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Interview Seb Michaud

"J'arrête la compétition, mais pas le ski !". Seb Michaud, 40 ans, signe sa dernière participation à une compétition à l'XTrem de Verbier 2013. Interview d'un routard du freeride.

article Seb michaud

Seb Michaud, 40 ans, signe sa dernière participation à une compétition à l'XTrem de Verbier, il tire sa révérence lors du point final du Freeride World Tour 2013 (FWT dont il avait gagné la toute première étape en 2008 à Mammoth). Seb chute sur sa dernière barre mais l'esprit est là, le public l'acclame alors qu'il continue sur un seul ski (ski toujours introuvable à l'heure actuelle). Avec une cheville en vrac, Seb est rentré chez lui le lendemain, une partie de sa vie dans le rétroviseur, l'émotion au bord des lèvres. "J'arrête la compétition, mais pas le ski !".

La boucle est bouclée, 16 ans après avec son premier départ à la Red Bull de Chamonix en 1997, là où il avait envoyé son premier backflip devant les objectifs. Dans un restaurant de La Clusaz, sa station, Seb revient sur quelques moments forts de sa carrière, toujours aussi mal rasé, avec cette barbe qui l'empêche de vieillir. 


-Bon, alors, c'est la fin de carrière en compétition. Comment as-tu pris la décision ? 
-D'abord, je précise que j'ai mis un terme à ma carrière de compétition, mais je n'arrête pas le ski ! Je n'ai pas vendu mes skis sur internet, je ne vais pas faire pizzaiolo dans le resto de ma femme ! Je continue à skier, plus que jamais ! Je me suis blessé, j'ai mal à la cheville, je n'ai pas pu courir Kirkwood ni Fieberbunn. J'en ai parlé à Nicolas (Hale-Woods, organisateur et créateur du Freeride World Tour, ndlr), il m'a dit que j'aurais ma wild card à Verbier. Je me suis soigné et j'ai skié seulement trois jours avant la compétition ! J'ai envoyé deux ou trois jumps, ça tenait bien. Ca m'a mis la motivation ! Il fallait que je sois prudent, j'avais de l'héliski au Kamchatcka quelques semaines après, je n'avais pas envie de rater ma fin de saison. Du coup à Verbier, j'étais un peu hésitant dans mes choix de lignes. J'en ai choisi deux, une très engagée et celle que j'ai finalement suivie. Au départ, j'ai abandonné ma première ligne dans le dogleg avec un gros saut, je me suis dit : "je vais me faire la ligne dans le soleil, en face est", que j'avais repéré en montant à pied. C'est ce qui a causé ma chute sur les cailloux, qui se joue à pas grand chose. L'axe était mauvais…
-Une erreur de débutant ?
-Exactement (rires) ! Comme quoi rien n'est acquis ! Je n'avais pas la force ni l'expérience de faire une ligne à la Ducroz dans le central, j'ai primé l'esthétique pour pouvoir envoyer quelques sauts sans mettre ma vie en danger. Je cherchais la ligne originale. Si j'avais posé jusqu'en bas, je me dis que j'aurais pu être 3ème ou 4ème, ce qui ne m'aurait pas déplu ! J'ai fini sur un ski et sans bâtons. Il y a une fois où j'ai terminé sans skis, en Alaska, aux Championnats du monde de Valdez la deuxième année. J'ai envoyé un énorme back, les fixations ont lâché, c'était chargé en neige, le ski est parti loin loin et j'ai passé la ligne d'arrivée à pied. A Verbier, ils n'ont pas retrouvé mon ski, juste un seul bâton. Il y a aussi ma Gopro dans la neige, c'est mon offrande à la montagne pour cette dernière compétition !

-Aurélien Ducroz signait aussi son dernier de compétition ce jour-là, en tombant comme toi !
-Il a d'autres projets avec son bateau, il veut travailler l'image, ce que tu ne peux pas vraiment faire en suivant le FWT.
Moi je ne fais pas de voile, mais j'ai envie de revenir à mes débuts, entre 2002 et 2004, je faisais un seul contest dans la saison et surtout beaucoup de trips et d'images. Je vais continuer à rider avec un peu moins de pression, choisir les bons moments pour shooter, un ou deux trips, des projets vidéo sur internet. Je ne veux pas survivre dans le milieu, mais continuer à faire quelque chose, innover pourquoi pas : Michaud Invitacion, Un jour une ligne, Ride avec Seb Michaud. Petit à petit, il y aura une transition vers une reconversion, un travail d'ambassadeur peut-être. Ce qui est sûr, c'est que je me vois toujours skieur !


