Photo de couverture

Cliquez ici pour ajouter une photo de couverture, ou déposez la photo dans ce cadre. Si les dimensions sont supérieures à 2000x1045 pixels, la photo sera automatiquement redimensionnée.

L'image d'en tête sera affichée derrière le titre de votre article.
Cliquez ici pour remplacer la photo de couverture (2000x1045 pixels), ou déposez la photo dans le cadre pointillé.

Interview J-Y Michellod

Il ne peut plus skier debout, qu'importe, J-Y Michellod est devenu un parafreerider.

article Verbier

Ex-guide et vainqueur de la première édition de ski de l’Xtrem de Verbier en 2004, le Suisse Jean-Yves Michellod, 33 ans, ne pourra plus jamais skier debout. Qu’importe, il invente une nouvelle façon de glisser, le parafreeride et transcende son handicap. Dix mois seulement après son accident, on le retrouve dans le court-métrage vainqueur du Hike & Ride en 2007 "Ain’t got no friends on a powder day", un film élégant teinté d’autodérision réalisé par Nicolas Falquet, qui signe également un 26 minutes documentaire, "Skieur Libre", sorti cet hiver, qui raconte le chemin de croix du skieur helvète.


Bande annonce: JYM skieur libre

-Avant ton accident, tu voyais la vie comment?
-J’étais passionné par la montagne et par le ski. Mon truc, c’étaient les pentes raides et le ski extrême. Ce qui me motivait, c’était de skier les endroits les plus impossibles et de faire de la montagne. Je suis tombé dans le freeride avec l’Xtrem de Verbier. Guide de haute montagne, j’ai travaillé à la sécurité sur cet événement pendant 3 ou 4 ans, je connaissais bien l’endroit. Quand Nicolas Hale-Woods a décidé d’ouvrir la compétition aux skieurs, je lui ai demandé si je pouvais m’inscrire. Il m’a donné une invitation et ça s’est enchaîné.

-Tu es donc devenu rider pro ?
-C’est un bien grand mot ! J’ai gagné l’Xtrem en 2004 pour ma première participation mais je n’ai jamais vécu du sponsoring à 100% car je ne suis pas un businessman. Mon travail de guide me laissait pas mal de temps libre pour skier pour moi.

-Qu’est-ce qui t’est arrivé en mars 2006 ?
-J’ai fait un virage à skis dans la Face Nord du Monfort à Verbier, une face assez raide de 45° environ, et je suis parti avec une avalanche qui m’a traîné sur 300 m dans les rochers. Bilan ; toutes les cotes cassées et de multiples fractures dans le dos dont une à la 12ème vertèbre et voilà, en gros ça m’a cassé le dos... On m’a tout de suite opéré, on m’a mis des plaques en fer dans le corps. J’ai passé une semaine à l’hôpital avant de rejoindre le centre de rééducation pour sept mois



-Par quel état d’esprit es-tu passé quand on t’a appris ce que tu avais ?
-Je me suis toujours dit que la pire des choses qui pouvait m’arriver, c'était de devenir paraplégique. Et puis quand ça t’arrive... C’est clair que j’ai eu quelques jours très durs pour le moral, mais voilà, j’avais déjà une petite fille de trois mois, alors avant de penser à en finir on réfléchit un peu autrement. Et puis c’est vrai que j’ai quand même eu la chance de voir évoluer les choses ce qui a fait que j’ai gardé l’envie de me battre.

-Quel a été ton combat à partir de là ?
-Les médecins pensaient que je ne pourrais jamais remarcher si ce n’est avec des béquilles pour me déplacer de mon lit jusqu’à la salle de bain. J’ai sûrement eu de la chance car pas mal de muscles me sont revenus dans les cuisses, les nerfs ont repris vie, car ma moelle épinière n’a pas été complètement sectionnée mais écrasée. Après 4 ou 5 mois, j’ai commencé à me lever et à marcher entre des barres parallèles. À force de m’entraîner, j’ai récupéré un peu d’équilibre ce qui fait qu’aujourd’hui j’arrive à marcher sans béquilles. Comme j’ai des attelles qui fixent mes pieds à mes chevilles, j’ai les pieds qui ne bougent pas du tout alors je marche un peu tout tordu façon Robocop (rires) ! Mais je suis super content d’en être arrivé là. Je suis dans l’état où je suis et il faut faire les choses qu’on peut faire.
J’ai toujours une très grande passion pour le ski et c’est ce qui m’a fait aller de l’avant ; pouvoir recommencer à skier, certes d’une autre manière. Aujourd’hui, je suis moins euphorique quand je skie, je fais plus attention !

-Tu as toujours gardé en tête l’idée de re-glisser ?
-Au début, on pense juste à pouvoir se tourner tout seul dans le lit et arriver à atteindre la chaise roulante ! Mais dès que j’ai pu bouger les jambes, j’ai eu espoir de pouvoir re-skier debout. Mais comme j’avais bien du mal à marcher, j’ai compris que je n’arriverais plus à skier. Alors j’ai cherché d’autres alternatives et j’ai trouvé cette manière de skier assis en faisant des recherches sur Internet. J’ai trouvé un fabricant français, Dualski, qui conçoit toutes sortes d’engins pour les handicapés. Il m’a fabriqué un ski-bob et j’ai commencé à skier à Noël 2006, soit huit mois après mon accident.

