Teaser One Step Beyond

Sébastien Montaz-Rosset est un réalisateur que nous suivons attentivement, chacune de ses images est si finement travaillée qu'on s'en voudrait d'en manquer une seule. Son dernier film, qui sortira le 8 mars, est un documentaire sur la Suissesse Géraldine Fasnacht, femme attachante et étonnante qu'on retrouve en wing suit en Antarctique tout comme en snowboard sur la plus haute marche du podium de l'XTrem de Verbier. One step beyond, c'est le titre... et le pas qu'il faut franchir pour se jeter dans le vide, les bras légèrement écartés, c'est aussi celui qui permet de dépasser les épreuves difficiles que la vie réserve. C'est à cet aspect mental que s'est attaché Sébastien, histoire d'aller plus loin que la performance pure : "ce n'est pas un film d'action, mais un film sur la recherche du bonheur". 

-Pourquoi avoir choisi Géraldine ?

-Il y a très peu de femmes dans le domaine du base jump et de la wingsuit. J'avais rencontré d'abord Karina Hollekim et puis ensuite Géraldine. J'ai été touché par les drames qui ont jalonné sa vie et j'ai voulu m'intéresser à la résilience : la capacité de certaines personnes à se remettre en selle malgré les épreuves. On reste dans les sports extrêmes, que j'aime filmer mais le thème est universel : la reconstruction de soi. 

-Karina intervient beaucoup dans le teaser, elle aussi a eu son lot d'épreuves ?

-Oui, je travaille à un documentaire sur elle, je la suis depuis 1 an et demi, pas à pas, je suis témoin de ses progrès physiques. Qu'on promette à des gens la chaise roulante après un accident et que deux ans plus tard ils skient, ça me fascine ! Le base-jump et le snowboard sont des prétextes pour évoquer ce thème. Je voudrais qu'on soit ému, je voudrais qu'on se reconnaisse dans le personnage de Géraldine. Ce n'est pas un film d'action, mais un film sur la recherche du bonheur. 

-D'ailleurs, la scène du début, dans la neige, est très contemplative ?

-Oui, c'est la reconstitution d'une scène vécue. Après un drame, elle a connu une période de latence et un jour sa mère l'a forcée à sortir, elles sont parties dans cette forêt, elles se sont perdues et c'est vraiment le jour de sa renaissance. Ni Géraldine ni moi ne voulions un film larmoyant. On termine sur une note positive, elle se remarie cet été, ce film se veut un hymne à la vie.

-La performance sportive a une place importante quand même ?

-Je pense que quand les gens regardent un sport à la télé, ils ont envie de savoir ce qui se passe avant et après. Personnellement, j'ai envie de connaitre les sportifs dans leur quotidien, comment ils sont arrivés à ce niveau-là, comment leur personnalité leur a permis d'atteindre ce niveau. Pourquoi ne filmer que la performance sans montrer ce qui précède et suit la performance ? Dans un saut de base-jump, quand l'impulsion est donnée au bord de la falaise pour moi c'est la fin du tournage. Ensuite ce sont les caméras embarquées, c'est du déjà-vu. En revanche le pliage, la gestuelle, les mimiques, les visages qui précèdent le saut, cela m'intéresse. 

-Une dernière question sur ton matériel. Qu'utilises-tu pour travailler ? 

-Mon appareil de prédilection est le Canon 5D Mark II. Pour les sauts et les ralentis, c'est le 7D. Je pars toujours en montagne léger avec une ou deux optiques, rien de compliqué. Ensuite je bidouille des choses avec des monopodes et des steadycams. Par exemple le mouvement de caméra quand ils sautent à cinq est donné par un bricolage-maison sur un monopode de 2 mètres.