Ci-dessous transcription écrite des enregistrements audio du dernier
conseil d'administration de la Société Générale (PS : ne pas dévoiler vos
sources)
Comité de direction SG (CONFIDENTIEL DEFENSE) >>
"- Bon, les gars, on déconne, on déconne, mais on s'éloigne des vrais
problèmes. Qui veut un calva ? J'ai du 80 ans d'âge que je fais venir
directement de la ferme. Une rareté.
- Qui a pris les cigares ? Jean-Eudes, faites pas le rat, renvoyez les
havanes par ici.
- Messieurs ! Quand vous aurez fini de vous torcher, on en reviendra au
sujet du jour. Où est Roger ?
- Aux toilettes, monsieur le président, il a du mal à digérer la purée de
céleri.
- Bon, puisque notre directeur financier est malade, je vais moi-même
rentrer dans le sujet. Peuf... Peuf... (il allume un cigare). Messieurs,
comme je le disais, l'heure est grave. Merci pour le calva, Pierre-Henri.
Les calculs faits par ma stagiaire cette nuit montrent que nous avons perdu
entre 5 et 9 milliards par la faute de ces gros ploucs d'amerloques.
- Font chier, ces yankees. On ne peut plus faire confiance à personne !
- Silence, Charles-Edouard ! Il est trop tard pour nous lancer dans une
analyse de risques approfondie. La question du jour est : qui va porter le
chapeau ?
Silence général. Tout le monde se regarde bizarrement.
- Non, ne vous inquiétez pas, on n'en est pas encore à foutre des cadres
dirigeants à la porte. Le plan social, on le fera sur les guichetiers, faut
pas que déconner. Non, mais sérieusement, faut trouver un cIampin à faire
dégager rapido. De préférence, un qu'aucun d'entre nous ne connaît,
histoire de dire qu'on n'était pas au courant.
- Oui, monsieur le président, mais qui ?
- Je sais pas moi, je suis pas là pout tout faire, non plus. Y'a personne
que vous voulez virer ? Un trou de balle, un minüs, mais avec une bonne
gueuIe de psychopathe, qu'on pourrait montrer à la télé en disant "tout est
de sa faute" ?
- Oui, comme les anciens hébreux chargeaient un bouc de leurs péchés avant
de l'envoyer dans le désert...
- Charles-Hubert, vous nous les pétez menu avec vos histoires de cüreton.
C'est pas parce que vous avez passé 15 ans chez les jèzes qu'il faut la
ramener à chaque codir. La dernière fois, c'était Saint-Paul à Damas pour
illustrer le moment où Bernanke a compris qu'il était dans la mërde, et la
prochaine fois, vous nous faites quoi ? Sodo.me et Gomorrhe ? Le Déluge ?
Allez, on y va, on me donne un nom.
- Mais, président, on ne les connaît pas, les noms des collaborateurs. On
leur parle à peine, et encore, seulement pour les engueuIer.
- Bon, OK, je vois, c'est encore moi qui vais tout faire. Pierre-Matthieu,
passez-moi votre portable. Le trombi de la boîte, il est où ?
- Ici, monsieur le président.
- Pu.tain, ces tronches de tärés qu'ils ont ! Eh, aux RH, vous avez jamais
pensé à donner des consignes, genre "éviter d'embauchés des demeurés" ?
Bon, on va pas s'en sortir, je clique au hasard... Tiens, celui-là, Bernard
Hurningh, vos en dites quoi ?
- Il est conseiller clientèle à Dôle, monsieur, personne ne croira jamais
qu'on a perdu 5 milliards à cause de lui.
- Même en magouiIIant avec la Suisse ?
- C'est plus ce que c'était, monsieur, la Suisse. Le secret bancaire n'est
même plus garanti, ils seraient foutus de nous prouver qu'on raconte des
craques.
- Mouais, va falloir taper dans le lourd. Celui-là, Marc Brice, à votre
avis ?
- Directeur financier d'une sous-filiale de spécialisée dans le prêt
agricole, monsieur. C'est la bourse qui craque, pas le marché du pürin.
- Faites le malin, Jean-Edourad, foutez-vous de ma gueuIe. Bon, celui-là,
il a une vraie tronche de vainqueur. C'est mon dernier mot, vous vous
sortez les doigts du cuI et vous me le mouillez à mort. Jean-Gui, en tant
qu'ancien membre du cabinet de l'Elysée sous Mitterrand, les barbouzeries,
ça vous connaît, non ?
- Oui, on peut magouiIIer un peu le système informatique, histoire de faire
croire qu'il nous a truandés. Faites voir le nom ?
- Kerviel, Jérôme Kerviel. Encore un de ces petits mërdeux qui croient
qu'ils vont devenir riches parce qu'ils passent des ordres de bourse toute
la journée sur leur écran. On dirait des hamsters sous acides, ces
branIeurs. Allez, celui-là paiera pour les autres.
- Mais, monsieur, 5 milliards sur le dos de ce trou de balle, personne n'y
croira jamais !
- Je vous signale, mon petit Charles-Edouard, 80% des français se sont
déplacés il y a un peu plus de six mois pour départager une di.nde
hystérique, et un velléitaire complexé par sa taille, alors vous savez, le
sens critique de ces gIandus... Bon, on y va. Plan média, bidönnage
informatique, communiqué de presse, plan social en backup, je veux tout ça
sur mon bureau demain matin. Et vous me supprimerez le coupon de cette
année, ça fera les pieds à ces co.nnards d'actionnaires. Quelqu'un reveut
du champ' ?
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