Upsilon
Upsilon

inscrit le 4/2/03
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Voilà un article du net qui reflete très bien ce que pensent un bon nombre de colombiens, quand on rencontre chaque jour des gens qui ont au moins une personne dans leur famille qui s'est fait enlevée, j'en connaissais même un qui s'étai fait enlevé trois fois, quand on sait très bien qu'il faut suivre les règles de sécurité là bas et qu'on les viole volontairement, ça énerve.



Voici enfin quelques informations objectives au sujet d'Ingrid Betancourt.
Son sort est sans doute malheureux (et on ne peut lui souhaiter qu'une libération rapide, mais il cache tout de même une supercherie ou du moins une grande exagération de sa vie et de ses actions ainsi que des circonstances de son enlèvement. Voici un petit rappel avant la version française d'un article colombien sur le phénomène Betancourt : Elle a d'abord fait un portrait d'elle même dans un ouvrage publié en France. Comme avaient fait remarquer certains colombiens, c'est un peu comme si Cheminade (ou un autre candidat aux présidentielles crédité de très faibles intentions de vote) avait fait publié un ouvrage sur lui dans un autre pays en se faisant passer pour la seule personnalité intègre de France. Le fait qu'elle soit menacée ne signifie rien, la majorité des colombiens exerçant des responsabilités sont menacés. Ensuite, elle prétend combattre la corruption et le clientélisme, mais dans son ouvrage elle raconte dès les premières pages, sans honte, les avantages qu'elle et sa famille ont tirés de leurs relations politiques... Elle oublie vite que c'est aussi ces comportements qui font que la Colombie peine à sortir de ses problèmes. De plus les médias français lui donne le titre de candidate écologiste... uniquement car
son parti se nomme oxigeno. Celui-ci n’est pas un parti écologiste.
Enfin, il faut rappeler que son enlèvement s'est produit le jour ou le gouvernement lançait une campagne militaire de grande ampleur pour reprendre une zone attribuée à la Guérilla. En pleine déclaration de guerre elle est partie s'interposer. Son attitude (inconsciente) a beaucoup énervé les colombiens car son enlèvement était prévisible et a beaucoup compliqué la situation.
Les médias français n'ont retenu d'elle que l'image qu'elle a bien voulu donner d'elle même et ont en fait une sorte de Jeanne d'Arc, son nom a même été proposé pour le prix Nobel de la Paix.... au même titre que Rigoberta Menchù, Martin Luther King ou Nelson Mandela....
Rien d'étonnant que cela désespère un peu les colombiens, sachant que son action a plutôt été minime. Les articles en français remettant en cause son statut de Jeanne d'Arc
et reflétant le point de vue de la majorité des colombiens sont assez rares. Voici la traduction d'un article d'El tiempo qui fait le point sur la situation vue de Colombie. C'est très instructif et reflète bien l'état d'esprit de la grande majorité des colombiens face au phénomène Betancourt.
Bonne lecture


La "déification" d'Ingrid Betancourt critiquée en Colombie
Forte différence de perception entre la Colombie et l'Europe BOGOTA, lundi 23 février 2004 (LatinReporters.com)

La "déification" par "les médias français" d'Ingrid Betancourt, captive depuis deux ans de la guérilla marxiste des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie), qui l'ont enlevée le 23 février 2002, est vivement critiquée lundi dans un article d'opinion publié par le plus important quotidien
de Colombie, le journal libéral "El Tiempo" de Bogota. L'article est signé par l'une des plus célèbres journalistes colombiennes, Maria Jimena Duzan, qui fut menacée de mort par les cartels colombiens de la drogue.
La colonne de Maria Jimena Duzan "Mi hora zero", publiée dans les années 90 par le journal El Espectador, critiquait durement les cartels du narcotrafic. La journaliste fut menacée de mort des dizaines de fois. Un attentat à la bombe fut perpétré contre El Espectador. Plusieurs de ses journalistes et employés ont été assassinés ou contraints à l'exil. La soeur de Maria Jimena Duzan, journaliste elle aussi, fut abattue alors qu'elle enquêtait sur le trafic de drogue et les commandos paramilitaires.
Qu'une telle personnalité, par ailleurs critique de l'actuel président colombien Alvaro Uribe, s'en prenne, dans le quotidien le plus respecté de Bogota, à la "déification" d'Ingrid Betancourt illustre l'immense différence entre la Colombie et l'Europe dans la perception du drame que vivent actuellement la célèbre séquestrée franco-colombienne et sa famille.
Voici la traduction littérale de l'article de Maria Jimena Duzan. Il pourrait susciter un flot de réactions indignées en Europe et en particulier en France, mais peu en Colombie. (Les mots en italique et entre crochets ont été ajoutés par LatinReporters.com).

