Ulski,
Situation basique pour toi mais hautement stressante pour d'autres. Ou est le point de rupture ? Que sous entendent les grands discours sur "la sécurité en montagne" ?
J'aime cet article. Source skirando.ch skirando.ch
Avalanches et prises de décision : les raccourcis qui tuent
Auteur: Alain Duclos
Date: mar 12 oct 2004 18:29:15 CEST
Le thème de cet article a été présenté une première fois par Ian McCammon au colloque ISSW de Penticton (2002, USA). Ian a ensuite écrit un article pour "Avalanche Review" aux USA en 2003. Le texte ci-dessous est le résumé de l' article paru dans "Avalanche News" au Canada au printemps 2004.
Par Ian McCammon, résumé et traduction par Alain Duclos *.
Il y a quelques années, mon copain Steve est mort dans une avalanche. C'était un jour de tempête et le risque d'avalanche était élevé, mais Steve et ses partenaires pensaient qu'en choisissant un itinéraire qu'ils connaissaient bien et en faisant attention, ils resteraient hors de danger. Après tout, ils étaient des randonneurs expérimentés et Steve, le plus à l'aise du groupe, était déjà venu dans le coin moins d'une semaine auparavant.
Au bout de deux heures, ils ont rencontré un autre groupe qui se rendait vers le même col qu'eux, par les pentes les moins raides. Ils ont discuté un peu du risque d'avalanche et sont tombés d'accord pour dire qu'un bon choix d'itinéraire devrait éviter les ennuis. Mais dix minutes plus tard, alors que le groupe de Steve faisait la trace dans une pente peu chargée, ils ont déclenché une avalanche qui a dévalé du dessus. L'avalanche a atteint trois skieurs, en blessant gravement un, et enfouissant complètement Steve. Les témoins de l'autre groupe sont venus les secourir, mais le temps de sortir Steve, il était déjà mort.
Après l'accident, certains ont dit que Steve était mort d'avoir pris des risques insensés ce jour là. Ils pensaient que le groupe avait refusé de voir les signes évidents du danger, et qu'ils avaient voulu forcer le destin en traversant sous un couloir d'avalanches dans de telles conditions. L'explication semblait raisonnable.
Mais ça ne collait pas avec ce que je connaissais de Steve. Quelques semaines auparavant, s'étant rencontrés sur une remontée mécanique, on s'était remémorés nos vieilles aventures de grimpe. Nous avions bien ri en évoquant comment Steve aimait grimper en tête, souvent bien au-dessus des protections. Mais maintenant, les choses avaient changé, disait-il. Il m'avait parlé de sa femme et de sa superbe petite fille de 4 ans, combien le temps de l'imprudence était révolu, et comment celui d'élever une famille avait commencé. Il aimait toujours skier et grimper disait-il, mais maintenant c'était plus pour le plaisir d'être dehors puis de rentrer à la maison, que pour celui de prendre des risques. Quand il est mort, c'était sur un itinéraire classique en terrain connu, fréquenté par des douzaines de randonneurs chaque saison, dans un endroit qu'il croyait sûr.
Aussi triste que soit cette mésaventure, le drame est que de telles histoires se révèlent accident après accident, année après année. Un groupe expérimenté, souvent bien formé au risque d'avalanche, prend la décision cruciale de descendre, traverser ou franchir une pente estimée sûre. A posteriori, il apparaît souvent que le danger était évident avant l'accident. Alors on bataille pour expliquer comment des gens à la fois intelligent et formés au risque d'avalanche ont pu voir le danger, le regarder en face, et se comporter comme s'il n'était pas là.
Ce jour la, nous bien avons failli etre victimes du syndrome de la vache. Des plaques se declenchaient partout a notre passage. Difficile de respecter les regles de prudence, alors que les trippes reclament de rentrer au plus vite ...
Les pièges de l'inconscient dans les accidents d'avalanches
Comment en arrive-t-on à décréter qu'une pente est sûre alors même que l'on est face à l'évidence quelle ne l'est pas ? Une explication possible est que l'on est trompé par des mécanismes inconscients ou par des règles empiriques qui guident nos décisions dans la vie de tous les jours. De tels mécanismes fonctionnent bien pour gérer des risques quotidiens tels que ceux inhérents à la conduite automobile, à la traversée d'une rue, ou aux relations sociales. Mais, comme nous le verrons, les avalanches sont un danger particulier face auquel ces mécanismes sont inefficaces, voire dangereux. Ils nous mènent à une perception totalement faussée du danger, appelée "piège heuristique" par les spécialistes.
Six mécanismes sont particulièrement connus pour intervenir largement dans la vie quotidienne :
L'habitude
L'obstination
Le désir de séduction
L'aura de l'expert
Le positionnement social
La sensation de rareté
inscrit le 02/11/04
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