Ceci n'est pas un récit épique (ou l'art de n'avoir aucun cardio et de quand même vouloir profiter)

Photo de couverture

Cliquez ici pour ajouter une photo de couverture, ou déposez la photo dans ce cadre. Si les dimensions sont supérieures à 2000x1045 pixels, la photo sera automatiquement redimensionnée.

L'image d'en tête sera affichée derrière le titre de votre article.
Cliquez ici pour remplacer la photo de couverture (2000x1045 pixels), ou déposez la photo dans le cadre pointillé.

Ceci n'est pas un récit épique (ou l'art de n'avoir aucun cardio et de quand même vouloir profiter)

Saison 2 d'un mec pas sportif à la montagne
article
Paprika@GR
Texte :
Cet article est issu du mag communautaire skipass.com, dans lequel les membres de notre communauté peuvent partager librement leurs plus belles histoires de montagne. Publiez la votre !

Je m'étais juré de reprendre le sport

Saison précédente, j'avais été contraint de me mettre à la randonnée, comme beaucoup de skieurs, et malgré de nombreuses sorties dans les Vosges qui m'avaient confrontés à ma perte de condition physique (https://www.skipass.com/mag/randonnee-dans-les-vosges-par-un-mec.html), j'avais adoré ça. Avoir des paysages vierges, savoir que je suis autonome, et me sentir tranquille dans un univers à la fois impressionnant et silencieux, tout ça m'avait fait bien plus de bien que des années d'anxiolytiques. Du coup, l'objectif était de reprendre une condition physique adéquate pour en profiter encore plus l'année suivante. J'ai randonné dans les calanques, fait de l'apnée, un peu de course et de natation, le tout motivé par l'envie de faire des dénivelés plus importants. 

Pas aussi bien que du ski, mais quand même bien sympa en attendant la saison.

Ajoutez des photos (2020px)

Pour ce semestre d'hiver, j'ai demandé à faire mon internat au CH de Briançon. Quoi de mieux pour se motiver que de voir les montagnes tous les matins (ou des blessés du ski, je ne sais pas encore), cependant ce début d'hiver pour les Alpes du Sud n'a pas été des plus prolifiques et j'ai pour l'instant plus trainé sur le domaine skiable/dans les restaurants de la vieille ville, que réellement partir découvrir des endroits sans traces humaines. Le week-end dernier, en vadrouille, je vois toutes les photos des copains : il neige, et pas trop mal. Cette fois-ci, il reste une sous couche et je vais pouvoir skier sans exploser ma semelle. Plus aucune excuse, il est temps de voir si mon entrainement a porté ses fruits ou si mon cas est désespéré. Je sors le téléphone, et j'annonce à ma chef que je prends une journée (en vrai pas du tout et en plus j'ai eu que la demi-journée, sale histoire).

C'est où qu'on va

Je me connais. A chaque fois, je surestime et mon niveau de ski et ma capacité physique, et c'est comme ça qu'on me retrouve à regarder les topos skitour sur la traversée des Ecrins ou sur le petit couloir surexposé côté avec plus de chiffres que mon nombre de sorties annuelles. Puis, j'ai toujours un gros coup de stress après chaque chute de neige qui fait que j'ai un peu peur de sortir, et c'est comme ça que j'annonce 4 sorties différentes en 2 jours. C'est la reprise, autant y aller molo.

Ce matin, ça sera la vallée du Fontenil, avec pour objectif le lac de Combeynot et son magnifique cirque, au moins de faire la première grosse montée jusqu'au monticule vers 2200 mètres. Profiter, pas de pression. Peu de topo, mais la montée n'a pas l'air trop pentue, les quelques photos font envies. Vendu.

Une fois sur place

Après avoir failli resté bloqué sur la route après un virage hasardeux, nous voilà arrivé sur place, et c'est beau. Une magnifique montée qui débouche sur un plateau qu'on ne voit même plus d'en bas. Le soleil commence à se lever, c'est le créneau parfait. On chausse les skis, on met les peaux, et c'est parti. Ce matin je suis accompagné par 2 cointernes, médecins militaires.


