Cet article n'a pas pour objectif de créer une polémique idéologique sur la toile.
L'auteur (mézigue) déclare n'avoir aucun lien ou conflit d'intérêt avec le sujet traité, l'industrie du ski, de la montagne en générale ou tout autre sujet en lien avec l'article. Si la question peut paraitre simple, sa, ses réponses sont bien plus complexes et compliquées qu'il n'y parait... Loin de moi l'idée de donner une réponse clef en main, mais plutôt de constater une sorte de "redondance" dans les saisons qui s'enchainent depuis plusieurs années et de constater un certain décalage de la saisonnalité dans les Pyrénées.
Je ne suis pas un expert du sujet traité (météo - enneigement), ne donne aucune réponse à une question complexe à savoir : envisager de modifier les dates "historiques" d'ouverture des stations de ski dans les Pyrénées.
L'objectif n'est pas non plus de comparer les massifs Français, ni même les versants Sud et Nord des Pyrénées. Je me place en observateur néophyte mais attentif depuis plusieurs années...
Le contexte :
Ces lignes ont été rédigé tout au long de la saison passée de ski Pyrénéenne à savoir de fin novembre 2023 à avril 2024.
Les infos captées : l'ensemble des images et photos de l'article sont soit des photos persos, soit des screenshots de sites pros ou réseaux sociaux (stations, météo)
Déjà, l'hiver 2022 - 2023 aura donné lieu entre mi décembre et mi janvier à un nombre affolant de fermetures de stations de ski et non des moindres... La majorité des stations françaises du 66 09 et 31 ont connu une période de fermeture, quelques jours pour les plus chanceux, plusieurs semaines pour certaines stations en difficulté. Certaines stations ont fermé près d'un mois, un vrai problème si l'on considère que la saison dure moins de 4 mois sous ces latitudes, pour l'essentiel des stations.
Les attentes pour cette nouvelle saison étaient liées à celle qui a précédé, à savoir importantes en terme de météo, pour espérer ne pas revivre les fermetures temporaires de l'hiver passé. Pas de bol, ce fut pire...
Une fois n'est pas coutume, Porté Puymorens et Cauterets ont mis le paquet pour ouvrir très tôt dans la saison 23-24... J'étais à Val Thorens pour la grande première le 25 novembre 2023, alors que ces deux stations ouvraient également. La chute de neige fin novembre a permis à ces coffres à neige d'ouvrir aussi tôt que Val To. Un plaisir qui sera malheureusement de courte durée...
J'écris ces premières lignes entre le au début du mois de janvier 2024, moment où les Pyrénéens attendent la "fameuse troisième chute" de neige tant attendu pour les 7 8 ou 9 janvier. D'autant qu'en suivant, une grosse vague de froid s'annonce. Si la neige ne tombe pas, on est mal, puisque les météorologues nous expliquent que cette vague de "grand froid" n'est pas compatible avec des chutes de neige. Elle pourrait permettre de la conserver, mais pas de la faire tomber... (Je résume le propos lu çà et là sur les réseaux pros (météo France) à la même période.
La 3ème chute, et oui. Il a neigé fin novembre (vers le 20) mi décembre (vers le 12) et il a surtout fait diaboliquement chaud : doux dirons nous... J'ai mangé en terrasse fin décembre 2023 à Toulouse : léger problème de thermostat...
La quasi totalité des stations pyrénéennes ont été impactées par ces conditions non hivernales, avec plusieurs conséquences. La première, des ouvertures retardées, mais également des fermetures en semaine pour limiter la fréquentation sur des pistes à l'agonie, en favorisant les ouvertures le WE, pour satisfaire les usagers. Des réouvertures retardées, et du chômage technique pour bons nombre de saisonniers.
On note un "léger" manque de neige fin décembre dans les stations des départements : 66 - 09 - 31 - 65 (je ne skie jamais ou presque dans le 64)...
Il y a 60 ans naissait le surf des neige, et oui, à l'époque, le snow board ne s'appelait pas encore snow board, enfin pas pour tout le monde... Mais ce n'est pas celui dont je vous parle. Des pots à moi se sont baigné (sans néoprène) à Rosas (on est à moins de 100km de Font Romeu), et à Hendaye (à moins de 100km de la Pierre Saint Martin) fin décembre 2023 entre le 25 et le 31. J'ai même des pots skieurs qui, dépités par la situation météo globale, sont partis surfer à Bayonne le 28 décembre en plein stage du club de ski à Fonfon... On compense le plaisir de la glisse, comme on peut... Un délire climatique qui s'installe peu à peu : un léger problème de thermostat...
