Cette journée de début octobre m?a prouvé que l?on pouvait vivre l?aventure à deux pas de chez soi, vivre une journée extraordinaire en montagne, dans un isolement complet, au bord de la mer, à une dixaine de kilomètre de l?une des plus grande ville de France, à 2h des Alpes?


La voie du Baoux Rouge (à ne pas confondre avec la directe du Baoux Rouge) est une voie qui remonte en traversée ascendante le grand cirque du Devenson (Calanques) au niveau de la Tour Save.
La cotation montagne est D+, ce qui parrait élevé pour une voie dont les longueurs sont en 4c. Oui, mais voilà, deux facteurs entrent en ligne de compte: la voie fait 9 longueurs (assez long pour le massif des Calanques) et l?accès se fait par les rappels dit « rappels d?Etat d?Urgence ».
Ces rappels sont concidérés comme les plus beaux des Calanques (pour ceux qui connaissent les rappels de la Grande Croisière, c?est pareil en plus long, plus dur, et plus gazeux). Une fois au pied de la voie, pas de retour possible: il n?existe pas de chemin qui remonte de la calanque du Devenson au sommet ! Il faut alors remonter les 9 longueurs en terrain d?aventure partiel, avec deux longueurs en 5b et une longueur 4c recoté recemment 5c ! Tout est dit, nous nous élançons après 1h30 de marche d?approche.


Les cinq rappels sont descendus en 1h30. Les photos valent mieux qu?un long discours? C?est tout simplement magique? Nous avons pour seuls compagnons, le vent, le bruit de la mer, et les oiseaux qui tournent autour de nous. Les rappels en fils d?arraigné sont physiques, et il faut enrouler la corde autour de la jambe pour freiner un peu plus. Il y a un petit frisson au moment de quitter la paroi et ensuite, c?est que du bonheur. Nous avons vue sur le grand large, le cap Morgiou, l?aiguille du Devenson, l?arête du même nom, les cheminées du Cirque, le départ de la De Gasquet, la Coryphène, l?aiguille de l?Eissadon immortalisée maintes fois par Gaston Rebuffat, la Calanque de l?Oule, le plateau de Castelveil et sa traversée Ramond, et au loin dans les brumes le cap Canaille qui borde la petite ville de Cassis?


Et puis, il faut remonter. Nous progressons corde tendue dans les pentes raides et instable, un petit pas de 4 et nous sommes au pied de la voie. Bonne surprise: le rocher est du bon calcaire blanc, bien compact, et c?est relativement bien équipé. C?est raide, parfois deversant, souvent physique, mais rarement très fin: une voie dans le plus pur style « montagne ».
La seule longueur de 3 est un couloir que nous parcourons corde tendu dans un genre cher à la tradition du « calanquisme ». Ceux qui ne connaissent pas sont souvent surpris, ceux qui découvrent sont subjugués, ceux qui connaissent sont entousiasmés mais attentifs. Les dangers sont nombreux et ne viennent pas des crevasses et des avalanches, mais des glissements de terrain, de la difficulté à protéger, des glissades? Ces couloirs ont souvent un air débonnaire, mais une fois engagé, c?est parfois difficile, glissant, et les accidents n?y sont pas rares. Donc la prudence est recommendé comme en zone glaciaire ! Ensuite nous reprenons sur des zones de bons rochers en 5b/5c très peu équipés (relais en place) et nous gagnons le sommet de la Tour Save. Par une petite traversée et une fine arrête, nous gagnons la falaise du Devenson. Ce n?est pas fini ! Nous abservons en silence le soleil qui se couche sur le grand large, la falaise baignant dans une lumière rose orangée.


Les dernière longueurs terminée dans le noir profond d?une nuit sans lune et sans étoiles, nous paraitrons dure. La lumière de la lampe frontale réduit incroyablement notre champs de vision et nous avons l?impression d?évoluer dans un monde restreint? C?est quelque chose d?assez spécial, de très attrayant en fait. Après quelques surplombs et retablissement hasardeux, les pieds pédalants dans le vide, nous débouchons de nouveau sur la crête du Devenson? Quelques coups de téléphone pour rassurer, tout va bien, nous rentrons chez nous silencieusement, la tête pleine de souvenirs?