Deux voies d’escalade emblématiques dans les Dolomites Agordines.

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Deux voies d’escalade emblématiques dans les Dolomites Agordines.

Via Decima et Via Andrich-Faè
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Yeahdemen
Texte :
Photos :
Jeremy M.
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Où ça ?

Les Dolomites Agordines ou ‘Dolomiti Agordine’ regroupent les massifs qui entourent la petite ville d’Agordo : Civetta, Moiazza, Pale di San Lucano, Agner. Ce secteur des dolomites est beaucoup moins fréquenté pour l’escalade. Les approches sont souvent longues ou impliquent de dormir en refuge ou bivouac (camping interdit). On trouve des voies de tout niveau mais qui nécessitent un certain degré d’engagement car très peu protégées. En échange on grimpe dans un environnement sauvage, peu fréquenté et sur un rocher généralement de très bonne qualité, les visiteurs préférant s’atteler aux fameuses Tre Cime, Tofane et autres voies sur les Sella qui sont beaucoup plus accessibles.

La Via Decima – Pala delle Masenade – Moiazza

Cette voie a été ouverte en 1976 par Luigi Decima, Fausto Todesco, Pier Costante Brustolon e Sonia Della Santa en seulement quelques jours et est considérée comme une des voies les plus belles des dolomites. Son seul défaut pourrait être que l’on ne finit pas sur un sommet mais sur une vire médiane de la Moiazza. 

La voie n’est pas dure techniquement (maximum V+) et le rocher est d’une qualité incroyable car on suit la ligne d’écoulement des eaux... Bref, on grimpe dans une cascade mais au moins le rocher est bien nettoyé ! Il ne faut donc mieux pas s’y aventurer en cas de météo incertaine et s’il a beaucoup plu la veille. La voie ne dispose de quasiment aucun piton (excepté deux sur le passage clé de V+ sur dalle), les relais sont tous sur lunules, et l’escalade est toujours intuitive et verticale. Un autre de ses particularités est que l’on peut s’y protéger de manière assez incroyable : lunules en veux-tu, en voilà, possibilité de mettre des coinceurs partout, cela en deviendrait presque embarrassant ! 

J’ai pu y retourner cet été pour emmener des amis français qui étaient de passage dans les dolomites. Ils n’ont pas été déçus du voyage et n’avaient jamais autant placé de protections rapides. Pour la petite histoire cette voie a beaucoup été réalisée pour les cours d’escalade en grande voie par les clubs alpins afin d’apprendre à se protéger sans prendre trop de risque. Un must dont je ne me suis pas lassé de refaire !

Le petit truc du local : Pour gagner 45 minutes d’approche, il faut se garer à la Malga Framont et non au Passo Duran comme indiqué dans les guides.

Approche : 1h, Voie : 4/5h, Descente : 2h00.

La Via Andrich Faè – Torre Venezia – Civetta 

La voie Andrich - Faè se trouve sur la Torre Venezia qui fait partie du massif de la Civetta. La Civetta est connue pour sa face Nord qui compte de nombreuses voies toutes plus emblématiques les unes que les autres. Elles nécessitent pratiquement toutes une forte expérience d’escalade sur rocher (approche importante, voies longues, peu de protections et descente interminable par la voie normale). Ici, on se concentre sur la Torre Venezia qui est la tour situé la plus à l’ouest du massif. Non loin de la fameuse Tour Trieste avec ses voies Cassin ou Donnafugata.

Cette voie a été ouverte par le grand alpiniste Alvise Andrich en 1934 à seulement 18 ans ! Ce jeune alpiniste a été un des protagonistes de l’époque du Sesto grado et a seulement grimpé de 1934 à 1936. Malgré les essais de nombreux grimpeurs locaux, le Spigolo sud-ouest de la Torre Venezia était resté jusque-là invaincu. Le 16 aout 1934, deux vieux guides d’Agordo (Faè et Biachet) ont emmené le jeune Alvise avec eux. Il n’avait jusque-là réalisé que des courtes escalades sur les falaises du coin mais a surpassé toutes les difficultés en libre sous le regard ahuri des deux anciens. La voie Andrich – Faè était née ! Quelques jours après ils ouvriront ‘simplement’ la fessura Nord-Ouest sur la Punta Civetta. Un ‘fenomeno’ comme ils disent ici !

Pour ce qui est de la voie, on parle ici d’escalade soutenue avec peu de protections et sur du très bon rocher. Bien que la cotation semble limitée sur le papier (max VI- et principalement V), la plupart des longueurs requièrent de l’engagement car elles sont continues et exposées. De mon avis, il vaut mieux être capable de grimper de manière désinvolte sur du 6a en falaise histoire d’avoir de la marge. J’ai compté maximum 3 pitons sur la voie (réalisée de nouveau le 19/10/20) et les relais sur pitons sont déjà en place.

On a donc une ligne de montée élégante, verticale et soutenue, qui laisse perplexe lorsqu’on repense à Andrich qui l’a faite en 1934… Elle fait partie aujourd’hui des plus belles voies des Alpes pour certains.

La plupart des cordées dorment la veille au refuge Vazzoler. L’approche est de 1h30 à partir de ce refuge et de 3h si on part de la Capanna Trieste en fond de vallée. La descente s’effectue par la voie normale avec plusieurs rappels (2x50m + 2x30m). En fonction des cordées et de la fréquentation la voie se réalise entre 5h et 7h.

Le petit truc du local : Approche en EMTB histoire de réaliser l’ascension sur la journée et de mettre un peu moins d’1h30 pour arriver au pied de la voie. On cache les EMTB dans les pini mugo ou sur le petit parking à la fin de la route forestière.

3 Commentaires

laurent13 Superbe article avec l'histoire, conseils et topos, et très belles photos déjà envie d'y revenir, grand merci !
 

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