Cela faisait déjà deux fois que nous remettions ces 3 jours. Deux fois que l?on se dit c?est la faute à pas de chance, c?est parce que nous sommes sous mauvaise influence, mauvais karma et tout le toutim. Finalement on décide coute que coute que ces trois jours c?est pour la semaine prochaine. Le temps n?est pas au beau et on ne se réjouit pas du tout, car les prévisions sont alarmistes.

Jeudi soir :
Comme d?habitude un Week-end avec une partie du Krew s?organise un minimum. Chacun prévoit ses déplacements longtemps à l?avance. Mais pour cette fois c?est un peu n?importe quoi. Je retrouve Ryft à l?aéroport qui me dit « de toute façon si t?étais pas venu, j?aurai loué une voiture et je serai monté seul » Est-ce pour me réconforter ? Ou pour me dire sans prononcer mot : t?en fait pas on va en avoir de la poudre. Effectivement on en a eu, peut-être un peu trop.
Nous sommes les premiers arrivés sur le site. La haut cela burle très fort. On se renseigne le haut est fermé. Trop de vent. Déjà la vallée se bouche. Mofo et Pinpon arrivent à leur tour. Toujours souriant et se demandant comment cela va se passer. Le gite est plein. J?ai bien fait de réserver en avance. Franck nous rencontre enfin. Un grand tout mou nous salue bien et nous donne rendez-vous le lendemain pour ce que nous étions venu chercher depuis 3 semaines : Notre dose de bonne blanche. La soirée se passe bien et rapidement. Je m?endors mal, à la fois excité par le site comme à chaque fois, et crevé par ma semaine professionnelle.

Vendredi :
Debout avant que le réveil sonne, je file au petit-déjeuner. Force est de constater qu?il y a toujours des plus matinaux que nous. Il règne un calme relatif mêlé de dépit et d?impatience. Les bennes vont-elles ouvrir ? Ca y est un train part. On se calme ce sont les patrouilleurs. La commission laissera-t-elle les fadas s?amuser ?
Il est temps de choisir notre matos. Franck nous rejoint dans son antre. Dans ce shop, on a le choix du mid-fat, fat ou big-fat ou encore du beyond the fatest? Mofo prendra un ski bien large et Pinpon comme Ryft des Magistral. Pour moi ce sera un Amok, Franck quant à lui, se demande s?il prendra un Global ou un Global xwide. Oui moi aussi, j?aimerai me poser tous les jours ce genre de question? On se grouille. Nos fixations montées, quelques sets sécurité embarqués on part pour les bennes. Il est temps. D?habitude, j?aurai été pressé de partir, et du genre à dormir avec la machine. Mais aujourd?hui je me dis que bien accompagné, on ne devrait pas passer deux fois au même endroit. Le temps se gâte. Il est conforme aux prévisions, il neige depuis cette nuit. Le haut du domaine est fermé. De toute façon il y a suffisamment à faire. Dernière recommandations : « d?abord on fonce, ensuite on envoie le pâté et ensuite on lâche les freins » Merci Franky, on se doutait bien que tu allais prendre soin de nous. Etant donné le niveau de notre guide, le plus grand challenge est de ne pas le perdre. La visibilité étant moyenne, on se refugie dans les arbres. La poudre est bien présente. Si cela continue nos traces ne se verront plus à notre prochain passage. Finalement à la première rotation, on est content et pas trop explosés. Les bennes sont toujours les bienvenues, lorsqu?on est enfin dedans. Elles nous permettent de recharger les batteries. Franck lui prend le temps de passer ses coups de fils pour organiser « son » Derby. Le portable vissé à l?oreille il a eu le temps de jauger ses clients. « Pas trop mal et bon moral » On se sent plus?

Jamais au grand jamais j?aurai eu l?idée de poser une latte dans certains endroits ou Franck nous fait passer. Il gueule « vas-y tout droit ». Il est marrant, le couloir fait 2 m je ne vois pas le bas et j?ai des rochers partout. En fait, je me lance, détaché, après tout. Non seulement cela passe, mais c?est un vrai toboggan? On se suit tous et sans problème. Soudain, Franck nous interpelle. « Bon, les gars, j?ai faim » On se retourne et plus de Franck? Quand l?appel du bidon est plus fort que tout, on a tout de suite remarqué qu?il ne fallait pas trainer. Il nous attend aux bennes et nous on fait ce que l?on peut pour retarder le moins possible l?heure du déjeuner !
Au café, Ryft ne se sent pas de continuer à ce rythme. Effectivement il vaut mieux la jouer sobre et ne pas se casser. Après tout il nous reste encore 2 jours? On remonte et on enchaine des passages plus ou moins exposés. On continue sous les arbres. Il est dangereux de s?aventurer en dehors des sentiers battus. Nous avons même vu un joli départ alors qu?un groupe s?engageait, tous ensemble, dans un endroit trop exposé. La frayeur passée, on voit bien que c?est border line un peu partout.
La fin de la journée approche. Franck n?est pas avare de conseils et nous guide pour passer là ou il le faut. Finalement le dernier run se fera dans un de ses secrets spots. Une franche rigolade part lorsque Pinpon se retrouve la tête en bas et le magistral plus haut que lui dans un arbuste. Il est temps de s?arrêter. Mes jambes commencent à chauffer. C?est déjà la fin. Je n?ai pas vu passer la journée et mes compères ont des rires béats, qui en disent long sur leur degré de satisfaction.

