Le dernier géant de l’Ouest

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Le dernier géant de l’Ouest

Le pic du Balaïtous (3144m) par l’arête Packe-Russell et la vire Béraldi
article Randonnée pédestre
yrlab
Texte :
Photos :
Aurélien Labry
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Incontournable

Quand on côtoie régulièrement les plus hautes cimes des Pyrénées Atlantiques, le pic du Balaïtous (3144m) crève l’écran entre la France et l’Espagne dont il est frontalier. C’est le « 3000 » le plus proche de l’Océan Atlantique et qui fût surnommé le « Cervin des Pyrénées ». 

Sa place dans l’histoire du pyrénéisme est épique avec une conquête bien tardive au 19ème siècle. Une ascension fût relatée seulement en 1865 par Charles Packe qui pensait faire la première. Il découvrit avec stupéfaction du matériel utilisé par les géodésiens en 1825 afin de mesurer les sommets environnants. Il faut dire que ce géant faisait peur, une grosse molaire avec de belles verticalités qui fût oubliée pendant plus de 40 ans avant de commencer à découvrir les différents itinéraires. De l’accès par le glacier de Las Neous aux différentes arêtes granitiques, le Balaïtous peut combler bien des envies de haute montagne et ce, en toute saison.

Début mai, j’y suis parti pour tenter ma première ascension à skis mais la météo n’a pas été clémente. Après une fraîche nuit dans le refuge du Larribet (2072m) et un départ à la frontale avant 6h du mat, les nuages nous ont bloqué à 3000 m juste sous la cheminée finale donnant accès au sommet… Demi-tour et un « à bientôt » dans mes pensées.

Petite revanche

Début septembre, l’été chaud revenant par intermittence et c’est avec Laurent que je pars pour une revanche mais en mode light ! L’objectif est d’utiliser la principale voie d’accès historique et de la quitter, à la montée comme à la descente, pour d’autres itinéraires plus aériens afin d’être vraiment sur les pas des pionniers.

Dimanche soir, garés au fin fond de la longue vallée d’Azun, nous partons avec le minimum de matériel et de nourriture puisque nous profiterons de la full pension du refuge visité ce printemps. C’est bon de marcher léger, les trapèzes apprécient ! 1h30 nous suffisent pour dire bonsoir à la bien affable gardienne. Le sommet en vue nous nargue déjà et prend une belle place dans une superbe nuit étoilée. 

Après un bon petit-déjeuner, nous partons pour rejoindre la Brèche des Ciseaux en passant sous l’imposante face Nord-Ouest de l’objectif. Cela paraît vraiment vertical mais une faille plus couchée semble se dessiner. A la brèche, la récompense est déjà là avec les sommets français disputant la vedette aux cimes espagnoles. Le domaine skiable de la station de Formigal-Panticosa est bien proche.

Après une faible perte de dénivelé, nous repartons dans un chaos granitique jusqu’à passer l’abri Michaud marquant bien le début de la Grande Diagonale. C’est un grand couloir Nord-Ouest qui conduit au sommet mais qui permet aussi de rejoindre l’arête occidentale dite de Packe-Russel (AD-, 3b). 

Presque toujours, les montagnes trompent à première vue : elles se donnent de grands airs, mais elles ressemblent aux hommes, qui ont tous un point faible, quelque habilement dissimulé qu’il soit.

Henry Russell

Shortcut

Les cairns nous conduisent à un premier ressaut facile (Pas de L’Étrier) et évitons un gendarme infranchissable par une traversée à droite. Il est bon d’être au soleil sur le versant espagnol tout aussi aérien. Cette arête est courte mais sacrément esthétique, le granit est magnifique, du gros grain pour de bons grips ! Au bout d’une heure et un dièdre bien sportif, nous sommes à 30 m du sommet et pas les premiers conquérants de la journée.

Le sommet est très spacieux et captive avec la vue sur tous les sommets de l’Ariège jusqu'au au fin fond de la province de l’Aragon. La vue est immense et permet de percevoir l’océan lors d'une journée extra-limpide. Que de montagnes, de plaines, de lacs et de glaciers ! Le Balaïtous se mérite car tous les accès sont longs mais un bivouac sur cette cime vaut beaucoup de points ! 

Dur de quitter ce perchoir idéal mais la descente ne sera pas bien plus courte que la montée. Nous prenons le début de la Grande Diagonale pour nous diriger ensuite plein Nord jusqu’à la brèche des Isards. L’ambiance y est prenante avec le glacier de Las Neous et au premier plan une vire descendante qui coupe la face pour rejoindre une arête. Chapeau les pionniers car il fallait vraiment oser prendre cette voie à la montée. Avant d’être sur un fil de granit, nous faisons la rencontre d’un couple de lagopède qui semble avoir élu domicile sur cette fameuse vire Béraldi (PD-). Le plumage estival de cet oiseau rare est un parfait camouflage dans l'habitat naturel.

En attendant de rejoindre un terrain plus plat, la progression sur l’arête est bien sport et fait transpirer sur certains pas qui nécessitent la plus grande attention. Il y a notamment un pas qui n'est pas commode, surtout à la descente. Laurent s'en rappelle! L'atmosphère est dingue avec le glacier agonisant 150 mètres plus bas, c'est vraiment un itinéraire à connaître. La corde n’a pas servi aujourd’hui mais nous n’aurions pas parier sur son inutilité.

Le retour au refuge du Larribet est assez long, beaucoup de pierrier et surtout de longs passages dans des chaos de blocs. La vue sur la face Nord avec l’itinéraire fraichement parcouru impressionne. L'arête Nord occidentale, en escalade, est d'un autre niveau mais a vraiment un profil qui donne envie. Les lacs turquoises de Batcrabère nous fond de l’œil mais que nenni ce sera du caillou et un finish sur prairies jusqu’à la bière fraîche.

Avec le retour à la voiture, c’est environ 8 h de course pour 18 km et 1400 m de dénivelé positif. Le faire à la journée devient déjà plus fastidieux mais c’est vraiment une course magnifique, autant pour le sommet que pour les possibilités d’itinéraires à pied comme en escalade. 

Adishatz

yrlab
Texte yrlab
"Ascensionner, sentir, écrire"
Henri Béraldi

2 Commentaires

NobruDude Belle revanche après le but du printemps... dommage que je n'ai pas pu en être la 2nde fois :)
yrlab Ce n'est pas la dernière ascension, on y retourne à pied ou à skis! :)
 

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