Des coffres à neige, comme Ordino Arcalis, Cauterets, Porté Puymorens, Piau Engaly sont ouvertes à hauteur de 30 à 50% début janvier 2024 alors que ces stations sont le plus souvent les mieux loties...
Masella exposée plein nord est ouverte à 19%, Molina idem. Cambre d'Aze plein nord quasi fermée. J'y ai fait le réveillon il y a 25 ans, on en avait jusque sous les aisselles entre les sapins.
Tous les screen shots ont été réalisé 72h à quelques heures avant la chute du 6 7 janvier 2024.
L'état de la quasi totalité des stations est ca la mi teux!
La fameuse "dose" sera tombée les 7 8 et 9 janvier sur la quasi totalité de la chaine et aura eu pour vertu de sauver la saison de bon nombre de stations en situation plus que délicate. Elle aura également déposée la fameuse sous couche pour les free rider, et comme un bonheur n'arrive jamais seul, le froid fut présent durant plusieurs jours permettant de serrer la couche tombée et de faire tourner les fameux cannons... Bref, s'il ne pleut pas d'ici les 15 prochains jours, on sauve la saison et les vacances de février... Et oui, business is business.
Je conclue ces lignes entre le 17 et le 20 janvier (journées balançant entre douceur, pluie et neige à haute altitude.
Cauterets 60% (un coffre à neige connue des freeriders) et Peyragudes 50% ont réussi à boucler les vacances de Noel dans des conditions parfois difficiles.
Il est encore un peu tôt pour valider cette hypothèse, puisque les deux dernières chutes ont malheureusement été rincées et n'ont pas eu l'effet escompté. Nous sommes donc à la quasi fin des vacances scolaires d'hiver et un mètre de poudre est tombé à la PSM Cauterets Piau et d'autres endroits ont bien ramassé. Mais le fil rouge de cet article semble se vérifier également à fin de l'hiver 23-24. La situation reste instable... Malheureusement, le redoux et la pluie auront une fois de plus eu un effet dévastateur sur le manteau neigeux dans bien des stations...
Toutes les stations pyrénéennes ne sont pas équipées d'enneigeurs.
Si tenté que la station soit équipée, elle n'en place pas partout, mais plutôt sur des points stratégiques, choisis avec méthode, sur les observations antérieures.
En admettant que la station puisse combler les manques de neige naturelle avec des enneigeurs, il faut encore qu'elle puisse utiliser les canons...
Deux freins majeurs sont apparus ces dernières années : le déficit d'eau (associé plus ou moins à la rétention d'eau sur bassin versant), et l'énergie nécessaire à la production.
L'explosion du cout énergétique a poussé les exploitants non seulement à limiter la vitesse des remontées mécaniques, mais également à produire moins de neige artificielle dans certaines stations...
L'eau est une variable ô combien nécessaire à la vie, et depuis quelques années, elle se fait rare, elle aussi... Quand elle vient à manquer, que faire? Canonner? Arroser? Hydrater les bassins de population? Dans le 66 par exemple, si le printemps 2023 n'avait pas été particulièrement pluvieux en montagne, les Bouillouses n'auraient pas pu fournir à Font Romeu, la quantité d'eau nécessaire à la création d'un Soshi bis quelques mois plus tard... Comment argumenter auprès des arboriculteurs de la cote vermeille dont les fruitiers meurent les uns à la suite des autres, que l'eau captée en altitude à 80km de là, va servir à assouvir le plaisir amputé, de ploucs comme moi ? La question, si elle peut paraitre philosophique pour certains, reste très concrète pour certains habitants, notamment les agriculteurs.
Si les chasseurs de poudre écument les modèles météos pour viser la RTT stratégique afin de snifer l'or blanc tombé du ciel, "la puff", le skieurs lambda lui, rêve de glisser sur une neige douce, agréable à skier et à chuter. Oui, nous ne sommes pas tous des champions, les strikes sont légion au ski, d'autant plus en période de forte affluence, encore plus si la neige est exigeante (dure, carton, bleue).
On ne peut pas dire que la neige artificielle soit vraiment "idéale" aux yeux de la majorité des skieurs. Elle comble les trous, elle cache la misère, mais que faire quand on constate des langues de neige artificielles sur des versants totalement vierges d'un centimètre carré de neige ? Sans être forcément écolo, ou décroissant populiste, sincèrement, vous ne vous posez jamais la question vous ? Qu'est ce que je fous là ? A quoi je participe ? Quel est mon impact en tant que skieur ? Pour quel plaisir ? Pourquoi ?
