Champéry-Pas d'Encel-Col de Susanfe-Haute Cime-Col de Susanfe-Lac de Salanfe-Van d'en Haut

  • Région: Chablais
  • Temps de marche indiqué: 11h30
  • Dénivellé montant, descendant: ^2220m, v1850m
  • Altitude de départ, maximale, d'arrivée: 1036-3257-1395m

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Les Dents du Midi, montagne mythique qui surplombe majestueusement toute la région et offre à nos yeux sans cesse ébahis sa paroi inimitable qui prolonge la courbe du Léman. Probablement l'une des plus belles montagne du monde, succession de 7 dents (principales) à la découpe ciselée par un travail d'orfèvre.
Cette montagne qui ne laisse pas indifférents les alpinistes se paie le luxe d'offrir le privilège aux simples randonneurs d'atteindre le sommet de sa plus haute dent, la Haute Cime, au terme certes d'un effort assez conséquent (surtout pour boucler le tour en une journée) mais dénué de véritable difficulté technique.
Je pourrais vous louer sur des lignes et des lignes la beauté du panorama qui se dévoile du sommet de ce qui est le point culminant du Chablais, mais malheureusement je n'ai pas vraiment pu profiter de ce spactable magré mes efforts acharnés :-/
Si la météo était plutôt de mon côté (beau temps avec quelques passages nuageux), la visibilité lointaine était proche du néant à cause d'une brume d'une densité jamais vue. Quel dommage... Mais c'est la montagne; les Dents du Midi ne s'offrent pas sous leur plus beau jour à n'importe quel quidam aussi facilement, dès la première ascension... J'y retournerai!

Venons-en au fait: en restant dans le domaine de la randonnée pédestre, il existe deux points de départ pour monter à la Haute Cime: Champéry (1036m) ou Salvan (925m). On peut écourter la montée depuis ce second point de départ grâce à la route (+service de bus) qui monte jusqu'au camping de Van d'en Haut (1395m).
Quelque soit le départ choisi, c'est autour des 2000m d'ascension et autant de descente qu'il faudra se farcir pour atteindre son but en une journée!
Néanmoins, pour se ménager une montée plus tranquille, pas mal de gens préfèrent faire l'ascension en deux jours, avec une nuit soit à l'auberge de Salanfe, soit à la cabane de Susanfe.


En choississant de partir de Champéry, de nombreuses variantes d'itinéraire sont possibles pour rejoindre le Pas d'Encel qui donne accès à la combe de Susanfe. Celui indiqué sur les panneaux de randonnée part du Grand-Paradis et monte au Pas via la forêt et la buvette de Bonavau.
Moyennant un petit supplément de 10 minutes, on peut aussi passer par exemple par les Planchamps puis Rossetan avant de contourner la falaise du Pas d'Encel pour rejoindre le sentier qui la franchit; c'est l'option que j'ai choisie, moins fréquentée.

Le passage du Pas d'Encel est assez impressionnant, car le sentier, invisible depuis le bas, se faufile le long de différentes vires en balcon au-dessus du torrent de la Saufla. De courts passages demandent l'aide des mains. Sinon, les passages les plus difficiles sont équipés de chaînes, qui rendent la progression sans grand danger, du moins par temps sec.
On débouche ensuite en plein milieu de la vaste combe de Susanfe, qui, hormis la sortie par le col du même nom, semble entourée de tous côtés par les sommets. Celui de la Haute Cime apparait justement, paraissant étonnament proche, bas, presque anodin. Il ferait presque oublier qu'il reste environ ^1400m de montée depuis le débouché du Pas d'Encel jusqu'au sommet!
La montée dans la combe jusqu'au col se fait en pente douce quasiment jusqu'en haut, sur un terrain verdoyant sauf dans les derniers mètres avant le col, complètement dénué de végétation.

