Mr_Moot (25 février 2008 10 h 47) disait:
Ô grand prophète, dis-nous où sont les lames de fond, parce que pour les gens ordinaires comme moi, il faut peut-être cinquante années de recul avant de savoir où elles étaient.
Exemple : Robbe-grillet vient de mourir. Il y a eu 80 personnes aux obsèques du "pape" du "nouveau roman". On l'a encensé en son temps, les snobs en ont fait un rénovateur de la littérature, mais vois-tu, il n'en reste pas grand chose, si ce n'est des pavés imbuvables qui seront bien vite oubliés et que seuls les spécialistes en mal de sujets de thèse connaîtront.
Et justement, avec 50 années de recul ou même 70 ans, on peut reconnaître ceux qui se sont plantés dans les grandes largeurs, et ceux qui ont eu l'intuition, sur le moment, de la lame de fond... Parce que là, tout ce que tu nous proposes, c'est un maelstrom sentencieux selon lequel de toute façon on n'en sait rien, personne ne sait et on ne saura que dans 50 ans... D'une part en usant de cet argument, tu décrédibilises tes propos précédent quand tel un dindon tu te gaussais des nouvelles entrées dans le dictionnaire (au pire on n'aura qu'à les sortir !), puisqu'on ne peut savoir avant 20 ou 50 ans, d'autre part tu te trompes et tu planques un engagement craintif derrière un conservatisme crispé...
Je me suis toujours opposé à l'artificiel éphéméride culturel. Et je m'y arrête pas simplement, je l'ignore totalement, je ne me sens aucunement engagé par le moment médiatique (contrairement à toi par exemple qui a l'air de le subir très personnellement). Quant à cette idée que les acteurs ne sont pas conscient de leurs faits, je serai bien curieux que tu me détailles cette idée plus précisément... ça sonne bien, mais ça n'en reste pas moins un cliché ! Demande à Céline s'il a eu un doute (conspué par un académicien qui trouvait qu'il devrait parler de choses qui élèvent plus que de traiter de la fange), demande à Proust s'il ne se rendait pas compte de son oeuvre...La Culture, c'est comme l'Histoire, ceux qui la font en sont rarement conscients, parce que leur importance "définitive" se révèle bien après leurs actes, et la plupart du temps, leurs vies. Le "phénomène culturel de l'année", c'est une opération marketing, dont la pérennité pour les siècles n'est rien moins que douteuse.
Tu nous ressors le coup de la "langue fasciste", c'est bien, tu connais par cœur ton Barthes et ton Bourdieu. Bon, m'enfin, là, on est bien obligé de descendre au niveau des discussions de comptoir : cette affirmation a causé le sabordage de l'enseignement du français.
Comme souvent, Moot, dans ton emportement réactionnaire, tu confonds les causes et les effets ! Le constat est juste, et ce n'est pas parce que la solution proposée a parfois été ridicule ou inappropriée, qu'elle remet en cause ce constat !!! On ne pourra pas reprocher à la gauche de ne pas avoir tenté des solutions et quand bien même tes cris d'orfraies, je ne pense pas que le mal fût plus grand que le problème... Je ne crois pas que l'élite académique se rétrécisse, et je ne pense pas que l'ascenceur soit bcp plus en panne aujourd'hui qu'il y a 30 ou 50 ans... Surement qu'on a eu tort de faire croire à beaucoup de gens qu'ils pourraient améliorer leur situation, qu'en travaillant ils pourraient gravir les échelons de la société... Pas plus, mais pas moins non plus qu'hier...
Bah, justement, le seul prix jusque là était celui de l'académie française (il n'était pas encore connu pour ses croisades orthographiques, comme dit Sandy, quand on n'a plus le lyrisme...) et l'académie Goncourt s'est faite sur la ringardisation de la frenchy... Les goncourt reprochaient à la Française d'être passée à côté des grands écrivains du 19ème siècle, Flaubert, Zola ou Beaudelaire...Quant à l'Académie Goncourt, elle n'a jamais eu d'autre destination que de décerner un prix littéraire et de réunir des écrivains. Elle n'est en rien une concurrente de l'Académie française.
inscrit le 13/01/04
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