-C'était un passage de flambeau avec la victoire de Kevin ?
-J'ai félicité Kevin, c'était parfait, compter sur ce genre de gars pour la suite, c'est classe ! Jérémy Prevost et Kevin Guri font partie d'une génération qui a la tête sur les épaules, qui savent super bien skier, qui sont rock'n roll, ça va dans le bon sens, ils aiment bien faire la bringue et être sérieux au moment où il le faut.
 
-Quelles sont les différences avec toi quand tu avais leur âge ? 
-J'ai l'impression de me voir en eux. Ils apportent la fraicheur de leur génération avec du freestyle, leurs déconnades, comme j'ai pu apporter ma touche avec le backflip, les déconnades avec Guerlain. Je me souviens, six Français qui partaient sur les contests, c'était à base de conneries tout le long, de l'avion jusqu'au retour ! 
Il y a plus d'entraide entre les riders aujourd'hui, avant ils avaient du caractère, ils se chamaillaient, donnaient des fausses lignes aux autres pour les tromper, c'était un peu fourbe… Là on se dit tout, on se conseille, on s'entraide. 
Le jeune qui commence aujourd'hui est plus aidé qu'à mon époque. Moi je partais en Alaska tout seul, après un mois de trip aux US. Maintenant il y a six courses dans la saison, tu ne pars que pour ça, c'est plus pro, il y a plus d'homogénéité. Avant, seuls 5 ou 6 riders pouvaient gagner, maintenant il y en a 20 ! 

(Photo : Jérémy Bernard/FWT)

-En terme d'engagement ?
-Je ne pense pas qu'il y en ait plus, on s'engageaient comme des débiles à l'époque ! On envoyait 20 m sur le dos après avoir harangué la foule au sommet d'une barre ! Tu ne le vois plus ça ! Il faut poser propre sinon tu perds des points en fluidité. Les juges valorisent le beau ski, le saut posé, tu n'as pas droit à l'erreur. Le jugement manque d'ailleurs un peu de tolérance, notamment en cas de gros engagement, comme Aurélien à Kirkwood, c'était super engagé, à l'aveugle, bien repéré, 30 m de long, deux fois plus rapide que tout le monde, avec du contrôle, il enchaine deux petites barres… ça ne mérite pas une huitième place. 
-Et avec les marques, quels sont les changements depuis le début de ta carrière en compétition ?
-En dix ans, un contrat annuel a été en moyenne divisé par trois, pour les plus importants. Pour ma part, j'ai eu des contrats au même niveau pendant 15 ans, je ne suis pas parti très haut mais je ne suis pas redescendu. Ceux qui font les gourmands, ça marche trois ans, pas plus ! Le rider est moins payé mais il en fait trois fois plus aujourd'hui. Le moindre minot a une Gopro, a 12 ans il sait monter, à 15 ans il ride, filme, édite. Nous, ça n'existait pas, on n'avait pas de caméra, d'internet, on avait des budgets pour payer un cameraman avec une betacam énorme sur le dos !

-Le freeride a beaucoup évolué en 15 ans...
-Ce qui est excellent, c'est d'aller dans des magasins de ski, 90% des parcs de matos dans les magasins est du freestyle ou du big mountain. Tout ce qu'on a pu apporter, chacun à son niveau, se retrouve en shop. Ca m'a frappé cette année de voir le nombre de skieurs équipés de skis fats en station. C'est cool pour le marché. On a été à la base de ça et maintenant il y en a partout. C'est l'aspect concret de mon boulot ! Je ne suis pas un pionnier, je n'ai pas inventé un ski, rien révolutionné comme Shane, mais je suis fier d'avoir participé à cette évolution du freeski. 