Au fait, il continue de neiger. Cela n?a jamais arrêté.

Coup de fil à Ender. Il part de la cité du pastis. Il est 17h30. On se change on se remémore déjà ce qui va nous faire tenir tout le reste de la saison pendant les périodes de disette de blanche.
Le resto du soir est comme d?habitude fantastique et nos conversations n?ont qu?un point de concordance. Que ferra-t-on demain. Qui vivra verra.. Un petit passage dans le Pub pour y rencontrer Dlf. Les bières se succèdent mais on n?abuse pas trop. Une seule à la fois et un peu de pitié pour mon foie.

Samedi.
Le réveil est tardif mais on sait que c?est mort. Les visages dans la salle à manger sont ternes et abattus. Résignés, il n?y a aucune chance de rider la montagne aujourd?hui.
Ender est arrivé à minuit et demi. Il a chaîné avant le col et jusqu?au village. Il a du être un des derniers à passer. De toute façon c?est coupé en bas aussi. On débarrasse le plancher du gîte puisque nous n?avons plus de réservations pour le soir. Ce soir nous sommes supposés passer le col dans l?autre sens et se retrouver dans un autre gîte. Mais cela ne se fera pas vu les conditions. En clair, on est bloqué dehors. Il faut trouver un endroit pour décharger notre adrénaline. On part sur la petite station du haut pour libérer notre énergie. Les 5 klm pour atteindre la station ont été difficile, mais que c?est bon. Une journée pour se calmer. Ce ne sera pas de trop. Franck nous a laissé son matos, et on le remercie. Malgré des conditions limites au niveau de la visibilité et de la sécurité. On a tous une banane d?enfer et on enchaine les runs le plus vite possible. 16h00 il est temps de se demander ou l?on va dormir ce soir ! On repasse au shop pour rendre le matos de Franck. Vu la quantité de poudre, personne n?a touché. Le Magistral de Pinpon a une drôle de pointe réparée par Franck avec du duck tape (non ce n?est pas un Whisky). Toujours aussi prévenant, les skimen du shop nous rencardent sur un guide qui fait aussi soirée étape pour riders perdus. C?est bon de se dire que l?on ne dormira pas dans le Picasso ! Installés très confortablement la meute peut savourer une nuit supplémentaire dans ce lieu si particulier.
Le resto et le pub ajouteront une note supplémentaire à notre bonheur. Le restaurant sera le théâtre de bonne crise de fou rire. Pardon aux suisses qui étaient à côté de nous. Déjà pas contents de ce qu?ils avaient dans l?assiette ils ont subit les débordements sonores du PTK. Résultat les deux helvètes se sont levés en nous toisant, et nous dédaigneusement hilares, on a continué comme si de rien n?était. Chouette dans le Pub, il y a deux anniversaires, dont celui de Franck. Çà parle peu entre nous mais on sait. J?apprécie la musique distillée par le DJ. En observant la foule, je reconnais la fromagère, qui m?avait dit ce matin : « vous adorerez vous faire bloquer ici !! » Elle avait perçue mon inquiétude de ne pas savoir ou dormir le soir même. On rentre se coucher fatigués et heureux.

Dimanche : Tiens, il neige !!
Là on sait que c?est aussi mal barré pour aller faire joujou dans la montagne. En tout qu?à pas celle-là.
Je prends la décision de redescendre. Il le faut, mais comme je le regrette. J?ai secrètement espéré que les routes soient, une fois de plus, bloquées. Mais elles ne le sont pas encore totalement. La DDE se réserve le droit d?interdire toute circulation pour éviter les problèmes avec des conducteurs imprudents qu?il faudrait aller secourir dans des zones à risques. On laisse le village avec déception et résignation. Ce n?est pas aujourd?hui que l?on trouvera les conditions Gross?Poudre chères à Bert05.
On se dirige tous malgré tout vers l?Alpe du Grand Serre. Après une arrivée toujours aussi chaotique, il neige toujours, on se dit que de toute façon, il y a pire ailleurs..
Les conditions sont simples : c?est jour blanc + vent + neige. Le truc idéal pour faire du sapinou. On tire des droites et des lignes en repérant au fur et à mesure. Albertus, Benzicoto, et d?autres skipasseurs sont sur place et on finira par se raconter notre vie à la fin de notre goûter au chaud, dans un petit restaurant. Il est 17h00, on prend congés. Tout le monde repart.


Finalement, il avait pire comme 3 jours. On aurait pu ne pas le faire. Certains ont trouvé que les Magistral ce n?est pas plus compliqué à man?uvrer qu?un skateboard? D?autres verront l?illumination jaillir lorsqu?on leur parle de skis « FAT ». J?en connais un qui se dit content d?avoir ridé autour du village, mais un peu déçu de ne pas rider la montagne. Enfin, il y en a un qui se dit que le taux moyen de poudre, pour lui, c?est du 75%.

Quant à moi je suis encore plus motivé que jamais pour en découdre une fois de plus. Après tout je connais ce site majestueux. héhéhé Je n?ai pas fait ce que j?avais prévu de faire mais ce n?est que partie remise.

Il y a des jours, comme cela, quand çà veut pas, çà veut pas !!