Je ne suis pas le plus doué pour rendre des montées de skis captivantes, mais je peux vous assurer une chose, c'est que c'était la plus belle qu'il m'ait été donner de faire. Les rayons du soleil traversant les arbres, comme s'ils étaient découpés par un cadre, les crêtes environnantes donnant une sensation de grandeur, ou encore la vue exceptionnelle sur les 3000 environnants, tout m'a rappelé ce que j'aimais bien depuis petit à la montagne. Evidemment, pas de surprise, après 250 mètres de dénivelés les jambes commencent déjà à être lourde, et le souffle devient pénible. J'essaye de me concentrer pour bien glisser mes skis et ne pas les soulever. Faire de belles conversions et ne pas perdre trop d'énergie. Le paysage a beau être magnifique, je commence à me demander combien de mètres il me reste. Les copains militaires sont bien évidemment dans une forme olympique, et passent plus de temps à m'attendre en observant le paysage qu'à monter, mais adorables ils ne feront aucun commentaire de la matinée. 

Après 2 heures de montée et 650 mètres de dénivelés,  la réalité nous rattrape. Il est 11h, et je dois être à mon poste d'ici 2 heures, et douché si possible. Heureux hasard, on vient de passer le premier monticule et honnêtement je commence à être un peu claqué. Je tente de garder la face avec un petit ''si vous voulez on continue, à mais non flûte j'avais pas vu l'heure'' qui ne trompe personne, pas même le groupe de randonneur qu'on croise qui rigole. Le froid commence à nous rattraper, alors on dépeaute, et on se prépare.


La descente fut merveilleuse. La neige était bonne, certes, mais le fait d'avoir "mérité" cette descente, d'avoir sué, pesté, rallé pour elle, la rend d'autant plus délicieuse (j'exagère peut être vous direz-vous, mais c'est déjà très bien pour moi). Nous repassons par une zone vierge de poudreuse (une vingtaine de cm ?), avec des petits rochers enneigés qui nous servent de tremplin. Puis, le bois où le soleil s'engouffrait plus tôt dans la matinée, avant de finir en longeant ce dernier. Je profite au maximum, incertain de la prochaine opportunité de ski. Ma technique de ski n'est pas gracieuse, pas parfaite, mais rien ne m'empêchera d'avoir le sourire aux lèvres.

Et là, le drame

Evidemment, j'ai trop pris la confiance. J'arrive à fond en forêt sans voir la racine qui dépassait, faute de sous-couche suffisante sur le bas de la descente. Les skis volent, les fixations se détachent sous le choc, et je me retrouve sur le cul. Métaphoriquement, et littéralement. J'essaye de me lever, mais la cheville a pris un coup. Je ne m'en fais pas, les médecins sont derrière en train de descendre.


J'ai pu regagner la voiture, et assez rapidement marcher. Le choc s'avèrera être bénin et j'ai pu retravailler l'après-midi même. De la chance, mais un bon rappel quand même d'arrêter de me surestimer.

Cette journée matinée de randonnée, c'était un bol d'air frais dans une période un peu morose. Entre les chutes de neige qui ne sont pas bonnes, l'épidémie qui fait fermer les blocs chirurgicaux les uns à la suite des autres et entasse les malades, je ne sais pas si le reste de la saison me réservera des sorties aussi sympa. Le nombre de blessés sur piste lui, ne se désemplit pas. Sur un plan plus personnel, là où avant je devais faire une pause au bout de 400 mètres de montée, j'arrive à dépasser les 600 d'une traite. Rien de miraculeux, mais j'ai quand même le sentiment de progresser.

Prenez soin de vous, prenez soin de vos proches, et n'oubliez pas, si vous avez l'impression d'être pas sportif ou pas bon en randonnée, dites vous qu'un mec a fait une sortie de D+650 et a quand même jugé utile de faire un article dessus.

Merci aux copains qui continuent de m'accompagner, des bisous (de loin).

Paprika@GR
Texte Paprika@GR
Interne en pharmacie à l'AP-HM la journée (et parfois la nuit),
Amoureux de la montagne le reste du temps.
Si je suis pas sur les pistes c'est que je suis en train de manger.

2 Commentaires

tidoudou Quel plaisir de lire les recits des sorties des autres ! Tu devrais trouver des skieurs contemplatifs ou qui ont une petite condition physique pour t'accompagner car 650m de D+ en 2 heures c'est une belle cadence !
Paprika@GR C'est gentil, merci ! Je vais essayer de faire des sorties plus longues, le problème c'est qu'après les 2h je suis trop ko. Peut être une histoire de rythme que je gère pas assez?
 

Connectez-vous pour laisser un commentaire

 

Connectez-vous pour laisser un commentaire

.