Je recommande une petite pause au col de Susanfe avant d'aborder le gros morceau, l'ascension finale, soit ^800m de montée dans un terrain entièrement caillasseux et raide, avec comme seul palier le Col des Paresseux, aux 2/3 de la montée. Le sentier n'est pas indiqué, est n'est balisé que par quelques vagues cairns. Cependant, les nombreux passages ont finit par tracer un sentier assez visible dans sa première partie.
Attention toutefois: une fois le premier ressaut contourné (alt. environ 2920m), il est facile de se tromper, de quitter le sentier et de se retrouver dans les larges traces laissées par les gens qui redescendent dans le pierrier en tirant tout droit dans la pente. Certes, ça va tellement bien à la descente, mais inutile d'essayer d'y passer à la montée... A chaque pas on redecend quasiment de la moitié de la pente gravie! Le vrai sentier monte en fait en zig-zags en restant proche du bord de l'arête de droite.

Une fois le col des Paresseux atteint et dépassé, il reste à gravir les 200 derniers mètres, encore un peu plus raides, avec la trace encore plus difficile à trouver.
J'ai fini par monter un peu par où je pouvais (de toute façon on voit bien le sommet) pour enfin atteindre le sommet, suprenant, à la hauteur de l'effort: pas le moindre espace plane, mais une ligne de crête hérissée de blocs rocheux littéralement plantés le long de l'arête sommitale, tous orientés vers le nord. Impressionnant! Une petite croix a quand-même trouvé sa place sur un bloc moins penché que les autres, surplombant le vide et la vallée de Champéry...
Je suppose que la vue doit être vraiment impressionnante quand les conditions sont au beau fixe, comme depuis la plupart des sommets qui sont les points culminants de massifs. Mais là, un véritable smog de brume atténuait fortement l'impression de hauteur, de même que la vue au-delà des sommets directement voisins.

Après une petite heure au sommet, il est temps de penser avec "délice" aux plus de 1800m de descente qui restent avant la fin de la journée... Pas question de trainer trop longtemps en haut.
La première partie jusqu'au col de Susanfe est pourtant assez agréble: excepté le 1er bout jusqu'au col des Paresseux qui demande un peu de prudence, on peut ensuite se laisser glisser dans les pierriers dans toute la partie intermédaire, avant de retrouver le sentier pour contourner le ressaut qui surplome le col de Susanfe.

Entre le col et le lac de Salanfe, il existe deux sentiers: l'ancien descend au pied du petit glacier sous la tour Salière et rejoint l'extrémité ouest du lac, alors que le plus récent et balisé commence par descendre en longeant le flanc de montagne au nord du lac en suivant de larges vires à travers les petites falaises du pan SE de la Haute-Cime, avant de rejoindre les prés qui surploment le lac, que l'on rejoint à peu près à mi-longueur.
Une fois au barrage (auberge), il reste à descendre le chemin qui mène à Van d'en Haut, coupé par un sentier avec passages en escaliers, bordant le torrent de la Salanfe issu du lac.
A noter plusieurs possibilités de baignade en cours de descente dans des marmites le long du torrent.

Arrivé à Van d'en Bas, on peut poursuivre encore pour une bonne heure de descente jusqu'à Salvan.
Mais il est très tentant d'attendre le bus (dernier vers 17h) qui fait le même parcours en mangeant un morceau au snack du camping... Mais la flemme se paie: 8 CHF le quart d'heure de route jusqu'à Salvan... (bus privé).


Au final, une journée assez harrassante, un dénivellé total quand-même conséquent (c'est pas tous les jours qu'on fait 2200m de montée quand-même, enfin sauf ceux qui font ça au petit dej' en guise d'entraînement pour l'ultra trail Mont-Blanc par exemple...) mais une rando d'exception vers une montagne d'exception, sans autre difficulté que la longueur de la course.
La Haute Cime est naturellement un sommet prisé. Pour éviter la grande foule, mieux vaut monter l'après-midi, car la plupart des randonneurs partent de la cabane de Susanfe et donc atteignent le sommet le matin.
Pour autant, j'ai quand-même croisé du monde en montant vers 13h30, et même encore à 14h30 en redescendant.

Si vous comptez faire le tour en une journée, le premier train arrive à Champéry à 7h30 le WE (et même 6h20 en semaine, voire 6h00 mais celui-là part depuis Monthey).
Sachant que le dernier bus part de Van d'en Haut vers 17h30, ça laisse 10h pour faire le tour, ce qui est moins que le temps de rando indiqué, mais reste largement faisable.
De toute façon en une heure de plus on est à Salvan, avec des trains pour Martigny jusqu'à 20h.

Enfin bref: allez-y!