-Explique-nous ce qu’est un ski-bob ?
-Je suis assis dans une coque en carbone avec un système d’amortisseur en dessous qui vient reposer sur un sabot avec deux skis pour avoir plus de portance en poudreuse. On peut mettre n’importe quel type de ski. J’ai aussi deux petites patinettes pour les bras pour tenir l’équilibre.

-Raconte-nous ta première journée en ski-bob ?
-Quand tu as passé toute ta vie à skier et que du jour au lendemain tu ne tiens plus debout, tu as l'impression de reprendre à zéro. Le plus dur, c'était de revenir là où je skiais tout le temps, là où tout le monde me connaissait avant et donc a eu "pitié" de moi. Mais je suis vite passé par-dessus ! J’ai eu des sensations rapidement. Je pense que c’est ça le plus important après un accident : pouvoir "oublier" son passé, ne pas faire une croix dessus mais en tout cas passer à autre chose de façon à avoir la tête libre pour pouvoir faire ce que tu peux faire avec ton handicap.

-Qu’as-tu gardé de tes acquis de skieur pour le ski assis ?
-La manière de skier est quasi identique. Il faut simplement savoir appliquer le système de bascule avec l’engin. Avoir beaucoup skié m’a aidé. C’est sûr que j’appréhendais un peu le premier jour ; on ne peut pas faire de chasse-neige pour aller doucement, on est obligé de prendre un peu de vitesse et déraper pour tourner.Ca vient vite puisqu’en une journée je descendais les pistes de Verbier sans trop tomber ! La poudreuse, c’est plus compliqué au début car on a tendance à s’enfoncer... surtout pour les copains qui m’accompagnaient et qui ont du me relever 30 fois ! La solution, c’est de prendre beaucoup de vitesse.

-Au niveau des sensations, c’est comment en ski-bob ?
Franchement, en poudreuse, j’ai autant de plaisir qu’avant. Je vais même plus vite que les skieurs valides parce que je n’ai pas mal aux jambes (rires) ! Il faut me forcer à m’arrêter. Sur piste, je suis assez bas sur la neige et j’ai de vraies sensations de vitesse comme dans un karting. Je peux vraiment tailler des courbes à fond. Même assis dans ce fauteuil, j’ai une liberté extraordinaire !
 
-Tu as même inventé le terme "parafreeride" ?
-Je disais que je faisais du parafreeride pour rigoler. Et comme j’étais l’un des premiers en Europe, j’ai inventé un terme pour cette nouvelle pratique !

-Finalement ta vie de pro-rider, tu la vis aujourd’hui ?
C’est sûr, j’ai la chance que tous mes partenaires m’aient suivi et comme je continue à faire des images, c’est vrai que je suis presque encore plus connu qu’avant. Je voyage pas mal : Chili, Russie et je travaille aussi sur le Freeride World Tour comme juge depuis l’an passée.

-Des projets ?
-Je continue à faire des images avec les frères Falquet et j’aimerais aussi skier la face Nord du mont Blanc ce printemps. Le projet serait de se faire poser en Italie à 4000 m et de monter à pied jusqu’au sommet. En deux jours, peut-être que j’y arriverais. Et ensuite skier la Face Nord jusqu’à Chamonix.

-Tu es heureux aujourd’hui ?
-Oui c’est sûr (rires) ! Je ne suis pas plus heureux qu’avant, mais j’ai quand même de la chance de pouvoir continuer à skier et voyager. Je pense qu’il y en a beaucoup qui aimeraient être dans mon cas, pas dans ma chaise mais dans ma vie.

Propos recueillis par Sandra Stavo-Debauge

Photos : Christophe Margot


La semaine prochaine, nous rencontrons la skieuse norvégienne Karina Hollekim qui se prépare à revenir sur la neige deux ans après son accident de base jump.

17 Commentaires

reivax29 les mots ne suffisent pas je reprendrai donc mes predescesseurs : respect! et bravo!
 

Connectez-vous pour laisser un commentaire

saccoche une belle vidéo et une belle leçon de vie.

Bravo pour ton courage et ton engagement! c'est vraiment énorme.
 

Connectez-vous pour laisser un commentaire

latouf La classe !

juste une petite question, j'arrive pas a trouver de site de fabrication de skis comme le sien.(La plupars ont besoin d'un moniteur qui pousse le siege)
Ca serais interessant, surtout pour ceux qui voudraient prendre l'exemple d'avoir un lien.
 

Connectez-vous pour laisser un commentaire

karamazofaucunlien Ca fait vraiment plaisir de voir ce gars à nouveau s'éclatter dans la vie malgré les boulversements auxquels il a du faire face. Une vraie leçon de vie et de courage, c'est clair que d'avoir sa petite famille a dû beaucoup l'aider mais il doit aussi avoir une énorme force de caractère.

Respect monsieur Michellod et bon vent.
 

Connectez-vous pour laisser un commentaire

Anon. IMMENSE RESPECT !!! Plus qu'une leçon de vie !!! Un immense courage et une volonté de passer outre ce foutu destin !! Bravo d'avoir pris cette revanche sur ce destin !! C'est tout simplement beau ... BRAVO !
 

Connectez-vous pour laisser un commentaire

magicbastos

Bravo et merci à JY pour ce qu'il fait.
Il est pour nous: les "parariders" une vrai référence.
Dommage qu'il n'ai finalement pas pu venir au derby de la Meije, ça aurait été interessant de se mesurer à lui. J'espère que notre asso www.magicbastos.com pourra l'inviter pour la 22ème édition.

 

Connectez-vous pour laisser un commentaire

 

Connectez-vous pour laisser un commentaire

.