-Et puis tu es mister backflip !
-C'était ma marque de fabrique ! Je n'ai pas été reconnu pour mes talents de skieur alpin en freeride. J'ai toujours dit qu'il me manquait de la technique, je n'ai jamais été en club de ski alpin. J'ai passé du temps à regarder les autres pour apprendre. J'adore le style unique de eth Morisson, et puis aussi Sverre Liliequist et Kaj Zackrisson qui, pour moi, sont les deux skieurs les plus techniques. Enak Gavaggio bien sûr et dernièrement, je trouve que Kevin Guri et Jérémie Heitz ont été énormes.
(Photo : Dom Daher/FWT)

-Pourquoi as-tu duré aussi longtemps ?
-Je n'ai jamais eu envie d'arrêter. Je me suis toujours motivé pour rider, vivre de ma passion. Je suis conscient que plein de gens, mes proches, mon frère, triment toute une saison alors que je peux aller rider quand je veux en poudreuse. Forcément tu n'as qu'une seule envie : continuer pendant des années ! Ce n'est pas toujours facile de laisser ta famille, de partir longtemps mais les jeunes devront se bouger le cul pour me remplacer ! Je ne lâche rien ! 

-Quels sont les moments mémorables de ta carrière ?
-Ma première compétition, la Red Bull à Chamonix en 1997, avec celui qui m'a donné envie de rider et qui restera l'un de mes skieurs préférés : Shane Mc Conkey. Il était juge et il a couru l'année d'après. J'ai envoyé un backflip parce que j'avais vu un film sur une K7 au Japon où il envoyait des backflips tout nu dans la poudreuse. Je l'ai fait en référence à lui ! 
Et puis voilà, à Verbier cette année, c'est ma dernière. Au retour, dimanche, j'étais tout seul dans ma caisse dans les virages en descendant de Chamonix, j'ai eu un retour en arrière avec plein de souvenirs. Pendant un quart d'heure j'ai chialé comme un gamin dans la voiture ! Je ne quitte pas ces gens, mais un milieu, celui des compétitions. Je ne serais plus dans le portillon de départ l'année prochaine, Revelstoke, tiens, tiens, je n'y serais pas, je suivrai la compétition en live, j'aurais surement ma ligne en tête devant l'écran mais je ne pourrais pas pousser sur les bâtons…

portfolio

FWT 2010 Chamonix

Photo Dom Daher/FWT

FWT 2010 Chamonix

Photo Dom Daher/FWT

FWT 2010 Chamonix

Photo Christophe Margot/FWT

FWT 2010 Chamonix

Photo Christophe Margot/FWT

FWT 2011 St Moritz

Photo Jeremy Bernard/FWT

FWT 2011 Sochi

Photo Christophe Margot/FWT

FWT 2013 Chamonix

Photo Jeremy Bernard/FWT

Verbier 2013

Photo Jeremy Bernard/FWT

Verbier 2013

Photo Jeremy Bernard/FWT

Verbier 2013

Photo Dom Daher/FWT

Verbier 2013

Photo Dom Daher/FWT

Verbier 2013

Photo Dom Daher/FWT

Verbier 2013

Photo David Carlier/SSC

19 Commentaires

Mig Merci msieur Michaud pour ces beaux moments et ces belles images !
 

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d@wood Ça file le bourdon monsieur Michaud...
Peut être parce qu on est de la même génération et que vous faites partie des monuments du freeski.
Merci pour le spectacle et les références au grands (Mc Conkey, Morrisson), vous êtes de la même veine...
 

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PlouffTheRider Contraste avec D@wood, quand on est plus jeune on se dit Waow, il nous reste quand même vraiment le temps de poser nos spatules sur les montagnes!
Ce mec c'est le premier poster de ma chambre, il ski au dessus du lit depuis que j'ai 10 ans.
Qu'elle longévité.. En espérant te voir rider encore longtemps Mr.Michaud, bonne continuation! Merci
 

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lukyluka j'organise un trip à verbier pour recupérer le ski et la gopro de seb !
Qui peux me prêter sa pelle ? :)
 

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cbasse Ha ,enfin on va pouvoir commencer à faire du Vrai ski comme on ny aime mon mi-chaud et tout l hivers ;-)
T as la classe mon Seb bravo
Collomb
 

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