Mondial du ski 2006

Contrairement au week-end précédent, le temps s'était mis à l'hiver pour ce mondial du ski. Quand on pense que la semaine dernière on avait mis maillots de bains et petits shorts dans le sac de voyage, le contraste était ici saisissant, avec les caleçons longs et les gants triple épaisseur...

-12° sur le glacier en ce joli vendredi 3 novembrrr, le départ du mondial du ski 2006 est lancé sur un air de j'ai froid. Le glacier est parsemé de quelques têtes brulées aux pieds gelés, du haut des perches au village test c'est du béton, et le park a des airs de frigo lapon.

Le Jandry, qui avait eu des problèmes de moteur sur le deuxième tronçon, semble apparemment réparé, et la montée au glacier dans un ciel bleu ultra froid se fait dans les temps normaux. Un petit vent mesquin vient balayer les tentes blanches, la sibérie fait doucement rigoler.

Mais les testeurs sont quand même dans la place, et le permafrost du village résonne de leurs chaussures de ski impatientes. Derrière les établis des stands, les représentants des marques se tapent dessus pour empêcher le sang de geler. Les codes barre bippent, les pioches happent, et les skis raclent. L'automne n'est déjà plus qu'un souvenir à cette altitude, même si ses lumières rasantes donnent au paysage en dessous des allures de photos martiennes.

Plus bas c'est calme, retour à la station ou le chapiteau peu fréquenté propose un festival de vidéos et quelques attractions diverses.
Dans les rues on croise le bar à moufles, les caravanes Ski Vibes, Axxunn et Unic, ainsi que le sempiternel camping car de la Bumtribe.

Puis les soirées commencent à s'animer, après l'apéro Skieur Mag du jeudi soir, où tout le fromage du gratin s'est donné rendez-vous, c'est le contrecoup au Maya le vendredi soir pour skipass.com, puis les grappes de riders se dispersent, qui pour se finir à l'Opéra ou à l'Avalanche, et qui pour rentrer tôt et retourner au départ de la benne se faire mal à huit heures sur le béton des hauteurs.

Le samedi est morose, le Jandry 2 encore en panne il faut sortir son museau pour prendre le 8 places (mais 4 par 4). Peu de monde dans le village test, les plus motivés sont contents ça fait plus de paires à essayer.
Le soir c'est le « Rossignol Century Contest » sur la piste des lutins où les box du mondial du snow sont restées montées. Les juges donnent le ton de la compétition : Tanner Hall, Lolo Favre et Arnaud Kugener, va forcément falloir pas trop tourner et envoyer du style.

A ce jeu là, les canadiens sont rois. Pendant que les Roy Kitler, Andreas Hatveit et autres Kevin Rolland s'échinent à multi rotationer (quelques 630, de beaux transferts en 4.5 in, Roy en switch 4.5 in), les canadiens se la jouent tout en douceur, Alexis Godbout, Charles Gagnier et surtout Franck Raymond n'ont sans doute pas dépassé le 2.7 in mais quelle belle brochette technique, quelle grâce, et quel... style. OK c'est bon on vous laisse les admirer en images qui bougent sinon c'est l'infarctus...

Mais certains ne jouent pas le jeu, certains trichent et se font mousser. Antoine Diet est de ceux là, qui se lache sur le kicker en joyeux cab 7.20 qui font hurler la foule (une foule plutôt clairsemée et endormie, forcément il fait surfroid). Fab Maierhofer (qui, suite au 2.7 in d'Andreas sur le descente plat descente, doit "se manger une bourse") joue du bomb drop depuis le petit chateau, et son poulain Paco Garcia le suit dans ce délire à se casser les talons sur la glace vive de la prise d'élan.

Le contest se termine par une victoire du style sur l'amplitude, avec Franck Raymond (dont on peu admirer l'inimitable compétence en rail dans skimatic) devant Andreas Hatveit et une jolie 3ème place pour Alexis Godbout, notre chouchou à nous.
Suite des festivités dans les bars et boites de la station, qui se remplissent d'autant plus que tout le monde sait maintenant que la glace pardonne peu et ne permet pas de tester le dernier ski freestyle dans des conditions optimales.

Le soleil qui se lève encore gracieusement sur le dimanche de fin ne réveille qu'un petit pourcentage des riders venus des quatre coins de l'univers pour boire comme des trous skier les nouvelles planches de la saison. Et c'est bien dommage car il fait sensiblement plus chaud, la glace du glacier préparée de main de maître est plutôt agréable, et la queue 0 aux remontées permet de se faire des rotations rapides et de se faire plaisir avec les engins qui accrochent. Les voix éraillées des fêtards de la veille ne se feront entendre qu'à la mi journée, on les voit émerger de leurs apparts avec l'oeil gonflé, l'haleine fétide et le pas hésitant.

C'est la fin, il fait froid, vivement qu'il pleuve de la neige.

Texte : Mathieu Ros
Photos : Guillaume Lahure

Résultats des contests