Loin de moi l'idée de culpabiliser, ou de faire culpabiliser, mais là aussi, la question mérite d'être posée.
La deuxième question montre le bout de son nez : Pour combien de temps ?
Quelle est l'espérance de vie de ce modèle? Comment s'adapter ? Que proposer demain ?
Voilà la genèse de cet article, que faire demain, et surtout comment le faire.
Je pratique peu le ski de rando, essentiellement pour prolonger la saison sur pistes. Un peu avant l'ouverture, un peu après la fermeture des stations, c'est une autre façon de skier, d'aborder la montagne, de la découvrir. Depuis le covid, difficile de débuter la saison plus tôt : faible niveau de neige sur les sommets. En revanche pour prolonger la saison, là, le débat est déjà plus ouvert.
J'ai fait la veille de la fermeture de Piau Engaly il y a quelques années (14 avril) avec 50cm de poudreuse : une tuerie (dinguerie comme disent les jeunes). L'année précédente, fin mars, l'apocalypse à Ascou. Il y a 15 ans je suis arrivé à Ax avec des copains première semaine d'avril, la station était fermée, il y avait 40cm de poudreuse sur le plateau débutant de Bonascre. On s'est vengé sur un resto... Et non ce ne sont pas deux exemples hors norme, car j'ai le sentiment que la saisonnalité de ce massif, se modifie d'années en années...
Les Pyrénées forment une barrière montagneuse naturelle entre le sud de la France et le Nord de l'Espagne. Les stations Espagnoles ont également beaucoup souffert ces deux dernières saisons...
Meme les très grandes stations (Grandvalira, Baqueira et Formigal) ont eu de très grandes difficultés à proposer un terrain de jeu de qulaité, la faute à la météo. Peu de chute de neige, beaucoup de précipitations (pluie) beaucoup de soleil, le coktail parfait pour réduire le manteau neigeu à peau de chagrain pour de nombreuses semaines.
Les screenshots des ouvertures sur Molina et Masella, mais c'était pire à Formigal, seule Baqueira semble avoir réussi à ouvrir plus de 50% du domaine...
Dans ces conditions, prendre un forfait saison, même dans une station "bien exposées" devient très risqué... Un pot andoran n'a skié Grandvalira Ordino Pal que deux fois entre début décembre et mi janvier... Et encore, dans des conditions... Bref
Perso, j'ai craqué pour le saison de Gavarnie - Gèdre, qui n'a pas pu ouvrir avant début janvier et encore 3 pistes... Ça fait cher le bilan carbone...
PHOTO screen
Heureusement que cette offre bénéficiait de 15 forfaits gratuits dans d'autres stations sinon on se mangeait la saison avec un forfait inutilisable...
J'étais heureux de faire découvrir à mes gosses les stations où j'ai appris à skier il y a plus de trente ans (Formiguères, St pierre del Forcats, les Angles, Puyvalador, Puigmal) ben non...
Avec quelques pistes ouvertes, nous nous sommes rabattus sur la seule station correctement enneigée dans le coin : La Porté-Puymorens. On retentera le coup cet hiver, en espérant une météo peut être l'année prochaine...
10 cm le 23 avril sur la quasi totalité de la chaine pyrénéenne, comme souvent, en fin de saison, la neige retombe. Alors oui, faire "vivre" les stations après la fin mars reste complexe, vu les températures que l'on peut croiser en montagne, 30° à Cauterets le WE du 13 14 avril, mais certaines stations font de très gros efforts pour proposer une autre vision du ski. Alors comment les soutenir ?
Peut être en changeant les mentalités des pratiquants, ne pas tout attendre des décideurs, mais leurs offrir l'ouverture d'esprit nécessaire à la pratique du ski en avril car (par moment) et suivant l'exposition, cette pratique semble possible. Je suis allé proche du Vignemale mi avril j'ai croisé 2 skieurs de rando qui m'ont dit ne jamais avoir vu autant de neige sur ses pentes.
Pas de conclusion toute faite pour cet article, mais une question reste en suspend, que faire demain pour adapter au mieux la pratique de ce sport dans ce massif ?
Au plaisir de lire les commentaires "modérés" des Pyrénéens amateurs de ski.
Bonne saison 24-25.
6 Commentaires
Pour la question du changement de mentalité des utilisateurs des pistes. Pas sûr qu'il y ait un grand %age de personnes qui changeront. Tant qu'ils ont de l'argent, ils seront content de skier sur des bandes de neige étalées entre deux pans de terre/cailloux...
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