La déification d'Ingrid Par María Jimena Duzán (El Tiempo, lundi 23 février 2004)

Je pense parfois que si les médias, les analystes, la classe politique et le pays en général n'étions pas restés silencieux par respect de la douleur d'Ingrid et de sa famille; si nous
avions démystifié à temps cette fausse image de Jeanne d'Arc créole qu'elle trace dans son livre "La rage au coeur", dans lequel sans rougir le moins du monde elle apparaît comme l'unique personne ayant une audace morale et éthique, propriétaire de la dernière âme incorruptible de Colombie, Ingrid n'aurait pas cru ses propres mensonges, elle ne se serait pas risquée à aller là où sont les Farc et nous la verrions figurer dans la politique colombienne, aux côtés d'une Maria Emma [ex-ministre libérale des Affaires étrangères et ex-candidate à la mairie de Bogota],
cheminant avec la même grâce au-dessus des sables mouvants; d'une Noemi [Noemi Sanin, ex-ministre des Affaires étrangères et actuelle ambassadrice de Colombie à Madrid], ouvrant son chemin au sein de l'uribisme [vision politique de l'actuel président Alvaro Uribe] ou se battant dans l'opposition solitaire d'une Piedad Cordoba [sénatrice qui propose un accord humanitaire qui permettrait d'échanger des otages de la guérilla contre des guérilleros emprisonnés].
Upsilon
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Si Ingrid n'avait pas été obnubilée par les louanges des médias français qui l'ont convertie en personnage mélodramatique, il est possible qu'aujourd'hui, après son enlèvement, les Européens ne l'auraient pas catapultée au statut de combattante pour les droits humains, sans qu'elle le fût auparavant, et ne lui auraient pas octroyé le grade de leader écologique, en dépit du fait qu'on ne lui ait jamais connu sa passion pour les verts. Si au lieu d'être demeurés silencieux par pudeur, par solidarité avec son impuissance, sachant que la séquestration est comme une mort au cours de la vie et si, au contraire, nous avions dépoussiéré, lorsque c'était nécessaire, des épisodes de son passé dont elle ne veut pas se souvenir et qui la ramènent malheureusement au monde des mortels, à celui des politiciens qui se trompent, au monde des liaisons dangereuses, comme lorsqu'on la voyait
aller de la main du politicien contesté Carlos Alonso Lucio [ex-guérillero reconverti et ex-sénateur, il fut accusé de financer par le narcotrafic la campagne de l'ex-président Ernesto Samper] faisant du lobbying au Congrès pour solliciter la maison plutôt que la prison pour les narcos; si nous avions eu l'intrépidité de dire que son passage au Congrès ne laissa pas non plus une empreinte indélébile
dans la mémoire des Colombiens, car malheureusement ses propositions parlementaires furent très peu nombreuses; si nous avions dit tout cela, peut-être cette fable qui entoure l'image d'Ingrid en Europe n'aurait-elle pas atteint les extrêmes d'aujourd'hui, quand s'acccomplissent deux années de son ignominieuse séquestration aux mains des Farc.

Mais non. La figure d'Ingrid a transcendé la fiction de son livre. Elle est devenue mythique, un symbole européen, de moins en moins maniable par les Colombiens, y compris par ceux qui continuons à nous faire l'avocat d'une issue digne et d'un accord humanitaire qui permette de ramener tous les
séquestrés chez eux. Maintenant, selon ce que je lis dans la presse européenne, "sa lutte" fait partie de l'inventaire de symboles qui encouragent la lutte contre la globalisation. Et dire qu'elle s'est caractérisée par le contraire, étant en faveur du libéralisme économique et s'exprimant durement contre la corruption, mais restant toujours au sein de l'establishment. Je ne sais si, depuis sa captivité, Ingrid partage la façon dont l'Europe fait pression et exige du gouvernement sa libération;
ni si cela lui plaît qu'on insiste tant sur son cas alors que des centaines de Colombiens, séquestrés longtemps avant elle, pourrissent dans la jungle au pouvoir de la guérilla, sans susciter de pancartes dans les rues de Paris, car ils ne parlent pas français. Peut-être, si les Européens et nous-mêmes
nous connaissions mieux mutuellement, qu'Ingrid n'aurait jamais écrit ce livre, qu'elle n'aurait jamais cru être la Jeanne d'Arc colombienne et qu'elle se serait résignée à être une politicienne brillante, intelligente, loquace, terriblement ambitieuse; une femme courageuse, dotée d'un flair
politique impressionnant et qui pourrait être aujourd'hui plus proche du Président [Alvaro Uribe] que beaucoup d'entre nous l'imaginons.
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trop long, indigeste et pas clair sur les droits d'auteur...

la bonne méthode : synthèse en introduction + lien vers article + appel à avis (justification du post)

merci :-)