J'ai pensé comme vous mais différemment en lisant ce retour sur notre hiver....
Qui saurait lire dans une boule de cristal pour nous dire à quoi s'attendre le prochain hiver ?? ^_^
Bel article en tout cas, merci
 

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freeryan Superbe articles complet comme d’hab avec Thomas .. mais article triste de part la réalité qu’il relate ...
 

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MrBrooks Très bon article qui résume bien la saison. Comme souvent, et comme depuis plusieurs années, ce type de saison est profitable aux locaux. Je ne suis absolument pas jaloux attention, mais si l'hiver prochain pouvait être un peu plus classique dans sa programmation. Ca m'arrangerait bien.
Merci Thomas pour le récap et bon été à tous.
 

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jojoski

Coté du Valais Le bilan de Zinal (coin peu sujet aux lessivages normalement ) montre bien que même à 1700m ça a été vraiment pitoyable (un seul jour avec plus de 30 cm au sol là bas : le 15 mars ! , ça skie bien plus haut là bas où le bilan est très convenable cf bilan à 2500 m très complet annitrek.com

et dans les coins les plus secs du Valais : 2 jours à plus de 10 cm à 1550 m c'est délirant
whiterisk.ch
PS il n'y a que chez moi qu'on a une micro boite de 2 lignes visibles pour répondre ? c'est très chiant ça

sevuyapa Oui, la boîte s'agrandit au fur et à mesure que tu tapes.
jojoski a
a
a
Grr ...chez moi ça ne laisse que 2 lignes visibles, pour un bavard comme moi c'est la cata
 

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